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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 22:10

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Je connais mieux l’univers du roman de Science-fiction que celui du thriller et du roman policier mais il me semble que ces derniers peuvent se définir selon trois catégories, ceux qui pourraient mériter le qualificatif de « littérature », tels les romans de James Ellroy ou de Denis Lehanne ; ceux dont la pauvreté de l’écriture et l’inconsistance psychologique des personnages éloigne à tout jamais de cette prétention mais dont la qualité de l’intrigue et son originalité (comme par exemple « le livre des morts » que j’ai lu récemment) vous font passer un excellent moment, ils sont légions ; ceux enfin que l’on hésite à qualifier tellement ils sont médiocres, voire nullissimes, « les romans de gare », et dont a du mal à comprendre qu’ils puissent parfois devenir des best-sellers, la plupart des thrillers ésotériques, tel le Da Vinci code, appartiennent à cette catégorie. Cette classification s’applique pourtant difficilement au  « Testament syriaque » dont je viens de terminer la lecture, thriller ésotérique qui par son intrigue et la qualité de son écriture se situe quelque part entre les deux dernières catégories, et qui pourtant m’a beaucoup appris sur les origines de l’islam. L’intrigue, pour laquelle on du mal à se passionner, tourne autour de la découverte d’un « testament » de Mahomet, écrit en langue syriaque,  mais elle n’est que prétexte à une réflexion documentée sur les origines de cette religion. Il est vrai que je ne me suis jamais beaucoup intéressé à elle, si ce n’est dans ses manifestations intégristes les plus violentes , mais je ne connaissais pas l’hypothèse, semble t’il très sérieuse, selon laquelle l’Islam serait une hérésie chrétienne. On y apprend même que tous les monothéismes pourraient être des hérésie, le judaïsme une hérésie de la religion des pharaons, le christianisme une hérésie juive et l’Islam une hérésie chrétienne (la négation du concept de « trinité » serait le point de départ de cette hérésie ; ceci m’a rappelé les propos de notre chauffeur de taxi arabe sur le Christ lorsque nous sommes allés à Bethléem).

 

L'affrontement des religions monothéistes nous ramène au cœur du conflit israélo-palestinien. Il ne faut pas voir dans ce que je vais dire une approbation de la façon dont l'armée israélienne a arraisonnée la frégate turque, armée qui a décidément perdu la main au point de faire passer pour des victimes des sympathisants des terroristes du Hamas, mais j'ai été scandalisé, ébahi, révolté par le déferlement de haine contre Israël. On se serait cru revenu aux heures noires de l'humanité, une certaine gauche ayant pris la place d'une certaine droite...On a même vu une chaîne de salles de cinéma, Utopia (mon dieu que ce nom apparait terrible dans ces circonstances là), déprogrammé un film d'origine israélienne. Heureusement certains ont commencé à réagir. Espérons que cet incident dramatique ramène les parties en cause à la table de négociation.

 

Mais après tout réjouissons nous "d'être là". Une expérience scientifique vient de nous rappeler qu'à l'origine de l'univers, au temps du big bang, matière et antimatière auraient du être en proportions égales et  s 'annihiler. Selon le modèle standard de la physique quantique, une rupture de symétrie donc on ne comprend pas complètement le mécanisme, disons le hasard statistique, a fait qu'il y a eu 1pour 1000 de matière en plus que d'antimatière, notre univers était né, constitué de matière uniquement. Coup de théâtre, une expérience dans un accélérateur de particules vient de découvrir que les collisions entre atomes provoquaient non 1 pour 1000 mais beaucoup plus, 1 pour 100, d'antimatière, ceci remet en cause la théorie actuelle. Comment l'expliquer? Faut il y voir, restons dans la religion, le "Visage de Dieu" , titre du dernier livre des frères Bogdanoff consacré au big bang?

