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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 22:46

 

 

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L'extrait qui suit du livre de Jacques Fortin, "l'homosexualité est elle solublke dans le conformisme", rappellera aux habitués de ce blog bien des propos qui y ont été tenus :

"Nous sommes-nous battus pour ça ?
Pétition pour le « mariage gay » à l'heure où le mariage hétéro implose, sans s'interroger outre mesure sur le contenu possessif, oppressif du mariage. Homoparentalité à deux papas deux mamans qui revendique d'instrumentaliser les corps en mère porteuse ou donneur anonyme. Retour en force de la « romance amoureuse » et du duo/duel de la conjugalité à la mode hétérosexuelle. Changement d'état civil (bien hétéronormé ?) pour les transexuel/les...
Tout cela sent la reddition à l'ordre sexiste. On n'est plus dans la mise en procès de l'hétérosexisme machiste, mais plutôt dans le syndicalisme exigeant sa part à lui du « grain à moudre ».
En même temps que, orchestrateur sournois de nos imaginaires, s'est épanoui un espace commercial qui dicte les modes, les comportements, les goûts, l'égotisme sexuel et la futilité consommatrice.
Est-ce bien de cet utilitarisme, de ces normes et de ces « valeurs » dont les « hors-le-genre » avaient besoin ? Cela correspond-il à nos vies réelles ?
.......
L'abrogation de vieilles lois indignes était nécessaire ici et reste urgente ailleurs ; l'égalité de droits va de soi, elle est demandée maintenant... mais de quels droits qui ne soient pas piégeurs ? de quelle égalité qui ne soit pas un miroir aux alouettes ?"

Jacques Fortin, militant LGBT, est un des fondateurs de la revue "Masques", assez élitiste, qui à la fin des années 70 et au début des années 80 était dédiée aux expressions culturelles des homosexualités. Jacques Fortin est aujourd'hui militant du parti du facteur, bien loin donc de ma sensibilité politique actuelle... Serais je toujours marqué par mon passé gauchiste? Mais Edmond White, dans sa chronique biographique des années 70 à New York récemment parue, "City Boy", dit à peu près la même chose. Opinion d'une génération?

Il me semble pourtant qu'il y a d'autres urgences aujourd'hui que celle du mariage et de l'adoption, l'homophobie qui est loin de régresser, le suicide des jeunes gays, etc... Ce qui m'étonne le plus c'est cette attachement au mot "mariage". Il me semble pourtant que l'important c'est l'égalité des droits, et que le mot "mariage" a une connotation culturelle si hétérosexuelle qu'elle a tendance à me paraître ridicule quant il s'agit de deux hommes (ou deux femmes). Une "union civile" ou autre, avec les mêmes droits me conviendrait tout à fait. Mais sans doute nos nouveaux conformistes sont ils "nominalistes" et de la même façon qu'ils font débuter l'histoire de l'homosexualité à l'invention du mot (certains se rappelleront les échanges plutôt vifs que m'avaient valu mes positions "essentialistes" quant à l'homosexualité dans la Grèce antique), ils ont besoin du mot "mariage" pour se sentir "normaux". Et puis c'est vrai, le mariage appelle des enfants (restons conformiste), d'où la nécessité d'obtenir aussi l'adoption...le mot "mariage" serait le sésame au droit à l'indifférence...Les "folles", nos ancêtres", étaient souvent inséparables de leur "petit chien", nos nouveaux homos auront leur enfant...


" Il était cinq heures du matin. Je suis entré dans le square qui forme la pointe de l'île Saint-Louis et d'où l'on peut, en enjambant d'autres barrières, accéder à des quais, en contrebas, un cap, d'autres taillis. Quatre ou cinq dragueurs croisaient en ces parages, un assez beau garçon était agenouillé devant un autre, qui s'arc-boutait contre un arbre. Je venais de me répandre moi-même, dans les profondeurs de la rue des Anglais, avec un musculeux étranger. J'étais donc sans désir immédiat, libre, détaché, absent en quelque sorte à ces ombres, ces quêtes, ces rares accordailles entre deux eaux. Et pourtant je sentais une fois de plus, de toutes mes forces, que là était bien mon univers, que ces marcheurs obstinés étaient mes frères, que j'étais pour toujours de leur côté de la barrière, contre les dormeurs, les vertueux et les indifférents ; que ce jardin c'était mon camp, ce fleuve mon ami, cette beauté mon sommeil, et cette veille ma joie. "
(Renaud Camus, Aguêts, journal 1988, 1998)

 

 

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