Dans l’avion qui me ramenait de Bordeaux, samedi dernier, feuilletant « Le Figaro» -dont je ne suis pas un lecteur, rassurez vous, mais le journal était mis à notre
disposition – je suis tombé, dans les pages consacrés au projet de loi sur le mariage homosexuel, sur un article qui lui était sans réserve favorable, signé Philippe Villin, banquier, proche de
Nicolas Sarkozy et ancien vice-président de ce journal. Je me suis senti en résonance, cela n’étonnera pas les lecteurs de ce blog, avec sa façon de définir le couple homosexuel «qui combine le
plus souvent l’amour et l’union libre sans ni exclure, ni rendre obligatoire le mariage» et sa position sur le projet de loi qu’il défend au nom de l’égalité des droits - « Mes jeunes amis gays,
qu’ils soient serveurs, vendeurs, agrégés, HEC ou énarques, exigent tous de pouvoir accéder au mariage même si la plupart ne se marieront pas. Nous sommes un troisième sexe. L’égalité des droits
s’impose» - tout en affichant sa réticence quant à l’institution puisqu’il ne compte pas épouser son compagnon : « Pour moi c’est une institution trop rigide et religieuse. Je ne suis pas sûr
qu’elle convienne ni à notre époque ni aux couples nombreux, tant chez les hétéros que chez les homos, qui souhaitent conserver en transparence une grande liberté sexuelle, garante, de mon point
de vue, de la longévité des unions». Les esprits n’y sont pas encore prêts mais je souscris à sa proposition de supprimer le mariage civil : « Au fond, l’idéal serait peut-être de remplacer le
mariage civil par un contrat d’union civile renforcé et de laisser le mariage aux cultes… ».
Se marier, c’est une question que nous aurons à nous poser en effet Bertrand et moi. Pour les mêmes raisons que Philippe Villin, nous n’en avons pas le désir, mais
des raisons purement matérielles pourraient nous y contraindre afin de combler les insuffisances du PACS - étant donnée notre importante différence de salaire - quant à la protection du
partenaire en cas de décès (héritage, pension de réversion).
Pour ce faire faudrait-il encore que le projet soit adopté. Dimanche matin, en route sous une pluie battante vers la salle de sport de la place d’Italie pour un
cours de « bodypump», je ne doutais pas que la mobilisation serait insuffisante pour que la manifestation prévue l’après-midi en faveur du mariage puisse être considérée comme un succès. Par
miracle, peu avant son début, le ciel s’est brusquement éclairci (Dieu serait-il avec nous ai-je pensé, je ne sais lequel, ou plutôt si, surement celui qui est Amour, le chrétien?) et lorsque
j’ai constaté avec stupéfaction, que le quai de la station de la ligne de métro n°6 qui m’amenait à Denfert était noire de monde au point qu’il était difficile d’accéder aux rames bondées, j’ai
compris que la partie était gagnée.
C’est de partout que le ciel de François Hollande semble s’éclaircir un peu - une aventure malienne qui s’annonce plutôt bien pour l’instant, la libération de
Florence Cassez, un accord compétitivité-emploi signé entre plusieurs partenaires sociaux, un chômage au moins temporairement stabilisé, des sondages qui frémissent. Cette mobilisation réussie ne
peut qu’aider un exécutif moins affaibli à rester ferme et tenir bon, car n’en doutons pas, les opposants au mariage gay sont loin d’avoir épuisé leur réserve de bassesses.