Nous sommes rentrés à Paris samedi en fin après midi, non sans avoir fait une étape du style « chambre de décontamination », comme nous en avons souvent l’habitude en quittant Sitgès. Vendredi
nous étions donc à Sarlat, passant de « sexe, beaux mecs, soleil et calamars » à « foie gras, beaufitude, bateleurs et culture », les deux ont leur charme, tout est question de dosage. Le temps
était idéal pour visiter ce joyau médiéval où, contrairement à cet autre nid à touristes, le Mont Saint Michel qui fût notre première étape à l’aller, nous nous sommes forts bien restaurés, chez
« Rossignol », à des prix irréprochables. Au Mont Saint Michel, en dehors de la « Mère Poulard » dont j’ai pu apprécier il y a quelques années la fameuse omelette mais dont les additions sont
disproportionnées, la plupart des restaurants (qui doivent probablement appartenir au même propriétaire) proposent les mêmes menus, à la limite de l’acceptable en ce qui concerne celui que nous
avions choisi, aux mêmes prix!
De Sarlat nous avons rejoint Paris après avoir visité le beau château de Hautefort qui doit sa restauration au mécénat de la baronne de Bastard et la ville d’Uzerches, la « perle du limousin »,
qui, désertée et sous un ciel menaçant, nous a semblé devoir marquer le point culminant de la dite « décontamination ». Nous n’imaginions pas que nous allions la poursuivre pendant 48 heures dans
un Paris automnal.
Que faire un dimanche après midi quand il pleut et qu’on juge prématuré, après dix jours à Sitgès, de se réfugier dans un lieu de débauche ? Cinéma donc, trois films enchainés dans l’après midi,
« Killer inside me », « Les insoupçonnables » et « Poison mortel ». On oubliera vite le second, polar glacé que l’on voit sans ennui mais sans adhérer jamais à l’intrigue peu crédible. Si du
premier je retiendrai surtout l’interprétation étonnante de Casey Affleck dans le rôle d’un shérif-adjoint psychopathe, c’est le troisième qui m’a le plus marqué. On comprend que ce film
intimiste, sobre et sensuel, un genre où excelle le cinéma français, qui raconte les premiers émois de la chair chez une adolescente élevée dans un catholicisme rigoureux, ait obtenu le prix Jean
Vigo. Certaines associations intégristes y ont vu un film christianophobe, ce ne fût pas mon sentiment. On y découvre au contraire, ce qui correspond à mon vécu, les différents visages de
l’Eglise, celui de la Loi, incarné par le personnage de l’Evêque qui choisit un passage de Saint Paul sur l’opposition de la chair et de l’esprit lors de son sermon et celui du prêtre au
quotidien, lui même soumis aux tentations de la chair, confident pragmatique. L’absence de « parti pris » du réalisateur explique sans doute les commentaires très opposés qu’on peut lire quant au
« message » du film. L’interprétation est remarquable notamment celle de Lio, inattendue dans un tel rôle de mère catholique, ou de « l’enfant de chœur » si émouvant, sans parler de Galabru, égal
à lui même.
Les vacances ne m’ont pas complètement tenu éloigné de l’actualité. Si la référence au nazisme par Michel Rocard m’a paru manifester l’effet délétère de la chaleur sur des organismes un peu
fatigués, j’aurais tout de même volontiers fait cadeau à notre souverain de l’ouvrage d’Hergé « Les bijoux de la Castafiore ». Cela lui aurait rappelé que les gitans sont des boucs émissaires
bien faciles et que l’attitude du « Capitaine Haddock » qui les a accueillis dans le parc de son château a nettement plus de panache. Mais il est plus facile d’entrer dans des camps de « roms »
que dans nos banlieues....Une action « pseudo sécuritaire » qui n’est entreprise qu’à des fins politiciennes, même si l’on éprouve pas l’effroi qu’elle eut suscitée si elle l’avait été en raison
de convictions idéologiques, ne mérite que le mépris.