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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 00:05

 

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Le dernier film des frères Cohen n'est pas d'un abord facile. Il vous hante bien après le générique de fin. Il m'avait semblé qu'une des "clés" de lecture de "No country for old men" était dévoilée dans la scène finale où l’on voit deux enfants commencer à se disputer pour un simple billet qui leur a été remis en remerciement d’une « bonne action » , le désir mimétique comme racine du problème du mal. Dans " A serious men" la grille de lecture est doublement inaugurale, dans le prélude, en forme de conte où un personnage, fantôme, est à la fois "mort et vivant", mais surtout dans l'exposé que fait le héro, professeur de physique quantique qui tente d'expliquer à ses élèves le paradoxe du "chat de Schrödinger" (se reporter à un des billets précédents). Peu de critiques ont semblé voir que ce héro va lui même expérimenter dans sa propre vie ce principe d'incertitude, il est lui-même ce chat de Schrödinger, ni mort, ni vivant. La physique nous dit qu'on ne peut tout connaitre du "réel", qu'il nous est "voilé". Il en est de même pour la signification du mal, du malheur en série qui s'abat sur Larry. Il va tenter de chercher la réponse dans le religieux (il consulte successivement trois rabbins, des moments savoureux, car l'on rit beaucoup dans ce film noir), dont la réponse sera la même que celle de la physique, absente, nous ne savons pas : "le bagage culturel dont on hérite est un atout, une richesse, à condition de ne pas le figer en dogme, de savoir s’en délester en le fécondant au contact des mille vents qui soufflent sur une existence" (extrait d'une critique des inrrokuptibles"). On ne peut jamais vraiment savoir ce qui se passe.
Il y a bien plus que cela dans ce film, le choc des cultures notamment, avec la judéité en arrière-plan culturel qui s'affronte à la modernité "Goy-américaine" : le fils de Larry est le symbole de cette "rencontre", de cette "déculturation" (tout cela renvoie à tant de nos débats actuels). La scène finale montrera la vanité de son angoisse.
Les frères Cohen ont réalisé un film d'une intelligence inouïe, dont on ne peut sans doute saisir toute la richesse sans être imprégné de cette culture juive dans laquelle ils ont grandi.

Je pourrai faire mienne cette citation tirée de l'un de leurs interviews :
"Nous n'avons rien à reprocher à nos parents, sauf de nous avoir privés d'une enfance intéressante"

 

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