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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 20:54

 

 

Alain-Propos.jpg« Ce que serait « ma gauche » » est le titre d’un article qu’Edgar Morin a publié dans le Monde ce week-end. Il y a bien des années de cela il fût un de ceux qui ont puissamment contribué à ma façon de voir et de comprendre le monde. Je l’ai suivi pas à pas dans l’élaboration de sa gigantesque méthode, 6 volumes qui constituent un véritable encyclopédie du paradigme de « complexité » dont il a cherché à établir les fondements. Pourtant c’est avec perplexité que j’ai découvert cet article où il appelle « les » gauches à suivre un nouvelle voie : « La voie nouvelle conduirait à une métamorphose de l'humanité : l'accession à une société-monde de type absolument nouveau. Elle permettrait d'associer la progressivité du réformisme et la radicalité de la révolution »… « Préparons un nouveau commencement en reliant les trois souches (libertaire, socialiste, communiste), en y ajoutant la souche écologique en une tétralogie. Cela implique évidemment la décomposition des structures partidaires existantes, une grande recomposition selon une formule ample et ouverte, l'apport d'une pensée politique régénérée». Comment un tel penseur peut il être si naïf et faire l’économie de la problématique du « Mal » ? Irrité aussi par certains dérapages « voir Israël traiter le Palestinien comme le chrétien traitait le juif » : on aimerait savoir, comme un lecteur du Monde l’a souligné en commentaire, en quoi les juifs ont jamais menacé la chrétienté d’anéantissement ?
Mais revenons au sujet « ma gauche ». Si je devais me poser cette question, peut être devrais je d’abord me résoudre à répondre à une autre, « suis je encore de gauche? » et cela à condition qu’elle ait encore un sens. Jacques Julliard rappelait dans un ancien numéro du Nouvel Observateur cette phrase célèbre du philosophe Alain dont, adolescent, je dévorais les "propos" :"Lorsqu'on me demande si la coupure entre partis de droite et partis de gauche a encore un sens, la première idée qui me vient à l'esprit est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche". J'ai très longtemps adhéré à cette opinion. Elle reste, sans doute, en partie vraie, mais une révolution "culturelle", salutaire, me semble en marche. Les bases théoriques ( et schématiques !)de la pensée de droite (le mal est dans l'homme) et de la pensée de gauche (le mal est dans "l'organisation sociale") sont en train de s'affaiblir. Je suis depuis longtemps convaincu que le mal est dans l'homme (en bon girardien) et pourtant, du moins je feins de le croire encore, de gauche. Je me reconnais tout à fait, une fois n’est pas coutume, dans les propos tenus par Fabrice Luchini (qui a pourtant plutôt le don de m’exaspérer…et dont dans le même article l’enthousiasme pour la psychanalyse, le vote écolo et la haine de Rousseau ne devraient pas augmenter mon maigre capital de sympathie ) : « je ne suis pas de gauche parce que je pense que l’homme n’est pas ce que les gens de gauche pensent qu’il est. Je n’aime pas dans la gauche l’angélisme, l’enthousiasme. Je ne suis pas de droite parce qu’elle a oublié qu’il y eut une droite qui n’était pas affairiste, parce qu’elle a oublié les hussards : Antoine Blondin, Roger Nimier, Jacques Laurent… ».
Je n’ai jamais voté à droite ou pour mes intérêts « de classe » mais c’est avec effarement que j’ai découvert les propositions du PS sur les retraites. Je ne pourrai certainement pas voter pour un parti qui défendrait cette ligne absurde en 2012. Fabrice Luchini, s’appuyant sur Nietzsche « Malheur à moi, je suis nuances », semble croire que la « gauche différente », celle de DSK, de Delors, de Rocard, n’a aucune chance. Il est peut être exagérément pessimiste. La spéculation financière, « le marché », vont peut être nous obliger enfin à nous rendre compte que nous allons dans le mur et à s’occuper des déficits ? Quoiqu'il en soit de très difficiles années nous attendent.

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 19:23

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Ce terme, créé par le physicien Ilia Prigogine, prix Nobel, fait référence à l'évolution des systèmes biologiques ou physiques, qui, loin de l'état d'équilibre, peuvent brutalement, ayant trop déviés de leur situation de stabilité, avoir un comportement chaotique et bifurquer vers un état imprévisible qui constituera un nouvel état d'équilibre. Immanuel Wallerstein, sociologue américain disciple de Fernad Braudel, mais aussi un des inspirateurs du mouvement altermondialiste, a tenté d'appliquer cette théorie physique à la sociologie, et notamment à l'évolution du capitalisme. Selon lui, après être passé par une phase productive, industrielle, puis par une phase financière qui a mené à un endettement massif, toutes les bulles éclatent en même temps, immobilière, boursière, matières premières, etc, ce qui produit un état chaotique, une crise, qui témoigne de la fin du capitalisme qui va évoluer vers un autre système actuellement imprévisible. Que les nostalgiques du « Grand Soir »  ne se réjouissent pas trop vite : "Je crois qu'il est tout aussi possible de voir s'installer un système d'exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif"...

