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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 11:12

La veille de l’annonce du confinement je me trouvais à Bordeaux dans ma résidence secondaire, précipitant mon retour vers Paris. J’étais loin de me douter que mon diner, le vendredi précédent, au « Bistrot du sommelier », allait être mon dernier repas au restaurant pour plus de 2 mois. Le rire « philosophique » dont témoignait mon tweet sur les effets collatéraux potentiellement bénéfiques de la pandémie (« frein au réchauffement climatique et délai inattendu pour l’objectif d’atteinte de l’équilibre financier des régimes de retraite…pas idiot de suspendre la réforme »), masquait mal mon désarroi devant les conséquences potentielles du confinement, personnelles certes quant à mes loisirs - pratique du sport, cinémas, butinage sexuel -, mais surtout économiques qui vont être terrifiantes.

 

Sur le plan personnel, étonnamment, si l’impossibilité ou la difficulté des rencontres sexuelles s’est révélé tout à fait supportable - même si j’ai quelque inquiétude quant à la possibilité d’ouverture prochaine des lieux gays - c’est la fermeture des salles de sport qui a mis mon moral en berne, craignant les conséquences sur mon corps vieillissant de l’arrêt de la musculation pendant plus de 3 mois…Il s’en est même fallu de peu qu’on nous interdise de pratiquer le jogging, nécessitant alors d’adjoindre un régime à notre « assignation à résidence » pour éviter une prise de poids inéluctable. J’ai été sidéré de l’hostilité suscitée, avec des appels répétés à son interdiction, y compris de la part de soignants, alors que le risque de sa pratique individuelle était négligeable, bien inférieur à celui de faire ses courses en supermarché. Faudrait il y voir l’expression d’un jalousie de tous ceux qui n’ont jamais trouvé la motivation nécessaire pour faire du sport?

 

Le plus inquiétant dans la période sans précédent que nous venons de vivre fût, face à un politique un temp tétanisé,  la prise du pouvoir de décision par les institutions médicales, incarnées notamment par le Conseil Scientifique. Quel triste spectacle s’est déroulé sous nos yeux sur les chaines d’info où défilaient des soi-disant « experts » dont les affirmations initiales se sont presque toutes révélées fausses qu’il s’agisse de la qualification de « grippette », de l’inutilité du port du masque (ce qui au moins a soulagé l’exécutif puisque nous n’en avions pas), de la certitude d’une 2è vague qu’on attend toujours, des modélisations sur la durée du confinement (jusqu’à la fin de l’été selon certaines) ou du nombre astronomique de morts auquel il fallait s’attendre. Il serait cruel de personnaliser ces informations en citant les noms de ces experts, si ce n’est peut-être en faisant du consultant médical de TF1, le Dr Kierzek, urgentiste (et  syndicaliste…) le symbole de ce naufrage, sans qu’il esquisse jamais une « contrition », contrairement à son collègue de France 2 (le Drmes). Certains cependant, par leur modération, leur expertise réelle des épidémies et leur recul, comme le Pr Bricaire ont un peu sauver l’honneur de la profession.

 

Je n’omets pas la controverse sur l’utilisation de la chloroquine, qui ne pouvait pas me laisser indifférent en tant que médecin de recherche clinique particulièrement impliqué dans la méthodologie des études cliniques. Certes aucune étude n’a démontré son efficacité, mais devant les indices fournies par des essais à la méthodologie déficiente, dont celles du gourou marseillais, il me paraissait plutôt raisonnable, dans l’urgence, d’utiliser sa prescription sous surveillance étroite dans l’attente de résultats plus définitifs. Les rivalités médicales ont tellement pourri la situation, comme en témoigne la publication du Lancet, que nous n’aurons sans doute jamais la réponse puisqu’il n’y a presque plus de malades, du moins en Europe. On peut, à la rigueur, excuser le manque de culture de nombre d’experts et cliniciens français, quant à la méthodologie des études cliniques, mais pas de la part démembres de l’HAS et de l’Agence du Médicament, même si on a déjà pu le constater, malheureusement, en d’autres circonstances. Comment ne pas s’interroger sur leur décision précipitée, il est vrai sur l’injonction d’un ministre stressé, de tout arrêter avec ce médicament, sur les résultats d’une étude notoirement insuffisante, voire douteuse, comme on a fini par s’en apercevoir….

