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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 13:37

Il y a bien longtemps, quand j’ai rencontré Philippe, mon premier amant, comme j’ai pu le conter dans un des premiers billets de ce blog ( https://limbo.over-blog.org/article-ma-premiere-fois-pour-son-malheur-44231829.html ) Jean-Paul 1èr venait d’être élu Pape. Fervant catholique, vivant bien son homosexualité, mais le coeur déchiré par la position dogmatique de l’église, il n’aurait sans doute pas imaginé, si ce n’est en rêve, qu’un Pape, 45 ans plus tard, autorise la bénédiction des couples homosexuels. Fait prêtre quelques années après notre douloureuse séparation, il a fini par ne plus répondre à mes voeux annuels, mais, s’il est encore de ce monde, je n’ai aucun doute que cette révolution dogmatique, dont on a du mal à mesurer la portée et les résistances internes qu’elle va susciter (déjà à l’oeuvre dans l’église d’Afrique, mais pas seulement), ne l’ait réjoui.

 

Le christianisme comme “religion de sortie de la religion”, selon les termes de Marcel Gauchet, permettant son insertion dans la démocratie, le distinguant fondamentalement des autres religions et spécifiquement de l’islam. Faut il  comme Michel Onfray ou surtout Emmanuel Todd dater la disparition de la religion à partir des lois sur le mariage gay, y rattacher le déclin de l’occident et affirmer : “l’idéologie trans est ..l’un des drapeaux du nihilisme qui définit désormais l’occident, cette pulsion de destruction, non pas simplement des choses et des hommes mais de la réalité”.

 

Cette progressive déconstruction sociologique et culturelle, si elle est loin d’avoir été intériorisée par nombre d’homosexuels si l’on en juge par le livre de Panayotis Pascot “La prochaine fois que tu mordras la poussière”- que j’ai lu sans déplaisir mais dont le phénoménal succès est pour moi une énigme - dans lequel l’auteur montre sa difficile acceptation de son homosexualité, permet de faire de la nomination d’un premier ministre gay et de son ex-partenaire de PACS aux affaires étrangères, un (presque) non évènement médiatique.

Non évènement médiatique mais pas sur les réseaux sociaux où les injures homophobes se sont déversées en torrents, ce qui n’est pas une surprise, la bête homophobe sortant de sa cachette dès qu’elle le peut. Il était plus difficile de prévoir que les attaques les plus violentes viendraient de la succursale LFI que constitue la frange radicale des militants LGBT pour laquelle Gabriel Attal n’est pas un” bon gay” car sans revendication identitaire : “se réjouir de la nomination de Gabriel Attal car il est gay, c’est se rendre complice de toutes les horreurs racistes, classistes, cishétérosexistes que son homosexualité rendra possibles”! Ravage du wokisme proférée par un docteur en sociologie de Paris 8. Un article de Merdapart n’était il pas intitulé : «  un premier ministre gay mais pas trop », pointant par la une homosexualité non subversive…Un bon gay ne peut être blanc, mais noir ou métis et socialement opprimé. Je suis définitivement un « mauvais gay ».

 

Si le  temps où l’homosexualité ne pouvait être dite, comme nous le rappelle le film de Katell Quillévéré avec Vincent Lacoste, « Le temps d’aimer », et donnait lieu à des poursuites juridiques, a été oublié des jeunes générations militantes, c’est bien grâce à l’engagement d’homosexuels blancs considérés alors comme subversifs…

 

« Ce que tu ne peux pas dire, souffle le », aveu fait par une directrice d’école, à un des protagonistes du très beau film nippon, "L’innocence", pudiquement qualifié d’une histoire d’amitié entre deux enfants, alors qu‘il  s’agit d’une histoire d’amour, servira de conclusion à ce billet.

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17 mai 2023 3 17 /05 /mai /2023 17:01

Il y a 13 ans maintenant, en mars 2010, je publiais sur ce blog "une mélancolie gay" ( dont vous trouverez une copie à la fin de ce billet), où je faisais état de la disparition progressive des lieux gays, notamment à Paris et particulièrement dans le Marais, conséquence de sa gentrification et du succès de Grindr, tout en espérant un renversement de tendance "quand certains d’entre nous se diront, fatigués et si seuls derrière leur écran informatique et leur webcam : ça suffit, inventons des lieux gays! "

Espoir vain car la route vers "l'invisibilité" gay, rançon de l'hétérosexualisation de l'homosexualité (https://limbo.over-blog.org/article-adapte-toi-a-notre-homophobie-ou-de-l-heterosexualisation-de-l-homosexualite-109687347.html), puis de sa dissolution dans la théorie du genre, n'a fait qu'accentuer le phénomène, confirmant l'impossibilité d'inverser la flèche du temps. Le documentaire diffusé sur France 2 ("Homos en France"), loin  d'atteindre la charge émotionnelle du documentaire de 2012, "Les Invisibles", dont les acteurs - je m'en sens bien plus proche - ont vécu une homosexualité décomplexée, assumée,  dans une période bien antérieure à celle des protagonistes de l'émission de France Télévision qui ont bénéficié de leur combat pour le droit d'exister, montre que ce retour à une forme d'invisibilité dans la normalisation, n'a non seulement pas mis fin à l'homophobie mais l'a même accrue.

La disparition des lieux  de la visibilité gay s'est inexorablement poursuivie, accentuée sans doute par la pandémie : Le Sly, Le Spice, le Mic-Mac, le Banana café, le Transfert, les restaurants le Vagabond,  Gay Moulin et 4 Pat, et plus récemment le mythique "OPen Café" qui avec au Cox adjacent faisait, les soirs de Gay Pride et de la fête de la musique, l'animation de la rue des Archives. La liste ne peut en être exhaustive, car je ne les connaissais pas tous. Les ouvertures de nouveaux lieux comme  "El Hombre" près de Beaubourg ou le Bronx, rue Keller, sont l'exception. La situation n'est guère meilleure en province, notamment à Bordeaux puisqu'après la fermeture du "Trou Duc ", seuls 2 bars gay survivent, tandis que le seul sauna gay restant a brulé cet été....

Quant à la Gay Pride, devenue Marche des fiertés - déniant à l'homosexualité une identité de genre - depuis que l'inter-LGBT, sous marin de LFI en  a pris les commandes, elle a progressivement perdu son caractère festif en excluant ou reléguant en fin de cortège la représentation des lieux gays à caractère commercial, pour devenir de plus en plus une défilé syndical. Ce formidable carnaval gay qu'elle fût reçoit cette année son coup de grâce, avec l'interdiction des chars, traduisant sa dérive gauchiste. Je n'y participerai donc pas et rejoindrai fête  le soir, dans les bars du Marais.

Finissons sur une note positive en signalant deux films récents qui montrent la difficulté ou l'impossibilité de vivre son homosexualité en milieu hostile avec "Le Paradis" de Zeno Graton, dont l'action se situe dans un centre fermé pour mineurs délinquants sur lequel plane l'ombre de Jean Genet et "Burning Days", d'Eminent Aper, histoire d'un jeune procureur qui va affronter la corruption et l'intolérance d'une petite ville turque.

