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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 13:37

Il y a bien longtemps, quand j’ai rencontré Philippe, mon premier amant, comme j’ai pu le conter dans un des premiers billets de ce blog ( https://limbo.over-blog.org/article-ma-premiere-fois-pour-son-malheur-44231829.html ) Jean-Paul 1èr venait d’être élu Pape. Fervant catholique, vivant bien son homosexualité, mais le coeur déchiré par la position dogmatique de l’église, il n’aurait sans doute pas imaginé, si ce n’est en rêve, qu’un Pape, 45 ans plus tard, autorise la bénédiction des couples homosexuels. Fait prêtre quelques années après notre douloureuse séparation, il a fini par ne plus répondre à mes voeux annuels, mais, s’il est encore de ce monde, je n’ai aucun doute que cette révolution dogmatique, dont on a du mal à mesurer la portée et les résistances internes qu’elle va susciter (déjà à l’oeuvre dans l’église d’Afrique, mais pas seulement), ne l’ait réjoui.

 

Le christianisme comme “religion de sortie de la religion”, selon les termes de Marcel Gauchet, permettant son insertion dans la démocratie, le distinguant fondamentalement des autres religions et spécifiquement de l’islam. Faut il  comme Michel Onfray ou surtout Emmanuel Todd dater la disparition de la religion à partir des lois sur le mariage gay, y rattacher le déclin de l’occident et affirmer : “l’idéologie trans est ..l’un des drapeaux du nihilisme qui définit désormais l’occident, cette pulsion de destruction, non pas simplement des choses et des hommes mais de la réalité”.

 

Cette progressive déconstruction sociologique et culturelle, si elle est loin d’avoir été intériorisée par nombre d’homosexuels si l’on en juge par le livre de Panayotis Pascot “La prochaine fois que tu mordras la poussière”- que j’ai lu sans déplaisir mais dont le phénoménal succès est pour moi une énigme - dans lequel l’auteur montre sa difficile acceptation de son homosexualité, permet de faire de la nomination d’un premier ministre gay et de son ex-partenaire de PACS aux affaires étrangères, un (presque) non évènement médiatique.

Non évènement médiatique mais pas sur les réseaux sociaux où les injures homophobes se sont déversées en torrents, ce qui n’est pas une surprise, la bête homophobe sortant de sa cachette dès qu’elle le peut. Il était plus difficile de prévoir que les attaques les plus violentes viendraient de la succursale LFI que constitue la frange radicale des militants LGBT pour laquelle Gabriel Attal n’est pas un” bon gay” car sans revendication identitaire : “se réjouir de la nomination de Gabriel Attal car il est gay, c’est se rendre complice de toutes les horreurs racistes, classistes, cishétérosexistes que son homosexualité rendra possibles”! Ravage du wokisme proférée par un docteur en sociologie de Paris 8. Un article de Merdapart n’était il pas intitulé : «  un premier ministre gay mais pas trop », pointant par la une homosexualité non subversive…Un bon gay ne peut être blanc, mais noir ou métis et socialement opprimé. Je suis définitivement un « mauvais gay ».

 

Si le  temps où l’homosexualité ne pouvait être dite, comme nous le rappelle le film de Katell Quillévéré avec Vincent Lacoste, « Le temps d’aimer », et donnait lieu à des poursuites juridiques, a été oublié des jeunes générations militantes, c’est bien grâce à l’engagement d’homosexuels blancs considérés alors comme subversifs…

 

« Ce que tu ne peux pas dire, souffle le », aveu fait par une directrice d’école, à un des protagonistes du très beau film nippon, "L’innocence", pudiquement qualifié d’une histoire d’amitié entre deux enfants, alors qu‘il  s’agit d’une histoire d’amour, servira de conclusion à ce billet.

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26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 14:30

 

Non sans avoir vu avant de partir, Barbie, film réalisé par une sorte de Sandrine Rousseau qui aurait du talent mais que les pectoraux de Ryan Gossling m’ont aidé à supporter et surtout le formidable Oppenheimer, cette année, le périple à travers villes et villages de France pour atteindre et revenir de Sitges, commenca, un dernier wek-end de juillet,  par le village médiéval de Perouge, au nord de Lyon, dont l’hôtel que nous avions choisi contribua à restituer l’ambiance supposée de l’époque.

L’étape suivante nous conduisit en Auvergne, dans un superbe hôtel né de la restauration d’un couvent, près du village de Barjac, d’où nous pûmes redécouvrir les gorges, visiter la grotte St Marcel et flaner dans un autre beau village médiéval, Aiguèze. Puis en chemin pour la provence, nous fimes une halte à chateauneuf du Pape, le temps de voir ce qui reste du chateau, avant d’atteindre un nouvel hôtel, au pied du trés beau village de Seguret, au départ duquel la route des dentelles de Montmirail, dominée par le Mont Saint-Armand, permet de découvrir de charmants villages, Sablet, Gigondas, Vacqueyras, La Roque-Alric, dont malheureusement les églises sont presque toutes fermées. Piscine du domaine de la Cabasse mal entretenue et moustiques omniprésents ont quelque peu terni ce court séjour.

Collioure, dernière halte avant Sitges, sorte de Saint Tropez plus populaire ( mais presque aussi cher), m’a plutôt séduit, séduction à laquelle ont contribué le très bel hôtel de style Catalan, La Casa Pairal avec son jardin exotique et son emplacement central, ainsi que l’excellent repas de poisson pris chez “Simone”.

 

La route vers Sitges ne fut pas de tout repos : fermeture de l’autoroute au niveau de Perpignan en raison d’un poids lourd en feu, obligeant à un détour par la côte de plus de 2 heures, détour pris juste à temps avant qu’il ne soit à son tour impraticable en raison de vastes incendies de forêt. Arrivée sous le soleil en fin d’après midi, nous laissant juste le temps, avant diner, de faire un rapide tour de la zone gay pour mesurer les changements éventuels qui auraient pu être accentués en période post-covid. Cette année pas de bouleversement, si ce n’est la fermeture du restaurant la Santa Maria, très couru pour sa paella, le retour du restaurant du Parrot et une inflation toutefois maitrisée . Quant à la vie nocturne, toujours aussi dépourvue de vraies discothèques, elle m’a semblé relativement stabilisée, avec la concentration toujours plus importante des bars au croisement des carre de joan Tarrida et Carre Bonnaire, la première étant littéralement envahie à partir de 23h. Les temps où je regagnais l’hôtel au petit matin, exténué par les bières et le sexe sont maintenant bien loins, l’âge et la vie de couple aidant, d’autant plus que l’utilisation généralisée de Grindr  facilite les contacts à des horaires bien plus convenables. Quant à la surface de plage disponible, si restreinte l’année dernière du fait de la montée des eaux, elle semble s’être légérement améliorée, notamment à la plage, en partie naturiste, des Balmins.

