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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 22:07

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Les Journées de Neurologie de Langue Française sont l'occasion de croiser, chaque année à peu près à la même date, des neurologues de toute la France. La régularité de cette rencontre annuelle nous ferait presque oublier combien nous avons vieillis. Un de ces neurologues, qui fit avec moi ses études de médecine, m'interpella pour me montrer des photos, numérisées, d'une réception qu'il avait donné à la fin des années 70 et à laquelle j'étais invité. Je n'avais aucun souvenir de cette manifestation mais la découverte de la photo qui illustre ce billet m'a presque étonné - les cheveux que l'on portait long, pas seulement pour cacher la calvitie qui s'affirmait, la façon de s'habiller- mais aussi presque ému, se retrouver projeté, quelques mois après mon "coming-out", au moment où mon aventure tumultueuse et douloureuse avec Hervé se terminait et quelques semaines avant que je ne rencontre Bernard1, aventures que j'ai narrées en d'autres blogs :
(http://limbo.over-blog.org/article-herve-1-la-conquete-44545270.html et http://limbo.over-blog.org/article-herve-2-la-chute-44685383.html).

Deux jours plus tard, au contrôle de bagages de l'aéroport de Zurich, un cadre en costume cravate, une tenue que j'ai abandonnée depuis longtemps, et qui prenait le même vol que moi, a attiré mon attention. Il me rappelait quelqu'un, notamment cette discrète exophtalmie non dépourvue d' un certain charme. Lorsque son regard a accroché le mien, il m'avait également reconnu, je me suis souvenu du nombre de fois où nous nous étions croisés dans les saunas et autres lieux chauds parisiens, il devrait bien y avoir 15 à 20 ans, sans jamais que l'un n'ose abordé l'autre, cette timidité du premier abord qui ne m'a jamais vraiment quitté.

Peut être nous sommes nous rencontrés dans un des univers multiples que sous entend la mécanique quantique, hypothèse que le dernier film du fils de David Bowie, "Source code" explore avec talent. Les paradoxes du temps forment aussi la trame du roman de Felix J.Palma, "La carte du temps", brillant exercice de style, hommage aux grands romanciers précurseurs de la Science-fiction, H.G.Wells avant tout, où l'on rencontre, outre ce dernier, Jack l'éventreur, Eléphant man, Jules Vernes, Conan Doyle, Henry James. Il ne s'agit pas d'un roman de Science-fiction, mais d'un roman sur la perception du temps, sur le temps comme illusion, sur le pouvoir de l'écriture.

Dans le monde de la mécanique quantique, univers de l'infiniment petit, où toutes les réalités se superposent, le temps est réversible, mais dans notre monde macroscopique qui n'en actualise qu'une, la nôtre, la flèche du temps s'écoule inexorablement. Celle que vit Jean-Baptiste Audousset, président de l'association des victimes du vol Rio-Paris, qui a perdu son ami dans l'accident, "Libération" nous en livre le témoignage, aussi émouvant que pudique, dans sa page portrait, sous le titre pour une fois magnifique, "vol de lui". Parti en vacances avec son ami, il avait du rentrer plus tôt...Il y a plus de trente ans, avant les années Mitterrand, au moment de la réception dont je parlais au début de ce billet, il n'était pas pensable qu'un jeune homosexuel puisse être président d'une association de victimes...

Par contre en ces temps là, quand il n'existait pas des "Saint Just" de la pensée, comme Edwy Plenel, on pouvait dire que les noirs étaient souvent "mieux foutus que les blancs". C'est une "impression" que j'aurais tendance à partager, de la même façon que mon expérience personnelle (très large), limitée il est vrai aux seuls  homosexuels, me permet d'affirmer, qu'en moyenne bien sûr, mais de façon très significative, les noirs que j'ai rencontrés où dont j'ai aperçu le sexe étaient sans aucun doute beaucoup mieux montés que les asiatiques. Serait il raciste de faire part de cette constatation? Il  semble que oui si l'on se réfère à ce qui vient d'arriver au directeur technique de l'équipe de France de Foot-bal. Sera t'il demain considéré comme raciste de dire que les noirs sont plus souvent noirs que les blancs? Il est vrai que dans la réalité temporelle fantasmée par notre idéologie dominante, les races n'existent pas. Relativisme temporel, au temps de la réception du début de ce billet j'aurais crié avec la meute.