 

L’avenir nous dira peut-être s’il était bien raisonnable, étant donné la courbe épidémique peu différente entre les pays qui ont confiné durement et ceux qui sont restés plus pragmatiques, de mettre à terre l’économie avec des conséquences qui se révèleront dramatiques pour beaucoup, pour épargner la vie de quelques milliers « d’obèses et de  vieux » de plus….

 

Je ne m’étendrai pas sur l’utilisation méprisable de l’épidémie par certains hommes politiques dont Jean-Luc « Hébert » ou terrifiante par des intellectuels ( Emmanuel Todd suggérant presque de rétablir la peine de mort pour nous dirigeants…).

Pour terminer sur une note positive, ce confinement excessif m’aura au moins permis de découvrir des séries de haut niveau, comme Ozark, Bloodline ou l’extraordinaire Breaking Bad sur Netflix, ZéroZéro sur Canal, sans oublier les nouvelles saisons dees incontournables Westworld sur OCS ou Le Bureau des légendes sur Canal.

 

 

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 22:16

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Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas là du titre d’un nouveau thriller, mais de la découverte d’un chercheur bordelais en neurosciences (Bordeaux fait la « une» ces derniers jours). En collaboration avec d’autres équipes il vient d’identifier les circuits neuronaux qui entrent en jeu dans le mécanisme de la peur, mécanismes qui permettent des réponses comportementales adaptées à la survie en face de situations de danger. Ces « neurones de la peur » se situent dans une région très précise du cerveau, « l’agmydale » (rien à voir avec celle qui a pu vous chatouiller le fond de la gorge !). Ceci ouvre des espoirs thérapeutiques dans les cas de certaines peurs, néfastes celles là, les peurs pathologiques, notamment les troubles anxieux sévères.

Les neurosciences nous en apprennent un peu plus chaque jour sur le fonctionnement du cerveau et sur la localisation de réactions comportementales. Je me souviens combien j’avais été fasciné, jeune étudiant en mèdecine suivant les cours d’un diplôme de neurophysiologie, en découvrant que lorsqu’on recueillait l’activité neuronale de la région du cerveau (à l’aide d’électrodes implantées) impliquée dans le mouvement (par exemple la marche) , cette activité commençait à se manifester AVANT le début du mouvement, manifestation « palpable » de « l’intention» ou de la « volonté » ! Demain sans doute on connaitra de mieux en mieux le rôle de l’hypothalamus dans le désir et l’orientation sexuelle...

Le rêve ultime est de mettre en évidence les mécanismes de la conscience, ceux qui font que nous ayons le sentiment d’être toujours les mêmes, de pouvoir dire « Je », voire les mécanismes de nos sentiments et de nos pensées. Dans ce domaine aussi les avancées sont nombreuses. Antonio Damasio , directeur du Brain and Creativity Institute de l’université de Caroline du Sud, est un de ceux qui ont le plus travaillé sur ce sujet. Dans «L’erreur de Descartes» et «Spinoza avait raison» il a montré que la perspective dualiste du premier, séparant le « Corps » et l’ « Esprit », n’était pas tenable. Il a ainsi établi que les émotions faisaient partie intégrante de nos processus de réflexion et que les sujets privés d ‘émotions et de sentiments, par exemple à la suite de lésions frontales du cerveau, n’étaient plus capables d’être rationnels, tout en conservant des facultés intellectuelles parfaitement intactes. La raison « sans les émotions » n’est plus raisonnable et ne permet pas de prendre les décisions adéquates. Dans son dernier livre, « L’Autre moi même », il poursuit cette démonstration en affirmant que notre conscience n'est pas le produit sophistiqué des régions les plus récentes et les plus évoluées de notre cerveau, mais des plus anciennes, "archaïques", "animales", là où naissent... les émotions et que ces dernières seraient à la source de notre conscience.

