/image%2F0885597%2F20160816%2Fob_40c1fa_viva-photo-4.jpg)
Le début de l’été s’était avéré plutôt déprimant : Brexit, carnage niçois, coup d’état manqué en Turquie (suis-je encore démocrate?), égorgement d’un prêtre. Par ce dernier acte ces individus se sont révélés certes monstrueux, mais en plus stupides et incultes. Martyriser un prêtre cacochyme, en une église vide et dans le pays de Robespierre, pas de quoi troubler la bien-pensance de gauche toujours prête à débusquer l’islamophobie, tout en démontrant, par l’émotion suscitée, que la France a bien des racines chrétiennes…
Les vacances furent plus que jamais les bienvenues pour se distraire un peu de ce quotidien. Avant de quitter Paris, j’ai pu combler quelques retards de lecture. «Tout ce qu’on ne s’est jamais dit», n’est pas vraiment un roman policier, en dépit de sa parution dans une collection qui s’en réclame, mais un étonnant thriller psychologique, où à l’occasion de la mort tragique de la fille ainée - suicide, accident, meurtre ? - tous les non-dits d’une famille en décomposition vont s’exprimer, de même que la révélation, douce, simple, magnifique, de l’homosexualité d’un personnage externe au cercle familial. Lu aussi « les Feux de Saint-Elme » de Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin, journal de sa jeunesse au collège et de ses douloureuses « amitiés» homosexuelles bridées par son endoctrinement religieux. La fin du journal, quand il retrouve enfin, des dizaines d’années plus tard, David – marié, vieilli, laid - la passion inassouvie de son adolescence, m’a beaucoup plus touché, que la narration de son éveil à l’homosexualité qui renvoie à d’autres lectures, dont les Garçons de Montherlant. Un peu tard sans doute pour parler de deux films qui ne sont sans doute plus à l’affiche car sorti dans des circuits restreints : «Viva» du réalisateur irlandais Paddy Breathnach, l’histoire touchante, d’un jeune cubain homosexuel, coiffeur des perruques de travestis, rêvant de chanter dans leur cabaret, rêve brisé par le retour inopiné de son père dont il était sans nouvelles. Ce film, magnifié par l’interprétation exceptionnelle du jeune Héctor Medina Valdés, sélectionné pour l’oscar du meilleur film étranger, m’a ému jusqu’aux larmes ; le nouveau film de Olivier Ducastel et Jacques Martineau, «Théo et Hugo dans le même bateau», les auteurs de «Jeanne et le garçon formidable», m’a plutôt déçu. Certes la longue (un peu trop longue, presque vingt minutes?) scène de sexe initiale se déroulant à l’Impact (bar sexe parisien) est très belle, une des plus érotiques que j’ai vues au cinéma entre deux hommes, mais la déambulation dans le Paris nocturne des deux protagonistes de l’histoire, dont l’un, séropositif, prend conscience qu’il a été pénétré sans capote par son partenaire sain, se révèle d’un pédagogie un peu lourde et ennuyeuse et pas forcément pertinente sur la prophylaxie anti sida (la pénétration active d’un séropositif indétectable ne me paraissant nécessiter un traitement d’urgence post coït, tellement le risque est faible).
Prendre la direction de la Bretagne, fin juillet, pour rejoindre Sitges n’était certainement pas le chemin le plus court, mais cela faisait des années que nous renoncions à ce détour en raison de prévisions météorologiques peu encourageantes. Mais merveilleuse région, il y pleut même quand la météo est favorable, nous permettant cependant de découvrir ou redécouvrir une des régions de France que j'ai le moins parcourue jusqu'ici, de Saint Malo à Vannes, en passant par Dinard, Dinan, le cap Fréhel, Fort la Latte, Perros-Guirec, le sentier des douaniers, Auray, Carnac, la côte sauvage, Quiberon. La visite de la basilique de Sainte Anne d’Auray au moment de la célébration d’un mariage catholique en grand pompe ou la découverte de ce bar homosexuel à Vannes, qui aurait été plus justement nommé «l’ancien monde» que «l’autre monde » tant il semblait tout droit sorti des années 70, nous donnèrent l’impression d’un voyage dans le temps… De brèves étapes à Bordeaux, le temps devoir sa nouvelle et surprenante Cité du vin, puis à Albi, l'occasion de découvrir enfin sa spectaculaire cathédrale nous amenèrent à notre destination finale pour neuf jours qui s’annonçaient très «chaud» comme de coutume….
Soleil et chaleur quasi continues (les mauvaises surprises sont rares à Sitges sur ce plan), une affluence gay en nette augmentation par rapport à l’année précédente (pour conforter le « ca va mieux de Francois Hollande?) et une relative stabilisation de la scène gay avec une poursuite de l’extension de l’empire du propriétaire du Parrot seront les marques de cette année, sans oublier une invasion de méduses pendant 48 heures rendant la baignade quasi impossible….
J’écris de billet de retour à Paris après une étape bien trop brève en Ardèche, près des villages de «caractère» que sont Balazuc et Largentière.