J'ai toujours été surpris de constater combien le mot "génétique" avait pour don de réveiller des frayeurs archaïques. On se
souvient du tollé à propos des déclarations de Sarkozy sur la pédophilie et ceci pour une simple imprécision de langage, certes très imprudente en ces temps médiatiquement
assassins.
Il s’était agi, à n'en pas douter, d’une approximation hâtive, incomplète et excessivement simplificatrice (on n'a pas mis en évidence un gène de la pédophilie ou de la "tendance suicidaire" et
il est peu probable que cela arrive un jour), mais émettre l'hypothèse d'un "terrain génétique" propice à l'expression de certaines pathologies est tout à fait licite, d'autant plus que nous
avons de nombreux exemples où il ne s'agit plus d'une hypothèse mais d'une réalité. On sait qu'il y une prédisposition génétique à certains cancers, à certaines formes de maladies neurologiques
etc... En ce qui concerne les comportements les facteurs génétiques de la schizophrénie sont admis et pour en venir au suicide une prédisposition génétique à la dépression est établie depuis
longtemps (par l'intermédiaire de gènes intervenant sur le transport de la sérotonine chez environ 15% des patients). Pour les perversions sexuelles, comme la pédophilie, envisager une
prédisposition génétique n'a rien de choquant, même si cela n'est encore qu'une hypothèse.
Il est étonnant aussi de voir avancer cet étrange argument (aussi bien par l'église que par les bien pensants, pour une fois sur la même longueur d'ondes) qu'une origine génétique équivaudrait à
une "perte" de la responsabilité individuelle", de la liberté. Et pourtant il est reconnu qu'il existe une prédisposition génétique pour l'alcoolisme, ceci n'autorise cependant pas à rouler en
état d'ivresse et rend passible des mêmes sanctions.
J'espère qu'on a compris que je ne cautionne pas ce qu'a pu dire Nicolaparte, mais que les réactions me semblent disproportionnées, y compris celles de scientifiques qui eux aussi font du
politiquement correct (à moins qu'ils ne laissent entrevoir leur sensibilité politique...). Peut être que si j'étais candidat à l'élection à venir me reprocherait on mes propos sur
l'homosexualité dans un billet antérieur de ce blog (« Inné et acquis »).
Cette « peur du gène » trouve en partie sa source dans le principe « égalitaire » qu’il pourrait s’en trouver malmené, mais aussi sans doute dans les excès de la sociobiologie
et des théoriciens du « gène égoïste » qui en ont fait le centre de toute théorie de l’évolution.