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 22:34

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Un de mes collègues, lors d'une conversation à propos du débat autour du livre de Michel Onfray,  où la psychanalyse a fait l'objet d'un échange "tendu",  a qualifié mon approche de passionnelle . Il faisait bien sûr référence à la passion dans son sens premier (passion affective, donc subie, dans son versant négatif, la haine) et non à la passion dans son sens trivial, d'intérêt excessif ou intense (en ce sens la mécanique quantique est pour moi une passion). J'ai essayé de dissiper quelques malentendus qui pourraient aussi concerner certains lecteurs de ce blog. J'ai lu Freud avec beaucoup d'intérêt, et même Lacan (je n'ai pas toujours compris mais "ça" reste fascinant). Je lui ai dit qu'en ce qui concerne les lapsus, les actes manqués, etc.,  qui étaient selon lui un acquis de la théorie analytique, au contraire je contesteait qu'ils fassent "sens", qu'il y ait une quelconque "compréhension" à en avoir, et s'il se trouve, ici ou là, qu'il y en ait une, celle donnée par la psychanalyse n'avait pas de fondements . Je ne nie en aucun cas l'inconscient, c'est même une des découvertes majeures de la biologie, la conscience n'étant que la partie immergée de l'iceberg, l'inconscient n'est que la somme de nos déterminismes génétiques, biologiques et environnementaux qui, tel la réalité pour la mécanique quantique, nous sont à jamais voilés. L'Oedipe n'a rien à faire là dedans car il n'existe pas.
La psychanalyse a du succès car elle répond à cette demande de "sens" au même titre que la religion ou d'autres disciplines. Elle ne me dérange pas plus que les autres (enfin si quand elle s'intéresse à l'homosexualité) tant qu'elle n'a pas de prétention "clinique" ( elle a fait tellement de mal à la psychiatrie française et encore plus aux malades). Il se trouve qu'elle est obligée de quitter le champ des maladies mentales où son échec est monumental. Apparemment, qu'il ait été démontré que la théorie était erronée quand il s'agit de ces maladies (il suffit d'aller lire les écrits qui concernent l'interprétation "analytique" de la schizophrénie , de la dépression maladie, de la psychose bipolaire ou des TOC!), ne dissuade pas de penser que la théorie puisse être dans le vrai pour le reste....
Ceci étant dit ne pas confondre refus de la psychanalyse et refus de la psychothérapie qui reste une arme thérapeutique indispensable. 

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 18:09

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Il y a plus de trente ans maintenant, sur le plateau d’ »Apostrophes », deux jeunes intellectuels, B.H.Levy et A.Glucksmann, avec leur « parrain », le philosophe catholique Maurice Clavel, donnaient naissance dans une émission survoltée à ce qui allait devenir « La Nouvelle Philosophie ». Je ne sais si, comme on l'a parfois dit, cette aventure intellectuelle a changé le paysage intellectuel français, moi, elle m’a changé. Le jeune homme que j’étais alors et qui venait de basculer d’un totalitarisme à l’autre, allait trouver dans ce mouvement qui faisait osciller certains des « penseurs" de l’époque «entre le fou rire et l’indignation», une des clefs qui allaient lui faire abandonner ses structures mentales totalitaires. Né dans une famille pétainiste, avec une tante, bâtonnier des avocats Bordelais pendant la guerre et qui fit deux années de prison à la libération pour ses écrits ou propos antisémites, j’ai eu en effet une jeunesse d’extrême droite (d’où peut être, très tôt une vive sympathie, jamais démentie, pour François Mitterrand…). Le mouvement de Mai 68 constitua le premier ébranlement, car ma position schizophrène, du côté des étudiants par antigaullisme viscéral, suivant leurs exploits toutes les nuits sur Europe n°1, mais me revendiquant fasciste, ne pouvait perdurer. Le catholique que j’étais, élève d'une école religieuse renommée à Bordeaux ( et dont je fais toujours partie de l’association des anciens élèves, je dois beaucoup à l'éducation que j'ai reçue là…),cherchant une contre attaque au livre brillant de Jacques Monod « Le hasard et la nécessité » qui faisait de l’homme un accident de l’évolution, allait tomber sur les écrits du biologiste et philosophe Henri Laborit, dont le «Biologie et structure» constitua le fondement rationnel de mon basculement vers un gauchisme aussi intransigeant que ne l’était mon discours antérieur. Les mots qui scandaient mes propos avaient changés, pas mes structures mentales…Ce retournement spectaculaire laissa ma famille sidérée et le marxisme sur ma droite, le traversant sans m’y arrêter. C’est alors qu'a surgi le mouvement des «nouveaux philosophes» . « La cuisinière et le mangeur d’hommes », « La barbarie à visage humain » et surtout « Les maîtres penseurs » allaient m’enthousiasmer. «l’Ange», de Guy Lardreau et Bertrand Jambet, qui avait comme sous-titre « Ontologie de la révolution, une cynégétique du semblant », m'avait fasciné ( la difficulté, l'hermétisme voulu de cette pensée y avait sans doute contribué). Ce terme un peu pédant, mais il s’agissait de lacaniens, « Cynégétique du semblant », résume bien le changement de perspective : il ne s’agissait plus de défendre une «Vérité» érigée en absolu qui devait s’ imposer aux autres, mais de faire la chasse à l’erreur, au faux, au «semblant». Il n’ y a pas de Vérité, mais il y a de l’erreur.
Les Nouveaux Philosophes, ou du moins ce qu'il en reste (BHL et A.G.) sont devenus des jouets médiatiques, ils ne marqueront certes pas l’histoire de la pensée, ils sont peut être maintenant les « Nouveaux réactionnaires », ils n’en ont pas moins ouvert les yeux à beaucoup d'entre nous sur le phénomène totalitaire. Ils ont constitué pour moi un électrochoc même s'ils ne font pas partie des auteurs, dont j'ai parlé dans un précédent billet, qui ont contribué à forger ma façon de voir le monde, Arthur Koestler, Henri Laborit, Edgard Morin, Stéphane Lupasco, Michel Foucault, René Girard, Marcel Proust, Jean-Pierre Dupuy, Ivan Illich, Michel Serres, Bernard d’Espagnat. Je ne les lis plus ( sauf un article ici ou là d’A. Glucksmann, même s’il commence à me les « gonfler » avec ses Tchetchènes…).

