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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 19:20

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A Monaco, enfermé en salles de réunions, je n’ai eu que des échos lointains de la journée de manifestation sur les retraites, il est vrai que je me sens assez peu concerné puisque quelle que soit l’issue de cette affaire je devrais (je ne m’en plains pas d’ailleurs!) travailler jusqu’à 65 ans...J’ai entendu et lu que ce fût un succès, qui pourtant me semble bien relatif tant le président est impopulaire et le ministre du travail pris dans la toile médiatique que l’on tisse impitoyablement autour de lui qu’on aurait pu s’attendre à un déferlement irrésistible. Qui sait après tout si notre monarque ne s’est pas astucieusement servi de cette « affaire » Woerth, comme pour les Roms, afin de faire écran au problème de fond ?
J’ai bien plus été marqué, me trouvant à la table d’un de mes collègues qui travaille dans la visite médicale, par les nouvelles que je lui ai demandées de son fils, militaire, victime il y a un an environ d’un très grave accident de la route lors de son voyage de noces en Australie, oubli fatal de la conduite à gauche...Il a bien récupéré de ses multiples fractures, au point de pouvoir reprendre sa carrière d’officier sorti de Saint Cyr, mais là résidait son inquiétude et surtout celle de sa femme, au point aussi de ne plus pouvoir différer son départ pour l’Afghanistan. Pendant sa convalescence les deux soldats successivement partis là bas pour le remplacer se sont fait tués. Ces témoignages directs vous font toucher du doigt, bien plus que les reportages télévisés, le caractère meurtrier d’un conflit que l’on sait sans issue.
Nécessité qui s’impose à vous de faire son devoir, terrorisme islamique, je ne sais, mais le souvenir de cet échange m’a effleuré l’esprit à la vision du très beau film de Xavier Beauvois « Des hommes et des Dieux ». Certains ont éprouvé indifférence et ennui (comme ce critique de Télérama, on n’est jamais trahi que par les siens, qui trouve le film académique et manquant de spiritualité), beaucoup, et je suis de ceux là, ont été transportés. La scène de la « cène » sur la musique du « lac des cygnes » est, cela a été dit partout, un moment d’une émotion extrême mais c’est sans doute le long monologue de Lambert Wilson sur le mystère de l’incarnation qui m’a le plus touché, comme si pour la première fois le voile se déchirait un peu. On ne peut pas non plus ne pas penser au « Dialogue des carmélites » de Bernanos. Frère Luc, incarné par l’extraordinaire Mickael Lonsdale cite Pascal : «Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse». Si Pascal avait connu les deux barbaries du 20è siècle il aurait sans doute nuancé son propos (ou du moins aurait il étendu le champ du religieux à l’idéologie) mais il me semble que l'on pourrait l'inverser : «Les hommes ne font jamais le BIEN si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse»

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