 

Vous trouverez ci-dessous le billet que j'avais publié en 2010 

Le bar « Le Keller », un des fleurons de la scène gay vient de fermer ses portes (depuis la publication de ce billet ce bar a réouvert). Nous savons depuis le siècle dernier que l’espace et le temps ne font qu’un (bien plus, "la matière, espace, temps" , titre du livre d’un de nos prix Nobel de physique, ne font qu'un). Il en est ainsi des territoires gays, leur localisation est datée. Lieux isolés à l’origine, connus des seuls initiés, ils se sont organisés en quartiers ou en rues, en fonction de la densité gay, et l’évolution de leur géo localisation trace celle de la visibilité gay. La flèche du temps, celle du droit à l’indifférence, nous amènera-t-elle, comme pour notre univers, du big bang au big crunch, de la visibilité à l’invisibilité, retour à l’isolement initial?

Lorsque mon premier amant, maintenant prêtre (rassurez vous je n’avais plus rien d’un enfant), me fît découvrir, à la fin des années 70, le "gay Paris", tout s’organisait dans le quartier de l’Opéra. Certes il y avait des lieux isolés, comme la discothèque fort courue, « Le Rocambole », certains bars pour initiés, la discothèque « Le Scaramouche » pour les amateurs de friandises asiatiques, dans la même rue que le cinéma « Le Vivienne » qui fût mon premier lieu de drague, mais la vie gay s’organisait surtout rue St Anne. Il y avait le «7», la discothèque « people », fréquentée entre autres par un célèbre journaliste de télévision, où il fallait être vu et où l’on pouvait diner; à côté « Le colony », autre discothèque, plus « jeune », plus propice aux rencontres, puis à quelques mètres, l’ancêtre des bars sexe et hard parisiens, « Le Bronx ». Un sauna vieillot, « Le Tilt », ouvert 24h sur 24, et qui semble survivre encore (mais qui le fréquente?), complétait l’offre. A cette époque, la visibilité était « folle » et la rue St Anne voyait se croiser les tapins, les gitons et leurs clients. A deux pas, au café le « Royal Opéra », avenue de l’Opéra, les fêtards se retrouvaient en fin de nuit au milieu des travellos, nuit qui avait pu commencer au restaurant le « Vagabond », autre rescapé, où une clientèle de tous les âges se pressait tandis que les gitons attendaient au bar qu’on les invitât ou pas. A quelques rues de là, boulevard des Italiens, le fabuleux sauna « continental », temple du sexe facile, refusait du monde, mais on pouvait y diner avant qu’un casier ne se libère enfin. Yves Navarre était l’auteur gay du moment et Dominique Fernandez publiait « L’étoile Rose » . L’époque était à l’insouciance et ne se voyait pas disparaitre, ni ses acteurs qui allaient tomber comme des mouches et dont beaucoup ne verraient jamais le « Marais ».

Déjà d’autres lieux commençaient à drainer les gays qui se voulaient maintenant « virils », la moustache et le poil devenaient à la mode, une partie d’entre nous allait ainsi s’entasser dans les bars sexe entre St Germain des près et St Nicolas du Chardenay, au Trapp rue Jacob ou au « Manathan » si cher à Renaud Camus qui publiait « Tricks » et ses « Chroniques Achriennes » au début des années 80. De l’autre côté du boulevard St Germain, en face du café « Flore », les gigolos battaient le trottoir du Drug store St Germain ou descendaient la rue de Rennes où venait les cueillir une clientèle plus aisée que celle des tapins de la rue St Anne. A deux rues de là, le cinéma « Le dragon » avait supplanté celui de la rue Vivienne, l’on dinait au « Petit prince », rue lannot, ou l’on allait se faire traiter de ginette, cela faisait partie du spectacle, par les « folles » qui tenaient le restaurant « La vieille trousse », au bas du boulevard St Germain. Le « Palace », racheté par Fabrice Emaer, le propriétaire du « 7 », devenait le palais de l’émergence de la mode et de la culture gay, sous l’impulsion de Karl Lagerfeld, de Roland Barthes, de Frédéric Mitterrand, d’Yves Mourousy, de Thierry le Luron, etc….
Simultanément, parallèlement à la montée du mouvement revendicatif gay et à l’irruption du sida, le théâtre des opérations se déplaçait vers le quartier du châtelet et Beaubourg. Le premier bar sexe associatif « le BH », avec sa backroom que j’ai tant fréquentée, ouvrait en face de la Samaritaine et David Girard allait régner sur la nuit parisienne en ouvrant une discothèque/bar/backroom , « Haute Tension », (maintenant devenu un bar sexe, le « Next », après avoir aussi été un restaurant gay « Les foufounes »). Le bar le « transfert », à quelques rues de la comédie française, seul rescapé de cette époque, accueillait les partis SM, tandis que le restaurant « le diable de lombards » faisait salle comble, à quelques mètres de l’autre discothèque/bar/sexe du quartier, le « Broad » et du bar pour gays vieillissants ou bedonnants le « London » (devenu maintenant « l’eagle »). C’était les années 80, Guy Hockenghem publiait « Race d’Ep », le « Boy », à côté de « L’Olympia », s’essayait, avec le « Scorpion », à côté de la bourse, où l’on voyait William Sheller, à remplacer le Palace comme temples des soirées « disco et funky » de la nuit gay parisienne.
Je m’installais à Paris à la fin des années 80, le temps de voir le Palace et le Boy disparaitre et la vie gay migrer et hésiter un temps entre le quartier de la Bastille et celui du Marais. A la Bastille, c’est rue Keller que se situait la scène gay, avec la discothèque « La Luna », bientôt transformée en bar sexe qui abriterait les mardi soir les soirées "incorporation » et le dimanche après midi les réunions « naturistes », très sélectives à l’entrée, du « clan nature ». Quelques portes plus loin on trouvait le « Keller », bar « hard » aux soirées à thème (fist, pisse, skin, militaire, etc), thème seulement car l’entrée y était très libre à condition de ne pas y arriver bcbg ou cravaté, juste en face d’un restaurant gay dont j’ai oublié le nom, et à quelques mètres du Centre Gay et Lesbien qui venait de se constituer. Tous ces établissements ont maintenant fermés ou ont été transférés pour le dernier.
Les années 90 allaient donc voir le Marais étendre sans arrêt son empire et devenir le « quartier gay », bien des années après l’ouverture du 1é bar, « Le central », rue vieille du temple. Guillaume Dustan publiait « Dans ma chambre ».
Le reflux pourtant s’annonce, rue vieille du temple justement, où ont disparu successivement « Le César », « L’Amnesia », le restaurant les « foufounes » qui avait auparavant migré de la rue St Honoré, et dans les jours qui viennent, l’historique «Central». Est-ce le début de la fin du marais comme le titrent « Illico » et « Tetu », ou simplement une conséquence de la crise économique, de la multiplication des soirées « privées » fatale aux bars « hard » et de la diffusion d’internet comme moyen de drague….? Même si d’autres fermetures d’établissements en difficulté sont annoncées, bien des commerces de la rue des Archives et du Temple semblent encore florissants.
Il n’empêche, la déterritorialisation de la scène gay pourrait bien être en marche, et peut être qu’à l’instar de Greenwich Village à New York, et de Castro à San Francisco, le Marais ne sera-t- il plus dans quelques années que l’ombre de lui-même que nous visiterons en « archéologue ». Je serai à Toronto mi-avril, 10 ans après mon dernier séjour, et je me demande si je retrouverai « Church Street » aussi conviviale que je l’avais découverte. La Gay Pride elle-même, ce gigantesque carnaval gay qu’animaient les commerces et bars gays, est devenu un défilé syndical qui les relèguent honteusement en fin de cortège et en a perdu jusqu’à son appellation. Tristan Garcia a écrit l’histoire de cette génération, « La meilleure part des hommes ».
La forme ultime de la visibilité gay étant son invisibilité, son indifférenciation dans la grisaille d’une société polie, politiquement correcte et bien pensante - qui expulse « la folle » loin des villes et traque l’amateur d’éphèbe, où les tapins sont maintenant des "escorts" qu'on peut louer sur internet sur des sites aussi accessibles que "Gayromeo", où nous pourrons certes nous « marier », si toutefois nous arrivons encore à reconnaître nos futurs « maris » puisque rien ne les distinguera plus - , de ce « big crunch » ne pourra que surgir un nouveau big bang quand certains d’entre nous se diront, fatigués et si seuls derrière leur écran informatique et leur webcam : ça suffit, inventons des lieux gays! Ne désespérons pas, je viens d’apprendre que le jardin des tuileries était à nouveau très fréquenté….