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 18:19

 

 

Dans un précédent billet, à propos de la question turque, je faisais référence à un roman historique récent « La Religion ». C’est le souvenir du fascinant roman d’aventures se situant à la même époque, « L’Œil de Carafa », lu en 2001, mais toujours très présent, qui m’a incité à en entreprendre la lecture. Ce roman, écrit à 4 mains, par un collectif d’écrivains italiens situe son action aux premières années de la Réforme et des débuts de l’imprimerie. « Le narrateur, un mystérieux héros aux multiples identités successives, s’engage aux côtés de ceux qui, vite déçus par Martin Luther, veulent faire de la religion réformée un instrument de libération des opprimés : Thomas Müntzer et son armée de paysans, puis les anabaptistes qui s’emparent de la ville de Münster. …Au fil des décennies, se fait peu à peu jour dans sa conscience une vérité tétanisante : la trahison d’un homme, un seul, toujours le même, est à l’origine de la ruine de toutes les causes pour lesquelles il s’est battu, de toutes les défaites qu’il a traversées. En suivant d’un bout à l’autre de l’Europe les indices infimes que chacun sème derrière lui, les deux hommes vont cheminer l’un vers l’autre, pour finalement se retrouver à Venise, au moment où les juifs vont être persécutés, et régler les comptes de toute une vie. Ce traître c'est Q, l'âme damnée, l'"Oeil de Carafa", l'espion le plus fidèle et le plus efficace de Carafa, le grand inquisiteur, futur Paul IV.
Cet extraordinaire roman écrit sous le pseudonyme de Luther Blissett derrière lequel se cachent quatre jeunes auteurs italiens, membres des Tute Bianche (les « Tuniques blanches », qui se sont illustrées il y a quelques années à Gênes lors des manifestations contre le sommet du G8) de Bologne. Sur Internet, ils animent le collectif Wu Ming, nom qui signifie « Anonyme » en chinois et leur prochain roman (ils sont maintenant cinq) est annoncé pour la rentrée. Bien sûr, au-delà de l’efficacité narrative de ce thriller, il y a une résonance politique, d’extrême gauche : « de même que les anabaptistes s'opposaient à la toute-puissance de Rome comme à la fausse rébellion luthérienne, qui n'est que l'instauration symétrique d'un autre ordre pour remplacer celui auquel il s'oppose, de même aujourd'hui certains altermondialistes s'opposent à l'ordre néolibéral (lequel est d'ailleurs vacillant en raison de la crise: oscillation passagère ou prélude à l'effondrement?) comme à la gauche molle qui tente d'en circonvenir les abus sans remettre en cause profondément son système même. Il serait toutefois réducteur de réduire ce brillant livre qu'est Q à un simple roman à clefs, et c'est pourquoi, toute pertinente que puisse être cette lecture, elle est loin d'être exhaustive »
http://www.rue89.com/cabinet-de-lecture/wu-ming-aucun-pays-n-est-a-l-abri-de-devenir-un-peu-l-italie


