Les vacances approchent, il est temps de confirmer les réservations, cette année encore pour Sitgès. Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de passer une dizaine de jours des vacances
d'été, le plus souvent en août, à Sitgès qui est sans doute avec Ibiza et Mykonos, une des destinations gays les plus courues d'europe. Je ne connais toujours pas Mykonos, qui, à ce que j’en ai
entendu dire, ne serait plus ce quelle était mais, telle K-West, une « archive », dernier vestige d’une homosexualité à « l’antique ». Ibiza, au contraire, que j’ai connue il y a une dizaine
d'années, est à la pointe de la musique branchée d’aujourd’hui, paradis des « clubbers » et des camés de tous horizons qui ne se couchent jamais. Il y a 3 ans, nous avons voulu connaître Torre
Del Lago, en Italie, dont la rumeur disait qu’elle aspirait à devenir la nouvelle Sitgès…La présence de la Toscane comme arrière pays constituant un attrait supplémentaire, nous décidâmes donc
d’aller découvrir à quatre cette terre gay inconnue qui nous devrait nous permettre d’allier désir et culture. Un vol Easy Jet pour Pise aurait pu paraître la solution idéale et économique, mais
la location d’une voiture sur place semblant incontournable, autant faire le parcours en voiture et traverser de belles régions. A l’aller nous choisîmes le trajet le plus direct, via le
tristement célèbre autocuiseur (le tunnel du Mont Blanc), avec une étape à Chamonix où nous avons dégusté une fondue bourguignonne (une fondue « savoyarde » dans un tel endroit ne serait pas «
tendance » !). Petit coup de nostalgie au passage, le pittoresque hôtel Roma que j’avais l’habitude de fréquenter avec Bernard, mon ex, est devenu une résidence..
Arrivée à Viareggio (Torre del Lago est un district un peu excentré de Viareggio), nous découvrîmes un jetée interminable sur laquelle se trouvait notre hôtel, tout à fait convenable et nous
entreprîmes sans plus attendre une reconnaissance des lieux. Il fût d’emblé évident que la voiture était indispensable car la plage de Torre Del Lago, séparée de celle de Viareggio par un port,
est à plusieurs kilomètres. Résider à Torre Del Lago même ne dispense d’ailleurs pas d’un moyen de locomotion car le quartier habité est également très à distance de la plage dont il est séparé
par une immense pinède (il y a certes de vastes campings, seule solution à distance de marche, mais qui n’était pas envisageable pour moi…ah la gauche caviar…).
La plage de Torre Del Lago, à l’image de celle de Viarregio, est une immense étendue de sable fin (alors que celle de Sitgès est plutôt exiguë) dont la plus grande partie est privée (et donc
payante). Il y a deux plages gays, l’une en zone payante (3 euros pour poser son cul sur le sable et 8 à 10 euros pour un transat), indiquée par notre oriflamme favori, fréquentée par les
«people» et les gays qui veulent se montrer ou ceux qui sont fatigués de marcher, l’autre en zone «free», à 5 à 10 mn de marche, non naturiste, fréquentée par le gros des troupes dont ceux qui
souhaitent assouvir leurs besoins (de toutes sortes) dans la pinède adjacente. Le premier soir nous décidâmes d’aller prendre un verre à la MamaMia, bar gay sur la jetée en face de la plage, vers
21 heures, où nous nous trouvâmes bien seuls. Renseignements pris ce n’était pas la bonne heure et on nous conseilla de revenir vers 23H30. Nous apprîmes ainsi que toute la vie gay ou presque se
concentrait sur cette jetée, avec trois ou quatre bars, la Mamamia, le plus populaire, le Boccachica qui fait aussi restaurant, le Prescillia et un autre dont j’ai oublié le nom. Il y aurait bien
quelques autres bars dans Viareggio, mais sans grand intérêt. Quant aux discothèques, une seule, le Frau Marlen, toujours sur la jetée, ouverte le WE, mais pas exclusivement gay. Les bars servent
cependant aussi de boites avec la jetée comme piste de danse..
