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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 21:16

 

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Lors de mon premier séjour à Venise, un quart de siècle déjà, la traversée nocturne de la ville, en compagnie du garçon qui partageait alors ma vie, sur le bateau-taxi qui nous amenait de l’aéroport au Lido, l’île immortalisée par Visconti sur laquelle nous avions notre hôtel, me laissa pantois. Je viens d’y retourner pour la quatrième fois, court séjour à l’occasion d’un congrès de gériatrie, et si la stupéfaction s’en est allée, le charme fou de ce lieu magique et intemporel est immuable. Je n’y avais, jusqu’ici, jamais exploré les « amours illicites », impensables bien sûr les deux fois où j’y suis venu dans l’état affectif qui lui sied le mieux, en « amoureux », mais même pas lors d’un précèdent congrès, de psychiatrie celui-là, au début des années 90, car le seul endroit gay que le guide Spartacus indiquait alors s’était révélé être le local d’une association de musique classique….Des rencontres devaient certes être possibles au très « à la mode » Harrys’ bar, voire à la terrasse du mythique café Florian sur la place Saint Marc, mais je n’ai jamais été un garçon assez entreprenant pour les tenter dans des lieux non « spécialisés ». Si Venise est immuable, il n’en est pas de même des moyens que le génie humain a découverts pour nous faire mieux connaitre nos semblables, notamment en ces régions dépourvues de tout endroit « communautariste », je veux parler de « Grindr » (que sa récente mise à jour a rendu encore plus performant) et de ses copies. Je ne vous dirai pas si « j’ai niqué » à Venise, comme me l’a si élégamment demandé une de mes connaissances, mais le « réseau social » gay s’étend de votre « porte» - le personnel de mon hôtel n’hésitant pas à « chasser » le client – jusqu’aux villes des alentours comme Trevise ou Padoue. Si vous recherchez des vénitiens (et non des touristes qui de toute façon sont le plus souvent en couple…), vous aurez moins de chance de les trouver à Venise même, assez peu habitée, qu’à Mestre, son prolongement urbain en terre ferme - à une certaine distance donc – où vous trouverez aussi, on me l’a appris, un sauna…
J'ai consacré le peu de temps dont je disposais pour visiter à nouveau la ville, et plutôt que de m'attarder sur la place Saint Marc où la moindre bière vous est facturé une quinzaine d'euros, ou autres endroits fréquentés par les hordes de touristes que déversent quotidiennement des paquebots géants, j'ai préféré flâner avec quelques collègues dans les quartiers les plus éloignés du centre et déjeuner tranquillement dans un des petits bistros peu fréquentés et fort abordables qui longent les canaux qui bordent le quartier du ghetto.

Que lire à Venise, si l'on ne se sent pas d'humeur d'entamer une nouvelle enquête du commissaire Brunetti, le héros de Donna Léon, sinon une histoire d’amour. La littérature « homosexuelle » étant plutôt riche en cette rentrée littéraire, je n’avais que l’embarras du choix. Plutôt que « Pornographia » de Jean baptiste Del Amo dont j’avais beaucoup aimé « Une éducation libertine », son récent prix de Sade me paraissant le destiner plus à un voyage dans une ville où l’on « nique » que dans celle où l’on « aime », que “L’Enfant de l’étranger”, roman de l’icône gay anglais Alan Hollinghurst car il me semblait un peu long pour ce court déplacement, que « Jack Holmes et son ami », le dernier Edmond White qui est plus une histoire d’amitié, j’ai choisi « Une année qui commence bien » de Dominique Nogues, ancien prix Femina pour « Amour noir » ( le héros se dénommait Tadzio...), dont je ne connaissais pas l’homosexualité, un récit autobiographique magnifique, l’histoire de l’amour fou, non partagé, d’un homme de plus de 50 ans, pour un jeune homme à la beauté angélique, aujourd’hui marié avec une « ribambelle » d’enfants, qui, lui dira Houellebecq, « « ne te mérite pas ». Le récit de cette passion tragique qui va bouleverser sa vie et le « guérir de l’amour », superbement écrit, est aussi un voyage passionnant dans le Paris littéraire et homosexuel (tous ces lieux que j’ai pu fréquenter, le BH ma première backroom parisienne, le Scorpion, le Privilège …que de nostalgie) des années 90.

Peu avant mon départ j’avais pu, au cinéma cette fois, voir le récit d’une autre histoire d’amour tragique, celle de Scott pour Liberace. Soderberg délivre un portrait fascinant de ce tyran, sorte d’hybride gay de Richard Clayderman et de Rudi Hirigoyen, et de son milieu social..

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