Je pourrais me laisser aller à dire que chaque avancée des neurosciences rétrécit inéluctablement le champ de la psychanalyse et renvoyer à cette formule que j’avais employée dans des tous premires billets de ce blog, « Dans la psychose c’est le malade qui délire, dans la névrose c’est son psychanalyste », formule assez proche de celle plus récente de Michel Onfray : « La psychanalyse est bien une folie à plusieurs, ce qui se nomme aussi une hallucination collective ». Mais il ne serait pas juste d’oublier que certains chercheurs en neurosciences sont plus nuancés. Ainsi Lionel Naccache, célèbre neurologue de la Salpetrière, qui a publié récemment « Perdons nous connaissance- De la mythologie à la neurologie », bien qu’affirmant sans équivoque que l’inconscient freudien était incompatible avec celui des neurosciences (« la distinction entre système préconscient et système inconscient ruine l’idée d’une adéquation avec la théorie proposée par les neurosciences, du concept de refoulement, inadéquation du discours freudien et de celui des neurosciences du contrôle mental et du rapport exclusif du système inconscient à la prime enfance du sujet. »), considère qu’il reste de Freud un « noyau inestimable » : « la mise au jour du rôle vital de l’interprétation consciente dans l’économie psychique de l’humain », « Freud a mis au jour un rouage essentiel de notre conscience : précisément ce besoin vital d’interpréter, de donner du sens, d’inventer à travers des constructions imaginaires ». « Freud fut un maître de fictions, un romancier de génie égaré dans l’univers de la neurologie et des neurosciences ». On est bien loin des anathèmes de Michel Onfray.

Mon âme est un orchestre caché. Je ne me connais que comme symphonie. » (Fernando Pessoa)

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 15:56

 

 

J'ai toujours été surpris de constater combien le mot "génétique" avait pour don de réveiller des frayeurs archaïques. On se souvient du tollé à propos des déclarations de Sarkozy sur la pédophilie et ceci pour une simple imprécision de langage, certes très imprudente en ces temps médiatiquement assassins.
Il s’était agi, à n'en pas douter, d’une approximation hâtive, incomplète et excessivement simplificatrice (on n'a pas mis en évidence un gène de la pédophilie ou de la "tendance suicidaire" et il est peu probable que cela arrive un jour), mais émettre l'hypothèse d'un "terrain génétique" propice à l'expression de certaines pathologies est tout à fait licite, d'autant plus que nous avons de nombreux exemples où il ne s'agit plus d'une hypothèse mais d'une réalité. On sait qu'il y une prédisposition génétique à certains cancers, à certaines formes de maladies neurologiques etc... En ce qui concerne les comportements les facteurs génétiques de la schizophrénie sont admis et pour en venir au suicide une prédisposition génétique à la dépression est établie depuis longtemps (par l'intermédiaire de gènes intervenant sur le transport de la sérotonine chez environ 15% des patients). Pour les perversions sexuelles, comme la pédophilie, envisager une prédisposition génétique n'a rien de choquant, même si cela n'est encore qu'une hypothèse.
Il est étonnant aussi de voir avancer cet étrange argument (aussi bien par l'église que par les bien pensants, pour une fois sur la même longueur d'ondes) qu'une origine génétique équivaudrait à une "perte" de la responsabilité individuelle", de la liberté. Et pourtant il est reconnu qu'il existe une prédisposition génétique pour l'alcoolisme, ceci n'autorise cependant pas à rouler en état d'ivresse et rend passible des mêmes sanctions.
J'espère qu'on a compris que je ne cautionne pas ce qu'a pu dire Nicolaparte, mais que les réactions me semblent disproportionnées, y compris celles de scientifiques qui eux aussi font du politiquement correct (à moins qu'ils ne laissent entrevoir leur sensibilité politique...). Peut être que si j'étais candidat à l'élection à venir me reprocherait on mes propos sur l'homosexualité dans un billet antérieur de ce blog (« Inné et acquis »).
Cette « peur du gène » trouve en partie sa source dans le principe « égalitaire » qu’il pourrait s’en trouver malmené, mais aussi sans doute dans les excès de la sociobiologie et des théoriciens du « gène égoïste » qui en ont fait le centre de toute théorie de l’évolution.

