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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 10:27

 

livToddCourbage

 

 

Il ya bien des années de cela, bien avant la chute du mur de Berlin, Emmanuel Todd avait pronostiqué l'effondrement de l'union soviétique en se basant sur l'évolution des structures familiales. Plus récemment, dans "le rendez vous des civilisations" , réponse cinglante au "Choc des civilisations" de Hutington, il nous annonçait que les pays arabes allaient rejoindre la modernité. On connait sa thèse qui s'appuie sur le taux de fécondité, le degré d'alphabétisation, la fréquence de l'endogamie, les structures familiales et l'histoire. L'histoire montrerait la concomitance de trois phénomènes : la baisse de la fécondité avec le passage de structures familiales élargies favorisées par l'endogamie à la structure familiale nucléaire, l'alphabétisation et la révolution. "il y a un rapport entre endogamie et structure politique: l’étanchéité du groupe familial entraîne la fermeture des groupes sociaux sur eux-mêmes et la rigidité des institutions". Ce schéma s'applique parfaitement à la Tunisie ou à Bahreïn, partiellement à l'Egypte qui a vu baisser sensiblement son taux d'endogamie ou à la Syrie pour ce qui est de l'alphabétisation. Emmanuel Todd semble plus sceptique sur l'évolution du Yemen. (Je ne sais ce qu'il en est de la Libye, dont on a du mal à comprendre comment un psychopathe qu'on verrait bien enfermé dans une unité fermée d'un hôpital psychiatrique a pu diriger un pays sans se faire renverser pendant 40 ans). Selon cette même analyse il considère que le pays dont on devrait se soucier et surveiller est non pas l'Iran qui est proche des normes européennes sur ces critères, mais le Pakistan.

J'avais été passionné par les premiers livres d'Emmanuel Todd, "Le fou et le prolétaire", et surtout "La nouvelle France", et "L'invention de l'Europe", où il exposait pour la première fois sa théorie des structures familiales et montrait comment la révolution culturelle des années 65-80 avait profondément modifié le système politique français, y compris jusqu'à l'émergence du Front national. Sa dérive gauchiste et son antisarkozysme primaire m'avait quelque peu éloigné de ses écrits, mais je dois avouer être troublé par l'apparente pertinence de sa thèse. Alors que je me sentais plutôt assez proche de la position de Huntington, l'avenir nous dira si les troubles qui secouent en ce moment le monde arabo-mulsuman sont en fait les prémisses d'un révolution "post islamiste"?

Il semble que notre diplomatie ne soit pas très au courant des travaux d'Emmanuel Todd...Peut être Pierre Bergé, qui vient de se résigner à garder TETU qu'il cherchait à vendre pour cause de non rentabilité, pourrait il augmenter ses ventes en mettant en couverture notre ambassadeur à Tunis, dont ont ne sait dans quelle structure familiale il s'inscrit mais qui semble plus doué pour faire le gogo boy que le diplomate.

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 23:01

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Un évènement comparable à celui de la chute du mur de Berlin! Barak Obama et Jacques Attali, ce dernier parlant de chute du mur de la "méditerranée", ont peut être des dons de voyance, mais cette comparaison ne me semble pas tout à fait pertinente. Le jour de la chute du mur de Berlin, le soulagement était mondial  ou presque, il ne faisait pas de doute que c'est un monde qui s'écroulait, celui de la guerre froide et on parla même de "fin de l'histoire". Il ne faisait pas de doute non plus que le monde de l'est, de culture chrétienne, allait adopter nos valeurs et la démocratie. Une partie de l'orient est en train de s'ébranler et de se libérer de ses tyrans mais y voir une marche vers la démocratie et les valeurs de l'occident pourrait se révéler une chimère. L'avenir est indécidable. Ces tyrans laïques nous les avons pourtant soutenus et aidés à se maintenir, car comme nous ne concevions pas ces peuples autrement qu'opprimés et esclaves, nous les préférions à des tyrannies religieuses qui auraient menacé gravement  nos intérêts économiques. Erreur tragique qu'ils n'oublieront pas. Pour deviner quel est le prochain domino qui va tomber il ne sera peut être pas suffisant d'explorer les voyages récents en "dictature" de nos ministres, il parait qu'Hortofeux est allé au Maroc, mais on serait sans doute soulagé si la contagion atteignait l'Iran ou la Libye. Espoir et angoisse, cette dernière on peut la supposer très présente en terre d'Israël.

