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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 17:02

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A mon retour de terre asiatique, je ne doutais pas qu’en l’absence d’un fait divers bien sordide, c’est  le psychodrame récurrent sur la montée du FN qui occuperait les médias français, bien avant ce qui fait la une ailleurs, la catastrophe japonaise et les révoltes arabes.

Le drame qui se joue à Fukushima  et dont l’évolution reste imprévisible, a remis en lumière,  je le rappelais dans le précédent billet,  les écrits de jean Pierre Dupuy sur le « catastrophisme éclairé ».  Selon lui la mondialisation et son corollaire, la croissance effrénée des pays émergents  vers un niveau de vie à l’occidentale rend la catastrophe inévitable, qu’elle soit nucléaire (si ce n’est pas aujourd’hui à Fukushima ce sera demain ailleurs), climatique ou biotechnologique. Comme on ne peut bien sûr envisager de maintenir ces pays dans le sous développement en continuant à les exploiter comme on le fit si longtemps, c’est notre rapport même aux modes de production et à la croissance qui serait à redéfinir si l’on veut éviter l’Apocalypse. Il cite souvent l’ exemple donné par Ivan Illich, qui avec René Girard a profondément influencé sa pensée, selon lequel l’utilisation de la voiture n’aboutit à aucun gain de temps, au contraire, par rapport à un déplacement non motorisé si l’on tient compte du temps passé à gagner l’argent nécessaire à son achat et à son utilisation....Pas de contre sens cependant, Jean Pierre Dupuy n’est absolument pas un adepte du mouvement de « l’écologie profonde » ! Sa position est « métaphysique ».

 

J’ai été heureusement surpris d’apprendre, après le pitoyable épisode égypto-tunisien, que la France avait eu le courage (quelle qu’ait pu être l’influence de BHL)  de  jouer les premiers rôles dans l’aventure libyenne, et cela dans une relative unanimité de la classe politique. Certes cela ne fait pas oublié nos complaisances passées avec les psychopathes du moyen –orient,  Sadam Hussein hier et Khadafi il y a encore quelques mois, mais ce n’est pas sans une certaine émotion qu’on a pu voir le drapeau français applaudi à Benghazi. Déception cependant de voir l’Allemagne, après ses réticences quant au sauvetage des pays européens en faillite, du moins pouvait on comprendre qu’elle en est assez de payer pour les autres, soit à nouveau très en retrait, enterrant une nouvelle fois toute possibilité d’Europe politique et nous conduisant vers une nouvelle « entente cordiale » avec l’Angleterre. Demain la Syrie ? Une intervention là, aux portes d’Israël, semble impensable.

Est ce suffisant pour s’écrier avec Luc Ferry : « Fukuyama avait raison » ? On sait que ce dernier affirma « la fin de l’histoire » à la suite de l’effondrement du bloc soviétique et qu’il entendait par là qu’il n’y avait plus d’alternative à nos valeurs démocratiques. Fukuyama contre Huntington donc. Ce cri de victoire me semble bien prématuré, d’abord parce que l’évolution des révolutions arabes en cours vers la démocratie n’est pas donnée, loin de là, mais surtout parce que si Jean Pierre Dupuy  a raison, si la fin de l’histoire doit advenir, si l’Apocalypse est pour demain, Fukushima pourrait en être une métonymie , à moins justement que renoncions à faire de notre mode de vie consumériste un modèle universel, ce qui consisterait, pour paraphraser Toynbee à faire en sorte que « History is again in the move ».

 

Pendant que l’histoire est en marche nous n’avons d’yeux que pour la montée irrésistible du Front National dans les sondages et dans les urnes au point que la principale préoccupation entre les deux tours des cantonales était de l’empêcher d’avoir des élus. Mais qu’est ce qu’on en a à fichtre que ce parti ait quelques élus, d’autant plus que ce déni de démocratie, refuser à 15 à 20% de la population d’être représentée, ne fait que le renforcer. Il est paradoxal que certains parmi ceux qui crient le plus fort sont les mêmes qui militent pour un retour à la proportionnelle ! Il est bien plus facile de recourir à l’ostracisme que d’affronter le réel, le malaise d’une partie de la population qui a le sentiment « de ne plus être chez soi » selon l’expression de Claude Guéant, n’eusse t’elle vu d’immigrés, du fond  de son village, qu’à la télévision. 