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 21:15

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Il y a quelques temps déjà, Roselyne Bachelot s’était attiré la foudre de plusieurs associations gays à la suite de son maintien de l’exclusion  homosexuels pour les dons de sang. Sur le fond je peux comprendre à la fois l'indignation de certains et la décision de la ministre, cela en tant que médecin dont une grande partie du travail quotidien est celui de la recherche clinique, de l’épidémiologie et des plans de gestion des risques. On ne peut soupçonner Roseline Bachelot d’homophobie, elle avait d’ailleurs, avant d’être ministre de la santé, milité pour la fin de l’interdiction du don de sang pour les homosexuels. Mais aujourd’hui sa position lui fait nécessité d’écouter l’avis des spécialistes. Quel conseil aurais je donné si j’avais été un de ses experts? Il ne s’agit pas ici, contrairement à ce que certains pensent du principe de «précaution» qui a été mis en oeuvre par la même ministre pour la grippe H1N1, principe dont j’ai déjà dit toute la réserve qu’il m’inspire. Le principe de précaution amène à partir d’un risque « hypothétique », non connu, comme celui par exemple des OGM, à prendre des mesures préventives. Dans le cas qui nous occupe, le risque n’est pas hypothétique, il est bien réel, et peut être chiffré, tant de % de contaminés chez les homosexuels. La directive européenne demande d’éliminer du don de sang les populations à risque, laissant à chaque pays le soin d’appliquer cette directive en fonction de ses données épidémiologiques. La position d’Act up, une fois de plus, a été démagogique. Act up, en fait, demande d’exclure ceux qui avouent des « pratiques à risque », quelle que soit leur orientation sexuelle. Position « angélique » qui revient à faire « confiance » à celui qui répond à un questionnaire. Quel politique responsable pourrait s’en tenir à la « confiance », sans parler, depuis l’affaire du sang contaminé, du risque juridique ? Il faut donc bien en revenir au risque «épidémiologique», et ce risque là, en ce qui concerne le VIH, en France, concerne significativement plus l’homosexuel que l’hétérosexuel. Bien sûr il existe un dépistage sérologique des donneurs, hépatites, etc, y compris le VIH, mais pour ce dernier il y a une «fenêtre» incompressible avec les techniques actuelles, de quelques jours avant que le test ne devienne positif.

Donc, si j’avais été « conseiller » de la ministre, j’aurais, sans doute, été de ceux qui auraient recommandé la décision qui a été prise. Il n’est pas honnête de considérer cette décision comme homophobe, d’autant plus que les lesbiennes ne sont pas concernées !

Et en même temps je comprends l’indignation, elle est nécessaire, pour que les dits «experts» remettent sans arrêt en cause leur décision, sans s’endormir sur ce qui pourrait devenir alors un «principe de précaution», en fonction de l’évolution des données épidémiologiques.

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 21:08

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Plusieurs journaux, il y a quelques semaines, ont fait part des inquiétudes de certains scientifiques. Ces "experts" s'inquiètent de la profusion des messages envoyés dans l'univers à destination d'éventuels extraterrestres : "Lorsqu'on commence à émettre et à attirer l'attention sur nous, il faut faire très attention à l'image qu'on donne. Nous pouvons apparaître comme une menace pour eux". Si la plupart des messages ne leur posent pas trop de problèmes, il n'en va pas de même pour beaucoup d'autres dont ils doutent qu'ils donnent une image convenable de notre civilisation et se demandent de quel droit certains ont choisi cette représentation là : photos de célébrités, d'hommes politiques, journaux de star etc....On ne saurait contester la pertinence de l'envoi des preuves de notre génie mathématique avec l'équation de Scroendinger, ou musical avec "les variations Goldberg", mais une chanson des Beatles est ce bien raisonnable?
La probabilité de l'existence d'extraterrestres n'étant pas très élevée (des calculs mathématiques ont montré que si la vie consciente était répandu dans l'univers, l'échelle de temps de son apparition comparée à celle de l'univers ferait qu'il y aurait un grand nombre de civilisations nées avant la notre qui auraient atteint un niveau technologique suffisant leur permettant de nous contacter; l'absence d'un tel contact est une preuve par l'absurde que nous sommes seuls), ces tentatives de communication risquent fort d'être une perte de temps fort couteuse. Néammoins si de telles civilisations évoluées existent, elles n'ont pas toutes forcément suivies notre évolution vers la déculturation et elles pourraient s'interroger sur l'intérêt d'une "civilisation" où les Beatles sont préférés à Bach...(je précise que je n'ai rien contre les Beatles même si je n'ai jamais été sensible à leur musique)

Je ne sais quelles photos d'hommes politiques ont été envoyées dans l'espace mais on espère qu'il ne s'agit pas par exemple de celle de Nicolaparte en compagnie de Christian Clavier ou de Bigeard...