Au début d’un long week-end de 15 aout, il était plus raisonnable de rentrer en France en évitant le Pertus, l’occasion de découvrir la très belle  ville de Pampelune et de visiter sa monumentale et splendide Cathédrale, avant de franchir la frontière au pays basque et de faire une halte d’un jour à Saint-Jean-de-Luz, histoitre de savourer une fois de plus les incontournable chipirons à l’encre de “Chez Pablo”, puis de s’arrêter quelques jours dans ma ville natale, Bordeaux, et retrouver la plage du Porge.

Après 3 semaines de soleil ininterrompu, mais sans subir les chaleurs torrides qu’ont connu certaines régions, il était temps de reposer un peu notre peau sous un ciel couvert avant de retouver Paris. Destination la Bretagne donc pour la très agréable ville de Cancale et ses huitres...

 

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17 mai 2023 3 17 /05 /mai /2023 17:01

Il y a 13 ans maintenant, en mars 2010, je publiais sur ce blog "une mélancolie gay" ( dont vous trouverez une copie à la fin de ce billet), où je faisais état de la disparition progressive des lieux gays, notamment à Paris et particulièrement dans le Marais, conséquence de sa gentrification et du succès de Grindr, tout en espérant un renversement de tendance "quand certains d’entre nous se diront, fatigués et si seuls derrière leur écran informatique et leur webcam : ça suffit, inventons des lieux gays! "

Espoir vain car la route vers "l'invisibilité" gay, rançon de l'hétérosexualisation de l'homosexualité (https://limbo.over-blog.org/article-adapte-toi-a-notre-homophobie-ou-de-l-heterosexualisation-de-l-homosexualite-109687347.html), puis de sa dissolution dans la théorie du genre, n'a fait qu'accentuer le phénomène, confirmant l'impossibilité d'inverser la flèche du temps. Le documentaire diffusé sur France 2 ("Homos en France"), loin  d'atteindre la charge émotionnelle du documentaire de 2012, "Les Invisibles", dont les acteurs - je m'en sens bien plus proche - ont vécu une homosexualité décomplexée, assumée,  dans une période bien antérieure à celle des protagonistes de l'émission de France Télévision qui ont bénéficié de leur combat pour le droit d'exister, montre que ce retour à une forme d'invisibilité dans la normalisation, n'a non seulement pas mis fin à l'homophobie mais l'a même accrue.

La disparition des lieux  de la visibilité gay s'est inexorablement poursuivie, accentuée sans doute par la pandémie : Le Sly, Le Spice, le Mic-Mac, le Banana café, le Transfert, les restaurants le Vagabond,  Gay Moulin et 4 Pat, et plus récemment le mythique "OPen Café" qui avec au Cox adjacent faisait, les soirs de Gay Pride et de la fête de la musique, l'animation de la rue des Archives. La liste ne peut en être exhaustive, car je ne les connaissais pas tous. Les ouvertures de nouveaux lieux comme  "El Hombre" près de Beaubourg ou le Bronx, rue Keller, sont l'exception. La situation n'est guère meilleure en province, notamment à Bordeaux puisqu'après la fermeture du "Trou Duc ", seuls 2 bars gay survivent, tandis que le seul sauna gay restant a brulé cet été....

Quant à la Gay Pride, devenue Marche des fiertés - déniant à l'homosexualité une identité de genre - depuis que l'inter-LGBT, sous marin de LFI en  a pris les commandes, elle a progressivement perdu son caractère festif en excluant ou reléguant en fin de cortège la représentation des lieux gays à caractère commercial, pour devenir de plus en plus une défilé syndical. Ce formidable carnaval gay qu'elle fût reçoit cette année son coup de grâce, avec l'interdiction des chars, traduisant sa dérive gauchiste. Je n'y participerai donc pas et rejoindrai fête  le soir, dans les bars du Marais.

Finissons sur une note positive en signalant deux films récents qui montrent la difficulté ou l'impossibilité de vivre son homosexualité en milieu hostile avec "Le Paradis" de Zeno Graton, dont l'action se situe dans un centre fermé pour mineurs délinquants sur lequel plane l'ombre de Jean Genet et "Burning Days", d'Eminent Aper, histoire d'un jeune procureur qui va affronter la corruption et l'intolérance d'une petite ville turque.

 

Vous trouverez ci-dessous le billet que j'avais publié en 2010 

Le bar « Le Keller », un des fleurons de la scène gay vient de fermer ses portes (depuis la publication de ce billet ce bar a réouvert). Nous savons depuis le siècle dernier que l’espace et le temps ne font qu’un (bien plus, "la matière, espace, temps" , titre du livre d’un de nos prix Nobel de physique, ne font qu'un). Il en est ainsi des territoires gays, leur localisation est datée. Lieux isolés à l’origine, connus des seuls initiés, ils se sont organisés en quartiers ou en rues, en fonction de la densité gay, et l’évolution de leur géo localisation trace celle de la visibilité gay. La flèche du temps, celle du droit à l’indifférence, nous amènera-t-elle, comme pour notre univers, du big bang au big crunch, de la visibilité à l’invisibilité, retour à l’isolement initial?

Lorsque mon premier amant, maintenant prêtre (rassurez vous je n’avais plus rien d’un enfant), me fît découvrir, à la fin des années 70, le "gay Paris", tout s’organisait dans le quartier de l’Opéra. Certes il y avait des lieux isolés, comme la discothèque fort courue, « Le Rocambole », certains bars pour initiés, la discothèque « Le Scaramouche » pour les amateurs de friandises asiatiques, dans la même rue que le cinéma « Le Vivienne » qui fût mon premier lieu de drague, mais la vie gay s’organisait surtout rue St Anne. Il y avait le «7», la discothèque « people », fréquentée entre autres par un célèbre journaliste de télévision, où il fallait être vu et où l’on pouvait diner; à côté « Le colony », autre discothèque, plus « jeune », plus propice aux rencontres, puis à quelques mètres, l’ancêtre des bars sexe et hard parisiens, « Le Bronx ». Un sauna vieillot, « Le Tilt », ouvert 24h sur 24, et qui semble survivre encore (mais qui le fréquente?), complétait l’offre. A cette époque, la visibilité était « folle » et la rue St Anne voyait se croiser les tapins, les gitons et leurs clients. A deux pas, au café le « Royal Opéra », avenue de l’Opéra, les fêtards se retrouvaient en fin de nuit au milieu des travellos, nuit qui avait pu commencer au restaurant le « Vagabond », autre rescapé, où une clientèle de tous les âges se pressait tandis que les gitons attendaient au bar qu’on les invitât ou pas. A quelques rues de là, boulevard des Italiens, le fabuleux sauna « continental », temple du sexe facile, refusait du monde, mais on pouvait y diner avant qu’un casier ne se libère enfin. Yves Navarre était l’auteur gay du moment et Dominique Fernandez publiait « L’étoile Rose » . L’époque était à l’insouciance et ne se voyait pas disparaitre, ni ses acteurs qui allaient tomber comme des mouches et dont beaucoup ne verraient jamais le « Marais ».