Ce petit panorama, partiel (j’ai omis tant de lieux qu’il aurait fallu citer), parfois imprécis (j’ai pu ici où là faire quelques confusions d’espace et de temps), et partial comme il se doit, renvoie (et complète) à celui que j’avais intitulé « des tasses à internet » (http://limbo.over-blog.org/article-des-pissotieres-a-internet-un-itineraire-gay-43107661.html).
Il ne faut pas y voir une nostalgie. Juste un soupçon de mélancolie, c’est rue Keller, à la « Luna », que j’ai rencontré Bertrand il y a 12 ans, une mélancolie gay.

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14 novembre 2022 1 14 /11 /novembre /2022 19:34

Ma passion pour la lecture m’amène, parfois, à acheter plus de livres que je n’ai le temps d’en lire. Une dizaine d’entre eux, « en attente », trône sur une petite étagère de ma bibliothèque. J’y jette parfois un rapide coup d’oeil, essayant de me convaincre de commencer à combler ce retard, mais happé par la sortie incessante de nouveautés, je ne cesse de procrastiner. Je ne sais pourquoi j’ai soudain retiré de l’étagère le roman qui y était depuis le plus longtemps, 20 ans, « le mystère de la culture » de Marc Pierret. Il me semble me souvenir en avoir brièvement commencé la lecture à sa sortie, influencé par une critique élogieuse, mais freiné par l’ampleur de la culture et de l’effort que ce roman nécessitait pour l’apprécier pleinement, dans une période d’intense activité professionnelle, je l’avais laissé de côté, puis oublié. Quelle erreur! Il s’agit de l’histoire de carnets laissés à sa mort par un certain Quiquandon, carnets qui vont être successivement interprétés et commentés par un florilège de personnages du monde de la culture que l’auteur se fair une plaisir à caricaturer. Histoire d’un palimpseste donc, qui frappe par sa modernité, avec une prémonition du « wokisme » et de ses « suprématistes de la radicalité ». L’étonnante rencontre du héros du roman avec Jean Genêt, qui fait sans doute écho à celle de l’auteur, souligne combien les références à l’homosexualité (dont celle, refoulée, de Quiquandon?) et à la sodomie parcourent le livre.

 

Etrange coïncidence, cette lecture faisait immédiatement suite à celle du dernier roman de Patrice Jean - j’avais consacré un billet à un de ses précédents opus, « L’homme surnuméraire » qui se moquait des délires de la cancel-culture - qui montre les absurdités de la sectarisation de l’idéologie contemporaine. Le héros du « Parti d’Edgar Winter », militant d’un parti d’extrême gauche,  se voyant confier la mission de retrouver un théoricien de cette radicalité dont on a perdu la trace, ne cessera au hasard de ses rencontres, dont une Kmer verte qui fait irrésistiblement penser à Sandrine Rousseau, de se mentir à lui même, même confronté au réel le plus violent lorsqu’il sera victime d’une agression physique : « Je me suis dit que cette bastonnade, d’une certaine façon, contrebalançait les avantages que ma naissance bourgeoise m’a octroyés. Il faut bien, par un genre de justice immanente, payer le prix de ma chance imméritée. ». Il ira jusqu’au bout de la désillusion lorsqu’il rencontrera enfin le théoricien, porteur d’un lourd secret, qui essaiera, en vain, de le convaincre que l’utopie du « Grand soir » est une chimère qui s’effondrera toujours sur le problème du mal…

 

A mon retour de vacances, quelques mois après le début de la 3è guerre mondiale qui, heureusement, en est toujours dans sa phase « drôle de guerre », ces deux romans ne pouvaient tomber mieux pour illustrer l’actualité. Ce fût d’abord le tour des « écogauchos », après un été torride, s’attaquant aux jets, piscines privées et grosses berlines sous prétexte du réchauffement climatique pour tenter de raviver, ce qui constitue en fait leur vrai motivation, la lutte des classes. Puis vinrent  les facéties de la Nupes, autour du thème de la « domination masculine », orchestrées par notre Kmer verte. Le dépôt d’une « main courante », terme on ne peut plus adéquat quand il s’agit d’une gifle, en fût l’épisode le plus emblématique, même si l’on peut supposer que l’affaire dépassait l’exécution d’un simple geste au cours d’une dispute de couple, telle celle où j’avais giflé « Ginette », contée dans un lointain billet ( https://limbo.over-blog.org/article-ginette-46573957.html )….

 

Heureusement cette rentrée a été particulièrement riche en ce qui concerne la représentation de l’homosexualité masculine au cinéma et dans la littérature. Mystère de la culture aussi si le drame lui réussit bien mieux que la comédie. Un roman de Hugo Boris, « Débarquer »,  qui narre le retour d’un vétéran du débarquement en Normandie, venu se recueillir sur la tombe de son compagnon de combat pour lequel il a éprouvé une passion aussi soudaine que furtive, et le grand prix du festival de Cannes, « Close » de Lukas Dhont, chronique de la relation de deux adolescents que la mort de l’un deux va séparer, sont deux oeuvres qui vous remuent , même si dans les deux cas l’homosexualité des héros reste dans le non dit, et provoque la frustration devant un sujet qui n’est jamais abordé de front.

