Marine Le Pen au secours des gays ? Ne vient elle pas, pour argumenter ses propos sur « l’occupation » de
certaines de nos banlieues par des populations de religion musulmane, de dire « il ne fait pas bon d’être homosexuel dans certains banlieues ». Cette utilisation d’une minorité pour en
stigmatiser une autre est bien entendu pure tactique, tel Horace qui s’occupe de ses ennemis l’un après l’autre. Mais elle s’inscrit aussi dans la lutte pour le pouvoir entre les deux tendances
qui ont toujours coexisté au Front National, la tendance « catholique intégriste » regroupée autour de Bruno Gollnisch et la tendance « païenne » longtemps animée par Bruno Megret et qui
s’inspirait des écrits du philosophe Alain de Benoit. La tendance « catholique » condamne l’homosexualité au nom de la « morale », alors que la tendance païenne s’en accommoderait à condition
qu’elle reste « discrète », du domaine du privé. Selon les partisans de Bruno Gollnisch , l’entourage de Marine Le Pen serait à forte proportion homosexuelle. Son père aussi a eu de proches
collaborateurs gays, dont un des ses bras droits, « folle » (lors de ses virées nocturnes) bien connue de certains milieux (dans le sud-est si mes souvenirs sont exacts) dont l’assassinat fit
scandale il y a plusieurs années de cela. La présence d’homosexuels dans les mouvements d’extrême droite, même si elle peut surprendre, est une constante. Patrick Buisson, dans son livre «
1940-45, les années érotiques » et Jonathan Littell dans les « Bienveillantes », l’ont bien montré. Le premier ne notait il pas : « Brasillach, Genet, Fraigneau, Jouhandeau, Benoît-Méchin, Abel
Bonnard (excellent portrait de Gestapette), Montherlant, on n’en finirait pas de citer tous ceux que l’enthousiasme esthétique pour les Appolon germains et les Siegfried casqués a poussé vers de
fâcheuses dérives ». Jonathan Littell, dans un autre livre, « Le sec et l’humide » ajoutait : « les «homos-nazis» restaient tolérés, si leur choix sexuel s'exprimait de manière confidentielle et
camouflée par un semblant de «vie familiale normale». Ces gays « fachos », nationalistes et identitaires, n’ont pas disparu. Un des leurs a même publié une revue homosexuelle, « Gaie France »,
qui est tombé sous le coup d’une interdiction pour ses connotations pédophiles. Certains continuent à préconiser une vie cachée, « de famille », les relations homosexuelles n’étant que pour le
plaisir, « amours guerriers ». Jorg Haider, le leader autrichien, appartenait sans doute à cette catégorie. D’autres revendiquent leur homosexualité, ceux de « L’English defense league » ou
certains mouvements d’extrême droite des pays nordiques qui eux aussi font la chasse à l’islam.
Marine Le Pen s’inspirerait elle de ces mouvements européens en vue d’attirer un électorat gay ? Le père
n’était pas avare de grivoiseries homophobes mais ne se disait pas opposé au PACS, et Marine le Pen s’est déclaré favorable à l’avortement....
""MORALISME"
"Surtout ne pas tomber dans le piège de l'amoralisme, de l'immoralisme, de l'anti-moralisme : "Puisque
c'est au nom de la Morale que vous nous méprisez, que vous nous rejetez, que vous nous opprimez, nous sommes contre la Morale." Non, leur morale n'est pas la Morale, elle est une erreur et une
erreur coupable. C'est au nom de la Morale, de ce qui est juste et de ce qui est bien qu'il faut lutter contre les racistes anti-achriens.
La Morale n'est pas de leur côté, elle est du nôtre. Il ne faut pas la leur abandonner. Notre indignation,
notre dégoût, sont en intensité égaux aux leurs. Ils ont comme les leurs la Morale pour référence. Mais ils sont justes et moralement fondés, tandis que les leurs sont imbéciles et moralement
indéfendables.
Il n'y a pas leur morale et la nôtre. Ici il n'y en a qu'une, et elle leur donne tort.
(Renaud Camus, Notes achriennes, 1980)