Dernier paradoxe temporel au moment de la béatification de Jean Paul 2? Les bénéfices du deuxième disque des protégés de Mr Di Falco seront reversés à une association de lutte contre le Sida...Vous imaginez cela de la part d'autres religions? religions?

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 21:56

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Il y a 30 ans, le 4 avril 1981, à l'initiative du CUARH, 10 000 homosexuels défilaient à Paris pour demander au candidat François Mitterrand de s'engager pour une dépénalisation totale de l'homosexualité (une relation avec un mineur de 15-18 ans était encore interdite aux seuls homosexuels). Cette manifestation est considérée comme la première "Gaypride" française, qui se déroulera dès l'année suivante au mois de juin et qui à partir de 1983 verra monter en puissance la participation des commerces gays pour prendre un tour au moins aussi ludique que revendicatif et devenir comme dans de nombreux pays un véritable "carnaval gay'. Depuis quelques années, perdant son nom pour devenir "la marche des fiertés LGBT, lesbian & gay pride", le collectif  LGBT qui la dirige, comme un retour aux origines, a voulu lui redonner son caractère militant, réduisant à la portion congrue la participation des commerces gays, bars et autres, relégués en fin de cortège, au risque de l'ennui. J'ai dit ailleurs combien je le regrettais :

 http://limbo.over-blog.org/article-ma-vingtieme-gaypride-52964549.html

 

Pourtant cette année, la LGBT avait choisi un visuel dans la tradition du l'humour "Queer", affublant le symbole du machisme et de la fierté, cher à nos rugbymen, le coq gaulois, d'un boa! La présentation de ce visuel au Tea Dance du tango a provoqué un vent de révolte dans une partie de la communauté homosexuelle. Parmi le festival de bêtises auquel on a eu droit, la palme est revenue à la qualification de l'affiche de "raciste et pétainiste"! A cela est venu s'ajouter le concert des honteuses qui y ont vu une stigmatisation des homosexuels , une intériorisation des clichés de la folle, un recul de la lutte contre  l'homophobie. On pourrait répondre à l'association, "le Refuge", qui a porté ces accusations, si le choix de son nom n'est pas en lui même  une stigmatisation! 

 

C'est avec un certain sourire que j'ai pu lire les propos de  tel ou tel blogueur, dont la fascination pour Claude François ou Liz Taylor (entre autres), reproduit ces clichés de la folle qui lui font tant horreur, poursuivre ses éructations contre la gaypride qui donne "une mauvaise image de nous". Une autre association, au nom plus engageant  et qui poursuit les mêmes objectifs que le "Refuge" a bien vu la part d'homophobie qui est en fait l'inconscient de bien des critiques de ce visuel : «Le vrai combat de déconstruction des préjugés ne se fait pas sur l'acceptabilité d’une homosexualité en opposition à une autre, plus efféminée, qui aurait donc qu'à être moins “provocatrice” pour vivre dans le respect. Le combat au quotidien se fait dans l’illustration et la défense des multiples façons de vivre et de concevoir son propre rapport au corps, à sa sexualité, à son identité de genre et à son mode de vie. C’est cette diversité qui déconstruit les préjugés».

 

L'inter LGBT a préféré mettre à l'écart cette affiche pour clore la polémique et ne pas compromettre le succès de la Gaypride. On peut le comprendre. Elle aurait pu choisir un des Mister "gays", tel celui de la photo qui illustre ce billet...avec d'autres polémiques en vue, surement..

