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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 19:54

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J'ai lu Freud adolescent, puis Lacan ( ou plutôt" sur Lacan", car lire Lacan nécessite une traduction!) dans ma période "structuraliste". Non seulement la théorie analytique n'a jamais entrainé chez moi le moindre début d'adhésion (même si je ne pouvais qu'être séduit par le brio de la philosophie lacanienne), mais très tôt je me suis opposé au rationalisme pseudo-scientifique de cette supercherie, et cela bien au delà du statut (de perversion) que la psychanalyse a assigné à l'homosexualité. Si l'on s'en tient à celle ci et si l'on en reste à une détermination "psychologique" de l'homosexualité ( elle est pour moi avant tout d'origine biologique, épigénétique, mais ce n'est mon sujet ce jour), la conception trop absolue de la différence sexuelle chez Freud lui a fait méconnaitre que toute rivalité sexuelle est structurellement homosexuelle et que, comme l'a montré René Girard, "l'homosexualité c'est vouloir être ce que l'autre est" et non la recherche du même.
Les dangers de la psychanalyse, son totalitarisme, les dégâts considérables qu'elle a engendré sur les individus sous son emprise et sur la psychiatrie française en particulier ( qui a disparu de la scène scientifique internationale) ont souvent été dénoncés, notamment, avec sans doute quelque excès, dans "le livre noir de la psychanalyse". Je partage les réflexions suivantes de Didier Eribon, dans un ancien  Tetu :
« ... Sa diffusion massive dans toutes les sphères sociales a fait de la psychanalyse une sorte d'évidence partagée par tous, et le socle le moins interrogé du sens commun : on n'imagine plus qu'un lapsus puisse n'être révélateur de rien. Ou qu'œdipe soit de la foutaise. Et c'est bien parce que le freudisme est dans toutes les têtes que les psychanalystes peuvent exercer leur magistère : la culture prépare les esprits à accepter leur discours et leurs verdicts. Ce que disent les analystes est reçu d'avance. On regarde le passé, le présent, les aléas de l'existence... à travers leurs yeux et leurs concepts.

Par conséquent, alors que les psychanalystes aiment à parler d'une résistance à la psychanalyse, il est évident que c'est plutôt le contraire qui se produit aujourd'hui : une résistance profonde, et largement répandue, à toute critique de la psychanalyse, et plus encore à toute tentative de récuser le mode de pensée analytique ... »
« ... Quand Freud a avancé l'idée qu'il existait une sexualité infantile, c'était assurément révolutionnaire. Plus généralement, donner une grande place à la sexualité était potentiellement émancipateur. Mais tout réduire à la sexualité, et notamment à la sexualité infantile, me paraît absurde. Gilles Deleuze s'est moqué férocement de ce réductionnisme qui s'est mis à prospérer dans les années 70 : on ne peut plus dire «groupe hippie» sans que quelqu'un vienne commenter, sur le ton de celui qui en sait long sur vous : «Ah, vous avez dit gros pipi». Fumer serait une manière de téter le sein de la mère (ne parlons même pas de la fellation !) ; se droguer une manière de se masturber, et toute addiction signifierait que l'on n'a pas dépassé l'addiction à la masturbation (qui, bien sûr, serait condamnable, car c'est une phase qu'il conviendrait de surmonter). Ou bien la création littéraire et la création artistique ne seraient que des sublimations de la libido... J'en passe et des meilleures ! ... »
« … On conçoit aisément que, devant cet impérialisme du sexe, Foucault ait formé, au milieu des années 70, le projet d'une «histoire de la sexualité» dont l'objectif était de montrer comment cette idée que le sexe constituerait la vérité profonde du sujet humain était d'invention assez récente et qu'elle s'ancrait dans l'héritage du christianisme et de la confession chrétienne. C'est bien avec cette «monarchie du sexe» qu'il entendait rompre. Car, derrière cette conception christiano-psychanalytique du «désir», il y a toujours une certaine volonté de faire «avouer» aux individus ce qui serait leur «vérité» : «Dis-moi ce que tu désires, je te dirai qui tu es.» Et de déchiffrer ainsi leur «vérité», c'est s'assurer une emprise sur eux. Ici, la «volonté de savoir» est une volonté de pouvoir. Il convient donc, aujourd'hui comme hier, de faire dissidence … »

