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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 22:44

15284177.jpgIl y a quelques temps , L., un de mes amis qui lui aussi vit en couple, bientôt 40 ans, s’inquiétât auprès de moi de l’évolution des capacités de séduction au fur et à mesure des années qui passent. Comme je continue, à un âge qui lui paraît sans doute avancé (que j’aurais moi même trouvé, à son âge, fort avancé !), à mener une vie sexuelle plutôt active, et que j’ai la réputation de continuer à être un « chasseur », certes timide dans son approche, mais chasseur tout de même, je compris sa demande comme une interrogation sur ma propre expérience en la matière, interrogation qui pourrait se traduire par ce qui constitue la trame d'un roman de Houellebecq (la possibilité d’une île) « La vie (sexuelle et désirante) s’arrête t’elle à 40 ans ?», ou de façon plus brutale « baises tu encore ?). Pour répondre à cela, ce que je fis par touches successives, nuançant le lendemain sur ce que j’avais dit la veille, le désir étant si multidimensionnel qu’une réponse univoque, telle que celle de Houellebecq (chez lui la réponse est oui), n’était pas possible . J’aurais pu le renvoyer à un article récent de ce blog  qui traitait déjà des rapports entre âge et désir, mais mes amis n’en n’ont pas l’adresse. J’ai donc pris le parti de lui parler de moi, ce que je dois aimer puisque je tiens un blog, et de lui dire que dans mon cas la réponse à la question de Houellebecq était sans équivoque « NON ». Mais de préciser la nécessité de deux préalables : le « souci de soi » (pour reprendre une expression de Michel Foucault) et la chance. Le « souci de soi » c’est la volonté permanente de ne point se laisser aller et de se donner les moyens de garder aussi longtemps que possible un corps qui puisse être désirable (par ceux qui vous inspirent du désir bien entendu, laissons de côté les foutaises de ceux qui vous disent que tout corps aussi difforme soit il peut être désirable, bienheureux les innocents…). La chance c’est de n’avoir pas rencontrer la maladie (il ne s’agit pas toujours de chance, ce peut être aussi une conséquence du souci de soi), d’être doté certains attributs qui traversent les âges, j’y reviendrai, mais aussi d’avoir bénéficié d’une évolution (ou su faire évoluer ?) de son propre désir. Il est en effet évident que si continuais, comme il y a 30 ans, à ne désirer que les crevettes de 18-25 ans, focalisation du désir qui persiste chez certaines de mes connaissances, la problématique serait sans doute un tant soit peu plus difficile à gérer! Ceci étant posé, j’ai pu rassurer L., une vie sexuelle satisfaisante peut se poursuivre bien au delà de 40 ans même chez un gay du milieu! Il semblait toutefois douter que le nombre de rencontres puisse rester le même. J’ai pu lui répondre facilement puisque je tiens une sorte comptabilité sur ce plan (voir une des entrées ci-dessous). En valeur absolue mon nombre de rencontres annuelles a certes globalement diminué (il est un peu supérieur à ce qu’il était il y a 30 ans (mais les facilités de drague n’étaient pas ce quelles sont aujourd’hui), et nettement inférieur à ce qu’il était il y a 10 ans (mais ce pic correspond à seule période, 2 ou 3 ans, où je n’ai pas été en couple…). En valeur relative (si l’on rapporte nombre de rencontres au nombre « d’occasions de chasse », sorties en boîte, bars, saunas etc.), il a certes un peu diminué, mais pas de façon très significative. Ce qui a diminué c’est mon nombre de « journées de chasse », je n’ai plus la patiente, si ce n’est en vacances, de passer des heures en boîte, ou de me coucher au petit matin. Ceci est en partie compensé par une meilleure maîtrise de mon excessive timidité (j’ai cependant toujours beaucoup de mal à faire le premier pas), et surtout par un choix très sélectif des lieux de drague, je privilégie ceux où les corps, sur lesquels on peut, jusqu’à un certain point, maîtriser l’impact du temps, prennent parfois plus d’importance que les visages (bars naturistes, plages, salles de gym etc.). J’ai ainsi pu constaté, et c’est probablement là le principal changement avec ce qui se passait avant, que musculature et surtout bite (voilà un organe quasi « éternel »), sont devenus des atouts bien souvent plus efficaces que mon « charme » potentiel. Je n’avais pas l’impression il y a 30 ans, comme cela m’arrive parfois maintenant, d’être un objet sexuel plutôt que de séduction. Non que les rencontres où l’on sent dans le regard ou le comportement de l’autre (le numéro de téléphone échangé ou la sollicitation de prolonger ce moment autour d’un verre) un désir d’aller plus loin ne surviennent plus, elles sont seulement plus rares qu’avant, mais surtout il y a belle lurette que j’évite de « piéger » l’autre (j’ai eu par le passé cette fascination des aventures multiples) dans une aventure sans espoir pour lui (je suis de ceux que l’on quitte, pas de ceux qui s’en vont). Faut il encore s’en apercevoir à temps (mais il y a parfois des choses que l’on ne veut pas voir).