Des "pays à l'aube", pour reprendre le titre du dernier roman de Dennis Lehane qui trainait depuis des mois sur les rayons de ma bibliothèque, traduisant une certaine réticence à entreprendre la lecture d'un pavé de plus de 700 pages dont je subodorais que l'appellation "thriller" était contrefaite. J'avais tort, on ne les lâche pas ces pages qui content l'entrée de l'Amérique dans le 20è siècle, au sortir de la première guerre mondiale, une Amérique endettée, à l'économie chancelante qui fait face à une immigration massive, au retour de ses soldats qui expulsent les noirs des emplois qu'ils occupaient en leur absence, où la pauvreté s'étend propice à la pénétration des idées subversives venues d'Europe, une Amérique de la violence enfin, celles des grèves durement réprimées et des persécutions contre les noirs. Une Amérique où on n'imaginerait jamais qu'un de ces noirs puisse devenir un jour président des Etats Unis. L'action se déroule à Boston, ville de l'auteur au centre de bien de ses romans, où vont se rencontre les 3 héros, Luther le jeune ouvrier noir, Danny, le flic chargé d'infiltrer les milieux anarchistes et communistes et qui, en révolte contre sa famille, va se trouver à la tête du mouvement de grève de la police qui va révolutionner la ville, et Babe, le champion de base-ball. Une fresque historique monumentale dont on peut regretter qu'elle ait été publiée dans la collection "Rivages/Thriller", avec le double risque de décevoir les lecteurs habituels de cette collection, et de l'auteur, et surtout de ne pas toucher son public comme elle aurait pu le faire si le roman était paru dans une collection de littérature générale. Quant à Dennis Lehane on ne peut qu'être admiratif devant la diversité de son talent, capable d'écrire des romans policiers à héros récurrents, comme la série des détectives Kenzie-Gennaro qui n'est pas sans rappeler celle de Philippe Kerr, l'homophobie en moins, un pur roman "noir" comme Mystic River ou un thriller psychologique à la limite du fantastique comme "Shutter Island".

Clean Eastwood avait adapté avec brio Mystic River. J'ai été nettement moins séduit par "Au delà". Il est vrai que le sujet ne me passionnait guère, je suis plus obsédé par le problème de "l'avant", celui des origines, que par celui de "l'après", il se pourrait d'ailleurs qu'il s'agisse du même...Il y a certes de grands moments de cinéma ici où là, mais les parties du récit mettent du temps à s'articuler et celle qui se déroule en France sonne faux. Très ému par contre à la projection du "Discours d'un Roi", mais cela tient surtout à l'incroyable performance des acteurs, avec une mention particulière pour le rôle de l'orthophoniste. Quant à "Tron", dont le premier opus m'avait séduit, ennui mortel. Mon coup de cœur ira cependant à un  téléfilm, l'incroyable adaptation d' "A la recherche du temps perdu" qu'a réussie Nina Companez, en seulement 4 heures de projection, avec un narrateur que je n'aurais certes pas imaginé sous les traits de ce jeune homme efféminé et un peu niais mais qui finit par emporter la conviction et un Monsieur de Charlus d'anthologie.

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 15:27

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Selon certains commentateurs, la crise actuelle marquerait la fin de l'ère ouverte par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, celle du libéralisme triomphant. Il est amusant (inquiétant serait un mot plus adéquat) de constater que dans les deux cas une maladie d'Alzheimer, a été découverte quelques années après la fin de leur mandat. Selon nos critères actuels, le diagnostic de maladie d’Alzheimer ne peut être porté qu'à un stade déjà relativement avancé de la maladie, celui de démence. Ces critères sont sur le point d’évoluer car de plus en plus d’études confirment ce que l’on supposait depuis longtemps, un début de la maladie des années avant ce stade. Des recherches récentes ont montré que les premiers symptômes pouvaient être détectés jusqu’à 14 ans avant que les troubles de la mémoire ne soient évidents et suffisants pour perturber la vie quotidienne. Il est donc plus que probable que Reagan et Thatcher étaient déjà atteints par cette maladie durant leur exercice du pouvoir. Certes, avant le stade de démence le jugement n’est pas perturbé mais un examen attentif pourrait mettre en évidence des troubles de l'attention, de ce qu'on appelle les fonctions exécutives (capacité à planifier, à élaborer une stratégie, à trancher devant des choix multiples), et des signes dépressifs. On imagine mal que ces perturbations soient sans conséquence sur les processus de décision et tout au moins leur rapidité.

L’âge étant le principal facteur de risque de cette maladie, le vieillissement de la population et notamment de la classe politique, ou la fâcheuse tendance de certains dirigeants à ne point vouloir quitter le pouvoir devraient nous voir confrontés à ce type de situation de plus en plus souvent. On conçoit que la découverte d’une démence d’Alzheimer quelques années après que les grands de ce monde ont quitté le pouvoir puisse être une information digne d’intérêt pour les historiens, mais on conçoit également qu’il n’y ait pas un caractère d’urgence à le révéler au bon peuple lorsqu’ils sont redevenus des personnes privées. D’où le torrent d’indignation de plus ou moins bonne foi, à propos de l’article du JDD sur la maladie d’Alzheimer supposée de Jacques Chirac. Le problème, et il est de taille, c’est que Jacques Chirac n’est pas, comme Mme Bettancourt, une personne privée, il est membre de la plus haute instance de ce pays, le Conseil Constitutionnel! Il est donc primordial, si doute il y a, qu’il soit levé au plus tôt. Imaginez, si l’issue du vote avait été incertaine, que la décision sur la constitutionalité du mariage homosexuel, concept pour le moins complexe(!), aurait pu dépendre du jugement d’un membre atteint de troubles cognitifs graves...Je ne sais si Jacques Chirac en est atteint, mais ma familiarité avec cette maladie dont je m’occupe depuis près de 30 ans, peuvent me permettre d’affirmer qu’il nécessite au minimum un bilan cognitif approfondi (qu’il a sans aucun doute eu) et qu’on peut très bien avoir dit à Mme Chirac qu’il n’avait pas la maladie d’Alzheimer, car on soupçonnait plutôt, du fait de son accident vasculaire cérébral, une démence vasculaire, ce qui sur le plan pratique est bonnet blanc et blanc bonnet.

