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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 21:41

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Qui se souvient encore du nom de Jean Baptiste Lamarck? Il fut le premier à proposer une théorie « transformiste » de l’évolution des espèces. Selon celle-ci, les espèces dérivent les unes des autres, les transformations se faisant sous la pression « intentionnelle » des évènements et du milieu. Il prônait donc l’hérédité des caractères acquis. Darwin allait opérer une révolution copernicienne en affirmant que cette évolution se faisait par « hasard », sous l’effet de la sélection naturelle. La longueur du cou de la girafe est l’exemple le plus simple pour différentier les deux théories : selon Lamarck les girafes ont commencé à vouloir manger des feuilles en hauteur ce qui a progressivement allongé leur coup, pour Darwin, à l’origine, il y avait des girafes avec des cous de toutes les longueurs, mais la sélection naturelle n’a gardé que les girafes à long cou, les plus « adaptées ».

Le Darwinisme a triomphé et Lamarck est tombé dans l’oubli ou presque. D’abord parce que sa thèse, malgré ses lacunes qui persistent, était bien plus « puissante » , moins « naïve » que celle de Lamarck, mais le discrédit de ce dernier tient aussi à l’idéologie. Le darwinisme permettait de faire l’économie de Dieu, ce qui fut illustré brillamment par Jacques Monod dans son célèbre essai « le hasard et la nécessité », alors que le lamarckisme, et la place qu’il laissait à « l’intentionnalité », était compatible avec le concept d’évolution créatrice (rien à voir cependant avec le créationnisme de certaines sectes américaines!). Tout n’est pas si simple cependant, les catholiques furent certes du côté de Lamarck, mais les protestants plutôt du côté de Darwin (il me semble que la notion de « prédestination » auraient pourtant du les pousser vers Lamarck…). Le darwinisme lui-même allait, avec le « darwinisme social » qui prônait la sélection compétitive comme moteur social, être l’objet d’une dérive idéologique droitière.

Certaines découvertes récentes viennent quelque peu réhabiliter Lamarck en montrant que certaines de ses intuitions étaient justes : l’environnement pourrait être responsable de variations dans l’expression des gènes (et non des gènes eux mêmes), dites variations « épigénétiques », pérennes au fil des générations. Cette hérédité « épigénétique » serait donc « acquise ».

Si ce retour en grâce de Lamarck a attiré mon attention, ce n’est pas en raison d’un intérêt marqué pour la théorie de l’évolution, mais parce que je fus dans ma jeunesse un ardent défenseur du courant de pensée qui se réclamait du Lamarckisme, entrainé certes par mon milieu familial d’extrême droite mais surtout par la lecture enthousiaste des livres du zoologiste et biologiste Pierre Paul Grassé (« Toi ce petit Dieu » ) et du prix Nobel de médecine Alexis Carrel dont l’essai « L’homme cet inconnu » , paru en 1935, a eu un retentissement considérable pendant des dizaines d’années. Il y défendait des thèses eugénistes arguant que les progrès de l’hygiène et de la médecine avaient détournés la sélection « naturelle » de son rôle(il empruntait aussi à Darwin), prônant ainsi l’élimination des humains indésirables, se basant sur le concept de dégénérescence, notamment l’euthanasie des criminels et des aliénés et la « restauration » de l’homme grâce aux avancées de la science et au conditionnement. Même si Carrel ne semble pas avoir été influencé par Nietzche, on ne pas ne pas évoquer le « surhomme ». Bruno Mégret en fit un de ses maitres à penser . Alexis Carrel ne peut cependant être assimilé à l’idéologie nazie qu’il critiqua : « …les juifs sont une bonne race: ils ont maintenu longtemps leur idéal et le christianisme vient d’eux….L’Allemagne ne renferme aucune race pure. ». S’il effaroucha les catholiques, il reçu un accueil favorable d’une certaine gauche et fut notamment encensé par « l’éducateur prolétarien ».

Le choc qu’ a provoqué en moi la lecture du livre de Jacques Monod précédemment cité, et la découverte de l’œuvre d’un autre biologiste Henri Laborit m’ont vite éloigné de ce marécage idéologique, mais en relisant ces lignes concernant l’homosexualité , « Les sexes doivent de nouveau être nettement définis. Il importe que chaque individu soit, sans équivoque, mâle ou femelle. Que son éducation lui interdise de manifester les tendances sexuelles, les caractères mentaux et les ambitions du sexe opposé. », je me demande comment l’adolescent que j’étais a pu ne pas être troublé et ne pas se rendre compte que c‘était de lui dont on parlait...Avec le recul, on pourrait tourner cela en dérision en qualifiant cette opinion de paradoxale pour un « transformiste »…

Le transformisme sexuel est le thème du nouveau film très attendu de Xavier Dolan avec Melvil Poupeau, prochainement présenté à Cannes, dans une section parallèle. En attendant sa sortie, j’ai vu le nouveau Jacques Audiard, « De rouille et de sang », l’histoire d’une dresseuse d’orques qui leur ayant accidentellement donné ses jambes va entreprendre le dressage d’un autre orque, humain celui-là, et lui donner son cœur. Un grand cinéaste à n’en pas douter et un acteur aussi époustouflant que dans Bullhead, mais je dois avouer n’avoir pas été vraiment séduit, comme tenu à distance de cette histoire.

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commentaires

F
<br /> Mâ Anandamayî a bien dit: C'est le devoir de l'homme de reconnaître la femme en lui, et vice-versa...<br /> <br /> <br /> Il est des hommes qui ont leur jardin secret, entouré des ronces d'une Belle-au-bois -dormant rendue captive par quelque maléfice de la vie... sociale. Le regard plus aiguisé que la meute des<br /> loups aux abois, le regard gai, car le sourire est le seul remède devant l'ignorance et la sottise d'une pensée unique nourrie par les monstres grégaires.<br /> Il est des âmes féminines enfouies dans des corps masculins comme il est des femmes qui chantent avec louange la chanson de Mécano, une femme avec une femme. L'âme n'a pas de sexe, ou du moins,<br /> elle n'a pas forcément le sexe de son corps.<br /> Le dosage yin et yang n'est pas toujours une évidence dans l'être qui se cherche - au moins que chaque être ait le mérite de se trouver là où il est heureux d'assumer sa tendre comédie<br /> humaine.<br /> Je vous conseille la lecture de : "Première letre de Fred Milongeroz à Victor" - lettre éprise d'une étrange tendresse (qui ne va pas sans rappeler un Guy DesCars). Lettre à lui-même, ou à l'ami<br /> intime qui au fond de son coeur se projette vers un possible amour interdit dans le social de nos groupes humains?<br /> La recherche est longue, le chemin est celui où "les jeunes femmes qui s'oublient dans les bois" ont l'audace et l'innocence de demander leur chemin au loup.<br /> Bienvenue à bord du Sarmiento<br /> <br /> <br />  <br />
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