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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 19:33

 

 


9782080704696.jpgNous étions en septembre ou octobre 78, je ne sais plus exactement, ma liaison avec Philippe décrite dans un billet précédent durait depuis environ 6 mois, j’avais eu entre temps quelques amants d’un soir ou d’une semaine. Comment presque tous les soirs, après le dîner familial, au volant de ma R6 rouge que mon grand-père venait de me donner, j’avais gagné une place bordelaise de «drague», rue judaïque, où trônait une «tasse» autour de laquelle s’organisait les rotations nocturnes des voitures, des piétons et des vélos en quête d’une aventure ou de la rencontre d’une vie. Je préférais la fréquentation des tasses le soir, où les chalands étaient plus souvent jeunes, plutôt qu’en fin d’après midi, l’heure des hommes mariés qui venaient satisfaire leurs pulsions avant de retrouver leur grisaille. Beaucoup étaient sur le «qui vive», de crainte des contrôles de police, assez fréquents et aussi des descentes de «loubards» qui venaient casser du PD lorsque l’affluence se faisait plus clairsemée (je fus une fois victime d’une de ces attaques- ayant par chance aperçu l’arrivée de la bande dans mon rétroviseur, j’avais pu démarrer en trombe, mon pare-brise arrière éclatant sous l’impact de la manivelle qu’ils avaient lancée et qu’ils destinaient sans doute à un usage bien plus délétère).
Ce soir là mon attention avait été attirée par un jeune homme en vélo, mince, au visage plutôt ingrat, au long nez sur lequel reposaient de petites lunettes, d’un négligé très «looké» et surtout l’air si sûr de lui. Je ne voyais plus que lui, fasciné, tel le narrateur de «La Recherche» dans «A l’ombre des jeunes filles en fleurs», à Balbec, au passage, le long de la plage, de ces adolescentes qui semblaient s’auto suffire. Son regard croisa le mien et il me sembla y déceler un soupçon d’intérêt qui déclencha en moi une petite vibration intérieure. C’était bien le cas car il m’aborda presque aussitôt, de façon très directe. Je ne me souviens pas de ses paroles exactes, quelque chose comme : « on va chez moi ? je suis actif» - il m’apprit alors qu’il valait mieux , «cela évitait de perdre son temps», faire connaître ses pratiques sexuelles selon les codes en vigueur à ce moment là, c'est-à-dire la position à droite ou à gauche du trousseau de clé à la ceinture ou de la couleur du mouchoir…. Il avait une petite voix aiguë sans être efféminé. Il attacha son vélo, monta dans ma voiture et m’indiqua où aller. Durant le trajet il me dit se prénommer Hervé, avoir 20 ans, être instituteur non encore titularisé, qu’il brûlait la vie par tous ses bouts, mais dans le flot de paroles je retins surtout «que les mecs qui baisaient mal, ils les foutait dehors». Il n’en fallait pas plus pour me «tétaniser», j’étais si peu sûr de moi quant à mes performances sexuelles et ce d’autant plus que j’avais encore peu d’expérience de la sodomie, mais il était trop tard pour reculer. Arrivés chez lui, il commença à se déshabiller, me disant de faire de même, me projeta sur le lit et commença à «baiser» avec frénésie et agitation» physique dans le «corps à corps» qui ne déclenchèrent en moi aucune érection (il me fallait alors, et cela n’a pas beaucoup changé, quelques «préliminaires» pour me mettre en condition). Il ne semblait cependant pas s’en apercevoir, trop absorbé par lui-même. Au bout d’une certain temps, il s’interrompit brusquement, se leva, pris une cigarette et s’assis sur le bord du lit en me regardant bizarrement.. Il ne faisait pour moi pas de doute qu’il allait me dire de prendre la porte. J’avais déjà appris, très vite, que le «milieu» était très exigeant quant à la performance sexuelle, je savais qu’il était probable que si je n’avais pas eu de nouvelles de certains garçons c’est que je n’avais sûrement pas été à la hauteur de leurs attentes. Je me préparais avec anxiété à être congédié, furieux contre moi car il me plaisait de plus en plus, lorsque je le vis venir me rejoindre et recommencer «à faire l’amour», cette fois ci presque tendrement jusqu’à ce que nous jouissions ensemble. J’ai pu constater par la suite que cette «baise en deux temps» était assez habituelle chez lui. Il était excessivement mince, la peau très douce, imberbe, pas spécialement «bien monté», ce type de corps qui me faisait craquer il y a 30 ans. Nous parlâmes longtemps, j’ai bien sûr oublié la teneur de nos propos, il était clair pour moi qu’il était un peu «barge», mais le jeune homme «sage» que j’avais toujours été, et qui l’était encore, ne pouvait qu'être fasciné par cet être qui semblait libéré de toute contrainte et qui réalisait ses désirs, même