Les journalistes inquisiteurs du JDD auraient pu chercher à savoir s’il prenait un des traitements actuels de cette maladie, traitements qui, dégât collatéral du scandale Mediator, font l’objet d’attaques en règle dans certains journaux. Travaillant dans l’industrie pharmaceutique (dans une entreprise où je ne me souviens pas avoir jamais été mis en situation de trahir le serment d’Hippocrate) je me suis interdit de faire état sur ce blog de toute question impliquant directement cette industrie. Le ferais je, je serais inaudible, ces questions sont passionnelles et irrationnelles. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque tant il est évident que l’exploitation de ce réel et incontestable scandale, tourne au règlement de compte avec en arrière plan des autorités et un personnel politique en proie à la panique à un moment où la pédagogie sur le risque de la prise d’un médicament, corollaire presque inévitable de son efficacité, devrait être la règle. L’application paniquée du principe de précaution, si cher à certains, va conduire à prendre des décisions préjudiciables à bien des malades. Sait on que si l’aspirine, pourtant en vente libre, un des médicaments les plus utiles et indispensables que nous ayons, été découverte aujourd’hui, elle n’obtiendrait probablement pas son autorisation en raison des complications rénales, gastriques allergiques et hémorragiques, parfois fatales, liées à son mésusage ?

Certains des effets pervers de la campagne actuelle peuvent toutefois prêter à sourire. Ainsi un malade atteint de la maladie de Parkinson, ne vient il pas d’accuser le médicament qu’il prend d’avoir provoqué chez lui des pulsions homosexuelles ! Certes certains médicaments de cette maladie, les agonistes dopaminergiques, peuvent chez certains patients, surtout à des doses trop importantes, provoquer des comportements d’addiction au jeu et d’hypersexualité. (j’avais d’ailleurs, jeune interne partant pour un week-end sexe dans les saunas parisiens, pris à de toutes petites doses un de ces médicaments en vue de démultiplier mes capacités...Mal m’en a pris, j’ai été pris de vomissements durant tout mon voyage en train et ai fini seul dans mon lit !), mais de là à changer une orientation sexuelle...à moins que ce médicament ne l’ai révélé à lui même !

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 22:26

 

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Au moment où parait « Sanglantes origines », traduction tardive puisque l’ouvrage original en anglais date de 1983, d’une confrontation « philosophique » entre René Girard et deux anthropologues anglo-saxons (ceux de son propre pays, et notamment Lévi-Strauss, l’ayant toujours ignoré) qui prit place en Californie où l’auteur professe, on peut s’interroger, à la lumière de prises de position récentes de deux des plus illustres de ses « disciples », sur l’influence que pourrait avoir la pensée girardienne sur le « politique ».

On aurait plutôt tendance à y voir un fondement philosophique possible de la pensée de droite. Selon cette théorie la nature pathologique du désir humain, « le mal », dont il nie toute autonomie puisqu’il ne fonctionne que par imitation, va conduire au déchainement de la violence mimétique à laquelle il ne pourra être mis fin que par le sacrifice réconciliateur d’une victime innocente, le bouc émissaire. Mécanisme de fondation de la culture qui « contient » le mal dans les deux sens du mot contient. Considérer la mal comme premier n’est généralement pas à la source de la pensée progressiste. Bien plus, la théorie proclame la supériorité de la religion chrétienne, le texte évangélique étant lu comme celui, unique, qui dévoile les mécanismes victimaires et proclame l’innocence de la victime. René Girard, membre de l’Académie Française, est considéré comme un catholique conservateur, qui de fait a souvent pris position en faveur des deux derniers Papes et a soutenu le film de Mel Gibson sur la passion du Christ. Ses inquiétudes quant à la modernité synonyme pour lui de crise culturelle par sa propension à effacer les différences, homogénéisation de la mondialisation source de déclenchement de la violence mimétique (Quand il parle de « l’énigme d’une situation historique sans précédent, la mort de toutes les cultures » on croirait entendre Renaud Camus), sa vision apocalyptique de notre avenir, tendraient à renforcer ce sentiment d’une pensée conservatrice, voire réactionnaire, bien qu’il se défende d’un pessimisme radical : « Une humanité nouvelle est en gestation, à la fois très semblable et très différente de celle dont nos utopies agonisantes ont rêvé »