 

 

Une autre polémique me parait être le miroir de celle sur la Gaypride. Olivier Py, nommé directeur du théâtre de l'Odéon par un ministre de la culture homosexuel, Renaud Donnedieu de Vabres, vient d'être démis de ses fonctions par un autre, Frédéric Mitterrand. Devant le concert de protestations on vient de lui trouver un point de chute, la direction du festival d'Avignon. Il semble, selon ce qu'en a dit la presse,  que sur un arrière fond de divergence avec l'Elysée,  c'est la profonde inimitié de Frédéric Mitterrand, l'homosexuel honteux qui a exposé son mal être dans la "mauvaise vie" , pour Olivier Py , l'homosexuel moderne qui s'assume et parfois provoque, qui serait à l'origine de cette décision. Frédéric Mitterrand est de ceux qui ne feront pas la Gaypride....

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 10:35

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Dans l’avion qui me ramenait d’Honolulu j’ai lu d’une traite la dernière biographie de Frantz Olivier Giesbert consacrée à Nicolas Sarkozy. Lecture hallucinante d’un itinéraire qui va de de 2005 à 2011 et qui nous livre un personnage oscillant sans cesse du grotesque au surdoué, dont on se demande s’il en est resté au stade de l’enfant gâté, impulsif et violent, sorte d’hybride d’Iznogoud et de De Funès, ou s’il est fou, peut être tout simplement hystérique. Etait il bien raisonnable de confier les rênes de notre pays à quelqu’un dont la boisson préférée est le « coca light » et qui affirme n’aimer ni le vin, ni le fromage ? Il faut toujours se méfier de ceux qui pour des raisons autres que religieuses ou médicales ne boivent pas de vin (il n'est pas rare qu'en plus ils mangent bio et fuient les antennes de téléphonie mobile!), pire disent ne pas l’aimer, des psychorigides, des « peine à jouir » comme le dit joliment Giesbert. Le livre ne peut cependant pas être réduit à une descente en flamme du dit personnage, comme pourrait le laisser supposer la conclusion, pourtant ambigüe, du livre : « ...Nicolas Sarkozy n'est plus tout à fait le même. Il a peut-être enfin commencé à se trouver. Il est fait; il est fini. ». Par bien des aspects de sa personnalité pourrait finir par apparaître attachant, notamment dans ce passage où nous sont révélées, à la limite de l’indécence, les épisodes de sa douloureuse et interminable séparation d’avec Cecilia, lasse de ses infidélités. « Tromper c’est partir » aurait il confié à l’auteur, je partage pleinement cette conception. L’épilogue du livre est surréaliste, on y découvre un Nicolas Sarkozy à qui Carla semble avoir fait découvrir les joies de la lecture, étaler sa connaissance des chefs d’œuvre de notre littérature, en en citant, aidé par son hypermnésie, des passages entiers !

La prochaine campagne présidentielle se promet d’être burlesque, sinon passionnante. Quel plateau ! Sarkozy donc qui va nous mener un train d’enfer; nos Dupond et Dupont, les populistes Jean Luc et Marine; le facteur; Dupont GnanGnan , monsieur moins de 1%; Vilaine Pine; la passionaria catholique; le dandy misanthrope retiré dans son château du Gers, le comique "écolo" du précédent gouvernement; le Béarnais; Mr Hulot qui a décidé de mettre fin à ses vacances et sans doute un socialiste, le rescapé du trio formé par le père des 35 heures, celle qui les a mis en musique atonale, le corrézien enfin, qui monte, monte, trio dont l'heureux vainqueur devrait sortir quelque peu fripé de l’essorage des primaires( un de mes (rares) « amis » sur Facebook m’a lancé une invitation à participer aux primaires socialistes...un faible pour le corrézien). Imaginez un second tour Borloo/Le Pen, ubuesque...

