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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 22:11

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Je n’ai pu voir ce premier débat des primaires, mes obligations professionnelles m’en ont empêché, mais je doute qu’il ait pu modifier mon inclinaison, qui ne date pas d’aujourd’hui, pour François Hollande. Je ne sais encore si je participerai au vote, puis je vraiment signer un document où j’affirmerais mon adhésion aux valeurs de ce parti ? On  a d’ailleurs du mal à croire qu’elles soient exactement les mêmes pour les  six candidats, mais après tout comme l’élu, quel qui soit, s’il remporte la présidentielle se verra forcé (par la «realpolitik») de les trahir, plus ou moins vite, on ne prend pas  grand risque à le signer en fermant les yeux?

Je n’ai pas non plus beaucoup vu Budapest, tout juste  le temps d’apercevoir, des fenêtres du taxi qui m’amenait de l’aéroport à mon Hôtel, quelques vestiges de l’empire Austro-hongrois sur les façades d’immeubles bordant les rues de Pest, et  au loin sur les bords d’un danube qui n’avait rien de bleu le château et les monuments de Buda que j’avais eu l’occasion de découvrir, trente ans plus tôt, avant la chute du mur. La vie nocturne de Budapest est sans doute aujourd’hui beaucoup plus animée que du temps où Brejnev régnait sur Moscou, je n’ai pas eu le temps d’aller l’explorer, mais si on en juge par la fréquentation par la jeunesse locale des sites internet, gayromeo semble très populaire ici aussi, les rencontres doivent pouvoir s’enchainer...Ce n’était point le cas à St Laurent de Cabrerisse, petit village des corbières perdu entre Carcassonne et Perpigan, où je participais dès mon retour à un séminaire de travail, le GPS du logiciel de rencontre « GRINDR » de mon ipad ne localisant pas âme qui drague à moins de 20 kms....

Du temps donc pour me lancer dans la lecture d’un roman improbable, celui d’un petit génie de 19 ans, Marien Defalvard. « Du temps qu’on existait » nous conte la dérive mélancolique et la détestation de son temps d’un homme qui se penche sur son passé, mélancolie que rien, depuis le paradis perdu de son enfance familiale,  ne vient adoucir, y compris ses éphémères rencontres masculines. On ne peut pas ne pas évoquer Proust. Le style, une fois qu’on s’est laissé emporter par lui, la lecture n’en est pas limpide, est étincelant, envoutant. Seule réserve, derrière le sentiment d’assister à l’avènement d’un grand écrivain, celle justement de s’être laissé envouté, de s’être « fait avoir », et que l’auteur ne se révèle un jour être à la littérature ce que BHL est à la philosophie.

Pas d’envoutement, plutôt une certaine perplexité, après avoir vu le film de Nanni Moretti, « Habemus Papam ». Certes on passe un assez bon moment, c’est parfois drôle, et Piccoli égal à lui même, mais on voit mal quel est le propos de l’auteur qui balance entre la caricature du collège des cardinaux, de la psychanalyse, voire du sport d’équipes. Si c’est l’Eglise qui est visée, la satire est plutôt douce, elle aurait facilement pu être plus cruelle. Etrange cette absence presque totale du film de la « religion», comme si aucun des cardinaux n’avait été touché par la « grâce », comme si aucun n’était habité par la « foi ». Etrange aussi cette affirmation d’une réticence de l’Eglise aux théories freudiennes, le cinéaste ne sait il pas qu’elles influencent au contraire fortement ses positions , notamment sur l’homosexualité ou sur la « théorie du genre » !


« Ceux que j’aimais de façon immanquable, suivaient tous le même rituel à travers mes perplexités intérieures, mais il fallait, pour qu’à chaque fois le processus puisse se renouveler sans que je l’anticipe, que la personne sur laquelle j’avais fixé mon sentiment, me paraisse toujours nouvelle, qu’elle semble écraser de son simple nom couché une pléiade d’antécédents bavards et divers, qu’elle les enterre, tous »
(Marien Defalvard, Grasset, 2011.