Serait ce une illusion? Les écrits récents de deux de ceux qui soulignent l’influence qu’a eu et continue à avoir sur eux la théorie girardienne, Jean Claude Guillebaud (écrivain, philosophe chrétien et journaliste au Nouvel observateur) et Jean Pierre Dupuy (philosophe de formation scientifique, professeur à l’école Polytechnique), vont dans un sens diamétralement opposé à celui d’une pensée réactionnaire.
Jean Claude Guillebaud, qui vient de remplacer Jacques Julliard parti à Marianne, comme éditorialiste du Nouvel Observateur, s’en prend à ceux qui agitent le populisme comme épouvantail : « Il faut se méfier de la démagogie, mais l'antipopulisme ne doit pas tenir lieu de pensée aux nantis », considérant que derrière le « Vade retro Melenchon », il y avait en fait « Silence aux pauvres ». Il a également fait l’éloge de Stephane Hessel...
Plus surprenant pour moi, la violente diatribe anti DSK de Jean Pierre Dupuy, qui fait de sa popularité une bulle (au mécanisme de formation très girardien) de la démocratie d’opinion (sa publication dans Le Monde d’octobre 2010 m’avait échappée). Ce dernier, qui a contribué à faire connaitre en France les théoriciens du libéralisme et notamment la pensée de John Rawls (« Théorie de la justice »), s’inscrit depuis longtemps dans la perspective apocalyptique girardienne comme théoricien du « catastrophisme » (écologique, nucléaire, nano-biotechnologique). J’ai souvent fait référence à ses publications (« La marque du sacré », « Pour un catastrophisme éclairé », « Avions nous oublié le mal » dans des billets précédents). Je renvoie au lien ci-dessous pour vous laisser juger de la violence d’une attaque que là encore Mélenchon ne renierait pas : http://oloron.blogspot.com/2010/11/dsk-une-bulle-politique-par-jean-pierre.html

DSK est sûrement une bulle politique, mais quelle importance si l’on suit les interprétations du même Jean Pierre Dupuy sur les paradoxes du vote exposés dans un billet précédent. N’y a t’il pas contradiction à s’alarmer d’une élection possible grâce à un mécanisme de bulle quand on considère dans un même temps que de toute façon tout vote est une loterie ? On sait que la démocratie d’opinion fonctionne au mimétisme, il suffit de considérer l’évolution de la popularité d’Obama, au plus bas au moment où il ne fallait pas, les élections des 2 chambres, et maintenant affichant une remontée spectaculaire !

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 20:42

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« En l’absence des hommes » m’avait enchanté. Vincent, le jeune héros de ce court roman dont l’action se déroule pendant la première guerre mondiale, y était victime d’un double coup de foudre, l’un sous le signe du désir amoureux pour Arthur, soldat en permission, l’autre sous le signe de la fascination pour un Marcel Proust vieillissant, lui même séduit et qui se livrera dans leurs échanges épistolaires à une déconstruction magistrale du dit désir. Le premier essai transformé que constituait ce premier roman fût confirmé par les premiers qui suivirent, longues nouvelles encore plutôt que romans, notamment « L’arrière saison » et le « Garçon d’Italie ». Moins convaincu par ses dernières créations, au point d’en délaisser certaines, je ne pouvais cependant que me précipiter sur la suite de son premier opus,  « Retour parmi les hommes » qui vient de paraître. Philippe Besson, quelques années après la mort d’Arthur, nous conte l’errance de son héros devant un deuil impossible avant qu’il ne retrouve la France et ne revienne à la vie à la rencontre d’une autre figure littéraire, Raymond Radiguet, amant de Cocteau, qui vient d’écrire « Le diable au corps ». C’est peu de dire ma déception, l’ennui m’a presque effleuré à la lecture de la première partie, celle de sa fuite, succession de cartes postales à la limite du cliché. Certes on retrouve parfois dans la seconde partie de la nouvelle certaines des émotions du premier roman, la rencontre avec sa mère que Vincent avait laissé sans nouvelle, et surtout celle avec Raymond Radiguet (« je n’en pouvais plus de ta solitude» lui dit ce dernier en abordant le héros à la terrasse d’un café), et puis il y a toujours ce style classique et limpide. Si je suis loin de partager l’enthousiasme de certains critiques ou blogueurs, je trouve celle de Frédéric Beigbeder dans le Figaro, qui qualifie l’auteur de « Marc Levy gay » ou de spécialiste du « petit roman d’homosexuel gnangnan », peu convenable. Le rapprochement que font certains avec Sagan me paraît plus juste.