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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 13:22

 

 

 

Depuis qu’enfant, dans la belle forêt de Chiberta, entre Bayonne et la Chambre d’amour, que les hommes ont détruite pour y construire leurs villas avec piscine, je discutais avec mon grand-père de l’existence de Dieu, j’ai toujours été fasciné par la possibilité d’une théorie du « Tout ».

Toute théorie du tout se doit de résoudre les problèmes des « origines », univers, culture, etc…Les théoriciens de la physique, confrontés à l’incompatibilité, aux origines de l’univers, de la mécanique quantique et de la relativité générale, sont les plus avancés dans cette quête du graal, et la théorie « des cordes » fait figure de favorite, non sans être contestée, et le dernier livre de Léonard Susskind, un de ses pères, « La guerre des trous noirs » (tout un programme…) nous en révèle le cheminement.

En sciences humaines, la théorie Girardienne du désir mimétique, est également candidate au statut de théorie du tout. Jean Pierre Dupuy en est sans doute son plus brillant théoricien. Dans son dernier livre, « La marque du sacré », prenant comme point de départ la panique financière de 2008, il s’efforce de montrer le lien qui lie ses travaux qui touchent à la philosophie des sciences et des techniques, la philosophie morale et politique, la métaphysique, l’épistémologie, la théorie de la société, et ce lien c’est en grande partie la théorie girardienne contenue dans cette parole de la bible : « comment Satan peut-il expulser Satan » ?
« L’hypothèse girardienne consiste à postuler que le sacré résulte d’un mécanisme d’auto-extériorisation de la violence des hommes, laquelle se projetant hors de leur prise sous forme de pratiques rituelles, de systèmes de règles, d’interdit et d’obligations, réussit à se contenir elle m^me. Le sacré c’est la « bonne violence » institutionnalisée qui régule la « mauvaise violence » anarchique, son contraire en apparence. Le mouvement de désacralisation du monde qui constitue ce que nous nommons la modernité est travaillé par un savoir qui s’insinue progressivement dans l’histoire humaine : et si la bonne et la mauvaise violence ne faisaient qu’une ? Comment ce doute, sinon ce savoir nous est il advenu ? »

La réponse de Girard : peut il y avoir savoir de l‘autotranscendance sans transcendance véritable ? Nous savons que le mal est capable de s’autotranscender (Satan expulse Satan), et par la même de se contenir dans des limites, ce qui évite sa destruction totale. C’est l’origine de la culture. « Penser implique ici de violer bravement les interdits et obligations de la méthode cartésienne et de renoncer à l’idéal d’une connaissance fondée sur des « idées claires et distinctes ». Penser, c’est s’approcher le plus possible de ce trou noir où il n’y a plus de différences, afin d’apercevoir le chaos primordial où s’origine toute chose.
Et si c’était aussi la condition pour approcher Dieu ?.... ».
On n’est plus tout à fait le même une fois qu’on a lu le livre de Jean Pierre Dupuy qui se clôt sur une analyse éblouissante de Vertigo, d’Hitchcock.
L’absence de différence, l’origine du mal. Peut être là l’origine de ma réticence à cette revendication du droit à l’indifférence…

 


 

"Les Lumières ont versé, si l'on ose l'écrire, des torrents de larmes, que le romantisme se garda bien de sécher, quoiqu'il ait modifié la matière des mouchoirs, et réduit quelque peu leur format. Ces pleurs si naturels, si l'on en croit leur immémoriale ancienneté parmi nous - qu'attestent à l'envi la littérature, qui sait tout, et la peinture, qui voit tout, pour ne rien dire de la musique, qui bruit de bout en bout de leur débordement -, ces pleurs directement tombés des yeux de la nature, il ne fallut rien moins que le naturalisme pour commencer à les tarir, l'urbanisme haussmannien, la science, les mardis de la Salpêtrière et la grande industrie. Nous ne sanglotons à peu près plus, sauf, et ce n'est même pas sûr, aux pires débâcles de l'histoire, de la grande et de la nôtre. Or qu'en serait-il pourtant de décennies à la chaîne qui ne sauraient plus ce que c'est que le rire ? Nous ne savons presque plus ce que c'est que les larmes."
(Renaud Camus, Le Bord des larmes, P.O.L., 1990)