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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 16:50

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« Je peux vivre sans toi, oui, mais ce qui me tue mon amour, c'est que je ne peux vivre sans t'aimer », ces paroles du refrain d’un des chansons écrites par Alex Beaupain pour le très beau film de Christophe Honoré, « Les Biens aimés », constituent le film conducteur des chroniques amoureuses d’une mère (interprétée par Ludivine Sagnier puis Catherine Deneuve) et de sa fille (Chiara Mastroianni), chroniques dont les soubresauts et les souffrances qu’ils traduisent éclipsent pour les protagonistes les grondements de l’Histoire, chars de Prague aux attentats du 11 septembre. Ce réalisateur qui m’avait déjà enchanté avec sa précédente comédie musicale, « Les chansons d’amour », toujours avec Alex Beaupin comme parolier, est un habitué de Cannes depuis s son premier film « 17 fois Cécile Cassard ». Film sur le sentiment amoureux sur ce qui le fait naître, disparaître, ou l’exacerbe- le temps qui passe, l’égoïsme, l’infidélité (« Est-ce qu’on pourrait arrêter de se tromper les uns les autres ? » dit un des personnages, laissé pou compte de l’amour), l’absence de désir physique - tout ce qui en constitue l’essentiel est dit en chansons. Dans un des plus belles scènes, l’amant de Henderson, batteur d’un groupe rock interprété magistralement par Paul Schneider, tente de surmonter l’impossibilité d’un rapport physique entre ce dernier et Vera qui l’aime à en mourir, en prenant l’initiative d’un plan à trois....

Cette rentrée est riche de films qui ont marqué l’excellente sélection du festival de Cannes, notamment le splendide film de Lars von Trier, « Melancholia », dont les dimensions cosmiques et la virtuosité de la réalisation font écho à celui de Terence Malik, « Tree of life ». Les deux films révèlent pourtant deux visions aussi opposées que possible, religieuse d’une rédemption par la grâce pour ce dernier, alors que celle de Lars Von Trier est d’un pessimisme radical, solitude infinie de l’Homme dans l’Univers qui n’a d’autre issue que de disparaitre avec l’humanité entière.


On pourrait rêver d’une rentrée littéraire sans un livre d’Amélie Nothomb en tête des ventes, ce ne sera pas cette année, il faudra en plus supporter ses chroniques dans « Le monde des livres » ce qui ne rassure pas sur l’évolution éditoriale de ce supplément, mais on se consolera en découvrant le nombre d’ouvrages qu’on aimerait se procurer et avoir le temps de lire, le nouveau roman de Jonathan Franzen, le premier d’Albert Jenni, « L’art français de la guerre », dont on parle beaucoup, et surtout la saga d’Haruki Murakami, 1Q84, titre clin d’oeil à « 1984 » , dont les deux premiers tomes viennent de paraître.

Rentrée professionnelle aussi, avec la reprise de mes déplacements, Budapest lundi et mardi pour une réunion internationale, puis en pays cathare pour une réunion interne à mon entreprise.

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 21:06
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Enfant et adolescent, j'étais bien sûr heureux de partir en vacances, mais assez rapidement avec une vive accélération à l'approche du 15 août (il est vrai qu' en ces temps là elles s'étendaient de Juillet à fin septembre), je commençais à m'ennuyer, à ne plus penser qu'aux nouveaux livres de classe, à mes nouveaux professeurs, etc. Cela exaspérait  mon frère et mes parents.

J'ai peu changé. Je ne vois pas d'un mauvais oeil la perspective de 2 ou 3 semaines de vacances, besoin de dormir plus, de combler mon retard de lecture, de soleil, et le plaisir de retrouver début août Sitgès, sa plage, ses bars, ses restaurants, sa phone gay, ses nuits qui se terminent au petit matin, les amis que l'on retrouve, les étapes touristiques à l'aller ou au retour. Tout cela se mêlera à mon impatience que "la vie reprenne", que cesse ce désert culturel des  mois d'été, assez spécifique à la France : aucune sortie littéraire avant la fin août, une production cinématographique globalement affligeante (ils appellent ça "la fête du cinéma!), une télévision où les rares émissions dignes d'intérêt disparaissent, une actualité au ralentie (il est vrai que cet été nous sommes plutôt gâtés avec la crise des dettes souveraines, le feuilleton DSK, les vacances de Mr Hulot et les déclarations de sa rivale, la passionaria viking, qui veut déplacer le défilé militaire le 11 novembre ou le 8 mai, une façon sans doute de célébrer la division de l'europe...).