En espérant que cela ne se fasse pas après un retour des catastrophes guerrières. On oublie parfois de dire que la sortie de la crise de 29, au moins du point de vue boursier, a commencé en 41 avec l'entrée en guerre des USA.

 

Le retour de la pensée, une conséquence de la crise actuelle ? On ne peut douter que ce qui est en train de se passer, commençant avec la crise des « subprimes » et se poursuivant actuellement avec la prise de conscience soudaine par les marchés du problème encore plus grave de l’endettement,  va entraîner bien des bouleversements, y compris conceptuels. Après le naufrage de l’économie administrée, dont la chute du mur a été l’emblème, nous assistons au naufrage de l’économie dérégulée (et non du capitalisme), dont la nationalisation partielle des banques a été le témoin. Francis Fukuyama, cet économiste américain qui nous annonçait la fin de l’Histoire avec la chute du mur, plus modeste, nous annonce maintenant la fin de l’ère reaganienne (scellée par l’élection d’Obama ?). J’ai trouvé bien plus stimulant un papier de Slajov Zizek, philosophe néo marxiste, paru il y a quelques mois, dont je trouve de plus en plus qu’il donne à réfléchir. Il souligne la convergence entre les néo conservateurs les plus extrémistes et l’extrême gauche dans leur critique du plan Paulson au moment de la crise des subprimes. Tous les deux sont contre le sauvetage des banques, les premiers car ils subordonnent le bien être de « Main Street », à celui de « Wall Street », il faut donc aider les riches, les seconds parce qu’ils n’en ont rien à foutre de « Main Street », dont le désespoir pourrait déclencher la révolution. Entre les deux, les « libéraux modérés », nos gouvernants, qui considèrent que la « socialisation » du système bancaire est acceptable lorsqu’elle sert à sauver le capitalisme. Slajov Zizek, nous donne la solution, inspirée de Kant qui à la devise conservatrice « Ne pensez pas, obéissez ! », a répondu non pas par « N’obéissez pas, pensez » mais par « Obéissez, mais pensez ». Autrement dit oui à la nationalisation des banques, mais repensons le capitalisme.

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 14:07

 

 

 

Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas ici du compte rendu d’un thriller qui aurait pour théâtre cette remarquable institution, les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres mais de réflexions suscitées par un rapport dont rend compte le journal « Le Monde », rapport dans lequel la Cour des comptes estime que l'éducation nationale « ne tient pas compte des besoins de l'élève et génère de l'échec » et  relève que « l'affectation des enseignants n'est pas faite en fonction de leurs compétences et des élèves qu'ils auront en face d'eux ». Cela m’a remis en mémoire un article du même quotidien qui rendait compte du dernier livre de Jean Claude Milner, « l’Arrogance du présent » dans lequel il se livrait à une analyse du gauchisme post 68. Ce lacanien, ancien de la « gauche prolétarienne », a déjà écrit un pamphlet sur l’école (« De l’école », 1984) : « Sait-on qu'il y a deux querelles scolaires et que la plus célèbre - séparant l'école publique de l'école privée - n'est ni la plus vraie ni la plus acharnée ? Sait-on qu'une autre querelle, traversant l'école publique elle-même, y oppose les amis des savoirs à ceux qui, sous couvert de gestion, de pédagogie ou de dévouement, en réalité les haïssent ? Sait-on qu'il n'y a, depuis 1945, qu'une seule et même Réforme et que les gouvernements, qu'ils se réclament de la droite ou de la gauche, ont tous la même politique : mettre en place cette Réforme unique et tentaculaire ? Sait-on que cette dernière est radicalement hostile à toute école et à tout savoir ? Sait-on enfin que l'école en France - et nulle part ailleurs - assure une fonction décisive ? Par elle et par quelques savoirs dont elle se fait l'agent, la démocratie formelle a pu s'établir dans ce pays où, pourtant, le protestantisme n'avait pas triomphé. Cet exemple longtemps unique et paradoxe historique dont, encore aujourd'hui, on n'a pas épuisé les effets. Affaiblir l'école, calomnier des savoirs, c'est déséquilibrer une machine délicate, aussi délicate à vrai dire que peut l'être toute liberté individuelle. Voilà pourtant à quoi se dévoue, avec un acharnement inlassable et un aveuglement opiniâtre, une alliance secrète et imbécile. En démonter le mécanisme, énumérer les forces, décomposer la doctrine, retirer à cette dernière la fausse évidence dont elle se flatte, tel a été notre propos. »