 

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 21:44

 

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La gémellité a souvent inspiré et fasciné les écrivains. Difficile de ne pas évoquer à ce propos « Les Météores » de Michel Tournier qui m’a tant marqué. Philippe le Guillou, ancien prix Médicis, vient d’écrire un très beau roman sur ce thème « Le bateau brume ». Dans le roman de Michel Tournier l’homosexualité, incarnée avant tout par l’extraordinaire personnage qu’incarne l’oncle Alexandre, est considérée comme une « contrefaçon » de la gémellité. Les jumeaux du « Bateau brume », Gilles et Guillaume, n’ont pas de relation incestueuse, seul Guillaume, artiste torturé, est homosexuel, et encore cette homosexualité apparaît sublimée dans la peinture des corps de jeunes hommes. Son frère a choisi la voie politique tracée par son grand-père gaulliste, et c’est toute l’histoire de ces cinquante dernières années que nous voyons défiler dans la carrière d’un député RPR puis UMP, ministre de Balladur et de Chirac. Le récit à deux voies, surtout celle de Guillaume, de cette passion tumultueuse ne nous promène pas seulement à travers l’histoire mais de leur Bretagne natale, si présente, à Paris, Rome et Shangaï. Les personnages de prêtres qui hantent ce roman ont aussi un rapport à la chair de nature homosexuelle, François, l’ami d’enfance qui a pris sous sa protection un jeune séminariste et le père Serge, curé de St Eustache, que l’on voit parfois sortir des bars du Marais. Je ne savais pas que l’église St Eustache avait servie de lieu d’asile et de réconfort aux familles et amis de ceux qui mourraient du sida au plus fort de l’épidémie.
Un extrait des pages si émouvantes qui témoignent de ce que fût cette époque :

« - Ils commencent à mourir, très nombreux, dans le quartier, avait dit le père Serge. Leurs cendres sont dispersées, parfois reprises par les familles. Je voudrais que tu imagines pour eux une urne, un reliquaire où l’on gardera un souvenir de leurs noms. Il avait été le premier à célébrer les funérailles d’un toxicomane mort du sida dans un hôpital des confins du 20è arrondissement. D’autres avaient suivi, des danseurs, des artistes, des étudiants, des hommes mariés qui menaient une double vie. Parfois déferlait dans l’église une meute de blousons noirs, une population qui ne dissimulait pas ses goûts et son appartenance ; d’autres fois le curé était seul avec le petit ami éploré et la famille montée de province. Un dimanche j’étais venu à la grand-messe de 11 heures et j’avais entendu la litanie des noms de garçons disparus dans le mois, Louis, Etienne, Christian, Benoît, Stéphane, Jean-Frank, Cyril, Thomas, des noms qui n’étaient plus qu’une poudre de syllabes dans la bouche de l’officiant, les noms de tous ces porteurs d’étoile qui avaient vécu leur condition dans le défi ou l’opprobre, la clandestinité malheureuse ou l’extravagance, avant de trouver la solitude et la souffrance au bout de leur liberté. Pour eux j’inventerai ce mémorial, ce tabernacle du souvenir….Ils ne laissaient rien dans le vent d’hiver. Si, des amis esseulés, des parents, qui souvent n’avaient rien vu venir et maudiraient toute leur vie la capitale, ses dangers, ses enfers, ses quartiers damnés »


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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 10:37