J’ai cependant convenu que je rendais compte là de l’expérience de quelqu’un qui vît en couple et qui ne chasse donc que de l’éphémère. La situation est bien différente pour celui qui est (ou se retrouve) seul. Vieillir est alors sans doute plus difficile, car si les rencontres purement sexuelles obéissent à la même problématique que celle précédemment décrite, la recherche d’une relation durable peut ne pas être simple au delà un certain âge (j’éviterai de donner un seuil !). Deux profils de rencontre peuvent se présenter : celui qui recherche exclusivement l’homme « mûr », profil que j’aurais tendance à fuir si j’étais ou devenais célibataire (d’abord parce qu’il est bien peu valorisant pour son ego, mais surtout parce qu’il cache souvent un désir de « surprotection », de recherche du père » qu’on peut n’avoir aucune envie d’assumer ou même abhorrer), celui au contraire du mec pour lequel on constitue avant tout un attrait sexuel sans aucune envie de se lancer dans une aventure affective dont l’avenir peut être considéré comme déjà oblitéré par la différence d’âge ou de mode de vie.
C’est alors que L., sceptique, ajouta « peut être mais le fait que tout le monde ou presque mente sur son âge sur Internet, est bien la preuve qu’il est le facteur déterminant de la fréquence des rencontres ». Je n’ai pas encore réalisé des statistiques personnelles sur Internet, mais je dois bien admettre que sur les sites très axés sur les rencontres sexe  où il m’arrive avec Bertrand de rechercher un plan à 3, le nombre de contacts est significativement supérieur si je mets la photo et l’âge de Bertrand (de 17 ans plus jeune) en ligne plutôt que les miennes. Mais Internet a introduit une dimension nouvelle qui change quelque peu la donne, le virtuel bien sûr mais surtout, pour optimiser la recherche dans une foule de contacts, la technique du « tri », par âge d’abord, ou autres critères. Or combien de fois, dans le réel, ne rencontrons nous pas des gens alors que nous sommes parfois assez loin de correspondre aux critères de leur « homme idéal » ? J’ai parfois entendu « Si j’avais su ton âge avant peut être aurais je hésité ou tu n’est pas le genre de mecs que je rencontre d’habitude». Pour ne pas être « éliminé » par les clefs de tri, combien trichent avec la réalité ? Et cette dimension virtuelle comporte d’autres pièges, notamment celui inverse que l’autre fantasme sur un CV ou une photo. J’ai ainsi eu très récemment une expérience qui aurait pu être évitée avec un peu plus de perspicacité. Ainsi, F., internaute de 25 ans, m’a contacté (je ne contacte pratiquement jamais le premier sur Internet) il y a quelques semaines, coup de cœur, messages, etc., pour finalement me demander, avec insistance, si l’on pourrait se rencontrer pour un plan. Cela a traîné quelque peu, la vie de couple et les obligations professionnelles laissent peu de disponibilité, pour finir par un rendez vous. Il m’a alors dit, toujours sur le chat, que cela le rendait un peu anxieux car il n’avait jamais rencontré quelqu’un de plus âgé que lui, qui plus est du double. J’aurais du lui dire alors ma réticence immédiate (si quelqu’un rencontre exclusivement des gens de son âge ce n’est jamais le fruit du hasard mais d’un choix) ou tout au moins choisir un endroit de rencontre dans un lieu public, café ou autre. Je ne l’ai pas fait, et lorsque je l’ai vu, bien plus séduisant encore que sur ses photos du site, j’ai pressenti dans son regard que son fantasme était en train de se fracasser sur le réel. Nous avons bavardé quelques minutes puis je le lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème pour en rester là s’il ne se sentait pas à l’aise. Il s’en est allé. Je m’en suis voulu d’avoir agi comme un débutant et contribué à créer une situation aussi désagréable pour lui que pour moi. Pour moi, en dehors des plans à 3 avec Bertrand, Internet reste un moyen très accessoire de rencontre, même si celles que j’y ai faites m’ont le plus souvent laissé un souvenir très agréable.
Il ne faut pas oublier non plus que les plus de 45 ans aujourd’hui sont souvent (quand ils ne sont pas morts) ceux qui ont accompagné la « révolution gay » des années 80, qui ont participé à la « fête », et qui ne sont donc pas prêt, sous prétexte de l’âge, à rejoindre à nouveau un « placard » comme le faisaient leurs aînés. Il est même probable que les jeunes gays d’aujourd’hui qui profitent de plus en plus de cette visibilité enfin acquise seront sans cesse plus nombreux, dans leur futur, à vivre leur sexualité aussi longtemps que possible.

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