Il fût un temps, lointain, adolescent ou très jeune homme, avant que l’emprise du désir ne dévore mon temps libre, une passion, le bridge, l’occupait en grande partie, avec la lecture. J’en avais abandonné la pratique, il y a des dizaines d’années, à la suite de défection de ma partenaire attitrée, épuisée par les efforts de mémoire que demandait le système d’enchères que je lui avais imposé ( et peut être aussi par sa prise de conscience que je ne serais jamais plus pour elle qu’un partenaire…) et de mes obligations professionnelles. Les confinements successifs, la fermeture des salles de sport et de cinéma, la restriction des voyages, ainsi peut-être que l’anticipation d’une inévitable réduction de mon pouvoir de séduction avec l’âge, m’ont conduit à renouer avec la pratique de ce jeu et de me replonger dans les nombreux livres toujours en ma possesssion, du moins ceux traitant du jeu de la carte, car le bouleversement total des systèmes d’enchères depuis ma jeunesse nécessitait de nouveaux investissements. La remise « à niveau » nécessitée par l’adhésion à un club et la pratique des tournois, exigeait un tel effort intellectuel que j’ai négligé ce blog depuis quelques semaines….
Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’a manqué d’aborder certains sujets :
* Le niveau nullissime en arithmétique des antivax qui ont cru trouvé la preuve de l’inefficacité des vaccins dans la proportion importante de sujets vaccinés hospitalisés pour covid. Le niveau des journalistes en cette discipline n’étant guère meilleur, peu ont su démontrer clairement la stupidité de cette affirmation. En effet, il aurait suffit de donner l’exemple théorique suivant : soit un village de 1000 habitants dont 90 % sont vaccinés et qui compte 200 hospitalisés dont 100 vaccinés et 100 non vaccinés. Cette apparente égalité des chiffres bruts, masque le fait que 100% des non vaccinés sont à l’hôpital alors qu’il en est ainsi pour seulement 11% des vaccinés… Messieurs Dupont Aignan et Philippot ne peuvent pas ne pas le savoir mais ils surfent sur l’ignorance et la bêtise de leur supporters.
* Le délire Omicron, amplifié par les chaines d’information continue ( sauf CNEWS, reconnaissons le…), annoncé comme la fin du monde, au point de faire chuter les bourses, avant d’apparaitre comme la possibilité d’atteindre enfin l’immunité collective. Le dernier exploit de Spiderman aura été de faciliter cette immunité en jetant plus de 5 millions de jeunes spectateurs dans les salles en deux semaines, le masque en bandouillère ( Pop-corn oblige…). « Contaminons nous les uns les autres » et finissons en…Quelle chance que notre gouvernement ait un peu moins paniqué que ceux de nos voisins européens en limitant les restrictions, tout en instaurant, contraint d’agir, quelques mesures absurdes comme l’interdiction de consommer debout dans les bars (quant à celle du Pop-corn dans les cinémas ça ne peut qu’améliorer la bande-son…).
* Le phénomème Zemmour qui est un des avatars de la décomposition des gauches « éclatées » qui ont abandonné les valeurs républicaines et leur électorat pour se réfugier dans le communautarisme. Dommage que ce journaliste qui a pu me réjouir, parfois, du temps où il était chroniqueur de l’émission de Ruquier - qui a depuis perdu tout intérêt- quand il fustigeait les références culturelles du modernisme ( des textes de « Grand Cops Malade » comme épreuve au bac…) soit devenu, comme Renaud Camus, sa propre caricature. La haine journalistique à son égard continue à nourrir le phénomène…Etonné cependant que son affirmation selon laquelle le régime de Vichy aurait essayé de protéger les juifs français ait déclenché une indignation générale sans qu’il ne soit jamais rappelé que dans les années 50, « L’histoire de Vichy » de Robert Aron, une référence à l’époque, émettait déjà cette thèse, mentionnée aussi dans le récent téléfilm de la télévision, pourtant publique, sur Pierre Laval.
* Les excès de « Me TOO », de la cancel culture ,du « wokisme » et de l’écologie militante, qui après s’être attaqué à la voiture et aux arbres de Noël veut maintenant nous priver du foie gras, m’ont permis de découvrir le roman jubilatoire d’Abel Quentin, « Le voyant d’Etampes », prix de Flore, roman Houelbecquien qui croque avec humour les dérives identitaires de la cancel culture et la mini série irrésistible de Blanche Garden, sur Canal, « La meilleure version de moi même », caricature de toutes les dérives de notre époque, des méthodes de « développement personnel » au véganisme, à la naturopathie, la psychologie ou le yoga. Puisse le compagnon de Sandrine Rousseau en prendre connaissance pour aider à sa « reconstruction » . Les hétérosexuels vivent des temps difficiles de nos jours, surtout s’ils sont blancs…
Quelques satisfactions cependant dans cet automne crépusculaire. Avant tout, enfin, la sortie de « Dune ». Il y a bien longtemps que je n’avais revu un film deux fois (dont une en Imax). La version extravagante de David Lynch, revue quelques semaines avant - je l’ai trouvée très kitch, mal vieillie - ne m’avait pas déplue à l’époque, bien que je lui ai préféré la série télévisée. Heureusement, le succès relatif du film, ce qui n’était pas gagné, devrait permettre la réalisation de sa 2è partie. Comble du bonheur, un autre chef d’oeuvre de la science-fiction, « Fondation », s’est trouvé disponible en série sur Apple TV+, dans une version certes infidèle au roman, mais convaincante tout de même. Il ne manque plus que soit porté à l’écran « Hyperion », le chef d’oeuvre de Dan Simmons, projet sans cesse repoussé. A savourer aussi, un ovni littéraire, « Les oiseaux du temps », qui a trusté tous les prix de Science-Fiction en dépit de son abord difficile, court roman qui conte la correspondance amoureuse et secrète de deux combattantes de civilisations post humaines, l’une de nature technologique, civilisation de machines, et l’autre végétale, dans le cadre d’une guerre temporelle qui se déroule dans le multivers de l’histoire humaine.