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J'ai participé, il y a quelques temps maintenant,  comme tous les membres de l'équipe avec laquelle je travaille, à une journée de formation à une méthode d'évaluation de sa personnalité et de prédiction des réactions comportementales en situation de stress. Cette méthode a été élaborée par un docteur en psychologie, Taïbi Khaler, et adoptée par la NASA pour la sélection des astronautes.
Il existerait ainsi 6 types de personnalité, le travaillomane, le persévérant, l'empathique, le rêveur, le promoteur, le rebelle. La réponse à un questionnaire comportant une vingtaine de questions à choix multiple permet d'établir votre profil de personnalité. celle ci est ainsi décrite comme un immeuble à 6 étages, la base, plus ou moins programmée de façon génétique (ou épigénétique, voir mon billet sur l'origine de l'homosexualité pour plus de détails sur ces termes) constitue la caractéristique principale de votre personnalité, son mode de perception et ses besoins fondamentaux, puis au dessus les "phases", dont la première est le "carburant psychologique", la phase de travail actuel. On peut au cours de sa vie changer de phase, mais pas plus qu'un étage ( par contre en fonction des circonstances on peut transitoirement parcourir toutes les phase). La base la plus répandue, aux 2/3 chez les femmes, est de type "empathique" (compatissant, sensible, chaleureux, dont la question existentielle est "suis je aimable"). J'ai ainsi appris que j'étais de base "promoteur" (adaptable, persuasif, charmeur, dont la question existentielle est "suis je vivant") et de 1è phase "travaillomane" (responsable, logique, organisé, dont la question existentielle est "suis je compétent"). Ma 2è phase est rêveur (imaginatif calme , réfléchi dont la question existentielle est "suis je voulu"). Si j'avais voulu "deviner" ma structure de personnalité, c'est plutôt ce type rêveur que j'aurai anticipé..
On apprend aussi comment on réagit en situation de stress. J'ai ainsi appris qu'en stress du 1è degré, je laisserais les autres se débrouiller, puis je deviendrais perfectionniste, alors qu'en stress du 2è degré je manipulerais , puis sur contrôlerais. En tant que "promoteur", je m'adapterait assez facilement à toutes les autres personnalités, sauf semble t il avec les empathiques (on me l'a confirmé...)
Voilà vous en savez plus sur moi que moi.
Même si tout cela doit être relativisé, je dois reconnaître que j'ai reconnu bien de mes collègues dans le profil qui en était établi, il doit donc bien y avoir quelque chose de vrai dans le mien!

http://normandie.unicnam.net/spip.php?page=imprimersans&id_article=65

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 21:50
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La longévité n’est pas forcément un but dans la vie, mais si vous voulez augmenter vos chances de vivre au-delà de 90 ans je vais vous donner la liste de ce qui pourrait vous y aider, du moins si vous êtes encore jeunes, car les comportements que je vais cités doivent être « suivis » bien longtemps avant qu’on ait atteint cette zone d’âge….
Dans une étude publiée en janvier de cette année dans « Alzheimer et Dementia », une très sérieuse revue scientifique, le suivi d’une cohorte de 14000 sujets, les comportements suivants étaient associés avec une longévité au-delà de la 90è année :

1.La prise d’oestrogènes après la ménopause : cela nous concerne peu, à priori 
2. L’indice de masse corporelle : pour parler comme ma concierge, le poids. Etre obèse ou de poids insuffisant accroît le risque de mortalité
3. L’alcool : boire 2 verres par jour ou plus diminue de 15% le risque de mortalité (le type d’alcool n’est pas précisé dans cette étude)
4. La caféine : là c’est compliqué car il s’agit d’une courbe en U : la consommation modérée diminue le risque de mortalité, mais au-delà d’une certaine dose journalière, ça l’augmente
5. Les activités physiques : mortalité réduite d’autant plus qu’on y passe plus de temps (jusqu’à 25% de réduction de la mortalité pour 45 mn/jour)
6. Les activités non physiques (jeux, bricolage, voyages etc) : réduction de la mortalité au-delà de au moins 1 heure/jour
7. Les Vitamines A, B, C : autant d’effet que si vous pissiez en l’air (les femmes sont dispensées du test…)



Pour les vitamines ce n’est pas une surprise. A moins d’une carence ( exceptionnel dans nos contrées étant donné notre alimentation) , en prendre , au mieux ne sert à rien ( on pisse le surplus), au pire est délétère. Pour le reste ( sauf peut être pour la caféine car les études sont contradictoires) ce n’est qu’une confirmation d’autres études. Il faut bien sûr toujours prendre avec prudence de tels résultats et s’assurer que la « méthodologie » de l’étude est correcte et notamment qu’on a bien pris en compte « l’interdépendance » possible des facteurs et qu’on a évité les « biais » par des techniques statistiques appropriées ( on appelle cela « l’ajustement »). Par exemple, il y a quelques années on a affirmé que le tabac diminuait le risque de maladie de parkinson, mais il y aurait un biais : si vous fumez avez effectivement moins de chance d’avoir une maladie de parkinson, mais tout simplement parce que vous avez toutes les chances d’être mort d’autre chose avant! ( pas si simple cependant car des études récentes… http://www.agevillage.com/Article/index.jsp )