On sait que tout a en effet commencé dans l’après 68, et que c’est la droite « moderne » qui venait de prendre le pouvoir avec Giscard, qui a commencé l’entreprise destructrice avec la bras armé d’un ancien directeur de la PEDAGOGIE de l’éducation nationale, René Haby, qui devenu ministre créa le « Collège unique », ce qui révolta Raymond Aron, dont notre transformiste végétal semble penser quelque bien, qui parla de « complot marxiste ». Les UIFM sont venus parfaire l’œuvre sous Jospin (ministre de l’éducation du second septennat Mitterrand), dont Claude Allègre était le conseiller. Voici sans doute, dans ce commentaire du Monde sur le livre de Milner, le secret caché qui a justifié leur création : « Milner a des pages d'une lucidité cruelle sur les ruses qui s'ensuivirent, à la fois " soixante-huitardes " et traîtresses. On vit octroyer toutes sortes de permissions nouvelles, histoire de " changer la vie " en s'assurant que les pouvoirs, eux, ne changent ni ne se partagent. Il évoque avec la même caustique dureté les saccages réglés de l'éducation, destinés à garantir que la terrible menace ne surgisse jamais plus. Une jeunesse ne sachant ni lire ni écrire, obstinément maintenue dans l'ignorance des concepts, c'est la sécurité assurée. »
Il serait injuste de ne pas rappeler que la béarnais, lorsqu’il était ministre de l’éducation en 1994, a tenu à parachever l’œuvre avec ses 158 décisions du « Nouveau contrat pour l’école » : « Les projets d’école constituent le cadre propice au développement des initiatives des équipes pédagogiques ». 

 

« Education.
C’est peut être à propos de l’éducation qu’il manifeste avec le plus de brio ses manifestes dispositions pour le rôle de vieux con. Il donne là libre cours à ses tendances réactionnaires, jusqu’à se mettre à dos tous les professeurs – enfin, les professeurs qui connaissent son existence, ce qui, par chance pour lui, limite considérablement le champ de son impopularité. Il leur reproche de consentir à s’appeler des profs, ce qui montrerait bien, d’après lui, leur incapacité à concevoir leur fonction comme un rôle, et leur rôle comme celui de représentants et de propagandistes de la connaissance, et du contrat social – plutôt que de mettre en avant leur personne, avec ses familiarités, ses relâchements vestimentaires et langagiers, ses convictions idéologiques. Le terme d’enseignant ne trouve pas non plus grâce à ses yeux, parce qu’il le prétend incompatible, par sa laideur, par son défaut d’inscription dans la langue, avec la littérature, avec l’amour qu’on a d’elle, et la responsabilité qu’on a de la faire aimer. Il incite les professeurs à s’assumer professeurs, voire maîtres, et va jusqu’à faire l’éloge, non seulement des hussards noirs de la République, mais des pauvres Topaze à col de celluloïd, redingote râpée et binocles d’antan. Cependant il doute fort d’être entendu, comme d’habitude, car ce qu’il appelle le désastre de l’éducation nationale – elle est taxée de garderie nationale (qui garde mal), et est accusée de produire à la chaîne des zombies, totalement intouchés par notre civilisation – n’en serait pas selon lui à la première génération de ses méfaits, et la formation de la plupart des profs actuels en aurait déjà été affectée.
Autorité. Inégalité. Il n’y aurait pas d’égalité entre le maître et l’élève, entre celui qui sait et celui qui ne sait pas. Cependant cette inégalité est une inégalité de rôles, instruments d’une égalité future, ou d’inégalités inversées…. »
(Renaud Camus, Etc., abécédaire malveillant, P.O.L., 1998)

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 19:24

 

 

 

turner-waterloo.jpgL'Europe affronte en ce moment une double menace, à sa périphérie et en son centre. En périphérie avec la crise grecque et peut être bientôt la contagion au Portugal et à l'Espagne. Même si on peut comprendre que les bons élèves de la classe, les Allemands, en aient assez de payer pour les cancres (une attitude pourtant bien banalisé dans notre système éducatif!), on est tout de même stupéfait que leur chancelière ait retenu les "pompiers" et laissé s'étendre l'incendie tant que les élections allemandes n'ont pas eu lieu. Chaque jour qui passe accroît le gouffre à combler et on en est arrivé à un point où l'on ne voit pas comment les grecs pourraient supporter ce qui leur est demandé sans se révolter...
En son centre avec la menace grandissante de l'éclatement de la Belgique qui constituerait un cataclysme. Seul la question du statut de Bruxelles, majoritairement francophone, que les flamands ne sauraient abandonner les retient encore sur le chemin de la partition. Quelques semaines avant cette nouvelle crise, Eric Zemmour, dans "Mélancolie française", livre dont il est dommage qu'un polémique nées de propos qu'il était imprudent de tenir dans une émission d'Ardisson ait éclipsé l'intérêt, consacrait un chapitre à la question Belge où il considérait l'explosion comme inévitable et la fin de l'Europe inévitable :
"Les optimistes diront que la querelle linguistique entre Flamands et Wallons est aussi vieille que la Belgique. Et ils n'ont pas tort. La Belgique a été une création de l'Angleterre après les guerres napoléoniennes. Elle a été inventée pour empêcher les Français de tenir Anvers et de contrôler le commerce maritime anglais... La Belgique, c'est une création, c'est la RDA de la France ! C'est la preuve que la France a perdu. [...] La Belgique est là pour lui dire qu'elle a perdu définitivement après une nouvelle guerre de 100 ans, contre l'Angleterre. " " La Flandre, c'est un sous-produit de la Belgique. Si la France n'avait pas perdu, tout ce beau monde était parti pour être francisé. La Belgique est un entre-lac de contradictions. " La Belgique est prise en étau [...] Dans ma grille de lecture, elle ne peut qu'exploser... Ce qui retient la Flandre, c'est Bruxelles [...] mais tout le monde parle français. Pour la France, la Wallonie n'est intéressante que s'il y a Bruxelles ! [...] Bruxelles sera de nouveau la pierre d'achoppement entre la France, les Etats-Unis, l'Allemagne... Selon moi, le projet européen est en train de tomber. L’euro va exploser..."

