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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 12:35

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Les motivations, plus ou moins avouées ou transparentes, des prises de position sur l’opportunité d’une intervention militaire en Syrie me semblent bien plus révélatrices d’arrières pensées que d’une réelle analyse de la situation syrienne.
Il est assez facile d’en dresser la liste. Dans le camp des opposés irréductibles à l’intervention vous trouvez: ceux qui ont l’antiaméricanisme primaire chevillé au corps, tels Mélenchon, Régis Debray, Chevènement ou Villepin ; ceux qui redoutent un « massacre » des chrétiens par les djihadistes (risque certes bien réel), du Béarnais à cette chère Christine Boutin et ses troupes de la « manif pour tous » qui ont trouvé là un terrain de repli inespéré; ceux qui, tel cet ancien conseiller de Bush et sans doute l’état d’Israël, d’un cynisme avéré mais assez lucide, considèrent qu’il faut laisser entre-tuer sunnites et chiites ce qui ne peut que tourner qu’à l’avantage de l’occident dans le cadre du « choc des civilisations » ; les défenseurs acharnés des tyrans arabes « laïques » de Saddam à Assad, considérés comme des remparts contre la déferlante islamiste, tel le Front National ; enfin les méprisables politiciens de l’UMP, menés par Christian Jacob, dont le seul objectif est d’affaiblir François Hollande.

On fait vite le tour du camp des inconditionnels du « pour », il n’est guère constitué que des inconditionnels du droit d’ingérence, toujours à la pointe du combat, nos chers nouveaux philosophes, Glucksmann et BHL - pour lesquels je garde une certaine tendresse, ils m’ont fait rêver dans ma jeunesse - et dont la haine anti Poutine redouble la rage, les rebelles syriens ayant pris dans leur cœur, du moins dans celui du premier, la place des Tchéchènes.

J’allais oublier une catégorie intermédiaire, ces intellectuels d’un âge fort avancé, épargnés par la maladie d’Alzheimer, et dont le statut de « sage » qu’ils se sont forgés leur permet de proférer sans que l’on s’esclaffe, dans la vénération des médias, des propositions complètement utopiques, tel ce « parions sur la voie du compromis » d’Edgard Morin, l’un de leur dernier représentant maintenant que Stephane Hessel et Albert Jacquard nous ont quittés.

Personnellement tout me porterait à rejoindre le camp des opposés à l’intervention : je ne vois pas, comme Edgard Morin, en quoi l’utilisation d’armes chimiques est pire que les massacres perpétrés jusque-là ; les révolutions arabes nous ont montré qu’elles ouvraient la porte à l’islamisme radical et qu’on substituait une dictature à une autre, probablement pire, ce qui me rapprocherait volontiers de la position des « cyniques » ; enfin les chrétiens, culturellement ma famille, me semblent en effet fort menacés. Pourtant je crains qu’une non intervention, Obama ayant imprudemment proclamé que l’utilisation d’armes chimiques était la ligne rouge à ne pas franchir, ne décrédibilise durablement l’occident démocratique et n’ouvre une voie royale à Poutine qui n’aura plus qu’à se porter candidat au prix Nobel de la Paix…La position de François Hollande, soutenue par Alain Juppé qui est décidément le seul homme politique crédible à droite, a le mérite de la cohérence et de la constance, contrairement à celle d’Obama dont l’indécision devient problématique et dont l’embarras qu’il manifeste devant le coup d’état militaire en Egypte, que les mêmes principes qui justifient une intervention en Syrie devraient l’amener à condamner, témoigne de son désarroi.

Je trouve par ailleurs paradoxal qu’une majorité de français, qui si l’on en croit les sondages n’ont plus confiance en leur classe politique, s’en remettent, non à leur président, chef des armées, mais à la représentation nationale aux arrières pensées multiples, pour décider d’une entrée en guerre….

 

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