Je précise encore une fois qu’il ne s’agit que de facteurs « préventifs », les mettre en œuvre a un âge avancé ne sert plus à rien….
Personnellement, si l’on ne tient pas compte du 1è facteur, j’ai 5 sur 5

http://www.senat.fr/rap/r02-286
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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 23:03
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Ces temps d'élection sont une occasion de vous faire part d'une page du dernier tome, celui de l'année 2007, du journal de Renaud Camus, "Une chance pour le temps". L'auteur s'étonne d'entendre au journal télévisé, une dame professeur agrégée d'histoire et géographie dans un prestigieux lycée parisien, déclarer qu'il lui fallait trois heures de préparation pour ses cours : "Et quand je vois le niveau ordinaire, en histoire, des quelques adolescents ordinaires que je rencontre, lesquels en général n'ont pas la moindre idée claire de quelque épisode ou de quelque période que ce soit, je ne parviens pas à concevoir qu'un professeur agrégé, passé les deux ou trois premières années, peut-être, et encore, puisse être obligé de se livrer à trois heures de préparation pour un cours, ni même une seule." L'ami de l'auteur, Pierre, étant lui aussi professeur agrégé d'histoire, Renaud Camus poursuit : " Pierre a là-dessus une position ambigüe. Il dit que lui même ne prépare ses cours, mais il dit aussi qu'il a tort. Il trouve particulièrement difficile d'enseigner l'histoire contemporaine....il donne l'exemple de la démocratie chrétienne. Il dit qu'expliquer ce que peut bien être la démocratie chrétienne, le concept et la chose, à des lycéens de première, c'est la croix et la bannière :"parce que nous, nous savons que les chrétiens, traditionnellement, dans la République, avaient été plutôt à droite, ou même très à droite : alors il nous est facile de comprendre l'espèce de paradoxe et la nouveauté qu'ont pu représenter des démocrates chrétiens, des chrétiens démocrates. Mais, pour mes classes, les chrétiens sont des gens bien gentils, un peu gnangnan, qui sont prêts à se dévouer pour toutes les bonnes causes : pourquoi ne seraient ils pas démocrates? pourquoi faudrait il préciser qu'ils le sont? On ne comprend pas de quoi je parle."
- Mais justement : c'est ce que je dis. Ces lycéens sont tellement ignorants qu'il faut tout leur apprendre. Un professeur ne peut pas être lui-même tellement ignorant qu'il ait besoin de faire des recherches et de préparer son cours pour s'adresser à des gens qui ne savent rien. Tout ce qu'il pourra leur dire sera utile pour eux. Tout ce qu'il pourrait leur apprendre serait un progrès."

Ce passage m'a fait sourire car il se trouve que Bernard, mon ex-ami, lui aussi professeur agrégé, de lettres, ne manquait pas de me dire quand il donnait ses cours au lycée de Noisielle (en ce temps là l'ami de Renaud Camus professait dans le même lycée, ils avaient d'ailleurs sympathisé), qu'il n'avait nul besoin de les préparer ... Je ne me mêlerai pas à ce débat, mais il me semble cependant que Renaud Camus a sous estimé le caractère "prestigieux" du lycée dans lequel enseignait cette dame, lycée dont les élèves ne sont sans doute guère représentatifs de ceux que l'on peut rencontrerl....
Bonne occasion pour signaler que j'ai voté pour la démocratie chrétienne (! ) et non blanc comme je l'avais envisagé, dans tous les sens du terme, puisque le candidat Modem de l'Ile de France est métisse. Je voterai blanc au second tour.