Combler mon retard de lecture, l' été n'y suffira pas, seule la retraite en viendra peut être un jour à bout. Ces dernières semaines, au gré de mes déplacements, j'ai limité mes efforts à la lecture de quelques thrillers, notamment celui de Shane Stevens, "Au delà du mal", qui avait remporté un franc succès public et critique il y a près de deux ans, qualifié de "polar exceptionnel". C'est ce que l'on espère en abordant ce pavé de 900 pages, mais on est vite déçu par la simplicité de l'intrigue policière proprement dite, le seul suspense étant son dénouement, la façon dont le psychopathe, "tueur en série", connu dès les premières pages, va se faire prendre et par l'inconsistance des personnages. On est cependant emporté par le souffle qui anime l'écriture de cette fresque, on ne s'ennuie pas,  dont l'intérêt réside surtout  dans la peinture au vitriol qui est faite de la société américaine, de son milieu politique et journalistique, de sa police, de son peuple. Sans doute faut il aussi savoir que ce livre a été écrit il y a plus de 30 ans par un auteur anonyme et qu'il a été considéré comme un véritable renouveau du roman  de "serial killer". Avant de d'avoir lu, étant donné l'enthousiasme qui avait entouré sa sortie, je m'étais procuré le deuxième roman de Shane Stevens publié en France, "L'heure des loups", dont je me suis demandé s'il s'agissait bien d'une oeuvre du même auteur... Autant l'écriture du précédent roman était fluide, les personnages inexistants, l'intrigue linéaire, autant le style du suivant m'a paru difficile, on songe parfois à en abandonner la lecture, avec des personnages bien réels et une intrigue d'une grande complexité. Ce second ouvrage, qui relève  plutôt du roman d'espionnage, est aussi un document sur l'utilisation d'anciens criminels nazis par les services secrets occidentaux et un guide amoureux de Paris.

Si je devais vous recommander un "triller", ce serait le premier roman S. J. Watson "Avant d'aller dormir". Thriller psychologique qui conte l'histoire effrayante d'une femme qui souffre d'amnésie à la suite d'un traumatisme, elle se réveille en ayant tout oublié de ce qu'elle a fait la veille au point de devoir tenir un journal de ses activités quotidiennes, journal  dont son thérapeute lui rappelle l'existence chaque matin. C'est à la découverte progressive de  ce qu'a réellement été son passé que cette femme va être confrontée dans un suspense hitchcockien digne de "Psychose".

A signaler aussi dans ce désert estival le très beau film iranien "Une séparation" qui au delà du  regard qu'il porte sur les divisions de la société iranienne et de la survalorisation du rôle de l'homme, a une portée bien plus universelle. L'affrontement des deux héros, prisonniers chacun de leur système de pensée, l'un, représentant la société iranienne aisée, défendant le primat de la raison sur le dogme, l'autre, issu des milieux populaires, s'appuyant sur la tradition fondée sur la religion et l'exigence de vertu, ne peut que conduire au drame, reflet de la fracture du corps social.

 

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 12:16

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A la sortie de la projection du film de Terence Malik, c'est le nom du Père jésuite Theillard de Chardin qui m'est venu aussitôt à l'esprit. L'alpha et l'omega, la fin et le commencement sont le même. " The tree of life" peut se voir comme une version "religieuse" de "2001 Odyssée de l'espace". Film immense d'un réalisateur de génie, qui insère l'histoire intimiste d'une famille américaine, théatre de l'opposition entre la "nature", autrement dit le mal, et la grâce, dans celle de la création et de la fin du monde. Je me réjouis de cette palme d'or que je pensais improbable pour un film qui pourrait obtenir, s'il existe encore, le prix de l'office catholique du cinéma....
A côté les autres films ne peuvent qu'être éclipsés, même si le dernier Woody Allen ne manque pas de charme.