A contrario, la comédie romantique gay « Bros » est cette fort divertissante, très contemporaine dans son déploiement de la panoplie LGBT, bien que n’évitant pas les clichés, mais s’oublie vite… Si « Trois nuits par semaine », de Florent Gouelou, autre comédie romantique, qui conte l’attachement foudroyant de Baptiste, hétérosexuel vivant en couple, pour un jeune drag Queen, Cookie, m’a bien plus touché, c’est incontestablement à « Feu Follet », fantaisie musicale érotico-politique du portugais Joao Rodrigues, histoire d’un jeune héritier royal, qui rêve de devenir pompier volontaire et tombe amoureux de son instructeur, que revient mon coup de coeur. Cet ovni cinématographique qui aborde tous les sujets, racisme, homophobie, réchauffement climatique, etc, nous offre des scènes jubilatoires, comme ce ballet d’hommes nus reproduisant les poses de tableaux célèbres, ou ce diaporama de bites assimilées chacune à une variété d’arbres….

 

 

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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 18:22

En 2017, l’enchainement de circonstances exceptionnelles et improbables qui avaient conduit à l’élection d’Emmanuel Macron, m’avait fait évoquer l’action d’une « main invisible » semblable au « démon de Maxwell » imaginé pour mettre en échec le second principe de la thermodynamique ( https://limbo.over-blog.org/2017/01/emmanuel-macron-et-le-demon-de-maxwell.html ).

Qui aurait pu imaginer que 5 ans plus tard, après un quinquennat agité et controversé, plombé dès le départ par l’affaire Ben Alla et l’inexpérience du jeune président, puis la crise des gilets jaunes, les grèves interminables provoquées par les réformes de la SNCF et des retraites et la gestion chaotique de la première phase de la pandémie, une réélection, la première d’un président sortant hors cohabitation, serait la plus probable? La « main invisible » aurait elle repris du service, inspirant le « quoiqu’il en coûte » , la mise en place judicieuse du « pass sanitaire », lançant Zemmour dans l’aventure et amenant Pécresse à se ridiculiser au Zenith, avant de pousser le boucher de toutes les Russies ( étonnant comme l’antiaméricanisme des médias et de bien des politiques a traité Biden comme un dément lorsqu’il a appelé un chat un chat…) à envahir l’Ukraine…Certes la partie n’est pas encore totalement jouée, dépendant, de moins en moins, du possible « vote révolutionnaire » d’une partie des fidèles de l’admirateur de tous les dictateurs, mais tout de même, « chapeau l’artiste »! Il y 5 ans, pour la première fois depuis que je suis en âge de voter, ce n’est pas le bulletin du candidat PS que j’avais déposé dans l’urne, sans imaginer que ce parti finirait par se suicider en se livrant à Anne Hidalgo. Cette fois encore ce sera sans état d’âme que je voterai pour la prolongation du mandat d’Emmanuel Macron, qui, s’il est élu, va devoir faire face à deux extrémismes, l’un réunissant le vote ethnique des banlieues et bobo des centres villes, l’autre de nature poujadiste, qui ont à peu près le même poids électoral que lui. Ce n’est sans doute pas un hasard si ces deux radicalismes ont à la fois affichés des sympathies pro russes et une hostilité au pass sanitaire…L’avenir de notre démocratie ne me semble pas radieux…

 

L’étonnant Dany Boon Ukrainien, ne cesse de nous avertir, que ce qui hante Poutine, c’est certes la nostalgie de l’empire soviétique mais surtout la crainte d’une contagion démocratique qui importerait les valeurs « décadentes » de l’occident, dont bien sûr la revendication d’une identité gay. Dominique Fernandez, dans le second tome de son roman, « L’homme de trop » qui vient de paraitre ( https://limbo.over-blog.org/2021/05/du-du-gay-de-trop-a-trop-de-gays-dominique-fernandez-vs-arthur-dreyfus.html) nous livre l’étonnant plaidoyer d’un de se personnages, russe, justifiant la politique expansionniste ( il s’agit ici de la Crimée) et homophobe de Poutine, arguant que l’homosexualité ne fait pas partie de la culture russe - contrairement à l’occident aucun grand écrivain ou peintre russe n’aurait été homosexuel - et qu’il y va aussi de la protection de la famille et des enfants (chapitre d’autant plus étonnant qu’il succède à un autre  qui décrit l’enfer « psychologique » que vivent en France les « éphébophiles »,  injustement assimilés à des pédophiles dans l’univers médiatique contemporain). L’actualité cinématographique illustre de façon hilarante cette homophobie avec « Les crevettes pailletées » dont l’action, quoique tournée en Ukraine (la photo d’un jeune acteur ukrainien réfugié en France illustre ce billet), se déroule essentiellement en Russie, même si le film pâtit  d’un « pédagogisme » anti-homophobe un peu appuyé et n’évite pas toujours les clichés ( mais après tout, comme le souligne Dominique Fernandez dans son roman, la chanson d’Aznavour, « Un homo comme ils disent », bien que véhiculant tous les clichés sous tendant l’homophobie, a été considéré comme courageuse pour l’époque…).

 

Emmanuel Todd, dans son esquisse de l’histoire des femmes, fait de l’identité gay un héritage chrétien. « Le passage de l’homophobie au phénomène gay, c’est à dire d’un rejet de la sexualité », jusque là assimilée au mal , « à sa mise au centre de l’identité sociale, est typiquement chrétien ». Autrement dit l’obsession LGBT serait un produit du christianisme. Il est vrai que les mouvements LGBT sont exceptionnels en dehors  du monde chrétien. Le christianisme comme « religion de sortie de la religion » selon l’expression de Marcel Gauchet.

Nous serions des chrétiens zombies. La Russie ferait donc exception, à moins que la théorie de Todd ne s’applique qu’au catholicisme…Il avait déjà utilisé ce terme de « catholique zombie » à propos des participants aux défilés à la suite des attentats de Charlie Hebdo, dont la sociologie devrait à peu près recouper celle des électeurs d’Emmanuel Macron lors de ce  premier tour des élections…

 

Profitons donc de notre héritage chrétien, on ne sait ce que l’avenir nous réserve, et de la présence quasi constante, facilitée par l’idéologie « woke », de personnages gays ou lesbiens dans la paysage audiovisuel qu’ils aient la vedette comme dans

« This is going to Hurt » sur Canal ou dans « Les animaux fantastiques » en salle (à quand un Harry Potter gay? N’est il pas enfermé dans un placard au début de l’histoire, accusé par ses parents de n’être pas « normal ») , ou jouent les seconds rôles comme dans The Gilded Age, Yellowjackets, ou Severance, cette jubilatoire série d’Apple Tv qui nous plonge dans un univers entre Orwell et Kafka qui aurait été mis en scène par David Lynch. Quant à l’homophobie, elle occupe le thème central de deux films récents, « The Great Freedom », qui nous rappelle qu’à la sortie des camps nazis, les homosexuels allemands ont été jetés en prison sous couvert de l’article 175, et le magnifique « Power of the Dog » de Jane Campion où un jeune garçon efféminé, conscient du pouvoir de séduction qu’il exerce sur le propriétaire du ranch, à l’orientation sexuelle mal assumée, qui emploie et persécute sa mère,, va mettre en oeuvre un plan diabolique pour la protéger.

