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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 22:07

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Dans l’avion qui me ramenait de Toulouse, j’ai terminé le roman de William Frederik Hermans, « La chambre noire de Damoclès ». Je l’avais acheté il y a deux ans environ, mes retards de lecture concernent des dizaines de livres, à la suite d’un article enthousiaste de Milan Kundera dans le monde des livres. Il est de plus en plus rare de refermer un livre avec cette sensation d’avoir entre les mains une très grande œuvre. Hermans est un écrivain hollandais, très connu dans son pays, mais peu chez nous, d’autant plus qu’il en a interdit la parution dans les années 60 car il jugeait la traduction insatisfaisante. Sa sortie en 2006 serait passée presque inaperçue sans Kundera. Il n’est pas facile de parler de ce livre inclassable, qui se passe en Hollande durant la 2è guerre mondiale, et décrit des évènements « réels » mais sur un mode à la limite du fantastique, quasi surréaliste. De quoi s’agit-il ? Le personnage principal, Osewoudt, jeune homme falot, imberbe, petit, à la voix de castrat, dont la mère, folle, vient de tuer son père, rencontre dans les premiers jours de l’occupation , un inconnu, Dorbeck, qui lui ressemble comme un sosie. Ce « double de lui-même » va le mettre en contact avec la résistance et lui faire accomplir les missions les plus dangereuses, jusqu’au meurtre. Il lui remet une pellicule photographique, qui telle « la lettre volée » d’Edgard Poe, va constituer le fil rouge de cette histoire sans jamais livrer tout son sens. A la libération, arrêté par les libérateurs et livré à la résistance, il va être pris pour un collaborateur des allemands, sans qu’il arrive à prouver ses actions héroïques qui se retournent contre lui, Dorbeck ayant mystérieusement disparu. Le livre se présente comme un thriller psychologique, et se lit comme tel, mais son propos est tout autre que celui d’un thriller. Il traite de l’ambiguïté morale des situations, des actes et des comportements. Les meurtres que le héros commet sans remords sont « juste et bons » car ils lui sont dictés comme tels, mais ils ne le sont pas « en soi ». Une photo prise en compagnie de Dorbeck, pourrait le disculper, une fois développée dans une chambre noire, équivalent de l’épée de Damoclès….Les épisodes absurdes, voire burlesques, tel celui-ci où, en fuite et déguisé en infirmière, il apparaît comme la première femme « désirable » pour un officier allemand homosexuel, se succèdent ajoutant encore à l'étrange. L’auteur, plusieurs années après la publication du roman a rajouté cette phrase en épilogue : « Je puis le chercher s’il n’est pas là, mais je ne puis le prendre s’il n’est pas là ».
Je n’éprouve plus que rarement ce plaisir de lecture avec les œuvres françaises. Le roman qui m’a le plus marqué ces 20 dernières années est celui d’un autre auteur Hollandais, Harry Mullisch (paraît-il nobélisable), un roman « métaphysique » éblouissant - « La découverte du ciel ».

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