Bonne chance tout de même aux internautes qui sont dans ses griffes

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commentaires

N
<br /> J'ai répondu sur le fond, pas en partant de cet adjectif.<br />
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N
<br /> Christiano-psychanalytique ? Ne dites pas n'importe quoi... Le monologue du patient en psychanalyse est fondé sur l'accusation d'autrui d'être à l'origine de ses propres troubles mentaux,<br /> dans l'objectif de "tuer le père" ou d'avoir suffisamment rejeté la faute (l'origine des conflits familiaux) sur quelqu'un d'autre, sachant qu'il faut retrouver ses propres désirs. Ce n'est<br /> possible que sur des patients suffisamment aveugles pour ne pas avoir compris la nature et le fonctionnement des conflits. Autant dire que vous êtes un peu trop intelligent pour que cette méthode<br /> ait pu porter ses fruits chez vous. En revanche, la confession, chose bien plus universelle, consistait à avouer ses propres violences et intentions de violence, pour ensuite recevoir<br /> le pardon et l'amour divin, ce qui ne fonctionne que si l'on croit en Dieu dans l'absolu et qui est contre-productif si on réduit Dieu à une croyance relative, un fait social ; mais ne voyez pas<br /> comme c'est la mode aujourd'hui dans le christianisme une manipulation destinée à culpabiliser les gens ; il ne s'agit pas de les rendre honteux, mais de les laisser s'accuser pour ensuite passer<br /> à autre chose, qui est le pardon. Les hommes n'ont pas besoin d'être guéris, ils ont besoin d'être pardonnés. Et ceux qui sont pardonnés vivent beaucoup mieux que les autres. -- Il me semble<br /> que vous êtes en colère et que vous utilisez cette colère comme d'une énergie pour analyser la société ; cependant que vous ayez raison ou tort ne résoudra pas votre colère.<br />
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L
<br /> <br /> Vouis semblez n'avoir pas vu les guillemets...Le terme fait partie de la citation de l'article de Didier Eribon....<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> Extrait d'une interview de Darossian (école de Bamberg) édifiant....<br /> <br /> <br /> ''Sans pour autant vouloir combattre, critiquer ou juger ces dernières, je suis bien obligé de constater qu’à l’heure actuelle, après les jolies fables contées par<br /> la cohorte des maréchaux et des généraux de l’armée freudienne, qui comme toute armée, sert inévitablement de refuge à un nombre non négligeable d’assassins, les fondements et l’épanouissement<br /> des dogmes de la psychanalyse sont pour le moins sujets à débat. Il vous suffira d’attendre les prochaines sorties littéraires de l’année 2010 pour constater que ce point de vue est partagé par<br /> certains penseurs dont l’un d’entre eux, un français, Michel Onfray peaufine la publication d’un ouvrage qui devrait créer un chamboulement certain et une première grande rupture à l’égard de la<br /> maison Freud. Il faudra je pense, le moment venu, savoir reconnaître et distinguer l’engagement de ce philosophe qui sera le premier à oser ostensiblement cette rupture et louer le courage de ce<br /> libre penseur qui n’hésitera pas à remettre totalement en question et faire vaciller le socle des fondements du très élitiste et très bourgeois modèle théorique freudien et à mettre en doute la<br /> sincérité et la véracité des affirmations de son créateur''...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je vous invite à lire ce commentaire sur la psychanalyse, sous le regard du Bouddhisme. <br /> <br /> <br /> http://naikan.onlc.fr/10-Les-dangers-du-Naikan.html<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Merci pour l'encouragement, cher confrère, mais quand à moi, ne ne considère pas ses griffes si douloureuses ni emprisonné par la pratique "du divan"... et pour le moins cette pratique m'aura<br /> éloigné des sacristies et d'une éducation que nous avons eu tous les deux.. j'ai aussi pratiqué la place Renaudel mais comme voisin (navalais).. je n'avais pas encore réalisé mon attirance pour<br /> mes hommes à cette époque.<br /> <br /> <br /> Blog agréable à lire quand on n'est pas exaspéré par ton allergie à l'analyse!!<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> S'arracher à quelque chose pour tomber dans une autre, on ne change que les murs...Je me suis aussi éloigné des sacristies, mais j'en ai un peu la nostalgie, je voudrais tellement "croire". Quant<br /> à l'éducation que j'ai reçu à St marie Grand Lebrun, je n'en ai que des bons souvenirs (tu vois qu'on peut être "emprisonné" sans le sentir...)<br /> <br /> <br /> Je ne suis pas "allergique" à l'analyse, je suis seulement de ceux qui pensent que la théorie est fausse, mais malheureusement non falsifiable donc "insensible" à la réfutation. Ceci dit, rassure<br /> toi, quand j'étais neurologue à pellegrin il m'est arrivé d'adresser mes patients (surtout les hystériques) pour lesquels je ne pouvais rien faire à un ami psychanalyste, brillant comme<br /> nombre de psychanalystes, qui connaissait parfaitement la psychiatrie. Je savais qu'ils ne pourraient tirer que bénéfice de son approche. une thérapie n'a pas besoin d'être vraie (comme un<br /> médicament n'a pas besoin d'être réellement efficace) pour ête bénéfique. Au moins ne pas être nocif...que de dégâts ai je pu constater à la suite d'analyses...<br /> <br /> <br /> Mais il y a pire que moi, il y a Michel Onfray, la mauvaise foi en plus!<br /> <br /> <br /> <br />