 

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25 juillet 2021 7 25 /07 /juillet /2021 21:08

 

 

Vous en souvient il? Nous étions au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron du plan de déconfinement. Gilbert Deray, un néphrologue de la Salpetrière dont je me suis toujours demandé quelle expertise (même si j’approuve pleinement son récent éditorial dans l’Express en faveur de la vaccination et du passe sanitaire) motivait son exposition sur tous les plateaux de télévision, dénonçait, dans la matinale de LCI, ce plan qu’il qualifiait de décision « politique » ( heureusement!), ignorant les recommandations sanitaires et les modélisations alarmantes de l’Institut Pasteur et prédisait qu’on était pas près de cesser de voir « un Airbus par jour s’écraser » ( les 300 morts quotidiens de fin avril). Il n’était certes pas le seul de nos  "enfermeurs" à demander la pérennisation des mesures de confinement jusqu’à l’obtention de l’immunité collective (inatteignable dans le pays des gilets jaunes!). Ils se sont faits certes plus discrets lorsque l’évolution de l’épidémie, ce printemps, a ridiculisé leur expertise. Ils n’espéraient pas rebondir si vite grâce au variant delta qui leur faire dire que les « rassureurs » ayant dansé tout le printemps, se sont trouvés fort dépourvus quand l’été indien» fut venu…Les hospitalisations ne sont certes pas au rendez-vous, mais leurs modèles mathématiques leur fait garder espoir de pouvoir reprendre cet automne leurs incantations pour un nouvel enfermement et leur show sur les plateaux des chaines d’information continue, à moins que la stratégie courageuse d’Emmanuel Macron avec l’instauration du passe sanitaire et sa formidable incitation à la vaccination ne vienne bousculer, on l’espère, leur sombre prévision.

 

Certes d’autres, comme l’épidémiologiste Martin Blachier ( même s’il a souvent  changé d’avis), ont été plus heureux dans leur évaluation de la situation printanière, ce qui justifie sans doute qu’il ait maintenant «l’oreille» du président de la République, mais son obstination à affirmer que la chute brutale de la pression hospitalière en mai-juin n’était pas due à la vaccination mais aux effets des restrictions et surtout de l’augmentation des températures, laisse perplexe. En effet, je n’ai pas besoin de faire appel à mes lointains souvenirs de Math Sup, pour faire un calcul arithmétique élémentaire : si une dose de vaccin diminue de 50% le risque d’ hospitalisation, deux doses de 90% et si on ajoute qu’environ 20% de la population a déjà eu l’infection, on peut en déduire qu’au moins 50% de la population française se trouvait en juin à l’abri d’une forme grave, ce qui ne pouvait pas ne pas se traduire dans les chiffres…Quant à l’ hypothèse de l’influence bénéfique des températures, elle semble caduque avec l’arrivée de la « 4è vague » en Europe en plein été et la diminution des contaminations en Amérique du Sud, en plein hiver…

 

En attendant nous saurons dans  les mois qui viennent qui est le meilleur prévisionniste : le premier ministre anglais, qui lève toutes les restrictions en pariant sur l’acquisition naturelle de l’immunité collective avec la poursuite des contaminations, sous protection des vaccins pour contenir les formes graves, ou notre président du Conseil Scientifique qui nous promet le port éternel du masque avec au mieux un nouveau variant cet hiver et au pire l’arrivée d’un variant résistant qui nécessiterait de repartir à zéro…. Sans parler de l’attitude systématiquement anxiogène des médias qui n’ont toujours pas constaté que chaque week-end les hospitalisations diminuaient moins ou augmentaient légèrement, sans qu’il s’agisse d’une aggravation mais d’une simple gestion « administrative » des entrées-sorties (non sans arrière pensée « économique ») et qui ce soir, par exemple, soulignent l’augmentation des contaminations alors qu’elle est en baisse…

 

Quoiqu’il en soit merci donc Monsieur le président de n’avoir pas suivi les avis des cassandres et de nous avoir permis de retrouver progressivement une vie presque normale. J’en ai profité dès le mercredi 19 mai avec une trilogie cinéma-bar-restaurant en terrasse en dépit du temps plutôt frais, avec depuis une exploitation maximale de nos plaisirs du monde d’avant.  Quel bonheur de retrouver les salles de cinéma et leur public. Pour respecter le thème de ce blog, en dehors de mon coup de coeur pour l’opéra-rock de Léos Carax, « Annette », je ne mentionnerai que « Garçon chiffon » de Nicolas Maury, un peu surjoué dans sa première partie mais qui finit par émouvoir par sa mélancolie et sa poésie, « Falling » de Viggo Mortensen qui est moins un film sur le coming-out, que sur la fracture entre l’Amérique de Trump et celle de Biden, et bien sûr Titane, véritable choc visuel et sonore que l’on peut apprécier sans partager les positions transhumanistes de la réalisatrice, en oubliant Benedetta que je rangerai dans la catégorie du comique gore ( les apparitions du Christ sont hilarantes). Le moyen de se désintoxiquer un peu des séries, dont je n’ai cependant pas totalement abandonnées pour ne citer que celles qui font place à un personnage gay (Ragnarok (+, Netflix), Blackspace (++, Netflix), Qui a tué Sarah (-, Netflix), White Lotus Hotel (+++, OCS)) ou font même de l’homosexualité leur thème central, comme I love Victor (Disney) ou Young Royals, sorte de The Crown Gay (Netflix).

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 08:37

Dans un billet maintenant fort ancien (http://limbo.over-blog.org/article-adapte-toi-a-notre-homophobie-ou-de-l-heterosexualisation-de-l-homosexualite-109687347.html), j'avais rapporté la segmentation en 3 périodes de l'histoire politique de l'homosexualité proposée par des sociologues espagnols : la période pré gay (qui se termine en France avec l'élection de François Mitterand), la période gay qui court jusqu'à l'adoption du PACS, et la période actuelle, post gay, dont le mariage gay et la prochaine adoption de la PMA sont les marqueurs. 

Deux films, malheureusement peu accessibles au plus grand nombre, car l'un n'est disponible que sur Netflix et l'autre n'a bénéficié que d'une sortie confidentielle dans quelques salles, en sont une illustration parfaite. Le premier, "The boys in the band", est un remake de celui de William Friedkin, mythique de la filmologie gay, reprise d'une pièce de théâtre jouée pour la première fois à NewYork en 1968, et sorti en France sous le titre "Les garçons de la bande". Les personnages du film réunis pour fêter un anniversaire, dont l'action se situent 1968, un peu avant les émeutes de Stonewall et le début de la période "gay" , celle de la libération et du coming-out, reproduisent tous les stéréotypes homosexuels de la période pré-gay, la folle, le tapin, l'intellectuel désabusé et cynique, le dragueur, le mélange des classes sociales. Les reproches, rancoeurs et vacheries que les protagonistes se jettent à la figure sous l'emprise de l'alcool témoignent de leur homophobie inconsciente, de leur "haine de soi" si répandues à l'époque : "Montrez moi un homosexuel heureux, je vous montrerai un cadavre". Ce remake qui apparait bien anachronique à notre époque, n'en est pas moins un divertissement presque nostalgique.

