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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 15:27

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Selon certains commentateurs, la crise actuelle marquerait la fin de l'ère ouverte par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, celle du libéralisme triomphant. Il est amusant (inquiétant serait un mot plus adéquat) de constater que dans les deux cas une maladie d'Alzheimer, a été découverte quelques années après la fin de leur mandat. Selon nos critères actuels, le diagnostic de maladie d’Alzheimer ne peut être porté qu'à un stade déjà relativement avancé de la maladie, celui de démence. Ces critères sont sur le point d’évoluer car de plus en plus d’études confirment ce que l’on supposait depuis longtemps, un début de la maladie des années avant ce stade. Des recherches récentes ont montré que les premiers symptômes pouvaient être détectés jusqu’à 14 ans avant que les troubles de la mémoire ne soient évidents et suffisants pour perturber la vie quotidienne. Il est donc plus que probable que Reagan et Thatcher étaient déjà atteints par cette maladie durant leur exercice du pouvoir. Certes, avant le stade de démence le jugement n’est pas perturbé mais un examen attentif pourrait mettre en évidence des troubles de l'attention, de ce qu'on appelle les fonctions exécutives (capacité à planifier, à élaborer une stratégie, à trancher devant des choix multiples), et des signes dépressifs. On imagine mal que ces perturbations soient sans conséquence sur les processus de décision et tout au moins leur rapidité.

L’âge étant le principal facteur de risque de cette maladie, le vieillissement de la population et notamment de la classe politique, ou la fâcheuse tendance de certains dirigeants à ne point vouloir quitter le pouvoir devraient nous voir confrontés à ce type de situation de plus en plus souvent. On conçoit que la découverte d’une démence d’Alzheimer quelques années après que les grands de ce monde ont quitté le pouvoir puisse être une information digne d’intérêt pour les historiens, mais on conçoit également qu’il n’y ait pas un caractère d’urgence à le révéler au bon peuple lorsqu’ils sont redevenus des personnes privées. D’où le torrent d’indignation de plus ou moins bonne foi, à propos de l’article du JDD sur la maladie d’Alzheimer supposée de Jacques Chirac. Le problème, et il est de taille, c’est que Jacques Chirac n’est pas, comme Mme Bettancourt, une personne privée, il est membre de la plus haute instance de ce pays, le Conseil Constitutionnel! Il est donc primordial, si doute il y a, qu’il soit levé au plus tôt. Imaginez, si l’issue du vote avait été incertaine, que la décision sur la constitutionalité du mariage homosexuel, concept pour le moins complexe(!), aurait pu dépendre du jugement d’un membre atteint de troubles cognitifs graves...Je ne sais si Jacques Chirac en est atteint, mais ma familiarité avec cette maladie dont je m’occupe depuis près de 30 ans, peuvent me permettre d’affirmer qu’il nécessite au minimum un bilan cognitif approfondi (qu’il a sans aucun doute eu) et qu’on peut très bien avoir dit à Mme Chirac qu’il n’avait pas la maladie d’Alzheimer, car on soupçonnait plutôt, du fait de son accident vasculaire cérébral, une démence vasculaire, ce qui sur le plan pratique est bonnet blanc et blanc bonnet.

Les journalistes inquisiteurs du JDD auraient pu chercher à savoir s’il prenait un des traitements actuels de cette maladie, traitements qui, dégât collatéral du scandale Mediator, font l’objet d’attaques en règle dans certains journaux. Travaillant dans l’industrie pharmaceutique (dans une entreprise où je ne me souviens pas avoir jamais été mis en situation de trahir le serment d’Hippocrate) je me suis interdit de faire état sur ce blog de toute question impliquant directement cette industrie. Le ferais je, je serais inaudible, ces questions sont passionnelles et irrationnelles. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque tant il est évident que l’exploitation de ce réel et incontestable scandale, tourne au règlement de compte avec en arrière plan des autorités et un personnel politique en proie à la panique à un moment où la pédagogie sur le risque de la prise d’un médicament, corollaire presque inévitable de son efficacité, devrait être la règle. L’application paniquée du principe de précaution, si cher à certains, va conduire à prendre des décisions préjudiciables à bien des malades. Sait on que si l’aspirine, pourtant en vente libre, un des médicaments les plus utiles et indispensables que nous ayons, été découverte aujourd’hui, elle n’obtiendrait probablement pas son autorisation en raison des complications rénales, gastriques allergiques et hémorragiques, parfois fatales, liées à son mésusage ?

Certains des effets pervers de la campagne actuelle peuvent toutefois prêter à sourire. Ainsi un malade atteint de la maladie de Parkinson, ne vient il pas d’accuser le médicament qu’il prend d’avoir provoqué chez lui des pulsions homosexuelles ! Certes certains médicaments de cette maladie, les agonistes dopaminergiques, peuvent chez certains patients, surtout à des doses trop importantes, provoquer des comportements d’addiction au jeu et d’hypersexualité. (j’avais d’ailleurs, jeune interne partant pour un week-end sexe dans les saunas parisiens, pris à de toutes petites doses un de ces médicaments en vue de démultiplier mes capacités...Mal m’en a pris, j’ai été pris de vomissements durant tout mon voyage en train et ai fini seul dans mon lit !), mais de là à changer une orientation sexuelle...à moins que ce médicament ne l’ai révélé à lui même !

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