Confondre ce malaise - dont le succès de la réédition du livre de Jean Raspail qui date pourtant de 1973 (« Le camp des saints » qui imaginait le déferlement de populations du tiers monde sur nos côtes et qui serait probablement censuré s’il paraissait aujourd’hui)), et de celui de Renaud Camus, "J'y crois pas" (qui se retrouve pour la première fois dans la liste des meilleures ventes des essais et documents !) témoigne - avec le néopopulisme qui progresse partout, en Europe comme en France, bien au delà  du FN (il suffit d’écouter Melenchon) me semble une analyse insuffisante du problème. Car problème il y a, et le nier au nom d’une idéologie « droit-de-l’hommiste » ou l’amplifier en stigmatisant une religion sont deux façons aussi efficaces de rendre inexorable la progression du FN. Recourir à la pédagogie, reconnaitre qu’on aurait du mieux maitriser les flux migratoires et les mécanismes d’insertion, mais qu’il serait contraire à toutes nos valeurs et même à nos intérêts de s’en prendre à des gens qui sont  sur notre territoire depuis longtemps, qui pour beaucoup sont français et dont la plupart ne demandent qu’à s’insérer, mais qu’on appliquera sans indulgence les lois déjà existantes et suffisantes pour le respect des valeurs républicaines et laïques. 

Je ne partage pas ce malaise, le monde change, la France de demain n’aura plus grand chose à voir avec celle du petit « village gaulois », on n’inverse pas la flèche du temps. Mais je peux le comprendre.

 

« A la décharge des politiciens de gauche comme de droite, ou plus exactement en guise de circonstances atténuantes (je le dis dans ma préface), il faut reconnaître que s'ils allaient à rebrousse-poil de la meute médiatique, showbiztique, droit-de-l'hommiste, enseignante, mutualiste, publicitaire, judiciaire, gaucho-chrétienne, pastorale, psy et j'en passe, ils signeraient à l'instant leur condamnation à la mort civile. Car, en face, s'agite une redoutable phalange issue du sein de notre propre nation, et pourtant tout entière engagée au service de « l'autre » : Big Other. L'hydre des bons sentiments et des manipulations, la bouillie de l'humanitaire, se nourrissant de toutes les misères humaines. A l'instar du cauchemar d'Orwell, Big Other vous voit, vous surveille. Il est le fils de la pensée dominante, il circonvient les âmes charitables, sème le doute chez les plus lucides, rien ne lui échappe. Pire, il ne laisse rien passer. Et le bon peuple comme ses édiles de le suivre, anesthésiés, gavés de certitudes angéliques, mais aussi secrètement terrorisés par les représailles s'ils venaient à s'éloigner des vérités affirmées. Ainsi Big Other a-t-il tordu le cou au « Français de souche », pour déblayer le terrain. Ainsi s'est-il fait le chantre d'un pseudo-métissage franco-français, entre régions en somme, puis avec nos premiers immigrants européens. « La France métissée », escroquerie historico-sémantique imposant un impudent amalgame, l'immigration de masse extra-européenne ne datant au plus que d'une cinquantaine d'années. Il est vrai que la France est le produit d'un superbe et bénéfique brassage, sur fond de sauce gallo-romaine, de Francs, de Burgondes, de Vikings, de Wisigoths, etc., puis d'Alsaciens, de Basques, de Catalans, de juifs d'Alsace et de Lorraine, de Bretons, de Provençaux, etc., puis d'Italiens, d'Espagnols, de Polonais, de Portugais - c'était l'Europe qu'elle invitait chez elle. Les voilà, les Français de souche ! Et s'ils se réveillaient aujourd'hui ? S'ils se révoltaient contre les doucereux oukases de Big Other, contre son conformisme mou, son totalitarisme universel au service de l'autre ? »

(Jean Raspail, interview du Figaro, février 2011)

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