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 21:53

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Un dimanche de la mi-avril, le plus souvent celui du marathon de Paris, depuis plus de 10 ans, je m'envole pour une des grandes villes américaines dotées d’un centre des congrès suffisamment grand pour pouvoir accueillir les milliers de participants de l’American Association of Neurology (AAN), venus du monde entier.  Après Boston, Philadelphie, Seattle, San Diego, Toronto, Denver, Chicago, San Francisco, Miami, c'est au tour, comme en 2003, d' Honolulu. En pleine guerre du golf, nombreux sont ceux qui avaient alors renoncé à faire ce voyage jugeant la situation internationale trop risquée, nous avions reçu un accueil plutôt froid, sinon hostile, conséquence de la position française défendue par Villepin à l'ONU. Cette année il devrait être plus chaleureux, puisque Juppé, toujours à l'ONU, a entrainé avec nous les américains dans l'aventure libyenne. La situation "nucléaire" au Japon a cependant amené certains neurologues à renoncer à faire le voyage. Il est vrai que depuis quelque temps les retours de l' "AAN" sont quelque peu anxiogènes : déclaration de la pandémie de grippe H1N1 il y a 2 ans, nous étions à Seattle, avec une menace de mise en quarantaine au retour en France, impossibilité pendant quelques jours de rentrer de Torento en France, l'année dernière, le volcan islandais... Le souvenir peut être aussi qu'Hawaï a déjà été le théâtre d'un mauvais coup venant du Japon...

Honolulu , un très long voyage,  douze heures jusqu'à San Francisco, cinq heures d'escale, puis à nouveau cinq heures de vol...L'occasion de terminer la lecture du "Journal impoli" de Christian Millau. Célèbre critique gastronomique, on sait qu'il  "inventa"  avec son compère Henri Gault et Michel Guérard, la "nouvelle cuisine" et qu'il fonda un célèbre guide qui porte encore son nom mais qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été depuis qu'il a été plusieurs fois racheté. C'est en suivant "Gault et Millau" que je me suis "forgé le goût" dans mes "folles" années où le sexe et la gastronomie me conduisaient à parcourir la France et que j'ai pu découvrir les cuisines de Chapel, de Loiseau, de Blanc, de Michel Bras, de Guérard, de Marc Meneau et de temps d'autres. Me serais je jamais arrêté dans un petit village de montagne de la Haute Loire, Saint Bonnet le Froid, pour m'y régaler pour moins de "100 francs" dans le petit bistrot de Regis Macon, aujourd'hui un trois étoiles Michelin, si je n'avais suivi les conseils de Christian Millau? L'on sait moins que Christian Millau fût aussi grand reporter, journaliste au Monde, qu'il a côtoyé le "tout Paris " littéraire des années 50, il l'a conté dans  son livre "Le galop des Hussards", et qu'il a une immense culture. Il s'agit moins d'un journal qu'une chronique pleine d'anecdotes de ses rencontres, innombrables, Nimier, Blondin, Céline, Mauriac , Welles, Desproges , tant d'autres et des évènements qu'il a traversé. Chronique au combien impertinente, pleine d'humour, "vue de droite" certes mais d'une droite non conformiste. Ses détestations et ses admirations sont souvent les miennes, même s'il peut, ici où là, m'irriter.

