La sortie, mercredi prochain, du quatrième film d’Alejandro González (qui a reçu à Cannes le prix d'interprétation
masculin), après l'inoubliable "Amours chiennes", "21 grammes" et "Babel" me donne l'opportunité de revenir sur ce dernier film, plus "démonstratif" que les deux précédents.
Dans les trois films nous assistons à l'entrelacement de destinées, ici, un évènement banal, le don d'un fusil de chasse par un japonais en voyage au Maroc à un paysan va bouleverser les vies de
quatre familles, marocaines, mexicaines, américaines et japonaises, et ce en raison de l'impossibilité de communiquer aussi bien à l'intérieur de sa culture , qu'entre les cultures, d'où le titre
"Babel". Impossibilité de communiquer traduite à l'extrême dans le personnage du sourd-muet. Pourtant aucune des critiques que j'ai pu lire n'a semblé remarquer que le film était bâti autour de
la théorie du chaos, théorie physique qui répond à des modèles mathématiques que l'on trouve un peu partout ainsi vulgarisée : "le battement d'une aile de papillon en occident , par
amplification des variations infinitésimales qu' il produit localement, peut être responsable d'un ouragan en Asie". Cette théorie, qui n'est d'ailleurs plus une "théorie", car elle décrit des
lois physiques vérifiées par l'expérimentation, dit que des variations infimes de l'état initial d'un système physique vont rendre l'évolution de ce système "imprévisible" pour la physique
(deuxième mort du déterminisme absolu après le coup de grâce de la mécanique quantique) en raison de l'impossibilité d'avoir une information complète sur l'état initial de ce système. Par
analogie, dans le film, le don d'une carabine, dans le désert marocain, va déclencher une succession d'évènements imprévisibles. Et l'absence d'information sur cet état "initial" (le don d'une
carabine), est traduite métaphoriquement dans l'impossibilité de communication entre les êtres.