De la déception aux éloges. « Incendies», le film du canadien Denis Villeneuve, est bouleversant. A la lecture du testament de leur mère, deux jumeaux, fille et garçon,  se voient remettre deux enveloppes par le notaire de la famille: l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l’autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Ils iront parcourir un Liban, jamais cité, dévasté par la guerre civile où milices chrétiennes et musulmanes enchainent les représailles sanglantes, pour déchiffrer une énigme stupéfiante. On présente ce film comme une tragédie grecque, une variation sur le mythe d’Oedipe. En fait la structure narrative est basée sur une construction mathématique, la théorie des polygones, très présente semble t’il dans la pièce (que je n’ai pas vue) dont le film est tiré mais qui n’est qu’évoquée dans le film, à son début où la jumelle, professeur de mathématiques s’entend dire par son maître que les mathématiques pures traitent de problèmes sans solutions et  dans sa chute où jaillit de la réflexion de son jumeau l'équation finale impossible qui résout l'énigme. De cette construction cachée, où à peine dévoilée, nait la seule faiblesse du film, une impression parfois d’artifice, de trop de « savoir faire » qui nuit à l’émotion. Ce film, comme celui, israélo-palestinien « Ajami » dont j’ai parlé dans un billet précédent rendent profondément pessimiste quant à la possibilité de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le moyen-orient.

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 22:39

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Comme ils étaient pathétiques, cheminant côte à côte vers la tombe de celui dont ils se réclament seulement l'espace d'une élection. Qu'ils se réjouissent, pour les 20 ans de sa mort il y aura encore une élection, ils pourront franchir un nouveau cran sur l'échelle du ridicule. Ils n'étaient certes pas tous là, ni Fabius qui une autre fois avait poussé l'indécence jusqu'à s'habiller comme lui, ni Jospin qui a depuis longtemps pris ses distances, ni Walls victime d'une sortie de route dans la course aux primaires sur la question des 35 heures, ni Hollande surtout, le plus digne. Est ce là, sur sa tombe, qu'ils ont scellé leur accord, appelé à tort coup de Jarnac par la presse, car le dit coup contrairement à son acception populaire n'était pas un coup bas, pour concocter un calendrier électoral des primaires défavorable à deux des absents, DSK (qui ne pouvait de toute façon être là) et Hollande?

Chevènement n'était pas là lui non plus mais il n'est plus socialiste, même s'il garde un profond attachement affectif pour Mitterrand. Hier soir, sur la plateau de l'émission de Ruquier, il est revenu sur l'une des divergences majeures qui l'en ont éloigné : l'Europe. Selon lui Mitterrand a fait la pari de l'Europe, un pari qu'il assimile au pari de Pascal. En quelque sorte "si l'Europe n'est pas possible, elle est perdue et pourrait retomber dans ses déchirements de la première partie du 20è siècle, alors faisons le pari qu'elle est possible". J'ai rarement été d'accord avec Chevènement mais j'ai toujours gardé une certaine sympathie pour celui qui permit à François Mitterrand de s'emparer du parti socialiste à Epinay. Son courageux soutien à Eric Zemour n'a fait que renforcer cette sympathie. Cette judiciarisation de tout propos qui décrirait une réalité qui ne rentre pas dans le schéma idéologique droit-de-l'hommiste conduit à une "big-brotherisation" de notre société. Ne vient on pas de dénoncer les propos, qualifiés d'homophobe", de Robert Menard, ancien secrétaire de Médecins sans Frontières, qui a simplement dit "qu'il avait envie que ses enfants aient une sexualité hétérosexuelle". Il me semble que c'est son droit le plus absolu de se souhaiter cela sans être pour autant homophobe...

La joie des tunisiens de Paris faisait plaisir à voir samedi après midi alors qu'ils défilaient rue de Rivoli. On ne sait jamais de quel côté penchera une révolution, eut elle un nom de fleur. Souhaitons que la révolution de Jasmin ait un destin aussi heureux que celle des œillets qui m'enflamma en 1974. L'issue de cette dernière, après une première phase où, comme en Tunisie, le pouvoir fût d'abord confié à une personnalité compromise avec l'ancien régime, le général Spinola, fût longtemps incertaine, sa composante "social-démocrate", menée par le major Melo Antunes, ne l'emporta contre la faction communiste menée par le général Gonçalvès que grâce au brusque revirement du fougueux major gauchiste, Othello de Carvalho. En Tunisie, l'absence de menace islamiste, qui rend difficilement compréhensible le soutien de la France à l'ancien régime, est un facteur d'optimisme. Peut être est ce cette menace dans les autres pays du Maghreb, en cas d'effet domino, qui est une source d'inquiétude pour la France à un moment où cette dernière est la cible privilégiée d'Al-Qaïda dans le Maghreb islamique. A ce propos c'est avec une certaine tristesse que j'ai lu et entendu les positions de certains hommes politiques qui se sont élevés contre la décision de Sarkozy d'intervenir lors de la dernière prise d'otages. Comment peuvent ils se permettre d'affirmer de façon si péremptoire qu'il ne fallait pas intervenir, sinon pour de sinistres motivations de nature électorale, ou comme j'ai pu le constater sur un autre blog par une haine antisarkoziste qui finit par tout obscurcir? François Hollande, là encore , a été digne.

