Il y a quelques temps déjà, Roselyne Bachelot s’était attiré la foudre de plusieurs associations gays à la suite de son maintien de l’exclusion homosexuels pour les dons de sang. Sur le fond je peux comprendre à la fois l'indignation de certains et la décision de la ministre, cela en tant que médecin dont une grande partie du travail quotidien est celui de la recherche clinique, de l’épidémiologie et des plans de gestion des risques. On ne peut soupçonner Roseline Bachelot d’homophobie, elle avait d’ailleurs, avant d’être ministre de la santé, milité pour la fin de l’interdiction du don de sang pour les homosexuels. Mais aujourd’hui sa position lui fait nécessité d’écouter l’avis des spécialistes. Quel conseil aurais je donné si j’avais été un de ses experts? Il ne s’agit pas ici, contrairement à ce que certains pensent du principe de «précaution» qui a été mis en oeuvre par la même ministre pour la grippe H1N1, principe dont j’ai déjà dit toute la réserve qu’il m’inspire. Le principe de précaution amène à partir d’un risque « hypothétique », non connu, comme celui par exemple des OGM, à prendre des mesures préventives. Dans le cas qui nous occupe, le risque n’est pas hypothétique, il est bien réel, et peut être chiffré, tant de % de contaminés chez les homosexuels. La directive européenne demande d’éliminer du don de sang les populations à risque, laissant à chaque pays le soin d’appliquer cette directive en fonction de ses données épidémiologiques. La position d’Act up, une fois de plus, a été démagogique. Act up, en fait, demande d’exclure ceux qui avouent des « pratiques à risque », quelle que soit leur orientation sexuelle. Position « angélique » qui revient à faire « confiance » à celui qui répond à un questionnaire. Quel politique responsable pourrait s’en tenir à la « confiance », sans parler, depuis l’affaire du sang contaminé, du risque juridique ? Il faut donc bien en revenir au risque «épidémiologique», et ce risque là, en ce qui concerne le VIH, en France, concerne significativement plus l’homosexuel que l’hétérosexuel. Bien sûr il existe un dépistage sérologique des donneurs, hépatites, etc, y compris le VIH, mais pour ce dernier il y a une «fenêtre» incompressible avec les techniques actuelles, de quelques jours avant que le test ne devienne positif.
Donc, si j’avais été « conseiller » de la ministre, j’aurais, sans doute, été de ceux qui auraient recommandé la décision qui a été prise. Il n’est pas honnête de considérer cette décision comme homophobe, d’autant plus que les lesbiennes ne sont pas concernées !
Et en même temps je comprends l’indignation, elle est nécessaire, pour que les dits «experts» remettent sans arrêt en cause leur décision, sans s’endormir sur ce qui pourrait devenir alors un «principe de précaution», en fonction de l’évolution des données épidémiologiques.