Quelques extraits savoureux sur le monde homosexuel qu'il a beaucoup côtoyé.
"Au début des années 60, le Scaramouche avait investi la cave. C'était l'époque où la nuit, drôle et étonnante, devait tout aux homosexuels, qui ne nous bassinaient pas encore avec leur Gay Pride. Dieu leur avait donné le génie du simulacre, de la parodie et de la démesure, mais ils nous en faisaient profiter en famille,  nous qui n'étions pas de leur bord et les chérissions"
"En Angleterre, on les appelle "fag hags" (littéralement : "tricoteuses de tantes"). Ce sont des dames du meilleur monde, qui tapissent leur salon d'homosexuels. Ils ont l'avantage de n'amener avec eux que des hommes. Donc, aucun risque de concurrence. Il convient de remarquer que tous ne repartent pas avec l'argenterie. Je pense à François-Marie Banier qui, lui, au contraire, n'est pas parti. Il a eu raison puisqu'en restant, il a tout trouvé sur place. Liliane Bettencourt, quatre vingt neuf ans, est en effet une bonne dame qui comprend les jeunes gens, même prolongés."
"Enfin, de la bouche de Jean Cocteau, ce mot "énorme". Un soir à l'opéra, mme François Mauriac, voyant sa loge occupée, s'écrie : "Mais, monsieur, c'est ma loge! Je suis la femme de François Mauriac." Le "monsieur", qui avait le dos tourné et qu'elle n'avait donc pu reconnaître, était Cocteau, entouré d'amis. Il lui répondit : "Ca madame, nous l'avons été avant vous." Peut être bien que François Mauriac fut le seul, à Paris, à ne pas savoir qu'il "en était"
(Christian Millau, Journal impoli, 2011)

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 21:36

 

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La disparition d’Elisabeth Taylor, star légendaire du cinéma américain bien plus que grand actrice, icône gay qui aimait tant les « pd » qu’elle en nouait avec eux des amitiés amoureuses, James Dean, Montgomery Clift, Mickael Jakson, Rock Hudson dont le décès fût à l’origine de son engagement dans la lutte contre le Sida, m’a laissé plutôt indifférent. J’ai toujours été épargné par cette étrange fascination qu’exercent sur  tant d’homosexuels les divas du monde du cinéma ou des variétés.

La mort d’un grand acteur qui ne faisait pas mystère de son homosexualité, Farley Granger, est passée elle presque inaperçue. Il fût le jeune officier autrichien du « Senso » de Visconti, ainsi que le partenaire de John Dall, lui aussi homosexuel, dans le film d’Hitchcock « la corde » que j’ai eu récemment l’occasion de revoir à la télévision. En dépit de la virtuosité de sa mise en scène, le film m’a semblé avoir terriblement vieilli. Le regard que porte le cinéaste sur l’homosexualité, sur son « a-moralisme », ne manque pas de déranger, sorte de version « noire » de la «cage aux folles».

Il y a un peu plus de 10 ans, une autre disparition, celle d’un des plus grands, du plus grand peut être, metteur en scène du 7è art, Stanley Kubrick, m’avait profondément ébranlé. La cinémathèque française lui consacre actuellement une rétrospective. Je me souviens encore de ce jour où, adolescent, j’ai franchi les portes du « théâtre Français », un des plus grandes salles de cinéma de Bordeaux, plus de 1000 places, l’ère des multisalles était encore loin, pour aller y découvrir « 2001, l’Odyssée de l’espace ». Cloué sur mon fauteuil dès les premières notes d’ « Ainsi parlait Zarathoustra », je suis sorti de la projection en état de sidération, n’ayant qu’une idée en tête, revoir ce film. Je n’allais pas cessé de le revoir. Le film est beaucoup moins hermétique qu’on ne l’a dit, même si contrairement au livre qu’en a tiré son coscénariste, l’auteur de SF, Arthur C Clarke, il laisse la place à l’interprétation du spectateur. L’argument en est pourtant limpide, une intelligence supérieure, symbolisée par le monolithe noir, provoque, à l’aube de l’humanité, l’évolution du stade primate au stade humain, puis des millénaires plus tard, une fois que l’homme a atteint le niveau technologique lui permettant de conquérir l’espace et a réussi à s’affranchir de la domination par la machine (la mort du super ordinateur Karl), celle vers un stade supérieur de la conscience : plongé dans l’éternité, passant de l’âge mur, à la sénescence et la mort, il renait sous la forme de « l’enfant des étoiles », maître de l’univers.
Le génie de Kubrick s’est souvent heurté à Hollywood et ses stars. Evincé du tournage de la « Vengeance aux deux visages » par Marlon Brando, en conflit fréquent avec Kirk Douglas sur celui de « Spartacus », il se verra contraint par les producteurs de couper 20 mn de 2001. Ces 20 mn de film viennent d’être retrouvées, sans le son, mais les héritiers s’opposeraient à leur utilisation....
Kubrick, l'enfant des étoiles

