Nous avons donc fini par rentrer chez nous, après un très, très long périple. Le « charter » qui avait décollé de Toronto dimanche à 19h30 heure de Paris s’est posé à Madrid à 4h30 du matin. Deux
bus nous attendaient, l’un selon un axe Madrid/Bordeaux/Paris, l’autre se dirigeant vers Toulouse, Montpellier, Lyon, puis Mulhouse et Strasbourg, déposant chacun à la gare la plus proche de son
domicile…Je suis arrivé à Paris lundi à 22h, après 18 heures de voyage, tandis que mes confrères et collègues de l’est sont arrivés à destination finale mardi à 5h30 ! Il semble que les derniers
médecins bloqués à Toronto aient pu prendre un autre charter le lendemain pour arriver à Roissy enfin réouvert à minuit mardi soir.
Au final cela constituera sans doute un souvenir de plus de Toronto dont j’ai moins exploré la vie nocturne que lors de mes visites précédentes, moins de temps libre cette fois ci et surtout
moins d’énergie que par le passé pour des virées nocturnes jusqu’au petit matin. Je n’ai ainsi pas entrepris la ronde des saunas où j’avais pourtant « collectionné » les rencontres il y a 11 ans.
J’ai tout de même, bien sûr, parcouru les bars de Church Street, inégalement fréquentés selon les soirs, presque déserts le mercredi, un monde fou le vendredi, il fallait parfois faire la queue
dans la rue pour entrer. Je n’ai cependant pas trouvé Church Street aussi changée que le commentaire de Brianstorming sur mon précédent billet me l’avait fait craindre. Je m’étais préparé à avoir
le sentiment, comme à « Castro » à San Francisco, de visiter un musée ou un site archéologique, mais il n’en est rien. On ne s’y préoccupe pas de savoir si l’on risque de donner aux
hinarces « une mauvaise image de nous » (expression à nouveau employée par un des candidats gay de Pékin Express….) et l’on y retrouve en bonne entente toute la diversité du monde gay, notamment
ces « shows » de travestis que l’on ne voit plus qu’exceptionnellement en France dans quelques rares bars de province. On a l’impression que le temps s’est figé ici à la charnière des années
70/80. Quel contraste avec les bars de la rue des Archives dans le marais, on y ressent notamment pas une discrimination liée à l’âge, c’est ce qui m’avait le plus frappé lors de ma première
visite et la « mode » ne semble pas y avoir imposé ses codes (mais il est possible que les jeunes « branchés » aient déserté Church Street pour d’autres quartiers puisque Brianstorming faisait
état dans son commentaire d’un certain vieillissement de la population gay du quartier, ce qui ne m’a pas sauté aux yeux lors des deux soirées du week-end). On ne rencontre pas à Toronto que des
canadiens, la ville est cosmopolite, mais le jeune mexicain qui m’a abordé dans la rue, à la sortie du bar où nos yeux s’étaient croisés, était en fait comme moi de passage dans la ville, comme
moi dans l’industrie pharmaceutique, pour le même congrès de neurologie, travaillant cependant dans une autre entreprise que la mienne…
Une occasion pour revenir sur ce qui a sans doute été et reste peut être une souffrance pour bien des gays, "vieillir". A été mais devrait l'être moins si l'on ne se retire pas sous sa tente (le
mot n'est peut être pas très bien choisi...). J'ai déja abordé cette question dans deux billets :
http://limbo.over-blog.org/article-age-et-desir-42640201.html
http://limbo.over-blog.org/article-le-temps-du-desir-gay-43516930.html
Les gays qui ont aujourd'hui "un certain âge" sont ceux qui ont fait la révolution gay, ils ne sont pas prêt à abandonner le terrain et à rentrer chez eux ou à s'exiler dans des terres plus accueillantes, tel Michel Foucault qui vivait mal cet ostracisme par l'âge et qui est allé chercher la mort à San Francisco. Faut il encore s'en donner les moyens...
"Le parti de l'In-nocence relève comme une contribution positive au débat l'exposé des vues de Mme Martine Aubry, qui estime à très juste titre que la question des retraites et de leur
financement ne saurait être dissociée de la constatation du vieillissement de la population et qui considère que ce vieillissement présente de nombreux aspects favorables. Le parti de
l'In-nocence estime pour sa part que le racisme à l'égard de l'âge et des personnes âgées constitue, avec le racisme à l'endroit des blancs et des Français d'origine française, un des racismes
les plus agissants, malfaisants et sous-estimés (au point d'être à peu près totalement occulté) au sein de la France contemporaine ; et il est convaincu qu'une réévaluation de l'âge et des
valeurs qui lui sont attachées représentait un élément indispensable et légitime entre tous pour lutter contre la décivilisation en cours et la retarder. C'est en ce sens qu'il se félicite de sa
partielle concordance de vues avec la première secrétaire du Parti socialiste."
(Renaud Camus, 14 avril 2010)