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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 20:54

 

 

Alain-Propos.jpg« Ce que serait « ma gauche » » est le titre d’un article qu’Edgar Morin a publié dans le Monde ce week-end. Il y a bien des années de cela il fût un de ceux qui ont puissamment contribué à ma façon de voir et de comprendre le monde. Je l’ai suivi pas à pas dans l’élaboration de sa gigantesque méthode, 6 volumes qui constituent un véritable encyclopédie du paradigme de « complexité » dont il a cherché à établir les fondements. Pourtant c’est avec perplexité que j’ai découvert cet article où il appelle « les » gauches à suivre un nouvelle voie : « La voie nouvelle conduirait à une métamorphose de l'humanité : l'accession à une société-monde de type absolument nouveau. Elle permettrait d'associer la progressivité du réformisme et la radicalité de la révolution »… « Préparons un nouveau commencement en reliant les trois souches (libertaire, socialiste, communiste), en y ajoutant la souche écologique en une tétralogie. Cela implique évidemment la décomposition des structures partidaires existantes, une grande recomposition selon une formule ample et ouverte, l'apport d'une pensée politique régénérée». Comment un tel penseur peut il être si naïf et faire l’économie de la problématique du « Mal » ? Irrité aussi par certains dérapages « voir Israël traiter le Palestinien comme le chrétien traitait le juif » : on aimerait savoir, comme un lecteur du Monde l’a souligné en commentaire, en quoi les juifs ont jamais menacé la chrétienté d’anéantissement ?
Mais revenons au sujet « ma gauche ». Si je devais me poser cette question, peut être devrais je d’abord me résoudre à répondre à une autre, « suis je encore de gauche? » et cela à condition qu’elle ait encore un sens. Jacques Julliard rappelait dans un ancien numéro du Nouvel Observateur cette phrase célèbre du philosophe Alain dont, adolescent, je dévorais les "propos" :"Lorsqu'on me demande si la coupure entre partis de droite et partis de gauche a encore un sens, la première idée qui me vient à l'esprit est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche". J'ai très longtemps adhéré à cette opinion. Elle reste, sans doute, en partie vraie, mais une révolution "culturelle", salutaire, me semble en marche. Les bases théoriques ( et schématiques !)de la pensée de droite (le mal est dans l'homme) et de la pensée de gauche (le mal est dans "l'organisation sociale") sont en train de s'affaiblir. Je suis depuis longtemps convaincu que le mal est dans l'homme (en bon girardien) et pourtant, du moins je feins de le croire encore, de gauche. Je me reconnais tout à fait, une fois n’est pas coutume, dans les propos tenus par Fabrice Luchini (qui a pourtant plutôt le don de m’exaspérer…et dont dans le même article l’enthousiasme pour la psychanalyse, le vote écolo et la haine de Rousseau ne devraient pas augmenter mon maigre capital de sympathie ) : « je ne suis pas de gauche parce que je pense que l’homme n’est pas ce que les gens de gauche pensent qu’il est. Je n’aime pas dans la gauche l’angélisme, l’enthousiasme. Je ne suis pas de droite parce qu’elle a oublié qu’il y eut une droite qui n’était pas affairiste, parce qu’elle a oublié les hussards : Antoine Blondin, Roger Nimier, Jacques Laurent… ».
Je n’ai jamais voté à droite ou pour mes intérêts « de classe » mais c’est avec effarement que j’ai découvert les propositions du PS sur les retraites. Je ne pourrai certainement pas voter pour un parti qui défendrait cette ligne absurde en 2012. Fabrice Luchini, s’appuyant sur Nietzsche « Malheur à moi, je suis nuances », semble croire que la « gauche différente », celle de DSK, de Delors, de Rocard, n’a aucune chance. Il est peut être exagérément pessimiste. La spéculation financière, « le marché », vont peut être nous obliger enfin à nous rendre compte que nous allons dans le mur et à s’occuper des déficits ? Quoiqu'il en soit de très difficiles années nous attendent.

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