Le hasard a voulu que le thriller que j'ai lu pendant ce voyage, "L'honorable société", roman écrit à quatre mains par DOA, dont j'avais précédemment apprécié "Citoyens clandestins", et Dominique Manotti. L'intrigue se situe pendant une campagne présidentielle imaginaire mais il n'est pas difficile de mettre des noms sur tel ou tel personnage : un candidat de droite qui déclare "Quand j’aurai les pleins pouvoirs, je me chargerai moi-même d’en pendre quelques-uns à des crocs de bouchers" , sa femme "Sonia", des patrons de grandes entreprises, le tout sur fond de scandale touchant la filière nucléaire, guerre des polices et écologistes radicaux....Projet de scénario refusé par la télévision, l'écriture, rapide, hachée, en porte les traces, ce roman, trop "démonstratif", ne tient pas ses promesses.

 

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 21:53

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Un dimanche de la mi-avril, le plus souvent celui du marathon de Paris, depuis plus de 10 ans, je m'envole pour une des grandes villes américaines dotées d’un centre des congrès suffisamment grand pour pouvoir accueillir les milliers de participants de l’American Association of Neurology (AAN), venus du monde entier.  Après Boston, Philadelphie, Seattle, San Diego, Toronto, Denver, Chicago, San Francisco, Miami, c'est au tour, comme en 2003, d' Honolulu. En pleine guerre du golf, nombreux sont ceux qui avaient alors renoncé à faire ce voyage jugeant la situation internationale trop risquée, nous avions reçu un accueil plutôt froid, sinon hostile, conséquence de la position française défendue par Villepin à l'ONU. Cette année il devrait être plus chaleureux, puisque Juppé, toujours à l'ONU, a entrainé avec nous les américains dans l'aventure libyenne. La situation "nucléaire" au Japon a cependant amené certains neurologues à renoncer à faire le voyage. Il est vrai que depuis quelque temps les retours de l' "AAN" sont quelque peu anxiogènes : déclaration de la pandémie de grippe H1N1 il y a 2 ans, nous étions à Seattle, avec une menace de mise en quarantaine au retour en France, impossibilité pendant quelques jours de rentrer de Torento en France, l'année dernière, le volcan islandais... Le souvenir peut être aussi qu'Hawaï a déjà été le théâtre d'un mauvais coup venant du Japon...

Honolulu , un très long voyage,  douze heures jusqu'à San Francisco, cinq heures d'escale, puis à nouveau cinq heures de vol...L'occasion de terminer la lecture du "Journal impoli" de Christian Millau. Célèbre critique gastronomique, on sait qu'il  "inventa"  avec son compère Henri Gault et Michel Guérard, la "nouvelle cuisine" et qu'il fonda un célèbre guide qui porte encore son nom mais qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été depuis qu'il a été plusieurs fois racheté. C'est en suivant "Gault et Millau" que je me suis "forgé le goût" dans mes "folles" années où le sexe et la gastronomie me conduisaient à parcourir la France et que j'ai pu découvrir les cuisines de Chapel, de Loiseau, de Blanc, de Michel Bras, de Guérard, de Marc Meneau et de temps d'autres. Me serais je jamais arrêté dans un petit village de montagne de la Haute Loire, Saint Bonnet le Froid, pour m'y régaler pour moins de "100 francs" dans le petit bistrot de Regis Macon, aujourd'hui un trois étoiles Michelin, si je n'avais suivi les conseils de Christian Millau? L'on sait moins que Christian Millau fût aussi grand reporter, journaliste au Monde, qu'il a côtoyé le "tout Paris " littéraire des années 50, il l'a conté dans  son livre "Le galop des Hussards", et qu'il a une immense culture. Il s'agit moins d'un journal qu'une chronique pleine d'anecdotes de ses rencontres, innombrables, Nimier, Blondin, Céline, Mauriac , Welles, Desproges , tant d'autres et des évènements qu'il a traversé. Chronique au combien impertinente, pleine d'humour, "vue de droite" certes mais d'une droite non conformiste. Ses détestations et ses admirations sont souvent les miennes, même s'il peut, ici où là, m'irriter.