Déjà d’autres lieux commençaient à drainer les gays qui se voulaient maintenant « virils », la moustache et le poil devenaient à la mode, une partie d’entre nous allait ainsi s’entasser dans les bars sexe entre St Germain des près et St Nicolas du Chardenay, au Trapp rue Jacob ou au « Manathan » si cher à Renaud Camus qui publiait « Tricks » et ses « Chroniques Achriennes » au début des années 80. De l’autre côté du boulevard St Germain, en face du café « Flore », les gigolos battaient le trottoir du Drug store St Germain ou descendaient la rue de Rennes où venait les cueillir une clientèle plus aisée que celle des tapins de la rue St Anne. A deux rues de là, le cinéma « Le dragon » avait supplanté celui de la rue Vivienne, l’on dinait au « Petit prince », rue lannot, ou l’on allait se faire traiter de ginette, cela faisait partie du spectacle, par les « folles » qui tenaient le restaurant « La vieille trousse », au bas du boulevard St Germain. Le « Palace », racheté par Fabrice Emaer, le propriétaire du « 7 », devenait le palais de l’émergence de la mode et de la culture gay, sous l’impulsion de Karl Lagerfeld, de Roland Barthes, de Frédéric Mitterrand, d’Yves Mourousy, de Thierry le Luron, etc….
Simultanément, parallèlement à la montée du mouvement revendicatif gay et à l’irruption du sida, le théâtre des opérations se déplaçait vers le quartier du châtelet et Beaubourg. Le premier bar sexe associatif « le BH », avec sa backroom que j’ai tant fréquentée, ouvrait en face de la Samaritaine et David Girard allait régner sur la nuit parisienne en ouvrant une discothèque/bar/backroom , « Haute Tension », (maintenant devenu un bar sexe, le « Next », après avoir aussi été un restaurant gay « Les foufounes »). Le bar le « transfert », à quelques rues de la comédie française, seul rescapé de cette époque, accueillait les partis SM, tandis que le restaurant « le diable de lombards » faisait salle comble, à quelques mètres de l’autre discothèque/bar/sexe du quartier, le « Broad » et du bar pour gays vieillissants ou bedonnants le « London » (devenu maintenant « l’eagle »). C’était les années 80, Guy Hockenghem publiait « Race d’Ep », le « Boy », à côté de « L’Olympia », s’essayait, avec le « Scorpion », à côté de la bourse, où l’on voyait William Sheller, à remplacer le Palace comme temples des soirées « disco et funky » de la nuit gay parisienne.
Je m’installais à Paris à la fin des années 80, le temps de voir le Palace et le Boy disparaitre et la vie gay migrer et hésiter un temps entre le quartier de la Bastille et celui du Marais. A la Bastille, c’est rue Keller que se situait la scène gay, avec la discothèque « La Luna », bientôt transformée en bar sexe qui abriterait les mardi soir les soirées "incorporation » et le dimanche après midi les réunions « naturistes », très sélectives à l’entrée, du « clan nature ». Quelques portes plus loin on trouvait le « Keller », bar « hard » aux soirées à thème (fist, pisse, skin, militaire, etc), thème seulement car l’entrée y était très libre à condition de ne pas y arriver bcbg ou cravaté, juste en face d’un restaurant gay dont j’ai oublié le nom, et à quelques mètres du Centre Gay et Lesbien qui venait de se constituer. Tous ces établissements ont maintenant fermés ou ont été transférés pour le dernier.
Les années 90 allaient donc voir le Marais étendre sans arrêt son empire et devenir le « quartier gay », bien des années après l’ouverture du 1é bar, « Le central », rue vieille du temple. Guillaume Dustan publiait « Dans ma chambre ».
Le reflux pourtant s’annonce, rue vieille du temple justement, où ont disparu successivement « Le César », « L’Amnesia », le restaurant les « foufounes » qui avait auparavant migré de la rue St Honoré, et dans les jours qui viennent, l’historique «Central». Est-ce le début de la fin du marais comme le titrent « Illico » et « Tetu », ou simplement une conséquence de la crise économique, de la multiplication des soirées « privées » fatale aux bars « hard » et de la diffusion d’internet comme moyen de drague….? Même si d’autres fermetures d’établissements en difficulté sont annoncées, bien des commerces de la rue des Archives et du Temple semblent encore florissants.
Il n’empêche, la déterritorialisation de la scène gay pourrait bien être en marche, et peut être qu’à l’instar de Greenwich Village à New York, et de Castro à San Francisco, le Marais ne sera-t- il plus dans quelques années que l’ombre de lui-même que nous visiterons en « archéologue ». Je serai à Toronto mi-avril, 10 ans après mon dernier séjour, et je me demande si je retrouverai « Church Street » aussi conviviale que je l’avais découverte. La Gay Pride elle-même, ce gigantesque carnaval gay qu’animaient les commerces et bars gays, est devenu un défilé syndical qui les relèguent honteusement en fin de cortège et en a perdu jusqu’à son appellation. Tristan Garcia a écrit l’histoire de cette génération, « La meilleure part des hommes ».
La forme ultime de la visibilité gay étant son invisibilité, son indifférenciation dans la grisaille d’une société polie, politiquement correcte et bien pensante - qui expulse « la folle » loin des villes et traque l’amateur d’éphèbe, où les tapins sont maintenant des "escorts" qu'on peut louer sur internet sur des sites aussi accessibles que "Gayromeo", où nous pourrons certes nous « marier », si toutefois nous arrivons encore à reconnaître nos futurs « maris » puisque rien ne les distinguera plus - , de ce « big crunch » ne pourra que surgir un nouveau big bang quand certains d’entre nous se diront, fatigués et si seuls derrière leur écran informatique et leur webcam : ça suffit, inventons des lieux gays! Ne désespérons pas, je viens d’apprendre que le jardin des tuileries était à nouveau très fréquenté….

Ce petit panorama, partiel (j’ai omis tant de lieux qu’il aurait fallu citer), parfois imprécis (j’ai pu ici où là faire quelques confusions d’espace et de temps), et partial comme il se doit, renvoie (et complète) à celui que j’avais intitulé « des tasses à internet » (http://limbo.over-blog.org/article-des-pissotieres-a-internet-un-itineraire-gay-43107661.html).
Il ne faut pas y voir une nostalgie. Juste un soupçon de mélancolie, c’est rue Keller, à la « Luna », que j’ai rencontré Bertrand il y a 12 ans, une mélancolie gay.