Je crains que ces deux crises simultanées ne donnent raison à Zemmour et que l'Angleterre n'ait bientôt à se réjouir d'une situation qu'elle a toujours souhaitée.

Pour en revenir à Zemmour, d'autres lui ont fait le reproche de se commettre dans des émissions de divertissement comme celles de Ruquier et d'Ardisson (http://www.philippebilger.com/blog/2010/03/eric-zemmour-ou-le-trublion-officiel.html); Selon lui, au contraire, c'est dans ce type d'émissions aujourd'hui que se fait " l'opinion" et que c'est donc là qu'il faut porter le fer.

Ci-dessous un lien vers un article du journal en ligne "Illico" donnant un compte rendu des obsèques de Jean Le Bitoux

http://v2.e-llico.com/article.htm?rubrique=actu&articleID=21857

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 21:10

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Lorsque les attentats contre les TGV étaient au devant de l'actualité, la lecture de l’interview que Julien Coupat, principal suspect, avait donné au monde m'a fait frissonner. On assistait au déroulement d’une logique implacable, froide, d’une violence verbale extrême, avec une maîtrise parfaite de l’art de la dialectique. On ne peut douter que le sang soit au bout d’une telle logique, ce qui ne faisait pas de l’individu en question un coupable, et ne justifiait pas son maintien en détention s’il était innocent des faits qui lui étaient reprochés, mais on espèrait que ceux qui réclamaient si haut et fort sa libération  savaient ce qu’ils faisaient.
Sans qu’il y ait un rapport bien évident, cette expression d’une « pure rationalité », m’a amené à faire un rapprochement avec un éditorial paru au même moment dans le journal économique « La Tribune », intitulé « Les esprits animaux hantent les dessous de la crise », et qui traitait de la question suivante : « peut on considérer les acteurs comme agissant de façon rationnelle ? ». Deux écoles s’affrontent chez les théoriciens de l’économie : pour les uns les comportements irrationnels ont joué un rôle essentiel dans la formation et l’éclatement de la bulle immobilière et boursière, tandis que pour les autres, les acteurs sont strictement rationnels et c’est le système qui est instable. Inutile de préciser que l’on trouve dans la seconde catégorie les tenants de « l’échec du capitalisme ». Il est dommage que nos économistes qui défendent le mythe de la « rationalité des agents », ne connaisse pas les travaux du neurophysiologiste Antonio Damioso qui a montré dans « L’erreur de Descartes » (prolongé par un autre ouvrage « Spinoza avait raison ») que des patients cérébrolésés (après ablation de tumeurs par exemple) de telle façon que leurs capacités émotionnelles sont amoindries, voire anéanties, « se comportent curieusement dans la vie quotidienne, en faisant des choix qui se révèlent désastreux tant au niveau professionnel que privé. Comme s'ils avaient perdu la raison. ..Ces capacités émotionnelles sont indispensables à la prise de décision rationnelle ». Un neurobiologiste, Clive Hamilton, va dans le même sens, « Le modèle de l’agent rationnel qui forme la base de l’économie classique….est adapté à une société de gens rendus incapables de ressentir des émotions humaines normales…L’homme économique rationnel est un monstre neurologique ». (On peut se demande s’il n’en est pas de même de Julien Coupat)..
Spinoza avait raison, on ne peut séparer Corps et Esprit.
Mais réduire l’éclatement des « bulles » (comme celui des « révolutions » ?) à un excès de «rationalité », ce que tendrait à conforter le recours à des modèles mathématiques de plus en plus sophistiqués, semblent méconnaître bien d’autres travaux dans le domaine de la philosophie et de l’économie politique. On connaît les fondements de la philosophie libérale « En agissant en vue de leurs fins particulières, les individus autonomes œuvrent inconsciemment à la réalisation de la fin commune qu'est l'organisation de la société ». C’est la théorie de la "main invisible", « assimilable à la ruse de la raison hégélienne ». Mais rejetant l'idée d'une « référence divine » seule capable de garantir le meilleur des mondes possibles, les libéraux, qu’il s’agisse d’Adam Smith, Frederik Hayek ou John Rawls, font de l’action spontanée des individus le principe moteur de l'organisation sociale. Le girardien Jean Pierre Dupuy, dans « Le sacrifice et l’envie », a noté « bien que les penseurs du libéralisme soient partis avec l'idée d'un "point de référence endogène", qui serait produit spontanément par l'action des individus, ils "finissent par sacraliser leur point fixe endogène, lui donner un statut d'extériorité". Selon Dupuy, « ce renoncement théorique n'était pas inévitable, et n'est accepté que "par peur devant les ravages possibles de l'univers concurrentiel (...) La sortie de l'organisation religieuse du monde instaure une ère de concurrence potentiellement illimitée (...) Cependant les penseurs de l'économie politique, pris de vertige devant cet univers sans borne qui s'ouvre devant eux, refusent d'en assumer toutes les conséquences ". JP Dupuy montre que par peur des conséquences de l'envie, ces penseurs réintroduisent dans leurs modèles la notion de sacrifice, sacrifice d’une minorité pour le bien être du plus grand nombre….
Ce sont les mécanismes mimétiques de « l’envie » qui expliquent la constitution des bulles, ceux de la « Panique » qui expliquent leur éclatement : « Le libéralisme se construit donc dans ce que l'on pourrait appeler un "refoulement de la foule". Le marché est censé contenir la foule et prévenir sa désagrégation. Mais si contenir veut dire réfréner, ce verbe signifie en même temps englober: ce que le libéralisme réprime, c'est ce qu'il rend possible, à savoir le déchaînement de l'envie. »

