Tout, me semble t’il, a commencé par une police de la langue. Il n’était ainsi plus conseillé de dire clochard, sourd, chômeur, mais SDF, malentendant, à la recherche d’un emploi, etc. La langue
étant le support de la pensée, il était écrit que cette dernière aussi ferait l’objet d’un contrôle systématique. Tout ce qui n’est pas dans la lignée de l’idéologie dominante, du politiquement
correct, de la pensée unique, déclenche aussitôt des lynchages médiatiques. Hier l’écrivain Renaud Camus était mis au banc de l’humanité pour avoir qualifié de communautaire l’émission Panorama
de France Culture (la majorité des intervenants étant d’origine juive), Hèlène Carrère D’Encausse ou Alain Finkielkraut déclenchaient la foudre pour avoir simplement dit les faits, à savoir
que la majorité des incendiaires de banlieue étaient noirs ou arabes, aujourd'hui Eric Zemmour soulève l'indignation pour des propos similaires lors de l'émission de Thierry . Sans parler des
"procès" faits à Georges Frêche ou Gérard Longuet. Il devient interdit de dire qu’il existe des lobbies, y compris gays. Mais une société du contrôle généralisé ne saurait sans tenir là. L’étape
suivante se devait être celle de la police des comportements, chasse aux fumeurs (je précise que je ne suis pas fumeur), aux obèses, au moindre excès de vitesse, à l’automobile elle-même, à la
consommation d’alcool, guerre aveugle et effrénée à la pédophilie ( les pédophiles sont à peu près les seuls dont on ait le droit de dire du mal, on peut se "défouler", tant pis pour les dommages
collatéraux du style Outreau), aux comportements sexuels à risque (je reviendrai sur ce point). Et tout cela bien sûr au nom des nouvelles valeurs sacrées, la Nature (en oubliant que l’homme
s’est constitué tel en s’arrachant à la Nature par la Culture ), l’Enfant (dont la parole est déifiée), la Santé (qui devient un idéal au détriment du bien être), etc. Demain, à n'en pas douter,
on verra surgir une police du « mauvais goût » , on vous dira ce qu'il faut aimer en peinture, en littérature, cela a en fait déjà commencé en ce qui concerne le "goût" du vin qui se mondialise
sous les diktats de Robert Parker.
Le Big Brother du 1984 d’Orwell est à nos portes, victoire posthume et masquée de l’idéal totalitaire. Plus besoin de Goulag, les barreaux s’installent dans nos têtes, à notre insu. Il sera
intéressant de suivre l’évolution du taux de suicide dans la société qu’on est en train de nous construire