Je n’ai pas de sympathie particulière, c’est le moins qu’on puisse dire, pour le cardinal Barbarin. Il s’est tristement illustré lors des manifestations contre le mariage gay par ses prises de position caricaturales, osant des assimilations odieuses avec la zoophilie ou l’inceste. La tentation serait grande de considérer qu’il n’a que ce qu’il mérite, même si ce ne serait guère « chrétien ». Je ne peux pourtant me joindre au lynchage médiatique dont il est la victime car il n’est que trop évident que ce à quoi on assiste, c’est au retour de l’anticléricalisme le plus primaire.
Le philosophe Raphael Enthoven, dont ce n’est pas le premier dérapage, en a fait la démonstration la plus éclatante, dans sa chronique matinale sur Europe 1. N’a-t-il pas osé comparer de façon absurde et abjecte l’attitude du cardinal à celle, imaginaire, d’un Jérôme Cahusac dont la fraude fiscale aurait été connue et qui aurait obtenu son poste ministériel sur la promesse faite à François Hollande de ne plus recommencer! En d’autres termes comme si c’était Barbarin le pédophile…Plus banal, il n’a pu s’empêcher de reprendre l’interprétation éculée selon laquelle la fréquence de la pédophilie chez les prêtres serait une conséquence de l’abstinence qui leur est imposée et des positions de l’Eglise sur la sexualité, faisant semblant d’oublier qu’elle est tout aussi fréquente en milieu scolaire, c’est-à-dire dans tous les milieux qui rassemblent des enfants en position de soumission à l’autorité, et surtout méconnaissant la dimension psychiatrique de cette perversion qui n’a rien d’un comportement «acquis».
Des exemples récents ont montré que même dans l’éducation nationale, les personnels qui ont eu de tels comportements continuent à exercer leur profession après avoir été simplement «déplacés» sans qu’on assiste au même déchainement contre les responsables administratifs de ces « dysfonctionnements ». Il est si facile de « bouffer » du curé sans jamais se faire accuser de christianophobie - c’ est beaucoup moins risqué que de s’attaquer à l’islam, les chrétiens ayant une propension naturelle au statut de victime - qu’on peut parier que la curée contre le cardinal Barbarin ne tarira pas jusqu’à avoir obtenu sa démission. Même Manuel Valls y va de sa petite musique, les « frondeurs » applaudiront pour une fois. ….
Certes l’Eglise a trop longtemps tenté de justifier son silence sous couvert de secret de la confession, de pardon et de rédemption, mais elle en enfin a pris la mesure. L’affaire «Barbarin» n’est pas un « Spotlight » lyonnais ( excellent film racontant les multiples cas de pédophilie couverts par le cardinal Law à Boston au début des années 2000).