Mais les tenants de « rationalité pure » (pas ce contre sens cependant, les mécanismes de l’envie, pour être inconscients, n’en sont pas moins rationnels, mais dans le cadre de capacités émotionnelles préservées), préfèrent revenir à Marx que lire René Girard. Marx revient à la mode et fait la une des hebdomadaires. Peut être une occasion de relire un livre de référence sur ce sujet, celui du Jésuite J.Y.Calvez, un des théoriciens de la doctrine sociale de l’Eglise, « La pensée de Karl Marx », paru en 1956. Ce membre de la compagnie de Jésus, maintenant fort âgé, a récemment fait parler de lui, en réagissant mal à deux initiatives pontificales, celle de Jean Paul II qui avait nommé un délégué pontifical pour diriger sa compagnie, et plus récemment celle de Benoît 16 concernant la levée d’excommunication des quatre Evêques intégristes « il y a bien des problèmes dans cet événement ». Cette décision lui reste « en travers de la gorge ».

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 21:10

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"Si la Turquie doit faire partie, ou non, de l'Union européenne, c'est une question qui en implique des dizaines d'autres, toutes de la plus haute importance. Elles ne sont pas seulement politiques, bien loin de là; certaines sont à proprement parler philosophiques, ontologiques, herméneutiques, etc.… ». Cette question de l’appartenance ou non de la Turquie à l’Europe, à laquelle cette citation, tirée du livre de Renaud Camus « Du sens », fait référence, m'est à nouveau venue à l'esprit à l'occasion d'une lecture récente et de la réflexion d'un collègue turc lors d'un congrès à Genève, mentionnée dans un billet récent (L'affaiblissement de Sarkozy lui semblait favorable à la cause turque).

Il y a 4 ans, lors d’un autre congrès, à Istanbul, le conférencier qui me précédait a inauguré son propos en se disant heureux d’être dans une des plus belles villes d’Europe ce qui a provoqué un très discret murmure dans l’audience. Il m’a semblé amusant, tout en précisant qu’il ne fallait y voir aucune prise de position mais un simple désir d’équilibre, d’inaugurer le mien en me disant heureux de me trouver dans une des plus belles villes d’Asie. Applaudissements d’une partie de l’audience…
Aucune prise de position de ma part en effet, car je dois avouer que la lecture des arguments « historico géographiques » que l’on nous assène de part et d’autres ne m’ont jamais semblé totalement convaincants et le plus souvent témoignant d’une certaine mauvaise foi. On va même jusqu’à évoquer la légendaire ville de Troie qui se situerait en Turquie…Ma lecture récente du roman historique «La Religion» qui conte l’attaque, elle échoua, de l’armada de l’empereur Ottoman « Soliman le magnifique » contre la ville de Malte défendue par les Hospitaliers menés par le chevalier De la Valette, fournirait plutôt des arguments au camp adverse. "L’ordre" fut alors fêté dans toute l’Europe en tant que sauveur de la Chrétienté. On sait que Malte a récemment été admise dans l’union européenne et qui sait si une des raisons secrètes de l’escapade de Nicolas Sarkozy à Malte au lendemain de son élection, où il avait proclamé « La France est de retour en Europe », sur le yacht de son ami Bolloré, n’était pas un signal fort dans ce lieu historique pour proclamer, son hostilité à l’entrée de la Turquie dans l’union et son attache aux racines chrétiennes de l’Europe, en quelque sorte l’héritier du chevalier! Et pourtant même dans ce cas tout n’est pas si simple : l’empire Ottoman était alors un empire européen plus grand que celui de Charles Quint, allant jusqu’à la Bosnie et la Hongrie, et il existait un traité secret d’alliance entre François 1è et Soliman….
Personnellement aucun argument historique, géographique, religieux ou culturel ne saurait déterminer ma position quant à l’entrée de la Turquie dans l’union. Je ne sais si la Turquie fait ou non partie de l’Europe, mais le seul fait que la question se pose sans qu’on puisse la trancher justifie à mes yeux qu’on admette un pays qui en la désir et à qui on a donné sa parole. Un seul argument a, pour moi, du poids, et cette entrée ne saurait être effective tant qu’il ne lui a pas été porté une réponse sans ambiguïté, l’argument démocratique et la liberté religieuse. Nous avons quelques années pour convaincre les Turcs de poursuivre leur évolution dans un sens conforme aux valeurs européennes.


