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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 22:24

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Je ne sais quand, Sitgès, village catalan créé au 10è siècle, est devenue une capitale gay. La vieille ville, centrée autour de son église qui la surplombe, a gardé tout son charme. Elle a sans doute pris son essor au 19è siècle au retour de ses habitants qui étaient allés faire fortune à Cuba et lorsqu’elle est devenue un centre artistique sous l’influence des peintres luministes (attirés par la lumière qui baigne la ville au soleil couchant). Dans les années 60 elle a commencé à devenir une Ibiza « terrestre » avec le développement d’une communauté hippie et l’ouverture des discothèques. Mais c’est probablement à la fin des années franquistes qu’elle a commencé à voir affluer les gays de toute l’Europe, bien avant de devenir une cité balnéaire « à la mode », sorte de St Tropez des barcelonais, mais un tiers environ de la fréquentation reste gay.
Je l’ai découverte pour la première fois à la fin de l’été 1981. A cette époque, le « territoire gay » était plus étendu qu’aujourd’hui, envahissant notamment la principale rue de la ville, la rue « de la bonne aventure », surnommée « rue du péché ». Depuis plusieurs années elle a été colonisée, notamment dans sa partie basse qui débouche sur la plage, par des bars « hétéros » très animés et bruyants. Le milieu de la rue reste cependant occupé par le célèbre « Parott », bar gay en terrasse, lieu de rendez vous, notamment à l’apéritif, de tous les gays qui veulent se « montrer ». On ne conçoit pas un séjour à Sitgès sans aller boire un verre au Parott.
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Ce n’est que depuis 16 ans que je reviens à Sitgès presque tous les ans. J’ai succombé au charme de ce village, où il fait presque toujours beau et chaud, sans doute la destination gay estivale qui reste la plus abordable (même si son succès grandissant au-delà de la communauté gay a fait sensiblement valser les étiquettes) par rapport à ses concurrentes européennes, Ibiza et Mykonos, et surtout la plus conviviale, la plus « sexe ». Une de ses caractéristiques est la situation de la principale plage gay, au niveau du centre ville, une centaine de mètres au beau milieu de la baie en « croissant » où viennent se faire « dorer » des gays venus du monde entier, avec une forte proportion d’européens bien sûr, notamment les français et les italiens, et de plus en plus depuis quelques années, ceux venant des pays de l’est. Mais ceci dépend aussi des saisons : les français, notamment le « marais », mais aussi beaucoup de provinciaux qui viennent chercher ici une promiscuité gay impensable dans leur terroir, sont très présents au début Août, alors que les anglo-saxons préfèrent l’avant ou l’après saison, plus calme, moins « people », plus conviviale. Il y a, cela va de soi, une plage plus « sexe », comme on peut en trouver ailleurs, naturiste (si on le souhaite), avec un petit bois au-delà de la voie ferrée qui passe derrière, et où l’on peut « passer à l’action ». Mais cela se mérite, il faut marcher au moins 45 mn depuis le centre ville, ou prendre la voiture pour atteindre un petit chemin qui vous y mène moyennant 10 mn de marche. Ce n’est de toute façon pas là que se trouvent les légions de « beaux mecs » aux corps sculptés, mais sur la plage centrale
L’idéal bien sûr est de pendre un hôtel sur la baie, le plus proche possible de la plage principale, mais ils sont chers, de 100 à 150 euros la nuit. On peut préférer le « Romantic », en pleine ville, un des plus anciens et des plus connus hôtels gays, et son merveilleux petit jardin où l’on prend le petit déjeuner, jusqu’à 10 heures seulement (alors qu’on vient , ou presque de se coucher…), ce qui vous permet d’admirer des mines dans un triste état, surtout lorsqu’elles ont passé la quarantaine. On y rencontre pas mal de couples à la différence d’âge parfois surprenante…Une des particularités de l’hôtel est de ne pas autoriser à amener un tiers dans sa chambre ( si ce n’est en payant un supplément), ce qui n’est pas très pratique dans une ville où beaucoup viennent justement pour ça! A découvrir certes, mais une fois suffit. Sinon, il y a de nombreux hôtels dans la ville, à tous les prix, mais en choisir un climatisé s’impose. Certains qui préfèrent réserver leur budget aux folles nuits, choisissent le camping, assez excentré.
