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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 09:41

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Si j’étais encore lycéen passant mon épreuve de philosophie au bac, un sujet tel que « Toutes les civilisations ne se valent pas », m’aurait sans doute séduit avant que je ne m’aperçoive qu’il était piégé et que j’allais m’avancer sur un champ de mines. Le premier réflexe serait en effet de traiter le sujet en tant que tel, sur le fond, d’interroger d’abord le concept de «civilisation» et sa dimension temporelle, puis celui de «valeur», avant de discuter la pertinence d’associer le second au premier et de me demander si cette association impliquait immanquablement une « hiérarchisation» entre les civilisations. Les auteurs sur lesquels appuyer mes réflexions ne manqueraient pas, de Lévi-Strauss à Renaud Camus. Ma conclusion aurait sans doute été que, non, décidément, toutes les civilisations ne sont pas équivalentes, à moins de soutenir l’aporie selon laquelle notre civilisation, celle du « tout se vaut », celle qui met sur le même plan Mozart et Mickael Jackson, a la même valeur que, la notre toujours mais il y a quelques siècles, celle qui a donné naissance au colonialisme et à l’esclavage. Mais il serait imprudent, dans notre monde orwellien, de s’en tenir au seul texte, et non à son sens « voilé», celui que sous-entendait l’auteur de la citation, l’éminence grise (noire?) d’un candidat en campagne électorale, « l’Islam est inférieur au christianisme». Inacceptable en effet, le tollé était prévisible, il était même l’objectif recherché par le personnage, car sans ce déchainement médiatique la phrase serait passée inaperçue du « bon peuple » à qui elle était destinée.
Nicolas Sarkozy a donc décidé de suivre la stratégie de « premier tour» inspirée par son conseiller Patrick Buisson, celle d’une radicalisation droitière, afin de rassembler son électorat traditionnel et de mordre au maximum sur le Front National. La charge est massive avec un alignement sur les thèmes de la « droite populaire » : mariage homosexuel, chômeurs, droit de vote des étrangers, publication fort à propos d’un rapport sur la délinquance étrangère…Stratégie fort risquée car ramener Christine Boutin à la maison ne fera pas forcément suivre suffisamment d’électeurs potentiels du Front, tout en menaçant de faire passer bien des modérés chez le béarnais, et qui ne peut manquer de provoquer des dérapages incontrôlables, pas celui de Claude Guéant parfaitement prémédité, mais du type de celui de Christian Vanneste, minimisant la déportation des homosexuels ce qui nous même valu une protestation du Front National! 

Cette radicalisation, conçue comme tentative de la dernière chance de redresser la barre d' un navire en perdition, pourrait s' avérer vaine puisqu’elle est amputée d'une de ses composantes indispensable à sa pleine efficacité, celle qui pourrait la faire qualifier " d'extrême droite", le repli nationaliste. "Travail/famille/ ?" : l' engagement derrière Merkel, le choix d' une Europe allemande, prive notre candidat président du thème de la patrie si ce n'est dans sa composante xénophobe. Tout sera fait pour que le débat socioculturel occulte celui de la crise de la dette et des déficits sur lequel il lui serait bien plus difficile de se différentier du candidat socialiste, ils feront, à quelques nuances près, non négligeables, la même politique, celle qu’on dit " dictée " par les marchés , en fait celle du réalisme économique , débat qui obligerait à dire "au peuple" des vérités qu’ on ne le juge pas capable d’entendre, que nous sommes au bord du gouffre.

Seul, le béarnais occupe ce terrain là, il est vrai sans risque, puisque « poor lonesome cow-boy» il ne craint aucun rappel à l ordre "républicain" de la part de ses inexistantes troupes, alors que les chiens de garde "cryptomelanchoniens" sont prêts a aboyer a toute dérive idéologique du candidat socialiste (qui aurait du savoir qu' il y avait encore des marxistes en France), tandis que le candidat sortant se voit aussitôt confronté au " pourquoi ne l avez vous donc pas fait avant".

Pourquoi alors ne pas me résoudre à voter au premier tour, comme en 2007, pour François Bayrou? Parce qu’il n à pas de troupes justement et que son éventuelle élection, à supposer que Sarkozy s’effondre, conduirait à des marchandages permanents avec l assemblée nationale, parce que je pense qu’il est temps que la gauche revienne au pouvoir et soit confrontée au réel pour accomplir enfin son « Bad Godesberg», que c est son tour de prendre les rênes, parce qu’ enfin j ai de la sympathie et de la considération pour François Hollande. 
Au bord du gouffre en effet, ce qu’on demande aux Grecs, demain au Portugal et à l Espagne n’ est ni tenable , ni acceptable. On voit mal, si l’on continue dans cette voie, ce qui pourrait éviter un embrasement généralisé. S il ne s’est pas encore produit, alors que comme à la suite de la crise des années 30 avec laquelle on trouve bien des analogies, on assiste à une montée des extrêmes, c’est sans doute en raison d’ une béance idéologique, point d’ " Utopie", Contre-Utopie demain, comme en son temps le communisme et le fascisme, ou aujourd’hui l’ islam pour le monde arabe, pour jouer le rôle de terre promise de la révolte. Pas de terre promise en occident, au risque d une terre brûlée.

J’écris les dernières lignes de ce blog depuis Istanbul, une réunion médicale internationale, le temps d’expliquer à mes collègues turcs que le lobby arménien en France avait plus de poids pour notre président que le lobby gay, et de voir une neurologue grecque, au bord des larmes, me dire que son peuple à qui l’on demandait de vivre avec 500 euros par mois était au bord de la révolution. 




 

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