Fin de siècle, bien plus ambitieux, conte, de nos jours à Barcelone,  la rencontre sans lendemain de deux garçons, Ocho et Javi, qui loin de l'homophobie intériorisée des protagonistes du film précédent, assument pleinement une homosexualité libérée de toute culpabilité, couple libre, homoparentalité, rapport moderne au couple...Dans un basculement inattendu, et troublant ( car interprété par les mêmes acteurs), de la construction du film, ils découvrent s'être déjà rencontrés, 20 ans plus tôt, à la veille du basculement de siècle, de façon tout aussi éphémère, non comme aujourd'hui en raison du choix de Javi de ne vivre que des relations d'un soir pour respecter les règles de sa vie de couple, mais parce qu'à cette époque aucun des deux n'étaient arrivés au bout du chemin conduisant à l'acceptation de la nature de leur orientation sexuelle. Dans une émouvante dernière partie Javi, regardant par sa fenêtre Javi repartir vers son couple, fantasme la vie qui aurait pu être la leur, ensemble, dans un des univers multiples où, 20 ans plus tôt, il aurait cessé de se mentir...

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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 18:38

La fin du confinement a permis le retour d’une certaine vie culturelle, certes encore bien limitée, avec la réouverture des salles de cinéma, malheureusement peu fréquentées étant donné la psychose virale ambiante entretenue par les médias, et quelques sorties littéraires. Le hasard est sans doute le seul responsable si les oeuvres qui m’ont le plus touchées, tournent autour des années 80, point culminant  de la libération gay, dont la mienne, mais aussi début des années de cendre. Le film d’Ozon, Eté 85, m’a bouleversé, le souvenir de ces années où je vivais pleinement une homosexualité assumée avec frénésie, leur musique toujours aussi présente, mais avant tout parce que cette dramatique histoire d’amour entre deux adolescents ne pouvait manquer d’évoquer la mémoire d’Hervé et la passion dont il avait été l’objet et à laquelle j’ai consacré plusieurs des premiers billets de ce blog. Certes David, le héros du film, diffère en bien des points d’Hervé, dont la fin tragique n’est survenue que des années après notre rupture, si ce n’est cette impossibilité de supporter que l’autre avoue son amour, aveu alors considéré comme un enfermement déclenchant un processus inexorablement destructeur. En dépit du destin funeste de David, l’image que donne le film de l’homosexualité est bien celle de la libération des corps , du jouir sans entrave et dans l’acceptation de soi,  avant que tant des acteurs de ces années libératoires ne tombent comme des mouches.

 

Le « cancer gay », comme on le dénommait au début de la décennie 80, n’avait sans doute pas encore atteint le Treport où se situe l’action du film. Il est au centre du très beau roman de Rebecca Makkai, « Les Optimistes », qui se déroule à Chicago, en cette même année 85, puis 30 ans plus tard à Paris, au sein d’un groupe d’amis, artistes ou journalistes pour la plupart, dont la vie va se trouver fracassée par l’épidémie du sida, dont l’histoire est ainsi retracée, depuis son émergence en 1981, la découverte du virus en 1983, les premiers tests de dépistage en 85, le premier traitement, si peu efficace, l’AZT, en 87 et enfin l’arrivée salvatrice des trithérapies en 96. Comment ne pas me remémorer ces années tragiques, dont je ne sais comment, multipliant pourtant les contacts sexuels, j’ai pu échapper à une contamination, et ces amis disparus, Claude, Cristian, Jacques et tant d’autres sans doute, amants d’une nuit, dont j’ai perdu la trace. Une question, si présente à l’époque, lancinante, émerge à travers le personnage d’Asher, celle de la pertinence de faire le test de dépistage qui venait d’être mis au point : « Ecoute, on est tous condamnés à mort…on ne sait pas quant ce sera. Un jour, cinquante ans? Tu veux réduire la perspective? Tu veux te donner des sueurs froides? ». J’ai fait partie de ceux qui comme Asher, ont refusé de faire le test tant qu’un traitement efficace ne serait pas disponible. Une positivité aurait été  non seulement un possible arrêt de mort, mais aussi, bien souvent, une exclusion de la vie sociale à la fois due au regard des autres et aux conséquences administratives ( perte d’emploi, impossibilité de s ‘assurer, d’obtenir un crédit). Un de mes amants d’alors, qui manifestement repoussait sans cesse tout nouveau rapport sexuel avec moi, finit par me dire, abattu: « Je suis positif. Tu avais raison, Jean-Jacques, je n’aurais pas du faire le test ». Je ne sais quel fût son destin.

 

Ayant également pour cadre, comme dans le film d’Ozon, une plage au bord de l’océan, celle du Vieux Boucau dans les landes, pas très loin de la célèbre plage de drague gay dite « des casernes » où il m’est arrivé de m’envoyer en l’air, il y a bien longtemps, un autre film, un de ceux qui vous hante longtemps après les avoir vus,  a marqué cette rentrée cinématographique, « Madre », de l’espagnol Rodrigo Sorogoyen, histoire d’amour pseudoincestueuse, qui ne franchit cependant jamais les limites, entre un mère qui pleure son fils disparu et un adolescent dans les traits duquel elle le revoit. Comment ne pas être séduit par le personnage pasolinoviscontien interprété par  Jules Poirier, déjà vu dans le rôle de Marvin jeune dans « Marvin ou la belle éducation »  et par le personnage de Maria, la mère, brillamment porté par Marta Nieto?

 

Il serait dommage de ne pas signaler un autre film, « Le colocataire », certes plus mineur, mais qui traite avec intelligence de la difficulté des amours homosexuelles dans la société argentine, qui plus est en milieu ouvrier. L’histoire d’amour impossible entre les 2 héros, dont les corps nus sont très sensuellement filmés par Marco Berger, a le mérite de ne pas sombrer dans les clichés habituels avec le refus du colocataire, Gabriel, de se soumettre aux concessions exigées par son amant qui refuse de vivre leur liaison en pleine lumière.

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3 décembre 2019 2 03 /12 /décembre /2019 11:24

Quelques anciens élèves du collège où je fis toutes mes études, Sainte Marie Grand Lebrun à Bordeaux, eurent l’excellente idée d’essayer de réunir la promotion de fin d étude, du moins ceux dont on pouvait retrouver les adresses et qui étaient encore de ce monde…Une énième grève SNCF ayant entrainé l’annulation de mon train, j’ai du, ne pouvant me résoudre à manquer cette réunion, prendre un avion au dernier moment et donc en assumer le surcout. Quelle émotion de revoir, plus de 40 ans après, nombre de ceux qui partageaient les bancs de ma terminale C, et dont un, sans qu’il s’en doute, avait suscité en moi un trouble dont il me faudra encore quelques années pour lui reconnaitre pleinement son origine sexuelle…Dans l’euphorie de la soirée j’en fis l’aveu à ce père de 3 enfants qui ne s’en offusqua pas. Plus tristement j’appris le décès de Michel,  qui, un des étés suivant cette année de terminale, avait furtivement posé la main sur mon sexe à la suite d’une séance de « strip poker », déclenchant une éjaculation immédiate dans un torrent émotionnel. Paralysé par cette première expérience, j’avais refusé les propositions qu’il me fit par la suite, perdant tout contact avec lui et retardant ainsi de plusieurs années mon « coming-out » sexuel…Il est mort seul. Eussè-je été moins inhibé,  Michel aurait pu devenir mon premier amant, avant que je ne les collectionne, un peu comme l’héroïne de « Chambre 212 », le film de Christophe Honoré, à laquelle j’aurais tendance à m’identifier.

