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4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 16:01
Martine et les "Feuillants"

J’ai longtemps fantasmé une gauche moderniste, « sociale-libérale », débarrassée de son idéologie post marxiste qui suintait encore dans la gauche « plurielle » de Lionel Jospin, en un mot la prise de contrôle du PS par ce qu’on a appelé la « deuxième gauche » qui fut incarnée , en son temps , par Michel Rocard et la CFDT d’Edmond Maire, puis par Jacques Delors. L’économiste Jean-Marc Daniel, dans un récent ouvrage, se référant aux clivages apparus durant la révolution française, voit dans cette deuxième gauche l’héritière du « Club des Feuillants », né d’une dissidence des Jacobins, auxquels il s’opposait sur la question de la destitution du Roi. Ce mouvement prônait la liberté économique et combattait les envolées lyriques et le populisme meurtrier des «Montagnards». Valls et Macron sont nos Feuillants, les frondeurs et l’hébertiste « Jean-Luc » nos Montagnards. La coexistence de ces deux courants a jusqu’ici été rendu possible au sein du PS par nos « Brissotins » modernes, Mitterrand, Jospin et maintenant Hollande qui ont forgé leur victoire en s’inspirant des seconds dans leur programme tout en gouvernant en les cocufiant, sans jamais oser rompre avec eux.

A deux reprises nos « Feuillants » ont été aux portes du pouvoir, mais Jacques Delors s’est fait la malle et la libido de DSK l’a fait exploser en plein vol. François Hollande aurait pu tenter l’aventure en 2012 s’il avait accepté la main tendue du béarnais, il a préféré la synthèse « girondine » avec Jean Marc Ayrault. Le départ de Taubira, après cet incroyable et interminable tohu-bohu médiatique à propos de la déchéance de nationalité, lui donnait la possibilité de trancher définitivement le bras vermoulu des Montagnards et de tenir un discours cohérent en prenant sans ambiguïté le parti des «Feuillants». Que nenni, il vient d’adopter une stratégie schizophrène en faisant un remaniement « gauche plurielle » tout en proposant une loi travail en rupture radicale avec l’idéologie de cette dernière…Machiavel (on le saura en 2017) ou « brissotin » jusqu’au bout ?

Tout n’est peut-être pas perdu pour mon fantasme inexaucé, car une autre « ex-girondine», montagnardisée dans son isolement lillois, vient dans une tribune explosive me rendre l’espoir que ce soit la gauche « plurielle » qui explose et que soit le programme Valls/Macron soit appliqué, soit qu’un des deux au moins prenne le large et casse le PS…

Il eut certes été préférable qu’ils ne fussent pas deux, leur rivalité grandissante fragilisant les perspectives…Ne voilà-t-il pas que les frondeurs en viennent à trouver des vertus à Emmanuel Macron, plus «sociétal», en espérant faire tomber Valls… Qui l’emportera de ce dernier, froid et cassant, ou de Macron, souriant et pédagogue ? Un duel Macron /Juppé me paraitrait autrement plus stimulant qu’un remake de 2012….

Une série télévisé sur Canal plus, sorte de «House of cards» à la française, «Le baron noir», vous plonge, comme si vous y étiez, dans les coulisses du pouvoir socialiste. L’affrontement entre Kad Merad, exceptionnel, qui incarne un député PS à l’ambition dévorante, sorte d’hybride entre Julien Dray et Mélenchon et Niels Arestrup, toujours aussi bon, dans le rôle d’un président qui tient autant de Hollande que de Mitterrand, est d’un réalisme à couper le souffle…

Martine et les "Feuillants"
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