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14 novembre 2022 1 14 /11 /novembre /2022 19:34

Ma passion pour la lecture m’amène, parfois, à acheter plus de livres que je n’ai le temps d’en lire. Une dizaine d’entre eux, « en attente », trône sur une petite étagère de ma bibliothèque. J’y jette parfois un rapide coup d’oeil, essayant de me convaincre de commencer à combler ce retard, mais happé par la sortie incessante de nouveautés, je ne cesse de procrastiner. Je ne sais pourquoi j’ai soudain retiré de l’étagère le roman qui y était depuis le plus longtemps, 20 ans, « le mystère de la culture » de Marc Pierret. Il me semble me souvenir en avoir brièvement commencé la lecture à sa sortie, influencé par une critique élogieuse, mais freiné par l’ampleur de la culture et de l’effort que ce roman nécessitait pour l’apprécier pleinement, dans une période d’intense activité professionnelle, je l’avais laissé de côté, puis oublié. Quelle erreur! Il s’agit de l’histoire de carnets laissés à sa mort par un certain Quiquandon, carnets qui vont être successivement interprétés et commentés par un florilège de personnages du monde de la culture que l’auteur se fair une plaisir à caricaturer. Histoire d’un palimpseste donc, qui frappe par sa modernité, avec une prémonition du « wokisme » et de ses « suprématistes de la radicalité ». L’étonnante rencontre du héros du roman avec Jean Genêt, qui fait sans doute écho à celle de l’auteur, souligne combien les références à l’homosexualité (dont celle, refoulée, de Quiquandon?) et à la sodomie parcourent le livre.

 

Etrange coïncidence, cette lecture faisait immédiatement suite à celle du dernier roman de Patrice Jean - j’avais consacré un billet à un de ses précédents opus, « L’homme surnuméraire » qui se moquait des délires de la cancel-culture - qui montre les absurdités de la sectarisation de l’idéologie contemporaine. Le héros du « Parti d’Edgar Winter », militant d’un parti d’extrême gauche,  se voyant confier la mission de retrouver un théoricien de cette radicalité dont on a perdu la trace, ne cessera au hasard de ses rencontres, dont une Kmer verte qui fait irrésistiblement penser à Sandrine Rousseau, de se mentir à lui même, même confronté au réel le plus violent lorsqu’il sera victime d’une agression physique : « Je me suis dit que cette bastonnade, d’une certaine façon, contrebalançait les avantages que ma naissance bourgeoise m’a octroyés. Il faut bien, par un genre de justice immanente, payer le prix de ma chance imméritée. ». Il ira jusqu’au bout de la désillusion lorsqu’il rencontrera enfin le théoricien, porteur d’un lourd secret, qui essaiera, en vain, de le convaincre que l’utopie du « Grand soir » est une chimère qui s’effondrera toujours sur le problème du mal…

 

A mon retour de vacances, quelques mois après le début de la 3è guerre mondiale qui, heureusement, en est toujours dans sa phase « drôle de guerre », ces deux romans ne pouvaient tomber mieux pour illustrer l’actualité. Ce fût d’abord le tour des « écogauchos », après un été torride, s’attaquant aux jets, piscines privées et grosses berlines sous prétexte du réchauffement climatique pour tenter de raviver, ce qui constitue en fait leur vrai motivation, la lutte des classes. Puis vinrent  les facéties de la Nupes, autour du thème de la « domination masculine », orchestrées par notre Kmer verte. Le dépôt d’une « main courante », terme on ne peut plus adéquat quand il s’agit d’une gifle, en fût l’épisode le plus emblématique, même si l’on peut supposer que l’affaire dépassait l’exécution d’un simple geste au cours d’une dispute de couple, telle celle où j’avais giflé « Ginette », contée dans un lointain billet ( https://limbo.over-blog.org/article-ginette-46573957.html )….

 

Heureusement cette rentrée a été particulièrement riche en ce qui concerne la représentation de l’homosexualité masculine au cinéma et dans la littérature. Mystère de la culture aussi si le drame lui réussit bien mieux que la comédie. Un roman de Hugo Boris, « Débarquer »,  qui narre le retour d’un vétéran du débarquement en Normandie, venu se recueillir sur la tombe de son compagnon de combat pour lequel il a éprouvé une passion aussi soudaine que furtive, et le grand prix du festival de Cannes, « Close » de Lukas Dhont, chronique de la relation de deux adolescents que la mort de l’un deux va séparer, sont deux oeuvres qui vous remuent , même si dans les deux cas l’homosexualité des héros reste dans le non dit, et provoque la frustration devant un sujet qui n’est jamais abordé de front.

A contrario, la comédie romantique gay « Bros » est cette fort divertissante, très contemporaine dans son déploiement de la panoplie LGBT, bien que n’évitant pas les clichés, mais s’oublie vite… Si « Trois nuits par semaine », de Florent Gouelou, autre comédie romantique, qui conte l’attachement foudroyant de Baptiste, hétérosexuel vivant en couple, pour un jeune drag Queen, Cookie, m’a bien plus touché, c’est incontestablement à « Feu Follet », fantaisie musicale érotico-politique du portugais Joao Rodrigues, histoire d’un jeune héritier royal, qui rêve de devenir pompier volontaire et tombe amoureux de son instructeur, que revient mon coup de coeur. Cet ovni cinématographique qui aborde tous les sujets, racisme, homophobie, réchauffement climatique, etc, nous offre des scènes jubilatoires, comme ce ballet d’hommes nus reproduisant les poses de tableaux célèbres, ou ce diaporama de bites assimilées chacune à une variété d’arbres….

 

 

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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 18:22

En 2017, l’enchainement de circonstances exceptionnelles et improbables qui avaient conduit à l’élection d’Emmanuel Macron, m’avait fait évoquer l’action d’une « main invisible » semblable au « démon de Maxwell » imaginé pour mettre en échec le second principe de la thermodynamique ( https://limbo.over-blog.org/2017/01/emmanuel-macron-et-le-demon-de-maxwell.html ).

Qui aurait pu imaginer que 5 ans plus tard, après un quinquennat agité et controversé, plombé dès le départ par l’affaire Ben Alla et l’inexpérience du jeune président, puis la crise des gilets jaunes, les grèves interminables provoquées par les réformes de la SNCF et des retraites et la gestion chaotique de la première phase de la pandémie, une réélection, la première d’un président sortant hors cohabitation, serait la plus probable? La « main invisible » aurait elle repris du service, inspirant le « quoiqu’il en coûte » , la mise en place judicieuse du « pass sanitaire », lançant Zemmour dans l’aventure et amenant Pécresse à se ridiculiser au Zenith, avant de pousser le boucher de toutes les Russies ( étonnant comme l’antiaméricanisme des médias et de bien des politiques a traité Biden comme un dément lorsqu’il a appelé un chat un chat…) à envahir l’Ukraine…Certes la partie n’est pas encore totalement jouée, dépendant, de moins en moins, du possible « vote révolutionnaire » d’une partie des fidèles de l’admirateur de tous les dictateurs, mais tout de même, « chapeau l’artiste »! Il y 5 ans, pour la première fois depuis que je suis en âge de voter, ce n’est pas le bulletin du candidat PS que j’avais déposé dans l’urne, sans imaginer que ce parti finirait par se suicider en se livrant à Anne Hidalgo. Cette fois encore ce sera sans état d’âme que je voterai pour la prolongation du mandat d’Emmanuel Macron, qui, s’il est élu, va devoir faire face à deux extrémismes, l’un réunissant le vote ethnique des banlieues et bobo des centres villes, l’autre de nature poujadiste, qui ont à peu près le même poids électoral que lui. Ce n’est sans doute pas un hasard si ces deux radicalismes ont à la fois affichés des sympathies pro russes et une hostilité au pass sanitaire…L’avenir de notre démocratie ne me semble pas radieux…

