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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 15:40

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Dans le dernier numéro du Nouvel Observateur, un article intitulé « La galaxie du refus », fait le point sur les différents « lobbies » qui tentent de s’opposer à la future loi sur le mariage gay et l’adoption. Il y a bien sûr, il ne pouvait en être autrement, les différentes religions monothéistes, avec à leur tête l’Eglise catholique. La seule surprise de ce côté-là viendrait plutôt de la relative modération de ses instances dirigeantes, du moins à ce jour, bien loin du déchainement auquel on a assisté il y a quelques années en Espagne, si l’on excepte quelques dérapages individuels comme ceux de Mgr Barbarin (dont les arguments ont presque été repris mots pour mots par l’Imam de Bordeaux!) dont on pourrait se consoler en se disant qu’il n’est pas allé aussi loin dans l’infamie que certains politiques puisqu’il n’a pas évoqué le risque pédophile ou la zoophilie…Politiques de tous bords puisque certains élus de gauche, souvent communistes, ont fait savoir qu’ils n’appliqueraient pas la loi si elle était voté. Le troisième pilier du refus est constitué par les psychanalystes, je me suis suffisamment attardé sur leur néfaste influence dans de précédents billets pour que je n’y revienne pas. Enfin il y a les intellectuels, souvent de droite (on connait les positions machistes d’Eric Zemmour), quelques fois de gauche avec la philosophe Sylvie Agacinski, femme de Lionel Jospin, au nom de la différence des sexes et parfois homosexuels comme Benoit Duteurtre (qui vient de publier « A nous deux Paris » , l’histoire d’une sorte de Rastignac gay dans le Paris des années 80) dont je reproduis les propos en fin de billet. A les lire - si on ne savait qu’il avait publié en 1996 « Gaieté Parisienne», une satire du milieu gay- on comprend (un peu) mieux, car on pourrait y déceler certains similitudes, le contre sens qui a été fait dans certains commentaires sur un autre blog à propos de la position d’intellectuels espagnols que je rapportais dans un précédent billet, position dont il était affirmé qu’elle rejoignait celle de l’Eglise ! Duteurtre raille la revendication du mariage gay comme une régression « petite-bougeoise» (au sens qu’avait ce mot dans les contrats de location où il était précisé que les lieux devaient être occupés de façon bourgeoise), alors que les auteurs d’ «homographies» s’insurgent contre la manière « petite-bourgeoise», trop « sage », dont cette revendication est menée, la nuance est de taille! 

Dans le même numéro du Nouvel Observateur, un autre article est consacré à un autre front du refus, celui de «L’islamisation» de l’Europe et particulièrement de la France, dans lequel sont mis dans le même sac des écrivains (qualifiés de « seconde zone » !) comme Renaud Camus, Richard Milllet, Denis Tillinac, Edourd Nabe, Jean Raspail ; des politiques comme Gilbert Collard ou Gérard Longuet ; des journalistes comme Patrick Buisson, Robert Menard ou Eric Zemmour, et des philosophes comme Alain de Benoist, Elisabeth Levy ou Alain Finkielkraut…L’amalgame est parfois surprenant, voire sidérant, quand on voit associer les noms d’Alain de Benoist, philosophe qui a défendu une conception fondée sur l'« ethno-différencialisme » et une critique du judéo-christianisme et d’Alain Finkielkraut. Plutôt qu’amalgamer, tourner en dérision, s’indigner, et stigmatiser (la nébuleuse est qualifiée de « néofasciste» alors que seule une minorité de ces auteurs s’est laissée aller à une dérive identitaire sur le mode obsessionnel ou paranoïaque), on aurait préféré une réflexion sur les racines du « mal », sur la façon dont est ressentie une certaine immigration vécue comme non contrôlée, comme si l’on faisait tout pour justifier l’affirmation d’un racisme « anti blanc », expression que Jean-François Coppé vient d’emprunter à Marine Le Pen. Certaines des réactions aux caricatures publiées par Charlie Hebdo (plutôt drôles contrairement à l’affligeant film américain qui a tout déclenché) sont symptomatiques de ce voile idéologique que l’on veut poser sur le réel. Si elles avaient concerné le Christ à la suite de manifestations violentes d’intégristes chrétiens qui ont pu se produire, personne n’y aurait trouvé à redire, bien au contraire. Il en est de même des critiques dont est l’objet l’action remarquable de Manuel Walls, ou du surprenant manifeste de députés PS en faveur du vote des étrangers (mesure à laquelle je suis favorable) dont on peut s’interroger sur l’opportunité.

On pourrait aussi évoquer la horde hostile au traité européen, qui ne cesse de croitre, les écologistes ayant décidé de rejoindre, certes pour des raisons opposées, les populistes dans leur refus du traité. Tout est fait pour amener la famille Le Pen aux portes du pouvoir. Comment voulez vous que les gens n’y perdent pas leur repères ? Le père de mon ami, sympathisant jusqu’ici du front de gauche, vient de décider de soutenir Marine…..

« L’aspiration des militants homosexuels à la famille et au mariage est une formidable régression intellectuelle par rapport aux enjeux de la libération sexuelle…(il est) amusant de voir certains militants s’exciter contre l’Eglise, qui devrait, à son tour, accepter le mariage gay – comme s’il fallait à tout prix obtenir la reconnaissance du clergé qui ne fait pourtant que jouer son rôle de force morale archaïque…La modernité, c’est évidemment le Pacs, qui laisse de côté tout cet héritage et qu’on pourrait fort bien se contenter d’améliorer. Mais les groupes de pression, engagés dans la surenchère, semblent confondre l’égalité et le pastiche. Ils ne représentent qu’une minorité. Beaucoup d’homos se contrefichent du mariage comme de l’adoption, mais il est vrai que cette soif de normalité enchante certaines personnes qui ont l’impression de les voir rentrer dans le rang. »
(Propos de Benoit Duteurtre/Le Nouvel Observateur)

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