" Mais comment faire confiance à cet homme là? Comment croire en lui? Comment le croire? Je ne peux pas ne pas voir en lui, éternellement, "le second mari de Mme (Jacques) Martin". Il est comme un poisson dans l'eau non seulement dans le milieu médiatique, mais dans celui du show-business, et dans la frange ou plutôt dans la couche la moins savoureuse de celui_ci. ....N'empêche, je n'oublie pas les vacances avec Christian Clavier. Peut on croire sérieusement aux envolées lyriques sur la France et sur sa grandeur d'un homme qui volontairement passe ses vacances avec Christian Clavier? L'idée que c'est la France de Christian Clavier qui va nous gouverner (elle nous régit déja) me soulève le coeur"
(Renaud Camus, Une chance pour le temps, Jouranl 2007)

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 22:36

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Il m'arrive souvent que des amis ou connaissances m'interrogent sur ce que je pense de l'homéopathie. Il y a quelques temps j'ai eu à répondre à un courriel d'une amie qui présentait une toux dont elle n'arrivait pas à se débarrasser :

 

"Cette toux n'était donc pas psychosomatique...Pneumopathie virale? C'est l'époque en effet, les "adénovirus" du printemps. Si elle est virale l'allopathie est inutile puisqu'on n'a pas de médicament vraiment actif contre les virus, surtout pas les antibiotiques (selon le slogan qui ignore la langue française: "les antibiotiques, c'est pas automatique") bien que   dans le cas d'une pneumopathie virale il puisse parfois être utile d'en donner pour éviter une surinfection bactérienne...

Revenons donc sur les "médicaments". La question est complexe et je ne sais par où commencer. Quand je t'ai écrit que 80% des maladies guérissaient toutes seules et que les 20% restantes on ne savait pas les guérir, j'ai certes un peu exagéré (en effet on sait guérir les infections bactériennes grâce aux antibiotiques et prévenir pas mal d'infections grâce aux vaccins) et forcer le trait pour souligner que bien des affections banales ne nécessitent pas de recourir systématiquement aux médicaments. Alors pourquoi l'industrie ( et la recherche en général) s'acharnent à découvrir des médicaments. Certes pour faire du profit, tu as raison, mais explique moi comment investir dans la recherche sans faire de profit? mais laissons cela pour cette fois, car rien n'est noir ou blanc là encore, et je ne nie aucunement les dérives. Si nous ne savons pas guérir un certain nombre de maladies, les médicaments permettent toutefois d'en atténuer notablement les conséquences invalidantes, d'augmenter souvent la durée de vie, et surtout d'en soulager les symptômes (maladie de parkinson, diabète, hypertension, etc...). Quant à celles qui guérissent toutes seules, la majorité ( nombre d'infections virales notamment dont les victimes encombrent inutilement, au détriment du budget de la sécurité sociale, les cabinets médicaux : grippes, rhumes et autres), les médicaments permettent d'atténuer l'inconfort parfois très pénible qu'elles entraînent. C'est le cas des coliques néphrétiques, elles guérissent toutes seules ( ou sinon il faut recourir à la chirurgie) mais elles font affreusement mal et dans ce cas les "antidouleur" allopathiques sont très efficaces. Revenons donc au débat "allopathie/homéopathie". Tu m'as  partiellement compris. Une proportion non négligeable de la "pharmacopée" allopathique n'a peut être pas beaucoup plus d'efficacité que l'homéopathie. C'est la raison pour laquelle tant de médicaments sont (et seront) déremboursés (ils ont été autorisés à une époque où l'évaluation des médicaments était très fantaisiste). Je ne crois qu'à ce qui est "évalué", c'est à dire à ce qui a démontré son efficacité (en double aveugle contre placebo). Et jusqu'ici, seuls les médicaments allopathiques se prêtent à l'évaluation! Le " (ir)rationnel" sur lequel se base l'homéopathie est incompatible avec la physique actuelle, qui elle est réfutable par "l'expérience". Malheureusement, avec des explications aussi fumeuses que les psychanalystes, les homéopathes se refusent à l'évaluation ( en double aveugle contre placebo justement: pourtant ce serait irréfutable et bien plus facile à mettre en œuvre que pour la psychanalyse). Le mystère c'est que l'homéopathie soit toujours remboursée, sans évaluation, ce qui est impossible maintenant pour un médicament allopathique! En fait pas si mystérieux que cela, nos dirigeants sont habités par la pensée magique, comme le commun des mortels ( même F.Mitterrand fréquentait les astrologues...). Amusant de voir aussi que le plus souvent les homéopathes prescrivent en même temps de l'allopathie ( si ça marche on pourra dire que c'est la partie "homéopathique" qui a marché!). Et pour ce qui est du profit les homéopathes ne sont pas en reste...Quant à la chimie allopathique (mais de nombreux médicaments allopathiques sont dérivés des plantes) elle n'est  jamais innocente, bien sûr, c'est pourquoi elle est efficace (et donc parfois dangereuse). Ce qui est sans aucun risque est le plus souvent inefficace (par définition!)."