Les deux films que j’ai vus ce week-end ne sont certes pas des chefs d’oeuvre mais méritent tout l’intérêt qu’une certaine critique leur a porté. « Easy Money » est un thriller nordique au scénario original qui n’est pas sans faire penser à celui de « Jewish connection » - dans sa recherche « d’argent facile » un jeune étudiant se trouve embarqué dans le milieu de la drogue - mais ici pas de rédemption, un film très noir. Les ravages du capitalisme financier qui conduisent à des licenciements massifs pour préserver les cours de bourse rapprochent « Company men », ici licenciement de cadres supérieurs et « « Ma part du gâteau », là de simples employés. La force de l’interprétation et de la mise en scène du premier laissent loin derrière le second au final invraisemblable.

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 08:38

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Nous partirons demain, Bertrand et moi, pour 15 jours de vacances au Vietnam. Arrivée mardi matin à Hanoï sur un vol de Vietnam Airlines, avant de descendre progressivement vers le sud pour terminer notre périple à Saïgon avant de rentre sur paris le 21 au petit matin,avec Air France cette fois là. Internet semble fonctionner sans contrainte dans ce pays "communiste", si j'en juge par le nombre de contacts quotidiens sur le site "gayromeo" où j'ai signalé mon voyage, bien supérieur à la moyenne parisienne! Lorsque je précise que je viens avec mon "boyfriend", cela ne semble nullement les décourager. On peut bien sûr supposer qu'il y a ici où là quelques "arrières pensées" qui ne sont pas que sexuelles.
Le vent de révolte qui souffle sur le moyen orient ne semblant pas, pour l'instant, atteindre l'Asie, nous devrions être tranquille de ce côté là...

Juste le temps avant de partir d'aller voir le dernier film des frères Coen qui jettent un nouveau regard sur le western et se laissent pour une fois aller à susciter l'émotion, le tout superbement filmé, et surtout "Avant l'aube", un très habile film noir, dont on regrette parfois qu'il aille trop loin dans la "retenue", même chez Bacri qui n'a peut être jamais été aussi bon, mais c'est peut être là ce qui en fait la réussite, totale. L'interprétation est remarquable, le jeune Vincent Rottiers notamment, Sylvie Testut en miss "colombo" une fois qu'on a oublié qu'elle a été Sagan, mais jusqu'au plus petit second rôle, sans parler de l'atmosphère, du "climat" du film avec ses références à "Shining" (l'hôtel dans une vallée pyrénéenne, la scène du bar où le patron de l'hôtel invite son jeune stagiaire).

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 23:01

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Un évènement comparable à celui de la chute du mur de Berlin! Barak Obama et Jacques Attali, ce dernier parlant de chute du mur de la "méditerranée", ont peut être des dons de voyance, mais cette comparaison ne me semble pas tout à fait pertinente. Le jour de la chute du mur de Berlin, le soulagement était mondial  ou presque, il ne faisait pas de doute que c'est un monde qui s'écroulait, celui de la guerre froide et on parla même de "fin de l'histoire". Il ne faisait pas de doute non plus que le monde de l'est, de culture chrétienne, allait adopter nos valeurs et la démocratie. Une partie de l'orient est en train de s'ébranler et de se libérer de ses tyrans mais y voir une marche vers la démocratie et les valeurs de l'occident pourrait se révéler une chimère. L'avenir est indécidable. Ces tyrans laïques nous les avons pourtant soutenus et aidés à se maintenir, car comme nous ne concevions pas ces peuples autrement qu'opprimés et esclaves, nous les préférions à des tyrannies religieuses qui auraient menacé gravement  nos intérêts économiques. Erreur tragique qu'ils n'oublieront pas. Pour deviner quel est le prochain domino qui va tomber il ne sera peut être pas suffisant d'explorer les voyages récents en "dictature" de nos ministres, il parait qu'Hortofeux est allé au Maroc, mais on serait sans doute soulagé si la contagion atteignait l'Iran ou la Libye. Espoir et angoisse, cette dernière on peut la supposer très présente en terre d'Israël.