Cette révolution tunisienne vient comme en écho au très beau film, "Même la pluie", que j'ai vu le week-end dernier. Ce film, d'une grande virtuosité scénaristique et de mise en scène, réussit le tour de force d'être à la fois le récit du tournage d'un épisode effroyable de la conquête de l' Amérique par Christophe Colomb au moment où des prêtres s'élèvent contre le massacre et l'asservissement des peuplades autochtones , le récit de cette épisode même et enfin celui d'une révolte populaire dans le pays du tournage, révolte contre la privatisation de la distribution de l'eau (d'où le titre du film) qui va entraver sa réalisation. Ces évènements vont bouleverser l'existence du producteur et du réalisateur, magnifiquement interprétés, dont l'évolution psychologique va se faire dans des directions opposées et inattendues.

J'allais oublier, ce soir sur Arte, un magnifique film sur ceux qui se retrouvent "seuls de leur condition" parmi les autres, "Loin du paradis".


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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 21:37

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J’avais eu la chance d’accompagner mas parents voir cette pièce lors de sa création en 1973. Tout cela est bien loin, mais je me souviens pas d’avoir tant ri à un autre spectacle. Certes j’étais encore loin de mon «coming-out» et ne me serais sans doute pas avouer à moi-même mon homosexualité. Mes parents aussi avaient beaucoup ri, ils riraient moins cinq ans plus tard lorsque je leur déclarerai assez brutalement que je ne m’intéressais qu’aux garçons. A cette époque, au théâtre comme dans la chanson populaires (« Un homo comme ils disent » d’Aznavour a été interprété pour la première fois un an avant la cage aux folles), seule la « folle » permettait de lever le tabou de l’homosexualité. En 1978, l’adaptation cinématographique m’avait déçu, j’avais moins ri, Ugo Tonnazzi n’était pas Poiret, Serrault m’avait semblé moins génial, seul Galabru apportait une touche nouvelle. L’interprétation n’était sûrement pas seule en cause, le sujet convenait sans doute mieux au théâtre, et puis j’avais changé, je venais de me lancer à corps perdu (c’est le terme!) dans le sexe, et la représentation de l’homosexualité donnée par le film « La confusion des sentiments», d’après la nouvelle de Stephan Zweig, convenait mieux à mon humeur nouvelle que celle du film d’Edouard Molinaro...
Christian Clavier et Didier Bourdon ont rencontré un franc succès l’année passée en reprenant cette pièce. Il ne me serait pas venu à l’idée d’aller assister à une de leur représentation, d’autant plus que je supporte assez mal le premier. Mais la pièce étant diffusé en direct dimanche soir sur TF1, il était tentant d’y laisser tomber un œil. J’ai été sidéré devant tant de vulgarité qui n’a réussi qu’exceptionnellement à me dérider. Le sujet a t’il vieilli ? Ai-je vieilli (sûrement!)? J’ai pourtant la conviction que s’il existait une version enregistrée de la création de Poiret et Serrault, j’y prendrai encore du plaisir. Ce qui est en cause dans cette version moderne c’est la médiocrité de la mise en scène et de l’interprétation. Ne fait pas la folle qui veut :
« On rencontre des attardés
Qui, pour épater leurs tablées,
Marchent et ondulent
Singeant ce qu'ils croient être nous
Et se couvrent, les pauvres fous,
De ridicule »

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 11:09

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"Another year", sans doute le film qu'il fallait voir en ce premier jour de janvier. Un film où les saisons passent dans la vie d'un couple de sexagénaires dont la sérénité contraste avec ceux qui gravitent autour d'eux, le fils à la recherche craintive de l'âme sœur, la collègue vieille fille célibataire en manque de sexe, l'ami obèse et alcoolique, le frère en deuil de sa femme et malmené par un fils psychopathe. Ces solitudes  viennent chercher un réconfort impossible auprès de ce couple dont la chute du film nous suggère que derrière son empathie, son apparente convivialité, il n'y a qu'indifférence, comme si le malheur des autres nourrissait leur propre bien être. Un grand film.

 

Les saisons passent en effet. Chaque nouvelle année je participe à une grand réunion de rentrée de mon entreprise, à Sorrente, près de Naples cette fois-ci. La demi-journée de libre nous a permis d'aller visiter Pompéi, vingt minutes en train. Je n'imaginais pas que ce site historique, que l'absence de politique culturelle de Berlusconi est en train d'abimer, fût si vaste et si fascinant. Réjouissant aussi de voir un sexe masculin sculpté à même le sol de la rue principale pour indiquer la direction du lupanar. On chercherait en vain de tels repères dans le marais!

 

Fascinantes aussi les prévisions des analystes financiers et de certains économistes qui vous conseillent de revenir vers la bourse et les actions, malmenées depuis mai 2007. 2011 devrait être l'année de l'embellie...Il est à craindre que ces analystes, qui gagnent leur vie avec vos placements et dont les conseils ne sont donc jamais neutres,  prennent leur désir pour la réalité. Il en est d'autres, minoritaires il est vrai, mais qui se sont rarement trompés, qui pensent au contraire que 2011 pourrait bien être l'année de la  faillite des états, du crack obligataire et de l'effondrement des marchés!