Mais laissons la parole à qui ne partage point cette opinion :
« Sur les contradictions de M. Sarkozy à propos de la Turquie
Le parti de l'In-nocence attire une nouvelle fois l'attention sur les contradictions et les ambiguïtés du président de la République, M. Nicolas Sarkozy, à propos de l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Tout en s'y déclarant hostile devant ses électeurs il ne fait rien pour enrayer la progression qu'on pourrait croire irrésistible du processus, et tout se passe comme si la Turquie s'approchait sans cesse davantage d'une adhésion au fur et à mesure de fermes déclarations des uns et des autres, mais surtout de M. Sarkozy lui-même, selon lesquelles, de cette adhésion, il n'est pas question. Avec M. Sarkozy à leur tête, les opposants à l'entrée de la Turquie dans l'Union sont comme une armée qui ne remporterait que des victoires, mais toujours plus près de sa capitale. Au demeurant tout refus d'adhésion de la Turquie qui s'appuie sur des motifs circonstanciels est déjà une capitulation. Si la Turquie ne doit pas faire partie de l'Union européenne, c'est parce qu'elle n'appartient pas à l'Europe et qu'une Union dont elle serait membre n'aurait aucun sens, aucune réalité de civilisation, aucun des caractères d'une patrie. »
(Renaud Camus, communiqué du parti de l'innocence)

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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 19:26
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Il fût un temps où les soirées d’élection étaient pour nous l’occasion de repas entre amis, chez l’un ou l’autre, de préférence avec ceux d’entre nous qui avaient la même sensibilité politique, plutôt à gauche donc, pour éviter, le vin aidant, que la soirée ne tournât mal. Soirées d’abattement comme en 2002 où nous n’arrivions pas à croire que Jospin ait été devancé par Le Pen, ou de joie, en 2001 quand Delanoë avait pris Paris avant d’aller courir place de l’hôtel de ville recevoir symboliquement de ses mains les « clés de la ville », ou en 2004 où nous avions débouché le champagne pour le raz de marée de gauche aux régionales. Tout cela est terminé. Ce fût la dernière. Certes je continue à regarder les soirées électorales, je ne me désintéresse pas du résultat, mais nous n’avons plus rien à célébrer car j’ai le sentiment de ne plus appartenir à aucun des deux camps. Il ne faut pas y voir là une quelconque défiance envers le politique, je suis très loin du « tous pourris », je crois être indemne de tout poujadisme, mais je ne me sens en mesure de voter pour aucun des deux grands partis, ni l’UMP bien sûr, cette impossibilité est quasi « génétique » chez moi (je suis bien plus anti UMP qu’anti- sarkozyste), ni socialiste car je ne saurais pas de quel parti socialiste il s’agit tant ses propositions sont illisibles. Je ne parle pas là des « deux » partis socialistes auxquels Jacques Julliard se réfère dans le dernier numéro du Nouvel Observateur (mon seul abonnement reste fidèle à gauche…), le parti des collectivités (celui qui gagne les élections locales) ou le parti National (celui qui perd les élections importantes), mais des courants idéologiques qui le traversent. J’espère, même si j’en doute, que d’ici 2012, une fois le candidat présidentiel désigné on y verra plus clair, mais ce qui se passe au niveau des collectivités pourrait se révéler crucial dans la désignation de ce candidat.
« Après Martine fait de a Bicyclette, Martine en vacances, etc, il y a maintenant Martine à Montpellier » s’est esclaffé avec un humour indiscutable George Frêche lorsque Martine Aubry est venu soutenir, avec le succès que l’on sait, la candidate du PS (celle-ci va d’ailleurs perdre sa mairie car elle n’avait eu ce poste que grâce à Frêche!). Il se trouve que l’exclusion des socialistes de l’Hérault pourrait s’avérer être un tournant dans la désignation du candidat socialiste. Le hasard a voulu que j’ai eu ces derniers jours des nouvelles « fraîches » de la situation locale à la fois par des amis qui se sont installés à Montpellier du fait d’une mutation professionnelle (pas de ceux qui participaient à nos soirées précédemment citées car ils sont chiraquiens tendance Seguin) et par un professeur de médecine à Montpellier lors un lors d’une réunion de travail. J’ai constaté d’abord, quelles que soient les orientations politiques, qu’il y avait un capital de sympathie indéniable pour Frêche et qu’on se gaussait de l’agitation parisienne. Mais surtout on m’a fait prendre conscience que le moment où interviendrait la réintégration des exclus serait capitale, avant ou après la désignation du candidat : la fédération de l’Hérault est en faveur de Strauss-kahn…on comprend que Fabius ait prôné l’exclusion. Martine Aubry l’a emporté sur Cruella grâce à un trucage électoral, on espère qu’elle ne gardera pas le parti sur un second tour de passe-passe. Ceci étant dit si Martine Aubry arrive à fédérer le parti sur une ligne sociale libérale (oui je sais on appelle cela aussi social-traître, ne vient on pas de me lancer que, comme Pierre Bergé, je serais sûrement de droite si je n’avais pas la chance d’être homosexuel ; cela s’inscrit en négatif de ce qu’on a écrit sur le menu de l’adolescent d’extrême droite que je fus lors du repas de fin d’études après mon bac: « au gauchiste qui s’ignore »), elle reste pour moi une option.
Ne votant pas à Montpellier, privé de la solution Frêche, je voterai donc blanc. Bertrand lui, travaillant à Trousseau et très sensibilisé à la situation de l’AP-HP, votera Huchon.

