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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 20:33
Requiem pour une gauche révée

François Hollande, sans l'élection duquel je n'aurais pu me marier le week-end dernier, m'a sans le savoir fait un beau cadeau avec la nomination de son nouveau gouvernement. J'avais assisté atterré, le week-end précédent, à la bouffonnerie théâtrale de Montebourg dans laquelle s'était fait piéger ce pauvre Benoit Hamon, qui lui au moins a l'excuse de la sincérité, sans imaginer un instant que cela allait enfin provoquer la clarification radicale dont je rêvais depuis des lustres, depuis sans doute que le concept de deuxième gauche avait émergé dans les années 80 autour de Michel Rocard et de la CFDT.

Une gauche enfin prête a affronter le réel , débarrassée de son idéologie dix-neuvièmiste...mais trop tard, beaucoup trop tard, car non seulement ce gouvernement n'a plus vraiment de majorité - ah si Hollande avait accepté la main tendue du béarnais il y a deux ans - mais le niveau de popularité de notre président est incompatible avec la mise en œuvre d'une politique qui va heurter de pleins fouets tant de corporatismes.

Ma discrète jouissance de découvrir un gouvernement débarrassé des écologistes, des fidèles d'Aubry, des "Robespierristes" et de leur bouffon (dont d'ailleurs les frondeurs ne veulent pas...), de voir arriver à l'économie un disciple de Michel Rocard, protégé de Jacques Attali, d'assister au remplacement d'Aurélie Filippetti par celle qu'elle avait fait écarter de la montée des marchés au dernier festival de Cannes de peur qu'elle ne lui fasse de "l'ombre", de savourer la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à l'éducation et même le maintien de la ministre de la justice (on lui doit tant...), risque d'être bien éphémère, de quelques semaines a quelques mois avant que le sol ne se dérobe définitivement sous les pieds de François Hollande, le tout mis en musique par l'infâme miss Tweet que "Closer" devrait s'empresser d'engager. Serais-je le dernier des Hollandais?

Dans l'avion qui nous amenait à Sitges pour quelques jours, "voyage de noces" décidé du jour au lendemain, une façon de tester le devoir de fidélité que nous a rappelé le maire samedi dernier, j'ai découvert un article récent du Monde selon lequel la plupart des mariages gay célébrés depuis un an se sont moulés dans le conformisme bourgeois des mariages hétérosexuels -rares seraient les provocations - et les seules ombres au tableau viendraient parfois de l'hostilité familiale persistante ou des réticences de certains gays qui se refusent d'oublier les luttes des années 70. Le notre, seize ans presque jour pour jour après notre rencontre dans un endroit que la morale hétérosexuelle réprouve, n'a pas dérogé a cette tendance, avec un discours sobre du jeune adjoint à la maire socialiste du 12e arrondissement - il a juste mentionné le récent vote de la loi - qui s'est contenté de nous lire les articles essentiels de nos droits et devoirs en nous épargnant, heureusement, tout ce qui pouvait avoir trait aux enfants... Aucun problème du côté de la "famille", qu'il s'agisse de celle de Bertrand, notamment sa mère qui ne pût contenir son émotion lors d'une brève intervention, ou de la mienne (je n'ai plus que mes neveux) dont l'absence ne traduisait aucunement une désapprobation mais la réponse naturelle à un oncle qu'ils avaient si peu vu.

Nos amis étaient presque tous là - même celui qui, quoique gay, restait opposé à cette loi- parfois venus de loin, dont Jean, 85 ans, affaibli, se déplaçant difficilement, mais qui voulait à tous prix assister à un événement dont il n'avait jamais imaginé qu'il puisse se produire de son vivant. Il serait malhonnête de ma part de cacher que, moi qui affirmait ne voir dans cet évènement qu'une formalité administrative, je fus aussi gagné par l'émotion. Plus étonnant peut-être, l'accueil plutôt chaleureux teinté de curiosité, qu'a provoqué l'annonce de mon mariage (justifiant ainsi mon absence pour congé marital) dans le cadre de mon travail, jusqu'au point qu'on me propose de fêter l'événement dans mon département - comme c'est la coutume pour tout mariage hétéro-, proposition que j'ai cependant décliner...

Alors que nous faisions notre "running" sur la jetée qui borde la baie de Sitgès, nous avons eu la surprise de découvrir la célébration d'un mariage lesbien sur la plage, nous rappelant ainsi qu'au delà des déclarations électorales, la loi sur le mariage gay devrait résister à une arrivée, plus ou moins proche, de la droite au pouvoir...Enfin devrait, car on ne peut plus tout à fat exclure une descente aux enfers..

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