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 20:42

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"Limbo" , comme la plupart  des pseudos que j'utilise sur internet, "hyperion", "leto", fait référence à un des livres "monument" de la Science-fiction, un roman de Bernard Wolfe, anti-anti-utopie publiée dans les années 50, qui décrit un monde postérieur à la troisième guerre mondiale et où un neurochirurgien démiurge, spécialiste de la lobotomie frontale, débarque dans un territoire où règne le pacifisme intégral. Roman prophétique, roman noir, à l'humour noir, profondément pessimiste quant à l'avenir de l'humanité, dont la  lecture devrait être imposée comme tentative thérapeutique à tout "militant".

Limbo se trouve être aussi le titre de la bande dessinée qui constitue une des trois intrigues parallèles d'un autre très grand roman, "Dans les limbes" de  Jack O'Connell, paru il y a quelques mois. Thriller gothique, en fait totalement inclassable, qui se passe dans la ville imaginaire au centre de tous ses romans, Quinsigamond, labyrinthe post-industriel . Le théâtre principal est ici une clinique, là encore dirigée par des neurologues démiurges, et dans lequel le héros, pharmacien, vient y amener son fils plongé dans le coma en espérant que ces médecins surdoués le réveillent, fils dont la lecture préférée était  "limbo", BD peuplée de monstres de foire, et dont les personnages semblent s'être échappés. A cela s'ajoute une bande de motocyclistes, réfugiés dans une usine de prothèses, qu'on croirait sortis de "MAD Max" . Les trois intrigues vont s'interpénétrer et se nourrir l'une l'autre pour donner un grand roman, à l'écriture enivrante, roman sur l'écriture justement, sur le langage, sur la construction d'un récit comme ses précédents ouvrages. Si on a évoqué le Stanley Kubrick de Docteur Folamour pour Bernard Wolfe, c'est ici Tod Browning, David Lynch et Borges qui sont convoqués.

 

Les romans de R.J.Ellory, sont de facture plus classique. J'avais dit, dans un précédent billet, tout le bien que je pensais de sa dernière production "Les anonymes".  J'ai terminé il y a peu "Vendetta", gigantesque fresque qui retrace l'histoire de la mafia aux Etats-Unis ces cinquante dernières années, y compris dans ses dimensions politiques (les assassinats des Kennedy en particulier), tout en restant un thriller palpitant, à l'écriture toujours aussi remarquable, avec un coup de théâtre final époustouflant. Un de ces livres que vous ne voudriez jamais voir se terminer.

 

J'aurais bien du mal à vous faire part de mon enthousiasme pour les derniers films que j'ai pu voir. Le dernier "Harry Potter", assez sombre, est plutôt supérieur à l'ensemble de la production, même si j'oublie une partie de l'intrigue d'un épisode à l'autre...Une petite mention pour une comédie parfois touchante "Les émotifs anonymes", qui peint, en forçant quelque peu le trait, une pathologie assez fréquente, "la phobie sociale".

 

Bonne année 2011 à ceux qui commentent ce blog (et aux autres aussi d'ailleurs!)

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 22:45

 

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Quand mes « aller-retour» sur Bordeaux ne sont pas perturbés par les grèves, ils le sont par les effets combinés de la neige et des départs en vacances. Je n’ai du mon retour sur Paris samedi matin qu’à mon statut privilégié de « grand-voyageur » sur Air France, ce qui m’a permis de trouver, avec l'aide d'une hôtesse compréhensive, une place sur le vol précédent le mien qui était annulé, et de pouvoir assister à la soirée « arbre de Noël » organisée, comme chaque année, par deux vieux amis de Bertrand. Une de mes distractions favorites dans ce genre de manifestations où le champagne coule à flot est d’identifier parmi la foule des invités ceux d’entre eux qui furent de mes « tricks ». Stigmate de la récession sans doute, je n’en ai compté qu’un cette année, qui me gratifia d’un discret sourire, fellation rapide il y a bien près de 20 ans dans le sauna vapeur, avant qu’il ne soit transformé en salle de détente quand les travailleurs immigrés préposés au nettoyage ont du finir par se plaindre des taches de sperme, du gymnase club grenelle. Loi des séries dans doute, le lendemain soir alors que nous dinions au restaurant « Le pavé », la neige, encore, nous ayant empêché d’aller en lointaine banlieue chez les parents de Bertrand où nous étions invités, un des trois garçons qui s’est assis à la table à côté m’ a salué, un «américain à Paris», rencontré celui là au gymnase club Italie, à peu prés à la même époque, mais plus longuement puisque j’avais fini dans son lit. Ces petits clins d'œil du passé me sont plutôt agréables, moins à Bertrand.