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 22:33

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On progresse à pas de géants dans la connaissance du fonctionnement du cerveau et de ce qu’on appelle la « conscience ». La chirurgie du cerveau, un article du monde vient de le rappeler, qu’il s’agisse de celle des tumeurs cérébrales ou de l’épilepsie, est un des facteurs de ce progrès. Avec l’accord des patients, cela va sans dire (mais mieux en le disant), on stimule avec des électrodes certaines aires cérébrales et ces derniers rendent compte "en direct" des effets de ces stimulations électriques. On vient ainsi de montrer que l'intention et la conscience dépendent d'entités distinctes du cerveau. En stimulant le cortex pariétal (celui de la « sensibilité »), on peut ainsi déclencher chez les patients des déclarations du type : "J'ai voulu bouger ma jambe.", et en augmentant l'intensité de la stimulation ces mêmes patients disent avoir effectué un mouvement, alors qu’il n’en est rien. A l'inverse, la stimulation du cortex qui déclenche le mouvement (cortex prémoteur adjacent) déclenche des mouvements qui ne sont pas conscients ! Ce dispositif expérimental décompose le circuit cérébral qui conduit de l'intention du mouvement à sa réalisation consciente : « stimulées séparément, les structures sont elles-mêmes "inconscientes" des effets qu'elles produisent en amont ou en aval ». Bien plus, on a montré dans certaines expériences dans lesquelles on demande aux sujets de réaliser une tache motrice (par exemple pousser un bouton), que le cerveau montrait une activité électrique avant le moment où ceux-ci déclaraient avoir voulu agir ! Ceci pose la question de la nature du libre arbitre : « sommes-nous des pantins agis par nos neurones, ou bien maîtres de nos actes ? ». On ne sait encore ce qu’est vraiment la « conscience », si ce n’est que « l'accès à la conscience correspond à une activation globale du cerveau. » « d'où vient l'intention elle-même ? Elle dérive, comme tout le reste, de l'activité de notre cerveau, elle-même stimulée par la mémoire, la vie, mais il faudra plus d'une expérience pour le préciser."
On peut imaginer que si l’on se pose la question du libre arbitre (et donc du déterminisme) pour la simple réalisation « d’un mouvement », celle-ci est encore plus prégnante quand il s’agit de nos opinions …
On pourrait encore compliquer le modèle en disant que certains s’attachent à appliquer les principes de la mécanique quantique à l’activité cérébrale, qu’il s’agisse de neurophysiologistes comme le regretté John Eccles, ou de physiciens théoriques comme Roger Penrose. Le monde quantique n’est il pas celui des « intentions de la nature » et de leurs « actualisations » dans le mégavers ?

La nouvelle, récemment publiée, de Stephan Zweig, « Le voyage dans le passé », témoigne de l’impossibilité de le faire revivre (ce passé), de revenir avant qu’il ne bifurque…

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 22:05

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Dans la polémique sur les méthodes d'apprentissage de la lecture, syllabique ou globale, menée par les tenants de l'idéologie "pédagogiste" qui infeste les IUFM, je suis étonné qu'il ne soit jamais fait référence à ce que pourrait apporter dans le débat la "clinique". Je m'explique. Il existe une affection très rare qui consiste en une perte de la possibilité de lire. Il se trouve que j'y ai consacré, il y a bien longtemps, ma thèse de médecine, 400 pages, sous le titre "L'alexie sans agraphie". Elle fût publié par la suite, fruit d'une collaboration avec mon "maître" et chef de service de l'époque. De quoi s'agit il? Le malade, dans sa forme typique, s'aperçoit brusquement en prenant son journal par exemple, qu'il ne peut plus lire, ou plutôt qu'il ne comprend plus ce qu'il essaye de lire qui est devenu pour lui comme "une langue étrangère". Il reconnait bien qu'il s'agit de lettres et de mots, il peut écrire sans problème et bien sûr parler mais il a perdu la faculté de lire.
Cette maladie très rare dans sa forme pure telle que je viens de la décrire est due à une destruction d'un petit territoire de la partie postérieure du cerveau gauche, le plus souvent en raison d'un accident vasculaire, partie nommée "gyrus lingual et/ou fusiforme", qui fonctionne comme un centre de la lecture.
Dans sa forme la plus grave l'alexie est totale, concernant aussi bien les lettres que les mots, mais souvent elle n'est que verbale, ne concernant que les mots. dans ce dernier cas le malade peut lire les lettres individuellement mais ne peut appréhender les mots de façon globale. Pour lire les mots il est obligé de les épeler lettre par lettre avant d'en comprendre soudainement le sens. Quand l'alexie est totale, la méthode utilisée pour essayer de faciliter la lecture est de faire suivre au patient le contour des lettres (qu'il voit très bien) avec son doigt ce qui lui permet parfois de les reconnaitre.
Lors de la récupération qui est lente et souvent partielle, celle de la lecture des lettres précède celle de la lecture des mots qui ne redevient que rarement tout à fait normale.
La physiologie de la lecture, le réel donc, semble peu intéresser les "pédagogistes"!