Pendant ce temps là je finis la lecture, interrompue par celle du journal de Renaud Camus, de la « Trilogie berlinoise » de Philip Kerr, thriller en 3 volumes se passant dans l’Allemagne nazie, avant et après la guerre, mêlant des personnages réels du Reich à la fiction. La suite ce cette trilogie, parue 20 ans plus tard, « La mort entre autre », que j’avais lue cet été m’avait enthousiasmé. La « trilogie », aussi plaisante soit elle à lire, l’humour cynique du héros y est pour beaucoup, est loin d’atteindre le niveau de sa suite. L’homophobie de l’auteur, ou en tous cas de son personnage principal, est plus que dérangeante.

 

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 21:59

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Tout, me semble t’il, a commencé par une police de la langue. Il n’était ainsi plus conseillé de dire clochard, sourd, chômeur, mais SDF, malentendant, à la recherche d’un emploi, etc. La langue étant le support de la pensée, il était écrit que cette dernière aussi ferait l’objet d’un contrôle systématique. Tout ce qui n’est pas dans la lignée de l’idéologie dominante, du politiquement correct, de la pensée unique, déclenche aussitôt des lynchages médiatiques. Hier l’écrivain Renaud Camus était mis au banc de l’humanité pour avoir qualifié de communautaire l’émission Panorama de France Culture (la majorité des intervenants étant d’origine juive),  Hèlène Carrère D’Encausse ou Alain Finkielkraut déclenchaient la foudre pour avoir simplement dit les faits, à savoir que la majorité des incendiaires de banlieue étaient noirs ou arabes, aujourd'hui Eric Zemmour soulève l'indignation pour des propos similaires lors de l'émission de Thierry . Sans parler des "procès" faits à Georges Frêche ou Gérard Longuet. Il devient interdit de dire qu’il existe des lobbies, y compris gays. Mais une société du contrôle généralisé ne saurait sans tenir là. L’étape suivante se devait être celle de la police des comportements, chasse aux fumeurs (je précise que je ne suis pas fumeur), aux obèses, au moindre excès de vitesse, à l’automobile elle-même, à la consommation d’alcool, guerre aveugle et effrénée à la pédophilie ( les pédophiles sont à peu près les seuls dont on ait le droit de dire du mal, on peut se "défouler", tant pis pour les dommages collatéraux du style Outreau), aux comportements sexuels à risque (je reviendrai sur ce point). Et tout cela bien sûr au nom des nouvelles valeurs sacrées, la Nature (en oubliant que l’homme s’est constitué tel en s’arrachant à la Nature par la Culture ), l’Enfant (dont la parole est déifiée), la Santé (qui devient un idéal au détriment du bien être), etc. Demain, à n'en pas douter, on verra surgir une police du « mauvais goût » , on vous dira ce qu'il faut aimer en peinture, en littérature, cela a en fait déjà commencé en ce qui concerne le "goût" du vin qui se mondialise sous les diktats de Robert Parker.
Le Big Brother du 1984 d’Orwell est à nos portes, victoire posthume et masquée de l’idéal totalitaire. Plus besoin de Goulag, les barreaux s’installent dans nos têtes, à notre insu. Il sera intéressant de suivre l’évolution du taux de suicide dans la société qu’on est en train de nous construire

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 22:02

 