 

Le contexte sociétal actuel rend  sans doute plus facile pour un jeune de 18 ans de reconnaitre et d’accepter l’orientation homosexuelle de son désir. Mais pas pour tous. Le dernier film de Xavier Dolan, « Matthias et Maxime » d’un abord un peu difficile du fait du parler populaire en canadien français des personnages, en dépit du sous titrage, montre qu’il peut n’en être rien, même à un âge plus avancé. Beau et puissant film où l’on retrouve les obsessions du réalisateur, notamment son rapport à la mère. Contexte sociétal des pays occidentaux, car en Europe de l’Est, le film bouleversant de Levan Afin, « Et puis nous danserons », nous montre que les amours homosexuels doivent encore se vivre dans la clandestinité et la peur. Non seulement l’orientation homosexuelle n’est pas un choix, contrairement à l’affirmation inepte d’Eric Zemmour, mais des interdits culturels ou sociétaux ne laissent  même pas à certains le « choix » de la vivre.

 

Par un étrange paradoxe, les bénéficiaires des actions de la génération 68, celle pour qui il était « interdit d’interdire» et à laquelle nous devons les acquis quant au droit des femmes et des homosexuels, n’ont de cesse, avec la complicité des réseaux sociaux, de censurer et de s’attaquer à la liberté de penser et de création. Une philosophe reconnue et un ancien président de la république sont empêchés de s’exprimer dans l’enceinte d’une université, Alain Finkielkraut se voit menacer d’interdiction d’antenne sur France Culture et un grand cinéaste de déprogrammation de son film. Les ayatollahs de l’écologie et de la cause animale tentent d’empêcher les agriculteurs de produire et les consommateurs de bénéficier des jours de « promotion », tandis que la gauche radicale pervertit l’antiracisme en manifestant aux côtés d’organisations salafistes. Ces radicalités tentent avec l’aide des réseaux sociaux d’interdire ou de disqualifier toute opinion contraire et s’efforcent de substituer le tribunal médiatique aux institutions judiciaires sapant les bases mêmes de notre démocratie.

 

Notre liberté est à nouveau menacée, il ne nous reste plus qu’à entrer en résistance. Je ne sais si Roman Polanski est coupable de ce dont on l’accuse mais on a le droit de s’interroger quant à une accusation qui survient 40 ans après les faits supposés juste au moment de la sortie de son film, alors qu’ils sont prescrits et qu’il sera impossible pour le réalisateur de se défendre. Je suis donc allé voir son film, excellent, applaudi à la fin de la projection…

 

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 15:42

C’est en plein délire médiatique sur l’affaire Benalla que j’ai quitté Paris, fin juillet, pour trois semaines de vacances qui allaient, comme chaque année, me mener à traverser la France pour rejoindre Sitges. Long périple en voiture seul au volant, que je peux espérer être le dernier, Bertrand venant de passer avec succès l’épreuve du code…

Première étape dans le petit village d’ Angles sur L’Anglin, repéré lors d’une émission consacrée aux plus beaux villages de France, l’occasion de dormir dans un petit hôtel de charme et de prendre quelques heures de sommeil d’avance, Grindr ne révélant aucune âme gay dans un périmètre raisonnable. Bordeaux n’était plus qu’à trois heures de route, le temps de déposer nos bagages dans notre pied à terre et de partir aussitôt vers le Porge océan, sa belle plage, son endroit gay et ses dunes accueillantes quoique bien moins fréquentées que dans ma folle jeunesse. Ces quelques jours dans ma ville natale furent aussi l’occasion de découvrir le magnifique village de l’Herbe, sur le bassin, à deux pas du Cap-Ferret. Ou plutôt redécouvrir car j’eus aussitôt une impression de déjà vu, j’étais déjà venu là, pas seul, mais impossible de me rappeler le garçon qui m’y avait amené lorsque j’habitais Bordeaux…La nuit gay bordelaise n’est plus très animée et aussi diversifiée depuis que le BHV, le TH et le Yelow Moon ont disparu. Certes le Trou’duc ou le Coco-Loco sont des bars sympathiques mais plutôt gay friendly avec une forte présence féminine et seul le Buster garde une ambiance sexe. Je suis toujours surpris de ne plus apercevoir dans les bars gays bordelais (si ce n’est parfois au Porge) ceux de ma génération, croisés ou rencontrés dans les années 80/90. Ils ne peuvent avoir tous quitté la ville ou renoncé au marché du sexe, ou changé à un tel point que je ne les reconnaisse plus…A moins qu’ils ne continuent à draguer à l’ancienne, hantant de nuit les espaces publics, comme la dalle de Mériadec, où je fis tant de rencontres lorsque j’habitais, de 1981 à 1988, un des immeubles qui la surplombe et apparemment toujours le siège de ratonnades anti-homos, si l’on en croit un  thriller récemment paru, « Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer », de l’écrivain bordelais Jean-Paul Chaumeil.

Rejoindre Sitges en traversant les Hautes Pyrénées permettait d’éviter le Perthus, ses bouchons et de marquer une étape à Argelès-Gazost, village où se sont rencontrés mes parents – j’y fus peut-être conçu- et qui fut le point départ de multiples randonnées vers les « 3000 » de la région avec mon précédent ami. Au retour d’une éprouvante balade sous un soleil de plomb jusqu’au pied de la grande cascade du cirque de Gavarnie, nous pûmes constater que le « Grand remplacement », l’obsession de Renaud Camus, n’était pas près d’advenir dans ce village très gaulois : des restaurants proposaient des repas « autour du cochon » et la station-service où je me suis arrêté affichait « ici nous sommes en république, on n’entre pas voilé » ... Nuit calme, aussi peu de gays que de « remplaçants » …

La scène gay de Sitges ne présentant pas cette année de changements notables par rapport au billet que je lui avais consacré ces deux dernières années, je ne m’étendrais pas sur les 10 jours toujours intenses que nous y avons passés, sous une chaleur parfois éprouvante.

Le temps s’avérant désespérément beau cette année, nous pouvions tenter, sur le retour, après une nouvelle halte à Bordeaux, de nous aventurer, non en Bretagne (le risque climatique étant trop grand…) mais en Vendée, région qui m’était totalement inconnue. Notre choix s’est porté sur Noirmoutier dont le caractère sauvage, de la nature environnante certes, mais aussi de la population nous a quelque peu surpris, de l’hôtelière qui nous a refusé d’aller aux toilettes tant que les chambres n’étaient pas prêtes, aux restaurateurs qui vous annoncent, lors d’une tentative de réservation, que tout est complet alors que vous trouvez des tables en vous pointant au dernier moment, sans parler des clients qui désertent la piscine de l’hôtel en fin d’après-midi en clamant qu’ils vont à la messe…La Vendée serait-elle un bastion de la Manif pour tous ? Nous trouvâmes cependant une plage semi-naturiste fort agréable.