 

L’étonnant Dany Boon Ukrainien, ne cesse de nous avertir, que ce qui hante Poutine, c’est certes la nostalgie de l’empire soviétique mais surtout la crainte d’une contagion démocratique qui importerait les valeurs « décadentes » de l’occident, dont bien sûr la revendication d’une identité gay. Dominique Fernandez, dans le second tome de son roman, « L’homme de trop » qui vient de paraitre ( https://limbo.over-blog.org/2021/05/du-du-gay-de-trop-a-trop-de-gays-dominique-fernandez-vs-arthur-dreyfus.html) nous livre l’étonnant plaidoyer d’un de se personnages, russe, justifiant la politique expansionniste ( il s’agit ici de la Crimée) et homophobe de Poutine, arguant que l’homosexualité ne fait pas partie de la culture russe - contrairement à l’occident aucun grand écrivain ou peintre russe n’aurait été homosexuel - et qu’il y va aussi de la protection de la famille et des enfants (chapitre d’autant plus étonnant qu’il succède à un autre  qui décrit l’enfer « psychologique » que vivent en France les « éphébophiles »,  injustement assimilés à des pédophiles dans l’univers médiatique contemporain). L’actualité cinématographique illustre de façon hilarante cette homophobie avec « Les crevettes pailletées » dont l’action, quoique tournée en Ukraine (la photo d’un jeune acteur ukrainien réfugié en France illustre ce billet), se déroule essentiellement en Russie, même si le film pâtit  d’un « pédagogisme » anti-homophobe un peu appuyé et n’évite pas toujours les clichés ( mais après tout, comme le souligne Dominique Fernandez dans son roman, la chanson d’Aznavour, « Un homo comme ils disent », bien que véhiculant tous les clichés sous tendant l’homophobie, a été considéré comme courageuse pour l’époque…).

 

Emmanuel Todd, dans son esquisse de l’histoire des femmes, fait de l’identité gay un héritage chrétien. « Le passage de l’homophobie au phénomène gay, c’est à dire d’un rejet de la sexualité », jusque là assimilée au mal , « à sa mise au centre de l’identité sociale, est typiquement chrétien ». Autrement dit l’obsession LGBT serait un produit du christianisme. Il est vrai que les mouvements LGBT sont exceptionnels en dehors  du monde chrétien. Le christianisme comme « religion de sortie de la religion » selon l’expression de Marcel Gauchet.

Nous serions des chrétiens zombies. La Russie ferait donc exception, à moins que la théorie de Todd ne s’applique qu’au catholicisme…Il avait déjà utilisé ce terme de « catholique zombie » à propos des participants aux défilés à la suite des attentats de Charlie Hebdo, dont la sociologie devrait à peu près recouper celle des électeurs d’Emmanuel Macron lors de ce  premier tour des élections…

 

Profitons donc de notre héritage chrétien, on ne sait ce que l’avenir nous réserve, et de la présence quasi constante, facilitée par l’idéologie « woke », de personnages gays ou lesbiens dans la paysage audiovisuel qu’ils aient la vedette comme dans

« This is going to Hurt » sur Canal ou dans « Les animaux fantastiques » en salle (à quand un Harry Potter gay? N’est il pas enfermé dans un placard au début de l’histoire, accusé par ses parents de n’être pas « normal ») , ou jouent les seconds rôles comme dans The Gilded Age, Yellowjackets, ou Severance, cette jubilatoire série d’Apple Tv qui nous plonge dans un univers entre Orwell et Kafka qui aurait été mis en scène par David Lynch. Quant à l’homophobie, elle occupe le thème central de deux films récents, « The Great Freedom », qui nous rappelle qu’à la sortie des camps nazis, les homosexuels allemands ont été jetés en prison sous couvert de l’article 175, et le magnifique « Power of the Dog » de Jane Campion où un jeune garçon efféminé, conscient du pouvoir de séduction qu’il exerce sur le propriétaire du ranch, à l’orientation sexuelle mal assumée, qui emploie et persécute sa mère,, va mettre en oeuvre un plan diabolique pour la protéger.

 

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22 septembre 2021 3 22 /09 /septembre /2021 08:22

Toutes les destinations de notre périple d’été n’étaient pas déterminées cette année, en raison de l’incertitude quant à l’évolution de la pandémie en Catalogne, la durée de notre séjour à Sitges en dépendrait.

 

Sur la route de notre première destination, un premier août, nous fîmes une étape gastronomique dans le restaurant étoilé de Saint-Bonnet-le-Froid, en Auvergne, 35 ans après l’avoir découvert alors qu’il n’était qu’un bistrot de village, petite folie bien méritée après 8 mois de privations, par une température en rapport avec le nom de l’endroit, ce qui ne nous a pas permis pas de profiter de la piscine naturelle de l’hôtel. Sans doute étions nous en manque du port du masque en extérieur pour aller le retrouver à Saint-Tropez, imposé par la préfecture quelques jours avant, mais dont nous avons eu l’heureuse surprise de constater que cette directive, excessive,  n’était pas suivie. Il y a bien longtemps que ce village n’est plus une destination gay, phénomène sans doute accentué cette année par la désertion des « people » à l’annonce de la fermeture de plusieurs lieux nocturnes due à la découverte de cas de covid parmi le personnel. Trois jours cependant bien agréables dans une ambiance moins surpeuplée mais sans contacts « grindr » concrétisés….