si ses fantasmes comme celui de baiser dans un cimetière ou dans une baignoire pleine de sang me semblaient faire partie d’une certaine «mise en scène» destinée à m’impressionner. Son appartement était très dépouillé, froid, avec de grands crucifix noirs sur les murs. Il m’avoua prendre de la «coc». Il était fou de musiques, de celles sur lesquelles on danse. «Pas celle des pintades - précisa t’il- qui se pâment sur la disco pour coiffeuses des Sheila, Dalida ou Claude François» et que l’on passait dans les boîtes de «nase»» que je commençais à fréquenter, comme «la Boucane», etc, mais ce qu’il appelait la vraie «funk» (l’Urban funk,je crois….), dont il achetait les meilleurs morceaux en import (je ne me souviens que de la version instrumentale, disco-funk, de «Cruising in the Street» par le Boys Town Gang qui allait devenir célèbre en 81 avec un autre tube que l’on entend encore sur les radios), mais pas uniquement, c’était aussi un dingue du Ska avec«Madness» («One step beyond») et autres que j’ai oubliées. Au moment de partir, il me demanda d’échanger nos numéros de téléphone : «On se revoit ?».
C’est tard, au petit matin, que je rentrais chez moi dans un état second, à attendre quelques jours l’appel tant espéré (je n’aurais jamais osé en prendre l’initiative !). Nous nous revîmes par la suite assez régulièrement, sans d’autres attentes que ces nuits toujours trop brèves, je savais bien que je n’étais pas le seul. Il me fit découvrir «sa musique» et m’amena dans la seule discothèque qu’il fréquentait «Le Cyclope». Cela me changeait de « la Boucane », pas de travelos (très habituels dans les endroits gays à cette époque là), une musique de danse au «top», une clientèle très jeune aussi, sans ce mélange habituel de générations qui était la marque des clubs gays de la fin des années 70, et surtout, c’est sans doute ce qui m’a le plus frappé, une façon de danser des garçons absolument fascinante pour moi, quasi sexuelle. Hervé y allait pour danser, ce n’était pas son terrain de chasse, contrairement à moi il aimait «les mecs», pas les crevettes post pubères.
Comprenant que je ne pourrais jamais être pour lui autre chose qu’un «amant», j’ai recommencé, non sans difficulté car je pensais sans arrêt à lui, à chasser. Un jour, sur une autre place centrée autour d’une tasse, j’ai rencontré Eric, 20 ans, que je me suis mis à voir assez régulièrement, non seulement il me plaisait, mais il vivait avec une bande de 3 ou 4 copains, et un peu comme dans le film «Nés en 68», ils «s’échangeaient» leurs amants. Cette vie en « communauté » me séduisait et a contribué à poursuivre ma formation accélérée. Ainsi, encore plein de clichés hétéros, je n’imaginais pas une folle «active». Un soir je me suis retrouvé dans le lit de Michel, c’était mon tour , la folle du groupe, qui avait la réputation d’ être «très bien monté». Comme nous dormions tous dans la même pièce, le lumières étant éteintes par souci de pudeur pendant que nous baisions, j’ai découvert son sexe en le prenant dans la main, impressionnant, et j’ai béni le ciel qu’il soit «folle», craignant pour mon anus encore bien inexpérimenté. Et bien pas du tout, il était purement actif, je l’ai senti passer ! Je n’en continuais par moins à voir Hervé, de façon beaucoup plus espacée, et il m’avait semblé que cette liaison avec Eric l’agaçait, ce dont j’ai eu la confirmation, lorsqu’il me lâcha, l’air de rien, «Eric t’a dit qu’il tapinait place des Quinconces, avec ses «copines»? ». Non il ne me l’avait pas dit, mais il me le confirma lorsque je le lui eu demandé, directement. Cela ne me perturba pas outre mesure, par la suite il m’est même arrivé d’aller les voir sur leur «lieu de travail», avant de ramener Eric pour finir la nuit avec lui (avec un peu d’inconscience, car une fois, lors d’un des nombreux contrôles de police, je me trouvais dans ma voiture avec le mineur du groupe, le seul avec lequel je n’ai d’ailleurs jamais couché….). Cette aventure dura quelques semaines, puis Eric s’en alla en vivre d’autres. Hervé, l’ayant sans doute senti, me demanda : «c’est fini avec Eric?», dissimulant mal la lueur de satisfaction que j’ai apreçue dans ses yeux à ma réponse. J’étais alors dans le couloir d’entrée de son appartement, il me plaqua contre le mur, me roula «un patin» et me dit «toi et moi, ensemble, ça te brancherait pas?». C’était un peu comme si le ciel me tombait sur la tête. Je savais qu’Hervé ne changerait jamais et qu’il fallait répondre NON…j’ai dit OUI.

http://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoaft_dT.html
http://www.lyricszoo.com/boys-town-gang/cruisin'-the-streets

A suivre: 2- La chute!

 

 

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