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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 22:45

 

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Quand mes « aller-retour» sur Bordeaux ne sont pas perturbés par les grèves, ils le sont par les effets combinés de la neige et des départs en vacances. Je n’ai du mon retour sur Paris samedi matin qu’à mon statut privilégié de « grand-voyageur » sur Air France, ce qui m’a permis de trouver, avec l'aide d'une hôtesse compréhensive, une place sur le vol précédent le mien qui était annulé, et de pouvoir assister à la soirée « arbre de Noël » organisée, comme chaque année, par deux vieux amis de Bertrand. Une de mes distractions favorites dans ce genre de manifestations où le champagne coule à flot est d’identifier parmi la foule des invités ceux d’entre eux qui furent de mes « tricks ». Stigmate de la récession sans doute, je n’en ai compté qu’un cette année, qui me gratifia d’un discret sourire, fellation rapide il y a bien près de 20 ans dans le sauna vapeur, avant qu’il ne soit transformé en salle de détente quand les travailleurs immigrés préposés au nettoyage ont du finir par se plaindre des taches de sperme, du gymnase club grenelle. Loi des séries dans doute, le lendemain soir alors que nous dinions au restaurant « Le pavé », la neige, encore, nous ayant empêché d’aller en lointaine banlieue chez les parents de Bertrand où nous étions invités, un des trois garçons qui s’est assis à la table à côté m’ a salué, un «américain à Paris», rencontré celui là au gymnase club Italie, à peu prés à la même époque, mais plus longuement puisque j’avais fini dans son lit. Ces petits clins d'œil du passé me sont plutôt agréables, moins à Bertrand.

Mes « tricks » au gymnase club (devenu entre temps club-med-gym) ne sont pourtant pas l’objet de ce billet (ils pourraient remplir un blog à eux tous seuls...). Je voulais en fait revenir sur le précédent et ses commentaires (sur le blog "mère" de celui-ci sur le site "gayattitude") quant à la citation de Renaud Camus dont la relation directe avec le sujet du billet n’a semble t’il pas été vue dans au moins un de ses aspects. Renaud Camus peut il être apparenté à ces intellectuels nationalistes et identitaires qui revendiquent leur homosexualité tout en militant dans des mouvements d’extrême droite? La question est ouvertement posée par le titre d’un article du dernier « Monde des livres », « Renaud Camus, candidat de l’Occident », article consacré à la sortie de son livre « L’abécédaire de l’In-nocence », qui reprend les communiqués du parti qu’il a fondé et pourrait constituer le programme de sa candidature en 2012, candidature dont il est également question dans une interview du dernier numéro du Nouvel Observateur. Ce titre du monde a suscité un communiqué indigné de l’auteur qui récuse toute assimilation à l’extrême droite. Il a pourtant participé ce week-end (http://www.nouveau-reac.org/allocution-de-renaud-camus-aux-assises-sur-lislamisation/) aux « Assises internationales sur l’islamisation du pays » qui se tenaient à deux pas de chez moi, en compagnie de l’un des meneurs suisse de la campagne contre les «minarets», et du chef des hooligans de l’English Defense League. Renaud Camus réplique qu’il a été invité par « Riposte laïque » qui se veut de gauche (ce qui est le cas du père de Bertrand qui appartient à ce mouvement, ce qui lui avait valu de se retrouver dans le Nouvel Observateur sur une photographie illustrant une réunion "apéritif-saucisson"). On sait aussi qu’il fut accusé d’antisémitisme, mais l’accusation ne résiste pas à la lecture attentive des textes, aux multiples soutiens de personnalités juives et au fait que son abécédaire est publié par un éditeur qui, selon Le Monde, se réclame des « valeurs juives». Sa condamnation de Jean Marie Le Pen a été sans équivoque en 2002 lors du second tour de l’élection présidentielle, et il ne semble pas avoir plus de sympathie pour la fille puisqu’il a manifesté son soutien à Frédéric Mitterrand lorsqu’ elle l’a accusé de pédophilie (ce dernier l’avait lui aussi soutenu lors de « l’affaire Camus »). Si ce n’est sur les questions de « Morale », il s’est parfois dit proche de Philippe de Villiers, ce dernier peut il être considéré comme d’extrême droite?

Je dois avouer, que de la même façon que j’avais dit à Bertrand (tout en ne niant pas qu’il y ait bien un problème de « L’islam en France » dont l’occultation idéologique risquait de nous amener aux pires extrémités) que la participation de son père à ces manifestations anti-islamiques me mettait mal à l’aise, je ne peux que regretter, et bien plus étant donné l’attachement que j’ai pour l'œuvre de cet écrivain, celle de Renaud Camus. Il me semble suivre là une pente dangereuse. Je ne le crois cependant pas d’extrême droite, sensibilité que je connais bien puisque j’en ai partagé certaines valeurs dans ma jeunesse, élevé dans une famille nostalgique de Pétain, sensibilité qui contient immanquablement haine et violence, incompatible avec tant de ses écrits.

« En corrigeant ces jours-ci les épreuves de Une Chance pour le temps, le journal, 2007, je suis tombé sur d’assez longues citations du livre de Pierre Le Coz, L’Europe et la profondeur, où l’auteur manifeste avec insistance et détermination ce qui serait couramment taxé d’homophobie. Et de m’aviser une fois de plus, sur un terrain où je devrais me sentir directement visé, que je ne ressens rien de cette affreuse blessure et moins encore de l’indignation que sont supposés faire naître toutes ces phobies et tous ces anticecismes et anticelasmes tant dénoncés et si fort chargés d’opprobre. Pierre Le Coz n’aime pas l’homosexualité ou du moins la juge incapable de profondeur : ce me semble son droit le plus strict. Il donne des arguments, qui peuvent être éminemment contredits et combattus, je ne vois rien là de répréhensible. Il appellerait au massacre, aux sévices, à la violence, ce serait une tout autre affaire- inutile d’écrire que ce n’est nullement le cas. Je n’ai jamais eu de sympathie pour la parole évangélique « tu ne jugeras pas », surtout quand elle est tronquée de sa suite, « crainte d’être jugé toi-même ». Je crois au contraire que juger est une des plus hautes des prérogatives de l’homme et l’une de celles où il se définit le mieux. Pour ma part j’accepte tout à fait d’être jugé, et comme individu, et comme homosexuel, et comme Français, étant bien entendu que les individus doivent être jugés comme individus et les groupes comme groupes sans interférence. Et je crois qu’il est tout à fait malsain que les groupes quels qu’ils soient, communautés de goût, communautés d’origine, communautés de situation économique ou sociale, communautés de civilisation, communautés de religion, échappent au jugement moral, ou esthétique, ou intellectuel, comme le veut et comme l’impose le dogmatisme antiraciste. La seule condition absolue à ce droit au jugement c’est qu’il soit en permanence contradictoire, soumis au jugement et aux arguments a contrario. Mais il est absurde de vouloir interdire et fustiger toute critique (d’un groupe, d’une « communauté », d’un peuple, d’une civilisation) aussi longtemps qu’elle n’est pas un appel à la violence et qu’il peut y être répliqué »
(Renaud Camus, Krakmo, journal 2009, Fayard 2010)

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