Quelques extraits savoureux sur le monde homosexuel qu'il a beaucoup côtoyé.
"Au début des années 60, le Scaramouche avait investi la cave. C'était l'époque où la nuit, drôle et étonnante, devait tout aux homosexuels, qui ne nous bassinaient pas encore avec leur Gay Pride. Dieu leur avait donné le génie du simulacre, de la parodie et de la démesure, mais ils nous en faisaient profiter en famille,  nous qui n'étions pas de leur bord et les chérissions"
"En Angleterre, on les appelle "fag hags" (littéralement : "tricoteuses de tantes"). Ce sont des dames du meilleur monde, qui tapissent leur salon d'homosexuels. Ils ont l'avantage de n'amener avec eux que des hommes. Donc, aucun risque de concurrence. Il convient de remarquer que tous ne repartent pas avec l'argenterie. Je pense à François-Marie Banier qui, lui, au contraire, n'est pas parti. Il a eu raison puisqu'en restant, il a tout trouvé sur place. Liliane Bettencourt, quatre vingt neuf ans, est en effet une bonne dame qui comprend les jeunes gens, même prolongés."
"Enfin, de la bouche de Jean Cocteau, ce mot "énorme". Un soir à l'opéra, mme François Mauriac, voyant sa loge occupée, s'écrie : "Mais, monsieur, c'est ma loge! Je suis la femme de François Mauriac." Le "monsieur", qui avait le dos tourné et qu'elle n'avait donc pu reconnaître, était Cocteau, entouré d'amis. Il lui répondit : "Ca madame, nous l'avons été avant vous." Peut être bien que François Mauriac fut le seul, à Paris, à ne pas savoir qu'il "en était"
(Christian Millau, Journal impoli, 2011)

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 21:36

 

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La disparition d’Elisabeth Taylor, star légendaire du cinéma américain bien plus que grand actrice, icône gay qui aimait tant les « pd » qu’elle en nouait avec eux des amitiés amoureuses, James Dean, Montgomery Clift, Mickael Jakson, Rock Hudson dont le décès fût à l’origine de son engagement dans la lutte contre le Sida, m’a laissé plutôt indifférent. J’ai toujours été épargné par cette étrange fascination qu’exercent sur  tant d’homosexuels les divas du monde du cinéma ou des variétés.

La mort d’un grand acteur qui ne faisait pas mystère de son homosexualité, Farley Granger, est passée elle presque inaperçue. Il fût le jeune officier autrichien du « Senso » de Visconti, ainsi que le partenaire de John Dall, lui aussi homosexuel, dans le film d’Hitchcock « la corde » que j’ai eu récemment l’occasion de revoir à la télévision. En dépit de la virtuosité de sa mise en scène, le film m’a semblé avoir terriblement vieilli. Le regard que porte le cinéaste sur l’homosexualité, sur son « a-moralisme », ne manque pas de déranger, sorte de version « noire » de la «cage aux folles».

Il y a un peu plus de 10 ans, une autre disparition, celle d’un des plus grands, du plus grand peut être, metteur en scène du 7è art, Stanley Kubrick, m’avait profondément ébranlé. La cinémathèque française lui consacre actuellement une rétrospective. Je me souviens encore de ce jour où, adolescent, j’ai franchi les portes du « théâtre Français », un des plus grandes salles de cinéma de Bordeaux, plus de 1000 places, l’ère des multisalles était encore loin, pour aller y découvrir « 2001, l’Odyssée de l’espace ». Cloué sur mon fauteuil dès les premières notes d’ « Ainsi parlait Zarathoustra », je suis sorti de la projection en état de sidération, n’ayant qu’une idée en tête, revoir ce film. Je n’allais pas cessé de le revoir. Le film est beaucoup moins hermétique qu’on ne l’a dit, même si contrairement au livre qu’en a tiré son coscénariste, l’auteur de SF, Arthur C Clarke, il laisse la place à l’interprétation du spectateur. L’argument en est pourtant limpide, une intelligence supérieure, symbolisée par le monolithe noir, provoque, à l’aube de l’humanité, l’évolution du stade primate au stade humain, puis des millénaires plus tard, une fois que l’homme a atteint le niveau technologique lui permettant de conquérir l’espace et a réussi à s’affranchir de la domination par la machine (la mort du super ordinateur Karl), celle vers un stade supérieur de la conscience : plongé dans l’éternité, passant de l’âge mur, à la sénescence et la mort, il renait sous la forme de « l’enfant des étoiles », maître de l’univers.
Le génie de Kubrick s’est souvent heurté à Hollywood et ses stars. Evincé du tournage de la « Vengeance aux deux visages » par Marlon Brando, en conflit fréquent avec Kirk Douglas sur celui de « Spartacus », il se verra contraint par les producteurs de couper 20 mn de 2001. Ces 20 mn de film viennent d’être retrouvées, sans le son, mais les héritiers s’opposeraient à leur utilisation....
Kubrick, l'enfant des étoiles