Des "pays à l'aube", pour reprendre le titre du dernier roman de Dennis Lehane qui trainait depuis des mois sur les rayons de ma bibliothèque, traduisant une certaine réticence à entreprendre la lecture d'un pavé de plus de 700 pages dont je subodorais que l'appellation "thriller" était contrefaite. J'avais tort, on ne les lâche pas ces pages qui content l'entrée de l'Amérique dans le 20è siècle, au sortir de la première guerre mondiale, une Amérique endettée, à l'économie chancelante qui fait face à une immigration massive, au retour de ses soldats qui expulsent les noirs des emplois qu'ils occupaient en leur absence, où la pauvreté s'étend propice à la pénétration des idées subversives venues d'Europe, une Amérique de la violence enfin, celles des grèves durement réprimées et des persécutions contre les noirs. Une Amérique où on n'imaginerait jamais qu'un de ces noirs puisse devenir un jour président des Etats Unis. L'action se déroule à Boston, ville de l'auteur au centre de bien de ses romans, où vont se rencontre les 3 héros, Luther le jeune ouvrier noir, Danny, le flic chargé d'infiltrer les milieux anarchistes et communistes et qui, en révolte contre sa famille, va se trouver à la tête du mouvement de grève de la police qui va révolutionner la ville, et Babe, le champion de base-ball. Une fresque historique monumentale dont on peut regretter qu'elle ait été publiée dans la collection "Rivages/Thriller", avec le double risque de décevoir les lecteurs habituels de cette collection, et de l'auteur, et surtout de ne pas toucher son public comme elle aurait pu le faire si le roman était paru dans une collection de littérature générale. Quant à Dennis Lehane on ne peut qu'être admiratif devant la diversité de son talent, capable d'écrire des romans policiers à héros récurrents, comme la série des détectives Kenzie-Gennaro qui n'est pas sans rappeler celle de Philippe Kerr, l'homophobie en moins, un pur roman "noir" comme Mystic River ou un thriller psychologique à la limite du fantastique comme "Shutter Island".

Clean Eastwood avait adapté avec brio Mystic River. J'ai été nettement moins séduit par "Au delà". Il est vrai que le sujet ne me passionnait guère, je suis plus obsédé par le problème de "l'avant", celui des origines, que par celui de "l'après", il se pourrait d'ailleurs qu'il s'agisse du même...Il y a certes de grands moments de cinéma ici où là, mais les parties du récit mettent du temps à s'articuler et celle qui se déroule en France sonne faux. Très ému par contre à la projection du "Discours d'un Roi", mais cela tient surtout à l'incroyable performance des acteurs, avec une mention particulière pour le rôle de l'orthophoniste. Quant à "Tron", dont le premier opus m'avait séduit, ennui mortel. Mon coup de cœur ira cependant à un  téléfilm, l'incroyable adaptation d' "A la recherche du temps perdu" qu'a réussie Nina Companez, en seulement 4 heures de projection, avec un narrateur que je n'aurais certes pas imaginé sous les traits de ce jeune homme efféminé et un peu niais mais qui finit par emporter la conviction et un Monsieur de Charlus d'anthologie.

 

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 11:09

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"Another year", sans doute le film qu'il fallait voir en ce premier jour de janvier. Un film où les saisons passent dans la vie d'un couple de sexagénaires dont la sérénité contraste avec ceux qui gravitent autour d'eux, le fils à la recherche craintive de l'âme sœur, la collègue vieille fille célibataire en manque de sexe, l'ami obèse et alcoolique, le frère en deuil de sa femme et malmené par un fils psychopathe. Ces solitudes  viennent chercher un réconfort impossible auprès de ce couple dont la chute du film nous suggère que derrière son empathie, son apparente convivialité, il n'y a qu'indifférence, comme si le malheur des autres nourrissait leur propre bien être. Un grand film.