 

Changement de décor à Roussillon, une des plus beaux villages du Lubéron et de France, même si la fréquentation de l’hôtel, bien que confortable avec une belle piscine, n’était pas loin de rappeler celle d’une EHPAD! Le sentier des Ocres, Saint Saturnin les Apts, Oppede, la synagogue de Cavaillon , entre autres, suffirent à occuper trois nouvelles journées et à nous fatiguer suffisamment pour ne pas nous faire regretter l’absence de distractions nocturnes, le seul contact Grindr notable étant celui d’un ancien « trick » parisien, dont je n’avais aucun souvenir, en vacances dans le région, mais qui n’était pas du goût de mon conjoint…

 

Rupture brutale d’ambiance en arrivant, dernière étape avant l’Espagne, dans une maison d’hôtes gay, à Grau d’Agde, composée de cinq bungalow abritant chacun des couples de tout âge  autour d’une piscine où le naturisme était autorisé, mais  sans avoir constaté la moindre tendance à l’échangisme, même si un ami de nos charmants hôtes, venu profiter du lieu, nous a paru s’approcher intimement dans le jacuzzi d’un joli garçon dont le compagnon s’était absenté….L’endroit était si agréable que nous ne l’avons point quitté, négligeant même une visite du village naturiste, si ce n’est pour les diners au restaurant au moment du premier jour de mise en oeuvre du passe sanitaire, non demandé…

 

Il était temps, intégralement bronzés, de rejoindre Sitges par le col du Perthus (sans aucun contrôle…), impatients de découvrir dans quel état nous allions la retrouver après 2 années de restrictions sanitaires. A notre arrivée par beau temps, moins chaud qu’à l’habitude, un simple coup d’oeil nous a permis de constater, avec satisfaction, que le port du masque obligatoire en extérieur était loin d’être respecté. Un rapide tour de la ville nous a rassuré quant à la survie, jusque là, de la plupart des commerces et restaurants. Pas de drones non plus pour surveiller la distanciation physique sur la plage gay, comme annoncé dans certains médias, plage certes sans la foule habituelle de la semaine du 15 aout mais loin d’être désertée. Nos inquiétudes quant à la vie nocturne se sont malheureusement trouvées confirmées, avec un couvre feu à 1H matin, certes peu rigoureux, mais entrainant la fermeture des restaurants un peu après minuit et celle complète des bars de nuit « festifs », ne permettant plus qu’une consommation en extérieur, tout le monde se retrouvant, serré comme dans le métro aux heures de pointe, un verre à la main, dans la rue de la Bonne Aventure, principale concentration des lieux gays, situation qui aurait pu être évitée par la mise en place d'une passe sanitaire, décision difficilement applicable dans un pays régionalisé. Tandis qu’à Paris des hordes de paranoïaques, de complotistes, d’antisémites et surtout d’imbéciles, harangués par des politiciens sans foi ni loi, défilaient tous les samedis contre les décisions courageuses du président, ce serveur de restaurant, que nous connaissons depuis des années, nous faisait part de la période difficile qu’il venait de vivre, obligé à plus de 50 ans de demander l’aide de ses parents, les indemnités accordées par l’état espagnol étant dérisoires (pas de chomage partiel ici). 

 

Abrégeant notre séjour comme prévu au bout de 4 jours, nous fîmes une étape à Saragosse, le temps de visiter ses deux splendides cathédrales, par plus de 40 degrés, puis à Saint-Jean de Luz, après avoir à nouveau traversé la frontière sans aucun contrôle,  pour succomber une nouvelle fois aux chiperons à l’encre de chez Pablo, avant de rejoindre pour quelques jours  notre pied à terre bordelais, de profiter quand le temps l’a permis de la plage gay du Porge et de constater que la mise en place du passe sanitaire dans les restaurants et les bars ne posait aucun problème.

 

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25 juillet 2021 7 25 /07 /juillet /2021 21:08

 

 

Vous en souvient il? Nous étions au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron du plan de déconfinement. Gilbert Deray, un néphrologue de la Salpetrière dont je me suis toujours demandé quelle expertise (même si j’approuve pleinement son récent éditorial dans l’Express en faveur de la vaccination et du passe sanitaire) motivait son exposition sur tous les plateaux de télévision, dénonçait, dans la matinale de LCI, ce plan qu’il qualifiait de décision « politique » ( heureusement!), ignorant les recommandations sanitaires et les modélisations alarmantes de l’Institut Pasteur et prédisait qu’on était pas près de cesser de voir « un Airbus par jour s’écraser » ( les 300 morts quotidiens de fin avril). Il n’était certes pas le seul de nos  "enfermeurs" à demander la pérennisation des mesures de confinement jusqu’à l’obtention de l’immunité collective (inatteignable dans le pays des gilets jaunes!). Ils se sont faits certes plus discrets lorsque l’évolution de l’épidémie, ce printemps, a ridiculisé leur expertise. Ils n’espéraient pas rebondir si vite grâce au variant delta qui leur faire dire que les « rassureurs » ayant dansé tout le printemps, se sont trouvés fort dépourvus quand l’été indien» fut venu…Les hospitalisations ne sont certes pas au rendez-vous, mais leurs modèles mathématiques leur fait garder espoir de pouvoir reprendre cet automne leurs incantations pour un nouvel enfermement et leur show sur les plateaux des chaines d’information continue, à moins que la stratégie courageuse d’Emmanuel Macron avec l’instauration du passe sanitaire et sa formidable incitation à la vaccination ne vienne bousculer, on l’espère, leur sombre prévision.

 

Certes d’autres, comme l’épidémiologiste Martin Blachier ( même s’il a souvent  changé d’avis), ont été plus heureux dans leur évaluation de la situation printanière, ce qui justifie sans doute qu’il ait maintenant «l’oreille» du président de la République, mais son obstination à affirmer que la chute brutale de la pression hospitalière en mai-juin n’était pas due à la vaccination mais aux effets des restrictions et surtout de l’augmentation des températures, laisse perplexe. En effet, je n’ai pas besoin de faire appel à mes lointains souvenirs de Math Sup, pour faire un calcul arithmétique élémentaire : si une dose de vaccin diminue de 50% le risque d’ hospitalisation, deux doses de 90% et si on ajoute qu’environ 20% de la population a déjà eu l’infection, on peut en déduire qu’au moins 50% de la population française se trouvait en juin à l’abri d’une forme grave, ce qui ne pouvait pas ne pas se traduire dans les chiffres…Quant à l’ hypothèse de l’influence bénéfique des températures, elle semble caduque avec l’arrivée de la « 4è vague » en Europe en plein été et la diminution des contaminations en Amérique du Sud, en plein hiver…

 

En attendant nous saurons dans  les mois qui viennent qui est le meilleur prévisionniste : le premier ministre anglais, qui lève toutes les restrictions en pariant sur l’acquisition naturelle de l’immunité collective avec la poursuite des contaminations, sous protection des vaccins pour contenir les formes graves, ou notre président du Conseil Scientifique qui nous promet le port éternel du masque avec au mieux un nouveau variant cet hiver et au pire l’arrivée d’un variant résistant qui nécessiterait de repartir à zéro…. Sans parler de l’attitude systématiquement anxiogène des médias qui n’ont toujours pas constaté que chaque week-end les hospitalisations diminuaient moins ou augmentaient légèrement, sans qu’il s’agisse d’une aggravation mais d’une simple gestion « administrative » des entrées-sorties (non sans arrière pensée « économique ») et qui ce soir, par exemple, soulignent l’augmentation des contaminations alors qu’elle est en baisse…

 