De retour à Paris je me suis précipité pour voir le film de Camille Vidal-Naquet, « Sauvage », histoire dramatique d’un SDF, prostitué homosexuel et drogué, souvent touchant, parfois bouleversant mais le sordide d’une scène d’une sexualité « extrême », inutile, ou le portrait à la limite de la caricature de certains des « clients » du héros suscitent une certaine réticence. L’interprétation de Félix Maritaud est époustouflante.

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 10:13
L'homosexualité irréductible à la norme

Bien que politiquement très éloigné de la pensée du philosophe communiste Alain Badiou, j’ai trouvé son interview sur LCI le week-end dernier, à l’occasion de la sortie de son dernier livre, particulièrement pertinente quant à la rhétorique du « vieux monde » qui reste le fondement du discours de la gauche du parti socialiste ou du front de gauche, vu comme une nostalgie touchante d’un époque révolue, car le monde utopique ainsi fantasmé ne pourrait advenir que dans une rupture radicale avec l’économie de marché, rupture dont ils ne se réclament pourtant pas, position schizophrénique qui finit par amener Melenchon à tenir le même discours économique que Marine Le Pen…

Une gauche devenue « réaliste, Manuel Valls donc, c’est semble-t-il le cauchemar de ces pathétiques députés socialistes ou de la majorité présidentielle qui se sont abstenus sans se rendre compte qu’ils la vouent ainsi à rester éternellement un locataire éphémère du pouvoir, le temps de quelques réformes sociétales. Cauchemar au point de perdre toute retenue, de l’insulte, une seconde nature chez Melenchon, à la stupidité quand un Daniel SCHNEIDERMANN compare Valls au héros de la série TV « House of cards » ( pour les non-initiés, Kevin Spacey, qui incarne un politicien cynique prêt à tout pour arriver à ses fins, tue de ses propres mains deux des protagonistes qui auraient pu l’arrêter dans sa course vers le pouvoir).

Je me serai dispensé de parler des écologistes si José Bové n’avait égayé ma semaine en mettant sur le même plan la PMA ( sur laquelle je dois avouer n’avoir pas vraiment d’opinion, je laisse la parole aux femmes sur ce sujet) et les OGM ( dont il me semble on devrait pouvoir discuter) en s’opposant à « toute manipulation sur le vivant»….Voilà au moins quelqu’un qui va au bout de sa logique…

En ce retour de vacances - j’avais un certain retard à rattraper - le cinéma m’a donné bien plus de satisfaction que le spectacle de notre classe politique. Le dernier Resnais et "Gerontophilia" ayant déjà disparus de l'affiche (ou n'étant plus projetés qu'à des horaires impossibles...), nous avons vus, le même après midi, deux films qui, à la suite de « L’inconnu du lac », constituent une façon nouvelle de filmer l’homosexualité, ancrée dans le réel quotidien, dans la « nature ».

« Eastern boys », du français Robin Campillo, nous conte la rencontre, sur la base d’un désir tarifé, entre un cadre quadragénaire et un jeune prostitué russe qui s’avèrera être membre d’un bande délinquants d’Europe de l’est. Le film se déroule en quatre tableaux : la drague, le piège, l’attachement affectif, le final en forme de thriller. Une fois entré dans le film – le début du premier tableau, de long plans sans parole sur le ballet des protagonistes gare du nord peut dérouter- difficile de ne pas se laisser emporter et émouvoir. Trois aspects méritent particulièrement l’attention : la rencontre improbable entre deux milieux que tout oppose, le « bourgeois » et la petite frappe de banlieue, immigrée de surcroit, même si l’homosexualité la rend « naturellement moins improbable ; le regard, loin de l’angélisme politiquement correct habituel, qui est porté sur une certaine immigration clandestine et les sans-papiers ; l’évolution des rapports, du désir à l’affection, entre la quadragénaire et le jeune prostitué. Cette évolution de la relation entre les deux protagonistes m’a particulièrement intéressé, car contrairement à ce qu’en a dit la critique, je ne crois pas qu’elle soit seulement due à la prise de conscience par Daniel des problèmes qu’affrontent le jeune Marek au sein de sa bande, mais surtout de la transformation qui se déroule en lui quant à la nature initialement sexuelle de sa relation. De façon inattendue, alors que Marek s'était installé dans une relation tarifiée régulière, Daniel, lui propose une l'hospitalité permanente ("c'est chez toi"), mais au prix de l’arrêt de tout rapport sexuel : son désir s'est transformé en affection « paternelle », refus de l’inceste. A faire méditer à ces nombreux « petits cons » qui dans leur profil, sur les sites de drague, prennent le soin de préciser pour éloigner les hommes « murs » : « au fait j’ai déjà un père»….

J’ai rendu compte de mon enthousiasme pour tous les films du Xavier Dolan, jeune prodige du cinéma canadien, depuis « J’ai tué ma mère », réalisé alors qu’il avait 18 ans. « Tom à la ferme ». filmé en quelques jours seulement, aux incertaines références hitchcockiennes (puisque l’auteur affirme n’avoir pas vu plusieurs des films que les critiques ont évoqués…), raconte la visite d’un jeune publiciste branché, à l’occasion de l’enterrement de son petit ami, dans la famille de ce dernier qui vit dans une ruralité très homophobe. Le frère, brute machiste vivant seul avec sa mère, voulant à tous prix qu'elle continue à ignorer la sexualité de son fils décédé, va tenter d’imposer au héros, incarné par l’auteur, le silence, au besoin par la terreur. Va alors s'instaurer huit clos sadomasochiste oppressant qui va opérer un basculement du thriller au film d'angoisse. L'ambigüité de leur relation - homosexualité refoulée du frère?- va culminer dans la magnifique scène du tango où la parole libérée du frère quant à ses rapports avec sa mère n'est pas sans renvoyer au premier film du réalisateur. Il est à noter que dans Eastern Boys aussi on assiste à une étonnante scène de danse de Daniel avec son "bourreau", le chef de la bande de malfrats, ce qui a fait évoquer dans les deux cas le syndrome de Stockholm.

Deux films, qui avec Gerontophilia sans doute, viennent nous rappeler que l'homosexualité est irréductible à la "norme".

Quelques mots enfin du film d’une représentante du cinéma indépendant américain, Kelly Reichardt, « Night Moves », qui conte la dérive meurtrière de Josh, interprété de façon magistrale par Jesse Eisenberg, membre d’un trio d’écologistes radicaux qui sombrent dans le terrorisme. Au-delà de la beauté du décor, la nature sauvage, et de la magie de la mise en scène, c’est le regard, sans parti pris, porté sur le cheminement tragique de cet « ange révolutionnaire», personnage introverti et mal dans sa peau, que semble être Josh, qui fascine. Ce film très noir, qui suggère l’inéluctabilité du mal, semble conclure à l’impossibilité de changer le monde et les rapports humains.

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