Mes « tricks » au gymnase club (devenu entre temps club-med-gym) ne sont pourtant pas l’objet de ce billet (ils pourraient remplir un blog à eux tous seuls...). Je voulais en fait revenir sur le précédent et ses commentaires (sur le blog "mère" de celui-ci sur le site "gayattitude") quant à la citation de Renaud Camus dont la relation directe avec le sujet du billet n’a semble t’il pas été vue dans au moins un de ses aspects. Renaud Camus peut il être apparenté à ces intellectuels nationalistes et identitaires qui revendiquent leur homosexualité tout en militant dans des mouvements d’extrême droite? La question est ouvertement posée par le titre d’un article du dernier « Monde des livres », « Renaud Camus, candidat de l’Occident », article consacré à la sortie de son livre « L’abécédaire de l’In-nocence », qui reprend les communiqués du parti qu’il a fondé et pourrait constituer le programme de sa candidature en 2012, candidature dont il est également question dans une interview du dernier numéro du Nouvel Observateur. Ce titre du monde a suscité un communiqué indigné de l’auteur qui récuse toute assimilation à l’extrême droite. Il a pourtant participé ce week-end (http://www.nouveau-reac.org/allocution-de-renaud-camus-aux-assises-sur-lislamisation/) aux « Assises internationales sur l’islamisation du pays » qui se tenaient à deux pas de chez moi, en compagnie de l’un des meneurs suisse de la campagne contre les «minarets», et du chef des hooligans de l’English Defense League. Renaud Camus réplique qu’il a été invité par « Riposte laïque » qui se veut de gauche (ce qui est le cas du père de Bertrand qui appartient à ce mouvement, ce qui lui avait valu de se retrouver dans le Nouvel Observateur sur une photographie illustrant une réunion "apéritif-saucisson"). On sait aussi qu’il fut accusé d’antisémitisme, mais l’accusation ne résiste pas à la lecture attentive des textes, aux multiples soutiens de personnalités juives et au fait que son abécédaire est publié par un éditeur qui, selon Le Monde, se réclame des « valeurs juives». Sa condamnation de Jean Marie Le Pen a été sans équivoque en 2002 lors du second tour de l’élection présidentielle, et il ne semble pas avoir plus de sympathie pour la fille puisqu’il a manifesté son soutien à Frédéric Mitterrand lorsqu’ elle l’a accusé de pédophilie (ce dernier l’avait lui aussi soutenu lors de « l’affaire Camus »). Si ce n’est sur les questions de « Morale », il s’est parfois dit proche de Philippe de Villiers, ce dernier peut il être considéré comme d’extrême droite?

Je dois avouer, que de la même façon que j’avais dit à Bertrand (tout en ne niant pas qu’il y ait bien un problème de « L’islam en France » dont l’occultation idéologique risquait de nous amener aux pires extrémités) que la participation de son père à ces manifestations anti-islamiques me mettait mal à l’aise, je ne peux que regretter, et bien plus étant donné l’attachement que j’ai pour l'œuvre de cet écrivain, celle de Renaud Camus. Il me semble suivre là une pente dangereuse. Je ne le crois cependant pas d’extrême droite, sensibilité que je connais bien puisque j’en ai partagé certaines valeurs dans ma jeunesse, élevé dans une famille nostalgique de Pétain, sensibilité qui contient immanquablement haine et violence, incompatible avec tant de ses écrits.

« En corrigeant ces jours-ci les épreuves de Une Chance pour le temps, le journal, 2007, je suis tombé sur d’assez longues citations du livre de Pierre Le Coz, L’Europe et la profondeur, où l’auteur manifeste avec insistance et détermination ce qui serait couramment taxé d’homophobie. Et de m’aviser une fois de plus, sur un terrain où je devrais me sentir directement visé, que je ne ressens rien de cette affreuse blessure et moins encore de l’indignation que sont supposés faire naître toutes ces phobies et tous ces anticecismes et anticelasmes tant dénoncés et si fort chargés d’opprobre. Pierre Le Coz n’aime pas l’homosexualité ou du moins la juge incapable de profondeur : ce me semble son droit le plus strict. Il donne des arguments, qui peuvent être éminemment contredits et combattus, je ne vois rien là de répréhensible. Il appellerait au massacre, aux sévices, à la violence, ce serait une tout autre affaire- inutile d’écrire que ce n’est nullement le cas. Je n’ai jamais eu de sympathie pour la parole évangélique « tu ne jugeras pas », surtout quand elle est tronquée de sa suite, « crainte d’être jugé toi-même ». Je crois au contraire que juger est une des plus hautes des prérogatives de l’homme et l’une de celles où il se définit le mieux. Pour ma part j’accepte tout à fait d’être jugé, et comme individu, et comme homosexuel, et comme Français, étant bien entendu que les individus doivent être jugés comme individus et les groupes comme groupes sans interférence. Et je crois qu’il est tout à fait malsain que les groupes quels qu’ils soient, communautés de goût, communautés d’origine, communautés de situation économique ou sociale, communautés de civilisation, communautés de religion, échappent au jugement moral, ou esthétique, ou intellectuel, comme le veut et comme l’impose le dogmatisme antiraciste. La seule condition absolue à ce droit au jugement c’est qu’il soit en permanence contradictoire, soumis au jugement et aux arguments a contrario. Mais il est absurde de vouloir interdire et fustiger toute critique (d’un groupe, d’une « communauté », d’un peuple, d’une civilisation) aussi longtemps qu’elle n’est pas un appel à la violence et qu’il peut y être répliqué »
(Renaud Camus, Krakmo, journal 2009, Fayard 2010)

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