Les deux films que j’ai vus ce week-end ne sont certes pas des chefs d’oeuvre mais méritent tout l’intérêt qu’une certaine critique leur a porté. « Easy Money » est un thriller nordique au scénario original qui n’est pas sans faire penser à celui de « Jewish connection » - dans sa recherche « d’argent facile » un jeune étudiant se trouve embarqué dans le milieu de la drogue - mais ici pas de rédemption, un film très noir. Les ravages du capitalisme financier qui conduisent à des licenciements massifs pour préserver les cours de bourse rapprochent « Company men », ici licenciement de cadres supérieurs et « « Ma part du gâteau », là de simples employés. La force de l’interprétation et de la mise en scène du premier laissent loin derrière le second au final invraisemblable.

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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 17:02

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A mon retour de terre asiatique, je ne doutais pas qu’en l’absence d’un fait divers bien sordide, c’est  le psychodrame récurrent sur la montée du FN qui occuperait les médias français, bien avant ce qui fait la une ailleurs, la catastrophe japonaise et les révoltes arabes.

Le drame qui se joue à Fukushima  et dont l’évolution reste imprévisible, a remis en lumière,  je le rappelais dans le précédent billet,  les écrits de jean Pierre Dupuy sur le « catastrophisme éclairé ».  Selon lui la mondialisation et son corollaire, la croissance effrénée des pays émergents  vers un niveau de vie à l’occidentale rend la catastrophe inévitable, qu’elle soit nucléaire (si ce n’est pas aujourd’hui à Fukushima ce sera demain ailleurs), climatique ou biotechnologique. Comme on ne peut bien sûr envisager de maintenir ces pays dans le sous développement en continuant à les exploiter comme on le fit si longtemps, c’est notre rapport même aux modes de production et à la croissance qui serait à redéfinir si l’on veut éviter l’Apocalypse. Il cite souvent l’ exemple donné par Ivan Illich, qui avec René Girard a profondément influencé sa pensée, selon lequel l’utilisation de la voiture n’aboutit à aucun gain de temps, au contraire, par rapport à un déplacement non motorisé si l’on tient compte du temps passé à gagner l’argent nécessaire à son achat et à son utilisation....Pas de contre sens cependant, Jean Pierre Dupuy n’est absolument pas un adepte du mouvement de « l’écologie profonde » ! Sa position est « métaphysique ».

 

J’ai été heureusement surpris d’apprendre, après le pitoyable épisode égypto-tunisien, que la France avait eu le courage (quelle qu’ait pu être l’influence de BHL)  de  jouer les premiers rôles dans l’aventure libyenne, et cela dans une relative unanimité de la classe politique. Certes cela ne fait pas oublié nos complaisances passées avec les psychopathes du moyen –orient,  Sadam Hussein hier et Khadafi il y a encore quelques mois, mais ce n’est pas sans une certaine émotion qu’on a pu voir le drapeau français applaudi à Benghazi. Déception cependant de voir l’Allemagne, après ses réticences quant au sauvetage des pays européens en faillite, du moins pouvait on comprendre qu’elle en est assez de payer pour les autres, soit à nouveau très en retrait, enterrant une nouvelle fois toute possibilité d’Europe politique et nous conduisant vers une nouvelle « entente cordiale » avec l’Angleterre. Demain la Syrie ? Une intervention là, aux portes d’Israël, semble impensable.