 

Les saisons passent en effet. Chaque nouvelle année je participe à une grand réunion de rentrée de mon entreprise, à Sorrente, près de Naples cette fois-ci. La demi-journée de libre nous a permis d'aller visiter Pompéi, vingt minutes en train. Je n'imaginais pas que ce site historique, que l'absence de politique culturelle de Berlusconi est en train d'abimer, fût si vaste et si fascinant. Réjouissant aussi de voir un sexe masculin sculpté à même le sol de la rue principale pour indiquer la direction du lupanar. On chercherait en vain de tels repères dans le marais!

 

Fascinantes aussi les prévisions des analystes financiers et de certains économistes qui vous conseillent de revenir vers la bourse et les actions, malmenées depuis mai 2007. 2011 devrait être l'année de l'embellie...Il est à craindre que ces analystes, qui gagnent leur vie avec vos placements et dont les conseils ne sont donc jamais neutres,  prennent leur désir pour la réalité. Il en est d'autres, minoritaires il est vrai, mais qui se sont rarement trompés, qui pensent au contraire que 2011 pourrait bien être l'année de la  faillite des états, du crack obligataire et de l'effondrement des marchés!

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 20:42

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"Limbo" , comme la plupart  des pseudos que j'utilise sur internet, "hyperion", "leto", fait référence à un des livres "monument" de la Science-fiction, un roman de Bernard Wolfe, anti-anti-utopie publiée dans les années 50, qui décrit un monde postérieur à la troisième guerre mondiale et où un neurochirurgien démiurge, spécialiste de la lobotomie frontale, débarque dans un territoire où règne le pacifisme intégral. Roman prophétique, roman noir, à l'humour noir, profondément pessimiste quant à l'avenir de l'humanité, dont la  lecture devrait être imposée comme tentative thérapeutique à tout "militant".

Limbo se trouve être aussi le titre de la bande dessinée qui constitue une des trois intrigues parallèles d'un autre très grand roman, "Dans les limbes" de  Jack O'Connell, paru il y a quelques mois. Thriller gothique, en fait totalement inclassable, qui se passe dans la ville imaginaire au centre de tous ses romans, Quinsigamond, labyrinthe post-industriel . Le théâtre principal est ici une clinique, là encore dirigée par des neurologues démiurges, et dans lequel le héros, pharmacien, vient y amener son fils plongé dans le coma en espérant que ces médecins surdoués le réveillent, fils dont la lecture préférée était  "limbo", BD peuplée de monstres de foire, et dont les personnages semblent s'être échappés. A cela s'ajoute une bande de motocyclistes, réfugiés dans une usine de prothèses, qu'on croirait sortis de "MAD Max" . Les trois intrigues vont s'interpénétrer et se nourrir l'une l'autre pour donner un grand roman, à l'écriture enivrante, roman sur l'écriture justement, sur le langage, sur la construction d'un récit comme ses précédents ouvrages. Si on a évoqué le Stanley Kubrick de Docteur Folamour pour Bernard Wolfe, c'est ici Tod Browning, David Lynch et Borges qui sont convoqués.

 

Les romans de R.J.Ellory, sont de facture plus classique. J'avais dit, dans un précédent billet, tout le bien que je pensais de sa dernière production "Les anonymes".  J'ai terminé il y a peu "Vendetta", gigantesque fresque qui retrace l'histoire de la mafia aux Etats-Unis ces cinquante dernières années, y compris dans ses dimensions politiques (les assassinats des Kennedy en particulier), tout en restant un thriller palpitant, à l'écriture toujours aussi remarquable, avec un coup de théâtre final époustouflant. Un de ces livres que vous ne voudriez jamais voir se terminer.

 

J'aurais bien du mal à vous faire part de mon enthousiasme pour les derniers films que j'ai pu voir. Le dernier "Harry Potter", assez sombre, est plutôt supérieur à l'ensemble de la production, même si j'oublie une partie de l'intrigue d'un épisode à l'autre...Une petite mention pour une comédie parfois touchante "Les émotifs anonymes", qui peint, en forçant quelque peu le trait, une pathologie assez fréquente, "la phobie sociale".

 

Bonne année 2011 à ceux qui commentent ce blog (et aux autres aussi d'ailleurs!)

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