Effectivement la nuit s’anime vers 23 heures. Première constatation, le lieu est avant tout fréquenté par des Italiens (contrairement à Sitgès et Ibiza où les espagnols sont minoritaires). Alors
qu’à Sitges on a parfois l’impression de n'avoir pas quitté le Marais, je n’ai rencontré que deux connaissances parisiennes (dont une italienne.. adepte de Sitgès, et qui m’a fait un panorama
cauchemardesque du lieu). Seconde particularité, la proportion impressionnante de personnages « hauts en couleur », folles, travelos, transsexuels (il y a même une soirée trans au Frau Marlen),
plus rarement Drag Queens. Troisième fait notable, la présence d’hétéros ou du moins supposés tels sur leur look et leur accompagnement féminin, peu devant la Mamamia qui s’affiche ouvertement
gay sur ses oriflammes et dont la musique est quelque peu « coiffeuse », beaucoup plus devant le Bocca Chica, très branché techno/house. Enfin, dernier étonnement, on ne palpait pas du regard
cette atmosphère de drague si présente à Sitgès. Il est vrai, je l’avais déjà constaté dans le passé, que les italiens ne sont pas de tout repos sur ce plan là (vous savez le style « je tire mon
coup avec des hommes mais je ne suis pas gay »). Tout doit se passer à l’abri des regards. Il ne m’a pas fallu longtemps pour surprendre des allers et venues vers la pinède toute proche…Là dans
l’obscurité plus ou moins intense, tout est possible, immédiat, à grande échelle. Bertrand et moi en avons peu profité car la « logistique du lieu » ne s’y prêtait pas. En effet à Sitgès, ou tout
est à distance de marche, chacun est autonome et peut faire ses « emplettes » sans déranger personne. Mais ici, nos deux amis n’étant pas adeptes de ce type de sexualité en pleine nature, nous
pouvions difficilement les abandonner à leur triste sort (nous n’avions qu’une voiture) pendant notre « chasse ». J’ai tout de même réussi une escapade rapide pendant qu’ils dansaient. J’ai ainsi
rencontré un italien qui ne parlait pas un mot de français ni d’anglais, mais dont le visage s’est tout de même éclairé quand j’ai prononcé le nom de Zidane (il m’a alors dit « publicitas » ou
quelque chose comme ça), et il n’arrêtait pas de me dire «Bello» (là j’ai compris mais rassurez vous on n’y voyait pas grand chose..). Enfin je n’aurai pas laissé cette terre vierge de mon
sperme.
Toutes ces particularités locales se sont trouvées aggravées par le déroulement durant le long we du 15 août, du Mardi Gras Gay, grande «foire» patronnée par les associations gays mais qui
attirent une foule immense et souvent très hétéro (clite). Tout se déroulant sur la jetée, il devient quasi impossible de se garer, si ce n’est à des centaines de mètre, et en payant bien sûr
(tout est payant ici et très cher, la moindre bière étant à 6 ou 7 euros…). Il y a bien normalement une grande soirée gay, la soirée H2O, le samedi soir dans une immense discothèque avec piscine
et vestiaire dit « en surchauffe », mais elle ne se déroule pas pendant le Mardi gras…).
Tout ne fût cependant pas si négatif. D’abord nous avons plutôt bien diné et pour un prix abordable cette fois ; nous avons trouvé, en face de l’hôtel à Viareggio, un bar gay friendly très
agréable pour l’apéritif ; la plage de Viareggio s’étend sur près de 10 kms (toute privée !) et se révèle ainsi un lieu idéal pour un jogging sur la jetée. Mais surtout il y a la Toscane,
magnifique, à laquelle nous avons consacré au moins la moitié du séjour, et ce d’autant plus que le temps, non pluvieux mais souvent plus ou moins nuageux et plutôt frais, y incitait. Florence et
Pise que je connaissais déjà bien sûr, Sienne que j’ai redécouverte en pleine fête historique (course de chevaux disputée entre les descendants des grandes familles du Moyen Age parées de leurs
oriflammes) et Lucca, splendide village qui m’était inconnu. Bertrand était ravi de découvrir cette région.
Tore Del Lago a bien du chemin à parcourir si elle veut un jour se poser en rivale de Sitgès.