Quoiqu’il en soit merci donc Monsieur le président de n’avoir pas suivi les avis des cassandres et de nous avoir permis de retrouver progressivement une vie presque normale. J’en ai profité dès le mercredi 19 mai avec une trilogie cinéma-bar-restaurant en terrasse en dépit du temps plutôt frais, avec depuis une exploitation maximale de nos plaisirs du monde d’avant.  Quel bonheur de retrouver les salles de cinéma et leur public. Pour respecter le thème de ce blog, en dehors de mon coup de coeur pour l’opéra-rock de Léos Carax, « Annette », je ne mentionnerai que « Garçon chiffon » de Nicolas Maury, un peu surjoué dans sa première partie mais qui finit par émouvoir par sa mélancolie et sa poésie, « Falling » de Viggo Mortensen qui est moins un film sur le coming-out, que sur la fracture entre l’Amérique de Trump et celle de Biden, et bien sûr Titane, véritable choc visuel et sonore que l’on peut apprécier sans partager les positions transhumanistes de la réalisatrice, en oubliant Benedetta que je rangerai dans la catégorie du comique gore ( les apparitions du Christ sont hilarantes). Le moyen de se désintoxiquer un peu des séries, dont je n’ai cependant pas totalement abandonnées pour ne citer que celles qui font place à un personnage gay (Ragnarok (+, Netflix), Blackspace (++, Netflix), Qui a tué Sarah (-, Netflix), White Lotus Hotel (+++, OCS)) ou font même de l’homosexualité leur thème central, comme I love Victor (Disney) ou Young Royals, sorte de The Crown Gay (Netflix).

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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 17:36

Les regards croisés, si divergents, sur la question gay, de Dominique Fernandez et d’Arthur Dreyfus dans leur « Correspondance indiscrète » ont fait l’objet d’un ancien billet de ce blog (https://limbo.over-blog.org/2016/07/gays-d-hier-et-d-aujourd-hui.html) et j’avais dit combien, en dépit d’une proximité générationnelle avec le premier, je me sentais nettement plus proche du second.

 

La publication simultanée du dernier roman de l’académicien, « L’Homme de trop », et du « Journal sexuel d’un jeune homme d’aujourd’hui » d’Arthur Dreyfus, illustre de façon presque caricaturale le gouffre qui sépare leur vécu de l’homosexualité. Difficile de porter un jugement définitif sur ces deux oeuvres, puisque seul le premier tome du roman est paru, quant au journal qui comporte plus de 2000 pages, sorte de bible du sexe écrite sur papier approprié, je suis loin d’en avoir terminé la lecture.

 

Eternel minoritaire , hier dans une France où l’homosexualité se vivait cachée et souvent honteuse, aujourd’hui dans celle du conformisme où les gays se sont « hétérosexualisés » dans leur conquête du « droit à l’indifférence », « L’Homme de trop », Lucas, soixantenaire, porte parole de l’auteur, raconte son vécu, nostalgique, du passage du monde pré-gay à celui post-gay qui a commencé avec l’adoption du Pacs (terme du premier tome) et qui culminera avec le mariage pour tous dans le deuxième tome à paraitre. Le vécu refoulé et honteux de sa jeunesse nous vaut des pages interminables, érudites jusqu’à l’ennui, établissant un parallèle entre homophobie et la porcophobie, une chronique tout aussi documentée de l’homophobie des années pré-gay, la narration de ses rencontres amoureuses, douloureuses, avec de jeunes gens abimés par la vie, handicapés sociaux pour lesquels son attachement, indissociable de son sentiment de culpabilité, traduirait le « rachat d’une faute ». Même si son affirmation de l’homosexualité comme différence, comme une autre façon d’être au monde, son rejet de la psychanalyse et de ses élucubrations sur la question gay, font écho à plusieurs billets de ce blog, sa vision biaisée par son histoire personnelle et son côtoiement  d’homosexuels « marginaux » l’amène a proférer des absurdités sur le vécu gay : où est-il allé chercher que les bars homosexuels n’étaient plus fréquentés que par des seniors nostalgiques, des jeunes timides ou des provinciaux ou que les lieux de sexe ne concernaient plus que les anciennes générations victimes du refoulement! Son rejet du communautarisme gay a du le tenir éloigné du Marais depuis longtemps… Plutôt une déception donc , loin de l’émotion que j’avais éprouvé à la lecture de « l’Etoile Rose » du temps de ma libération sexuelle (https://limbo.over-blog.org/article-litterature-et-homosexualite-61056855.html).

 

Longtemps je vais me coucher avec le journal sexuel d’Arthur Dreyfus, livre de chevet pour quelques pages chaque soir, comme ce fut le cas lorsque j’entrepris, jeune adulte, la lecture de La Recherche. Ses « Tricks » sont bien différents de ceux du livre culte de Renaud Camus qui fantasmait sur les « moustachus, poilus » de 25-40 ans, bien loin de mes gouts à cette époque, alors qu’Arthur, rare point commun avec Dominique Fernandez, chasse l’éphèbe, orientation qui était aussi celle de mon désir lorsque j’avais son âge.

 

Quelle motivation peut conduire à une telle monumentale publication dont on peut se demander si elle n’a pas la dimension d’une confession? L’ampleur de son addiction au sexe, tellement supérieure à la mienne qui n’est pourtant pas banale, le nombre vertigineux de ses rencontres bien au delà de ce que j’ai connu dans ma période la plus florissante, en un temps il est vrai dépourvu d’applications de rencontre, sa fréquente recherche de rapports de brutale soumission ou humiliation, sa phobie paradoxale de la contamination - avec un rapport étrange au risque de la fellation qu’il ne craint qu’active, ce qui nous vaut son affirmation répétitive et fatigante  de l’usage de la capote, qui n’a aucun rationnel épidémiologique, jusqu’à la Prep vienne enfin l’en dispenser - semblent traduire un certain mal être, impression confortée par son besoin de justification au moyen d’interprétations psychanalytiques douteuses, jusqu’au cliché lors de l’assimilation de l’attrait de certains jeunes pour les « matures » à un désir du père, rappelant ces absurdes « merci j’ai déjà un père » si fréquentes sur Grindr.

 

Il est possible que mon jugement évolue au fil des pages, dont je viens à peine de dépasser la cinq centième, mais je ne serais pas surpris que cette oeuvre, comme ce fut le cas pour Renaud Camus, Guillaume Dustan ou Hervé Guibert, même si elle est diversement reçue - on peut concevoir que l’hétérosexuel moyen, fut-il critique, jette l’éponge en cours de route - marque durablement la littérature gay contemporaine. En dépit de la gêne éprouvée lors de certains passages, qu’il s’agisse de son « expérience » de la prostitution ( dont je crains qu’elle n'annonce celle de la drogue) avec des descriptions peu amènes de ses « clients », du regard  qu’il porte sur les gays âgés dont il regrette qu’ils exposent leur corps « délabré » dans les saunas ou de détails scatologiques répétitifs quant à la propreté de son cul, je ne peux nier, qu’au delà de la narration de ses ébats sexuels, les réminiscences de mon propre vécu, la caractère parfois jubilatoire des  descriptions « intellectuelles » de ses rencontres (et de ce qu‘en révèle la décoration de leur intérieur…) et le florilège des citations grindr, me procurent un constant plaisir de lecture qui devrait m’amener jusqu’au terme de ce journal.