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Dans le dernier numéro du Nouvel Observateur (je me réfère souvent à cet hebdomadaire mais il est le seul auquel je sois abonné...), Jacques Julliard discourt sur la haine en politique et notamment sur celle, la plus féroce sans doute depuis longtemps, entre Nicolaparte et Villepin. Il semble découvrir, lui qui pourtant a lu René Girard, que les grands écrivains (il cite Shakespeare et Descartes) nous en disent plus sur la "nature" humaine que Ricardo ou Marx. Saisissant passage où il met au défi de rendre compte de cet affrontement sans recourir à " l'hypothèse de l'âme, de ses noirceurs, de ses lumières" (pour les lecteurs de mon précédent billet, et surtout de son 13è commentaire, je souligne qu'il est écrit "recourir à l'hypothèse" et non pas "preuve"...). Il fût un temps où ce duel fratricide m'aurait réjoui (comme ceux, sans commune mesure toutefois, entre Giscard et Chaban, Chirac et Barre, Chirac et Balladur) car il pourrait conduire à une victoire du parti socialiste en 2012. Mais malheureusement je me sens (presque) aussi éloigné de ceux qui représentent actuellement ce parti que de ceux qui se réclament du parti majoritaire. L'épisode "Georges Frèche", pitoyable règlement de compte ( il sait lui le français et n'a fait qu'employer l'expression « pas catholique » dans le sens qu'elle a depuis des siècles, mais il est vrai qu'on veut tellement nous convaincre que la France n'a pas de racines chrétiennes qu'il est normal qu'on en oublie les dérives proverbiales de ce mot à partir du 16è siècle) interne à ce parti m'a attristé.

Jeudi je prendrai l'avion avec Bertrand, ainsi que mon ex et son ami, pour 10 jours de vacances en Israël (étonnante la question récurrente sur les "chats" de sites de rencontre gay lorsque j'annonçais ce départ : "tu es juif"?...).

Avant de partir une petite devinette : qui a dit dans une interview au Journal du Dimanche" du 7 février? :

"Benoit XVI je tente de le lire avec attention. Et, sur les relations judéo-chrétiennes, les procès d'intention systématiques qui lui sont faits sont juste incompréhensibles : outre qu'il met le débat à un niveau intellectuel élevé, il se situe dans la continuité totale de son prédécesseur, Jean Paul II. Quant à Pie XII, je demande simplement qu'on s'en tienne aux faits. Le fait que contrairement à ce que répètent en boucles les crétins, la plupart des archives sont ouvertes et consultables. Le fait est que, dans le silence assourdissant du monde entier sur la Shoah, il a été plutôt le moins silencieux de tous. Le fait est qu'il a, sans avions ni canons, plus dit et plus fait que Churchill, Roosevelt et de Gaulle réunis. Bien sûr qu'il aurait pu dire et faire davantage. Tout le monde peut toujours dire et faire davantage. Mais le présenter comme le "pape d'Hitler", brocarder inlassablement sur ce fameux "silence de Pie XII" est absurde et assez déguelasse."

Il s'agit de Bernard Henri Levy.

 

 

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 22:33

IPerrette-et-son-pot-au-lait.jpgl y a quelques semaines, à l’occasion d’un déplacement en avion je suis tombé, dans le journal économique « Les échos », sur une interview de Michel Serres, philosophe et historien des sciences. Il se trouve qu’il fût un de mes « maître à penser » à l’époque où je découvrais son livre « Rome, le livre des fondations ». Sa culture phénoménale, son intérêt pour la littérature, les sciences et les techniques, en font un de ces rares intellectuels capables de mettre en relation des « savoirs » et d’avoir une vision holistique. Il était interrogé, à la suite de nombreux autres intellectuels, sur la récente crise financière. Pour lui elle n’est qu’un épiphénomène d’une crise bien plus globale, celle de l’éducation notamment.

« Ce que nous avons subi dans l’enseignement est un tsunami de la même importance que ce que vous avez vécu dans la finance. La vôtre de crise a fait plus de bruit, mais la société n’a pas prêté au tsunami vécu par ses enfants une attention à la mesure de l’évènement. Elle préfère son argent à ses enfants…..Mais avez-vous conscience de l’effondrement des savoirs ? Il n’y a plus de latin, il n’y a plus de grec, il n’y a plus de poésie, il n’y a plus d’enseignement littéraire. L’enseignement des sciences est en train de s’effondrer partout »

Ce diagnostic bien d’autres l’ont fait, mais Michel Serres ne réagit pas de façon obsessionnelle comme Renaud Camus, il ne se retire pas dans son château et dans un passé qui ne reviendra pas, ce changement d’épistémé il faut en prendre acte :

« On est pourtant dans une des périodes les plus passionnantes qu’on ait vécues. Je vois toutes les institutions comme vraiment des dinosaures….la guerre que nous faisons aujourd’hui n’est pas une guerre entre les hommes mais la guerre que les hommes font au monde …Nous sommes en train de gagner cette guerre contre le monde, c'est-à-dire de la perdre…Je crois que cette guerre là est vraiment nouvelle et que c’est elle qui va changer le monde »

Certes cette « déculturation » il en désigne les responsables, pas la bourgeoisie qui aurait démissionné pour laisser la place à la « dictature de la petite bourgeoisie », mais les philosophes :

« C’est la faute des philosophes. Les philosophes n’ont pas vu l’ampleur des changements du monde. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient engagés depuis Sartre dans la politique ».

(Sartre est le seul cité mais on peut se demander si ce n’est pas Michel Foucault et son « journalisme transcendantal » qui est visé.)

Pour terminer l’article, Michel Serres, illustre le phénomène des bulles financières par la fable de La Fontaine, La Laitière et le pot au lait, « c'est un raisonnement financier parfait. Elle raisonne exactement comme un golden boy »

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