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 21:29

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Je ne suis pas allergique à la psychanalyse comme on l'a suggéré dans le commentaire d'un précédent billet. Je ne nie pas que Freud fût un génie (génie de l'esbrouffe disait un grand psychiatre français, le Pr Debray-Ritzen), celui qui a sans doute le plus marqué et influencé avec Marx l'histoire des idées et la pensée du 20è siècle, je ne jette pas le bébé (l'inconscient que l'on explique parfaitement sur le plan biologique) avec l'eau du bain (la psychanalyse). Je considère que la psychanalyse doit être critiquée sur le fond en tant que théorie du désir, non en s'en prenant à son auteur comme le fait Michel Onfray (on peut être un salaud et avoir raison), et si je devais conseillé des livres ce serait "le livre noir de la psychanalyse" ou "Des choses cachées...." de René Girard et non celui d'Onfray que je n'ai pas lu et que je ne lirai pas.

Ceci étant dit le réel résiste à la théorie analytique. Les maladies mentales lui échappent une à une. Après la dépression, les psychoses bipolaires, la schizophrénie, qui toutes ont trouvé des fondements génétiques et/ou biologiques prédominants, voici que les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) voient démontrer leur origine en grande partie organique.
Il vient d’être montré qu’il est possible de réduire les TOC les plus graves par un traitement "psychochirurgical". Au terme d'un essai clinique à grande échelle, mené dans dix services hospitalo-universitaires français de neurochirurgie, un groupe de médecins et de chercheurs vient de publier dans le New England Journal of Medicine, les résultats spectaculaires induits par des stimulations intracérébrales profondes (introduction par des techniques sophistiquées d’une électrode intracérébrale qui va aller stimuler des amas de neurones, aux fonctions connues, et situés profondément dans le cerveau. Cette forme de stimulation est réversible.
Cette technique est déjà utilisée depuis dans certaines formes de la maladie de Parkinson qui résistent au traitement médical. La France avec le professeur Benabid (Inserm, CHU de Grenoble), est à la pointe de cette technique. C’est par hasard, en traitant des parkinsoniens par ailleurs atteints de TOC qu’on avait constaté l’amélioration de ces derniers. Cet essai, approuvé par le Comité national d'éthique a été conduit chez des personnes souffrant de TOC résistant à toutes les thérapies comportementales ou médicamenteuses. Cette maladie psychiatrique se caractérise par des obsessions permanentes concernant, entre autres, la propreté, l'ordre, ou la symétrie et les patients éprouvent la nécessité d’effectuer une série de rituels (de rangement, de lavage ou de vérification) qui, dans les cas les plus graves, les occupent chaque jour durant plusieurs heures.
"Après la chirurgie et au terme de trois mois de stimulation active, 7 patients sur 10 ont montré une amélioration de leur état : plus de 25 % de leurs symptômes ont disparu. L'évaluation de l'efficacité du traitement a porté également sur la capacité du patient à retrouver une vie de famille, à tisser de nouveaux liens sociaux ou à reprendre une activité professionnelle." "Ces résultats fournissent de nouvelles et solides données laissant penser que les personnes souffrant des formes les plus graves de TOC pourront bientôt être prises en charge en routine, comme dans le cas de la maladie de Parkinson, des tremblements essentiels ou de la dystonie", a expliqué le professeur Benabid. D'autres indications sont à l'étude, en France ou à l'étranger (dépression, épilepsie, certaines formes de migraines invalidantes, la boulimie et l'anorexie, voire certaines formes d’addiction et même la maladie d’Alzheimer.
Une fois qu’on aura aussi trouvé la pathologie organique à l’origine de l’hystérie, il ne restera plus aux psychanalystes que le mal être des gens normaux et les multiples Clara Sheller. Ca leur permettra encore de vivre, n’en doutez pas.

