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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 22:43

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L’affiche du film ne laissait guère place au doute, le réalisateur israélien de la « La visite de la fanfare », fable humaniste, d’une grande subtilité et à l’émotion contenue, notamment dans la scène où est évoquée l’homophobie au sein de la famille, venait de réaliser son nouveau film sur les violences dont étaient victimes les homosexuels en Serbie. Bien qu’un peu troublé d’avoir entendu Laurent Ruquier –dans son émission du samedi soir châtrée depuis l’éviction de Naulleau et Zemmour - recommander chaudement le film, en général ce n’est pas bon signe, je me suis précipité pour le voir, craignant qu’il ne reste que peu de temps en salle.

J’ai découvert « ébahi» cette fable traitée sur mode burlesque –des militants homosexuels, se voyant dissuader par des hooligans d’organiser la première gaypride à Belgrade, vont faire appel pour assurer leur sécurité à des gangsters homophobes – qui accumule sur les personnages homosexuels masculins (les lesbiennes sont miraculeusement épargnées) tous les stéréotypes de l’imaginaire hétérosexuel : couards, « tantes» (nous avons même droit à une variante de la scène de la «biscotte»), se déplaçant en voiture de couleur rose et bien sûr décorateurs ou organisateurs de soirée (point de coiffeurs toutefois…). Certes les hétérosexuels ne sont pas mieux lotis, machos, laids (sauf les nazillons…), vulgaires et violemment homophobes.

Je ne doutais pas des « bonnes » intentions du réalisateur dont j’avais lu l’interview dans Tetu, qu’il ait sincèrement cru que la situation en Serbie, très différente culturellement de celle que nous connaissons en France sur ce sujet, nécessitait une représentation de l’homosexuel conforme aux clichés pour pouvoir soulever l’émotion d’un peuple homophobe ( il est vrai que le film a connu un grand succès en Serbie et a été couvert de prix), illustrant ainsi de façon magistrale les réflexions des auteurs «d’homographies» - les hétérosexuels « bienveillants» nous accorderaient le même statut qu’aux animaux à protéger - mais je ne pouvais arriver à croire qu’ Eran Kolirin ait pu réalisé un film d’une telle lourdeur.

Et pour cause ! Après vérification j’ai pu constater qu’il s’agissait en fait d’un réalisateur serbe (hétéro...) et que la bande annonce et l’affiche étaient une escroquerie!

Ceci dit tout n’est pas à rejeter dans ce film, son intention sans doute louable, le retournement tragique de son final qui parvient enfin à susciter l’émotion et ses clins d’œil humoristiques à des monuments du cinéma : le « road-movie » de la constitution, par le leader des gangsters serbes, du service de sécurité de la gaypride qui se veut un « remake » des 7 mercenaires, ou la fascination de ce dernier pour une scène mythique du cinéma gay, les retrouvailles de Charlton Heston et Stephan Boyd dans Ben-Hur.

Le rapprochement de ces deux films est sans doute téméraire (et cruel), mais Tarantino vient de montrer avec « Django » qu’on pouvait réaliser une parodie éblouissante sur la persécution d’une minorité. Tout, la saveur des dialogues, l’interprétation, la bande son, la mise en scène, concourt à vous faire passer près de 3 heures jubilatoires.

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