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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 21:44

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Cela fait maintenant près de 23 ans que j’ai quitté Bordeaux, ville qui vit ma libération sexuelle, sur un mode parfois effréné, de 1978 à 1988. A l’exception de la plage du Porge, la plupart de mes terrains de chasse sont aujourd’hui désertés, chère place Renaudel que j’ai arpentée des nuits entières (je n’aurais plus aujourd’hui cette patience...) ou ont disparu avec les « tasses ». Disparus aussi la totalité des établissements de nuit, bars ou boîtes, où j’ai rencontré tant de garçons, la Boucane, le Vert Galant, Le Différent, le Smart, le 18, le TH, l’Interdit devenu un temps le Yellow Moon ou d’autres, plus éphémères, dont j’ai oublié le nom. D’autres, moins nombreux, les ont peu à eu remplacés, peu ou pas de boîtes strictement « gays » (mais ne fréquentant plus ce genre d’établissements je suis peut être mal renseigné), mais des bars comme le BHV, le Trou Duck, le Codebar. Lorsqu’il m’arrive de franchir la porte de ces endroits je suis étonné de n’y jamais, ou presque, revoir quelques uns de ceux qui furent mes tricks d’un ou de quelques soirs lors de mes « folles » années. Où sont ils donc passés ? Certes quelques uns ont pu trouver le « virus » sur leur passage, d’autres être tellement abimés par le temps que je ne les ai pas reconnus, d’autres encore migrer vers d’autres horizons (il m’arrive d’en croiser à Paris), d’autres enfin ont pu renoncer à affronter le « marché », la plupart d’entre eux ayant maintenant atteints (ou dépassés, ils n’avaient pas tous 18 ans !) les marges de la cinquantaine, se contentant peut être de la virtualité de la sphère internet, des rapports tarifés ou du confort et de la tendresse d’une vie en couple.

Mais où sont les autres ? Sans doute fréquentent-ils des endroits que mes séjours à Bordeaux, fréquents mais brefs, ne m’ont pas donné l’occasion de connaître. Sans doute puisque depuis l’ouverture, il y a quelques mois, d’un nouveau bar, le Gowest, j’ai commencé à en voir réapparaître quelques uns. Ce bar leur rappelle t’il un certain passé, en dépit d’une décoration très moderne, ayant été ouvert par un « pilier » des établissements gays bordelais, ancien propriétaire de plusieurs bars et du sauna 137 et réalisant un brassage de clientèle, du plus jeune au beaucoup moins... ? Le «patron» a un humour « folle » acéré. Lorsque nous sommes passé cet été, avec Bertrand, il est venu vers moi me disant « Je vous connais vous, je vois qu’on aime toujours les petits jeunes ». Comme je lui faisais remarquer que Bertrand avait atteint un âge qui ne méritait plus depuis longtemps le qualificatif de "petit jeune", il se tourna vers lui : « que d’années de « métier » » ! Lors de mon dernier séjour mensuel à Bordeaux, seul cette fois, J’ai alors vu entrer un « personnage » que je n’ai pas reconnu au premier coup d’œil, jusqu’à ce que j’entende le son de sa voix et que l’évidence s’impose, le prénom m’échappait, mais pas son surnom « Sheila ». Je l’avais rencontré fin 78, 20 ans, je ne sais plus si c’était dans un bar ou sur une place de drague. Lorsqu’il m’avait amené dans sa chambre, tous les murs étaient tapissés de photos de Sheila...Je l’avais revu de temps à autre, lui et ses deux frères (ou demi-frères ? ce ne fut jamais très clair), également homosexuels, puis quelques années après mon départ pour Paris je l’avais croisé au BHV, quelques kilos en plus, où il faisait des spectacles de travesti.

Comme nos regards se croisaient il m’apostropha à haute voix par delà le bar « au lieu de faire celui qui ne me reconnait pas tu ferais mieux de m’offrir un verre ». 52 ans maintenant, il ne les marquait pas, mais le jeune homme plus que mince est devenu obèse, près de 100kg m’a t‘il avoué. Il continue à vivre de ses spectacles de « travesti professionnel ». Alors que nous parlions du passé, et notamment de ses joutes verbales avec "Ginette"  (http://limbo.over-blog.org/article-ginette-46573957.html) qui étaient du style « touche pas à mon « mari »), il me dit « il me semble qu’on parle de toi de l’autre côté du bar ». Je reconnus alors A., sud américain rencontré il y a environ 15 ans à « L’Arène », un autre bar qui a fermé ses portes, à Paris où il était Gogo-boy (il m’avait entrainé dans sa « loge » , puis chez lui) et que j’avais revu quelques années après au « Banque Club », toujours aussi bien foutu et doué pour le sexe. A 45 ans maintenant, autant que son tee-shirt moulant le laisse entrevoir, il semblait garder un corps d’exception. Il m’a appris qu’il vivait maintenant à Bordeaux.

Lorsque je croise des personnages comme « Sheila », même sentiment dont j’avais fait part à propos de ce bar de Sitgès ou se donnait un spectacle de travelos, ce film culte de la culture gay, « Torch Song Trilogy » , me revient à l’esprit (http://culture-et-debats.over-blog.com/article-939923.html)

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