Une journée à Sitgès, à moins qu’il ne pleuve (dans ce cas Barcelone vous attend à 30 kms), est assez stéréotypée. Le lever est tardif, surtout pour ceux qui ont la chance d’être en location car les hôtels ne servent le petit déjeuner que jusqu’à 11 heures, dans ce cas on se recouche après. Ceux qui souhaitent réserver un « transat » en profitent pour aller y poser leur serviette car à l’heure où l’on arrive généralement à la plage vers 14h, il n’ y en a plus et même sur le sable il va devenir difficile de trouver son territoire. La plage se vide entre 18 et 19 heures, le temps de se préparer pour se retrouver au « Parrot» ou dans le jardin du « Romantic » pour un apéritif. Vers 22 heures c’est le départ pour le restaurant, il y en a beaucoup, à tous les prix. Les plus courus, souvent français (de très nombreux commerces de Sitgès sont tenus par des français ou des anglais), comme « Ma Maison », « Les enfants terribles », ou « L’Alma », sont autour de 20 euros par personne sans le vin (nettement moins cher qu’en France). Mais il y a aussi de typiques restaurants espagnols, sans oublier « La Santa Maria » et sa célèbre Paella. Puis vers 24 heures commence la tournée des « bars-boîtes », en fait des bars mais avec une piste de danse. Il y a une dizaine d’années le circuit des bars était assez stéréotypé : « El Candil » d’abord jusqu’à 2 heures, puis « Le Méditerraneo » de 3 à 4 heures du matin (le grand classique de Sitgès, un bel endroit) avant de prendre soit le chemin de «la » discothèque de la ville « Le Trailer », avec notamment ses soirées mousses, certes chaudes mais qui ne sauraient faire oublier celles du Queen, mais j’ai constaté avec regret l’absence de son DJ habituel, Juan Rosé, avec lequel j’avais à plusieurs reprises terminé la nuit il y a quelques années, soit celui de la plage qui dans sa partie qui s’éloigne du centre ville devient un vaste baisodrome nocturne quand les lumières s’éteignent sur la jetée. Ce circuit s’est nettement diversifié car deux établissements sont venus contester la suprématie de « El Candil » en début de soirée : le XXL d’abord, avec une clientèle plus du style « Cox » , une meilleure musique et surtout une backroom très fréquentée bien que très exiguë, dans laquelle il n’est pas facile de se faufiler aux heures de pointe surtout si tel ou tel a décidé se faire enculer en plein couloir très étroit (très souvent sans capote, la « culture » de la capote étant bien moins développée en Espagne qu’en France »), puis maintenant « Le Privilège » à la musique plus branchée et des prix cassés jusqu’à 1 heure du matin.
Le « Trailer » est la seule discothèque gay de Sitgès (il y a aussi « L’Organic » mais il ne semble pas réussir à s’imposer). Sitgès n’est pas une destination pour les « clubbers » comme Ibiza. Cependant un club hétéro, qui nécessite une voiture car excentré (il y a aussi une navette qui part du centre ville), mais donnant sur une plage ce qui peut être assez pratique pour ce que vous imaginez, organise une à deux fois par semaine des soirées gay très, très courues…Et puis Barcelone n’est pas loin…
On regagne donc souvent son « chez soi » au petit matin, du moins si l'on y est en "célibataire", situation que je n'ai connue que durant deux étés il y a une dizaine d'années, dieu sait si j'en ai profité au delà de toute mesure.

J’ai décrit le circuit le plus « branché » mais il y a bien sûr beaucoup d’autres bars gays qui ont leurs habitués, l’historique « Bourbon » par exemple, où surtout le « 7 », tenu par des anglais d’un âge certain et très accueillants, avec une clientèle très bigarrée mais plus âgée en moyenne que celle des bars précédemment décrits, qui fait parfois un peu « province » ou rappelle certaines soirées de « L’insolite » à Paris, le plus chaleureux et le moins onéreux.
Est il vraiment besoin de préciser que c’est une ville qu’il faut aborder avec une certaine « préparation » si l’on vient en couple. J’ai vu naître plus de drames que d’idylles dans cette ville…..

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