Pour illustrer ce billet trois courtes citations tirées de l' œuvre de Renaud Camus :


« Couches de vérité/
Ou bien prendre au pied de la lettre, au premier degré, ce qui n’est donnée que comme vérité enfouie, au troisième ou au quatrième :
- oui mais peut être qu’inconsciemment je suis jaloux de X (leur meilleur ami)
Et l’autre, trois semaines plus tard :
- Tu es jaloux de X, tu l’as reconnu toi-même.
La psychanalyse de consommation se prête particulièrement à ce coup là. La contre-attaque consiste à soutenir, à un niveau supplémentaire de la spirale, que la proposition est bien littérale : - Oui, je veux coucher avec ma mère. »


« La Psychanalyse/
Roland Barthes : Je suis toujours trop timide, je me laisse trop facilement impressionner. Quelqu’un me dit : « La psychanalyse, ce n’est pas une science, ça n’est pas vérifiable. » Et je commence à soutenir mollement qu’après tout ce n’est peut-être pas une condition indispensable, pour une science, d’être vérifiable. Et puis je raconte cet échange, qui m’avait troublé, à Lacan, et il dit : « Bien sûr que si, c’est vérifiable ! ».


« Lacan/
Lacan doit vraiment être génial, parce que s’il ne l’est pas il est tellement absurde que c’est pas possible ; »


(Renaud Camus, Buena Vista Park, 1980)

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 22:08

 

 

4_musee-prado-peinture-operation-cerveau.jpgOn progresse à pas de géants dans la connaissance du fonctionnement du cerveau et de ce qu’on appelle la « conscience ». La chirurgie du cerveau, qu’il s’agisse de celle des tumeurs cérébrales ou de l’épilepsie, est un des facteurs de ce progrès. Avec l’accord des patients, cela va sans dire (mais mieux en le disant), on stimule avec des électrodes certaines aires cérébrales et ces derniers rendent compte "en direct" des effets de ces stimulations électriques. On vient ainsi de montrer que l'intention et la conscience dépendent d'entités distinctes du cerveau. En stimulant le cortex pariétal (celui de la « sensibilité »), on peut ainsi déclencher chez les patients des déclarations du type : "J'ai voulu bouger ma jambe.", et en augmentant l'intensité de la stimulation ces mêmes patients disent avoir effectué un mouvement, alors qu’il n’en est rien. A l'inverse, la stimulation du cortex qui déclenche le mouvement (cortex pré moteur adjacent) déclenche des mouvements qui ne sont pas conscients ! Ce dispositif expérimental décompose le circuit cérébral qui conduit de l'intention du mouvement à sa réalisation consciente : « stimulées séparément, les structures sont elles-mêmes "inconscientes" des effets qu'elles produisent en amont ou en aval ». Bien plus, on a montré dans certaines expériences dans lesquelles on demande aux sujets de réaliser une tache motrice (par exemple pousser un bouton), que le cerveau montrait une activité électrique avant le moment où ceux-ci déclaraient avoir voulu agir ! Ceci pose la question de la nature du libre arbitre : « sommes-nous des pantins agis par nos neurones, ou bien maîtres de nos actes ? ». On ne sait encore ce qu’est vraiment la « conscience », si ce n’est que « l'accès à la conscience correspond à une activation globale du cerveau. » « d'où vient l'intention elle-même ? Elle dérive, comme tout le reste, de l'activité de notre cerveau, elle-même stimulée par la mémoire, la vie, mais il faudra plus d'une expérience pour le préciser."

Ce jour, le journal "le monde" rapportait le cas de cette patiente croate, dans le coma depuis 24 heures et qui à son réveil s'est mise à parler allemand. Elle venait de commencer à apprendre cette langue. Il y a quelques siècles on en aurait fait une "possédée".


On peut imaginer que si l’on se pose la question du libre arbitre (et donc du déterminisme) pour la simple réalisation « d’un mouvement », celle-ci est encore plus prégnante quand il s’agit de nos opinions …
On pourrait encore compliquer le modèle en disant que certains s’attachent à appliquer les principes de la mécanique quantique à l’activité cérébrale, qu’il s’agisse de neurophysiologistes comme le regretté John Eccles, ou de physiciens théoriques comme Roger Penrose. Le monde quantique n’est il pas celui des « intentions de la nature » et de leurs « actualisations » dans le mégavers ?

La nouvelle, récemment publiée, de Stephan Zweig, « Le voyage dans le passé », témoigne de l’impossibilité de le faire revivre (ce passé), de revenir avant qu’il ne bifurque…

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