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2 février 2021 2 02 /02 /février /2021 17:18

Mon absence de ce blog depuis des semaines est sans doute moins le symptôme  de la lassitude d’un confinement sans fin que le témoin d’un monde où il ne se passe plus rien, si ce n’est l’infini répétition du Même mis en scène par les chaines d’information continue. Autant me dispenser de participer à cette uniformisation du réel en réitérant mon effarement, maintes fois  exprimé ici,  devant la soumission des autorités de tant de pays aux injections sanitaires des « experts », tout en reconnaissant avoir quelque peu sous-estimé la pérennité de l’épidémie en qualifiant certains d’entre eux de Cassandre. Je ne doutais pas qu’Emmanuel Macron soit très réticent à étendre les restrictions actuelles, il vient de le prouver, mais je ne vois pas comment il pourra résister longtemps à la pression inouïe des ayatollahs sanitaires qui occupent en permanence les médias, si la situation ne s’améliore pas rapidement. On sacrifie une génération, des professions entières et des milliers d’emploi, pour prolonger de quelques semaines, ou tout au plus quelques petites années, la vie des plus âgés d’entre nous…

 

Ce n’est pas la propagation constante, inexorable elle, car sans espoir de rémission, contrairement à celle du virus, de la chape de plomb que les réseaux sociaux font peser sur la liberté de pensée, s’étendant maintenant à l’ordre moral avec l’affaire Olivier Duhamel, entrainant les lâches décisions de LCI et du Monde concernant Alain Finkielkraut et Xavier Gorce, qui pouvaient contribuer à me remonter le moral. J’aurai au moins appris que le terme « inceste » pouvait s’appliquer à une relation de parenté par « alliance », puisque la victime n’avait aucun lien de sang avec son « beau père »…

 

De cet univers presque (n’exagérons pas tout de même …) Orwellien, ont toutefois émergé deux nouvelles qui m’ont un peu réconforté, l’absence de « No deal » sur le Brexit et surtout l’éviction du psychopathe qui était à la tête des Etats Unis. Et puis, privilège des professionnels de santé de plus de 50 ans,  mon conjoint (je suis d’une génération gay qui ne se sent pas à l’aise avec le mot « mari » ) et moi, maintenant vaccinés, pourront, peut-être, profiter plus pleinement d’un retour progressif à la normale car je ne doute pas, au moins pour voyager, que le passeport vaccinal s’imposera.

 

Les distractions étant devenues rares, le « temps de cerveau disponible » pour la lecture et le visionnage des séries s’est considérablement accru. Le livre de Jean Pierre Luminet, « l’Ecume de l’espace temps », qui tente de nous éclairer sur les interactions entre l’espace, le temps et la matière et les origines de l’univers, offre un panorama complet, bien que parfois difficile à suivre des théories qui s’affrontent. Celle des Univers Multiples inspire manifestement les scénaristes puisqu’elle est au coeur (L’homme du Haut château, DEVS, OA, Dark, Stranger Things) ou en arrière plan (Lovecraft Country) de maintes séries fantastiques ou de Science-Fiction. Le passage d'un univers du multivers  à l'autre n'étant possible que dans l'imagination des auteurs de S-F, aucun espoir de rejoindre un des mondes sans COVID... Par contre, l’auteur du dernier prix Goncourt, l’Anomalie, fait référence à une théorie plus originale, moins connue, qui fait de notre univers, un monde virtuel, une « simulation » informatique d’intelligences supérieures. Puisse ces « intelligences » avoir la bonne idée de programmer la disparition de notre virus quotidien…

 

( A signaler que la série actuellement en cours sur Canal, Your Honor, avec le héros de Breaking Bad, se déroule au temps du Covid)

 

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 08:37

Dans un billet maintenant fort ancien (http://limbo.over-blog.org/article-adapte-toi-a-notre-homophobie-ou-de-l-heterosexualisation-de-l-homosexualite-109687347.html), j'avais rapporté la segmentation en 3 périodes de l'histoire politique de l'homosexualité proposée par des sociologues espagnols : la période pré gay (qui se termine en France avec l'élection de François Mitterand), la période gay qui court jusqu'à l'adoption du PACS, et la période actuelle, post gay, dont le mariage gay et la prochaine adoption de la PMA sont les marqueurs. 

Deux films, malheureusement peu accessibles au plus grand nombre, car l'un n'est disponible que sur Netflix et l'autre n'a bénéficié que d'une sortie confidentielle dans quelques salles, en sont une illustration parfaite. Le premier, "The boys in the band", est un remake de celui de William Friedkin, mythique de la filmologie gay, reprise d'une pièce de théâtre jouée pour la première fois à NewYork en 1968, et sorti en France sous le titre "Les garçons de la bande". Les personnages du film réunis pour fêter un anniversaire, dont l'action se situent 1968, un peu avant les émeutes de Stonewall et le début de la période "gay" , celle de la libération et du coming-out, reproduisent tous les stéréotypes homosexuels de la période pré-gay, la folle, le tapin, l'intellectuel désabusé et cynique, le dragueur, le mélange des classes sociales. Les reproches, rancoeurs et vacheries que les protagonistes se jettent à la figure sous l'emprise de l'alcool témoignent de leur homophobie inconsciente, de leur "haine de soi" si répandues à l'époque : "Montrez moi un homosexuel heureux, je vous montrerai un cadavre". Ce remake qui apparait bien anachronique à notre époque, n'en est pas moins un divertissement presque nostalgique.

Fin de siècle, bien plus ambitieux, conte, de nos jours à Barcelone,  la rencontre sans lendemain de deux garçons, Ocho et Javi, qui loin de l'homophobie intériorisée des protagonistes du film précédent, assument pleinement une homosexualité libérée de toute culpabilité, couple libre, homoparentalité, rapport moderne au couple...Dans un basculement inattendu, et troublant ( car interprété par les mêmes acteurs), de la construction du film, ils découvrent s'être déjà rencontrés, 20 ans plus tôt, à la veille du basculement de siècle, de façon tout aussi éphémère, non comme aujourd'hui en raison du choix de Javi de ne vivre que des relations d'un soir pour respecter les règles de sa vie de couple, mais parce qu'à cette époque aucun des deux n'étaient arrivés au bout du chemin conduisant à l'acceptation de la nature de leur orientation sexuelle. Dans une émouvante dernière partie Javi, regardant par sa fenêtre Javi repartir vers son couple, fantasme la vie qui aurait pu être la leur, ensemble, dans un des univers multiples où, 20 ans plus tôt, il aurait cessé de se mentir...

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