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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 20:43

18751i.jpgLes récentes mésaventures vaccinales de notre chère ministre de la santé ont été attribués aux effets pervers du principe de précaution (je laisse de côté les accusations portées contre l’industrie pharmaceutique, m’en tenant à ma position de ne point aborder ici ces questions, usant d’autant plus de mon droit de réserve que je travaille pour une des firmes qui produisent le vaccin de la grippe porcine, même si l’envie me brûle de voler dans les pattes de ceux qui répandent tant de contre vérités dans les médias ou sur internet). On comprend pourtant Roselyne, que n’aurait on pas entendu dire si la grippe s’était révélée aussi virulente qu’on le redoutait et que le pays soit venu à manquer de vaccin…Les précédents du sang contaminé et de la canicule expliquent bien des décisions.
Jean Pierre Dupuy a mis en évidence les insuffisances et les dangers du principe de précaution qui se fonde sur la notion « d’incertitude » scientifique qui peut amener à paralyser toute action ou à entreprendre des actions contreproductives à partir d’un « non savoir » à partir du moment où l’on imagine un risque « possible ». On peut craindre, et on en voit déjà les prémisses, que lorsque le pire deviendra certain, le principe de précaution ne mène à l’écofascisme. Selon Jean Pierre Dupuy, le « principe de précaution » prôné par tous n’est pas de mise, car ce principe entend se limiter aux risques (potentiellement graves ou non), mais non apocalyptiques. Partant du constat que l’humanité est devenue capable de s’anéantir elle-même, soit directement (arme nucléaire), soit indirectement par l’altération des conditions nécessaires à sa survie ( réchauffement climatique, intervention sur le vivant), il
insiste sur le fait que cette constatation que nous refusons de croire est devenue certaine. L’idée de Jean Pierre Dupuy est de « se fixer sur un avenir catastrophique pour qu’il ne se produise pas ». Il faut considérer la catastrophe comme « ayant déjà eu lieu », « à se projeter dans l’après catastrophe, et à voir rétrospectivement en celle-ci un évènement tout à la fois nécessaire et improbable ». Il va sans dire qu’il s’agit d’une vision éthique, métaphysique, prophétique, apocalyptique (Jean Pierre Dupuy est un disciple de René Girard). La notion de catastrophisme éclairé est bien entendu conceptuelle, « ce n’est pas la réponse à nos problèmes qui ne peut être que politique ». Le politique doit mettre « la catastrophe » au cœur de son action, « faire voir que ce mode de vie est absurde, « contre-productif » (disciple aussi de Illich, Dupuy a montré que si l’on calculait le temps passé pour l’automobile, soit en déplacement, soit en travaillant pour se la payer, cela équivalait à un temps de déplacement moyen de 7 km/h, bien moins qu’à vélo….). L’exemple de la dissuasion nucléaire, dans l’après guerre, montre que penser la catastrophe peut permettre de l’éviter…


   
« Ce que j’appelle le « catastrophisme éclairé » s’inspire de cette démarche. Il
nous faut vivre désormais les yeux fixés sur cet événement impensable –
l’autodestruction de l’humanité –, avec l’objectif, non pas de le rendre
impossible, ce qui serait contradictoire, mais d’en retarder l’échéance le plus
possible. Nous sommes entrés dans l’ère du sursis. Le catastrophisme éclairé est
une ruse qui consiste à faire comme si nous étions victimes d’un destin tout en
gardant à l’esprit que nous sommes la cause unique de notre malheur.
Jean-Pierre DUPUY, « Fin du monde, il est moins cinq »,
entretien avec B. Poulet, l’Expansion, 1er juin 2007.
(http://lexpansion.com) »

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