Quitte à en agacer certains, il m'arrive, la pression médiatique étant telle, que je me demande parfois si je n'ai pas "mal pensé", si ma première appréciation des propos d'un tel ou d'un tel n'a pas été hâtive. Je n'ai jamais eu de sympathie particulière pour Gérard Longuet, loin de là, mais je trouvais ses propos récents sur la présidence de la Halde au moins dignes d'intérêt. Le tumulte qui a suivi aurait pu me faire douter, mais j'ai été rassuré en écoutant ce jour le débat hebdomadaire "Jacques Julliard- Luc ferry" sur LCI, les deux avaient le même sentiment que moi.

Un roman fait actuellement beaucoup parler de lui : "Sukkwan Island". Il s'agit de la première œuvre d'un jeune auteur américain, David Vann, l'histoire d'un père, en proie à des difficultés existentielles et conjugales, qui va amener son fils unique sur un île déserte de l'Alaska pour essayer de renouer avec lui. Il est difficile d'imaginer un histoire plus noire que celle là, plus longue nouvelle que roman, avec un coup de théâtre, totalement imprévisible, on dirait presque "gratuit", qui a l'originalité de survenir à mi-roman et non à la fin, ce qui rend "étrange" et parfois décevante, toute la seconde partie qui finit par apparaitre comme un voyage dans la folie. Ce roman ne  laisse pas indifférent, il est écrit, mais on peut s'étonner de lire, à propos d' une première œuvre :  "enfin le grand romancier américain qu'on attendait"...

Pour clore ce billet ce petit extrait, qui m'a amusé, du journal de Renaud Camus, à l'entrée du "22 avril 2007" : "Election présidentielle. A huit heures moins cinq on nous a annoncé que Richard Virenque, Jean Reno et Doc Gynéco faisaient leur entrée au Q.G. de campagne de Nicolas Sarkozy. Le nouveau régime était en place."
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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 21:51

 

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Les « bienveillantes » est un roman qui a fait couler beaucoup d’encre. Jacques Julliard, lors de son émission hebdomadaire sur LCI, au moment de la parution du roman, avait posé la question : « Le sujet du livre n'est il pas l'homosexualité et non le nazisme? » Je n’ai pas vraiment été étonné. J’avais déjà eu l’occasion de constater que, sous le masque d' une tolérance sans restriction, l'homosexualité le mettait mal à l'aise . Comme beaucoup, il ressent le désir homosexuel comme "contre nature". Et l’homosexualité qui est décrite dans « bienveillantes », elle conforte ce sentiment. En effet, de l’homosexualité il en est grandement question dans ce roman, elle est omniprésente. Mais laquelle ? Aue, le héro, n’est pas gay, c’est un pervers. Son homosexualité est celle de la psychanalyse et de la psychiatrie, une pathologie du désir, une perversion. Elle est vécue comme un choix de vie visant à oublier des traumatismes de l’enfance, et s’accompagne d’autres perversions, dont l’inceste ( il sodomise sa sœur dont il est amoureux). C’est aussi un choix esthétique, à la grecque, rejoignant en cela la figure de l’homosexuel conservateur ou fasciste, de l’homosexuel en marge, de l’homosexuel maudit, Genet, Jouhandeau, Charlus, etc. L’homosexualité et la mort. L’homosexualité et la paranoïa. Sartre ne voyait il pas dans l’homosexualité de Genet un amour des bourreaux, d’où son rapport au nazisme, Sartre qui par ailleurs ne considérait comme vrai « homosexuel » que celui qui se faisait enculer, "la femme". Le héro des « Bienveillantes » est amené à fréquenter les milieux intellectuels parisiens collaborateurs, notamment Brasillach et Rebatet, qui revendiquent eux aussi une homosexualité comme « mode de vie », supérieur naturellement, une esthétique de la sodomie, mais qui n’en sont pas moins capables, comme ils le font pour les juifs, de dénoncer et d’envoyer dans les camps les homosexuels de l’ombre. Cette « race » d’homosexuels n’a pas disparu. Ils ne sont certes pas, heureusement, pour la quasi totalité, des criminels, et ils peuvent même être des humanistes. Mais ils manifestent contre la "visibilité" des homosexuels, contre la Gaypride ( pas pour la même raison que ceux qui profèrent un racisme « antifolles").
L’homosexualité est pour eux une attitude de vie, parfois une souffrance, pas une revendication. Ils sont le plus souvent attirés par les éphèbes. Vous ne les verrez pas dans le Marais.

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