Est ce suffisant pour s’écrier avec Luc Ferry : « Fukuyama avait raison » ? On sait que ce dernier affirma « la fin de l’histoire » à la suite de l’effondrement du bloc soviétique et qu’il entendait par là qu’il n’y avait plus d’alternative à nos valeurs démocratiques. Fukuyama contre Huntington donc. Ce cri de victoire me semble bien prématuré, d’abord parce que l’évolution des révolutions arabes en cours vers la démocratie n’est pas donnée, loin de là, mais surtout parce que si Jean Pierre Dupuy  a raison, si la fin de l’histoire doit advenir, si l’Apocalypse est pour demain, Fukushima pourrait en être une métonymie , à moins justement que renoncions à faire de notre mode de vie consumériste un modèle universel, ce qui consisterait, pour paraphraser Toynbee à faire en sorte que « History is again in the move ».

 

Pendant que l’histoire est en marche nous n’avons d’yeux que pour la montée irrésistible du Front National dans les sondages et dans les urnes au point que la principale préoccupation entre les deux tours des cantonales était de l’empêcher d’avoir des élus. Mais qu’est ce qu’on en a à fichtre que ce parti ait quelques élus, d’autant plus que ce déni de démocratie, refuser à 15 à 20% de la population d’être représentée, ne fait que le renforcer. Il est paradoxal que certains parmi ceux qui crient le plus fort sont les mêmes qui militent pour un retour à la proportionnelle ! Il est bien plus facile de recourir à l’ostracisme que d’affronter le réel, le malaise d’une partie de la population qui a le sentiment « de ne plus être chez soi » selon l’expression de Claude Guéant, n’eusse t’elle vu d’immigrés, du fond  de son village, qu’à la télévision. 

Confondre ce malaise - dont le succès de la réédition du livre de Jean Raspail qui date pourtant de 1973 (« Le camp des saints » qui imaginait le déferlement de populations du tiers monde sur nos côtes et qui serait probablement censuré s’il paraissait aujourd’hui)), et de celui de Renaud Camus, "J'y crois pas" (qui se retrouve pour la première fois dans la liste des meilleures ventes des essais et documents !) témoigne - avec le néopopulisme qui progresse partout, en Europe comme en France, bien au delà  du FN (il suffit d’écouter Melenchon) me semble une analyse insuffisante du problème. Car problème il y a, et le nier au nom d’une idéologie « droit-de-l’hommiste » ou l’amplifier en stigmatisant une religion sont deux façons aussi efficaces de rendre inexorable la progression du FN. Recourir à la pédagogie, reconnaitre qu’on aurait du mieux maitriser les flux migratoires et les mécanismes d’insertion, mais qu’il serait contraire à toutes nos valeurs et même à nos intérêts de s’en prendre à des gens qui sont  sur notre territoire depuis longtemps, qui pour beaucoup sont français et dont la plupart ne demandent qu’à s’insérer, mais qu’on appliquera sans indulgence les lois déjà existantes et suffisantes pour le respect des valeurs républicaines et laïques. 

Je ne partage pas ce malaise, le monde change, la France de demain n’aura plus grand chose à voir avec celle du petit « village gaulois », on n’inverse pas la flèche du temps. Mais je peux le comprendre.

 

« A la décharge des politiciens de gauche comme de droite, ou plus exactement en guise de circonstances atténuantes (je le dis dans ma préface), il faut reconnaître que s'ils allaient à rebrousse-poil de la meute médiatique, showbiztique, droit-de-l'hommiste, enseignante, mutualiste, publicitaire, judiciaire, gaucho-chrétienne, pastorale, psy et j'en passe, ils signeraient à l'instant leur condamnation à la mort civile. Car, en face, s'agite une redoutable phalange issue du sein de notre propre nation, et pourtant tout entière engagée au service de « l'autre » : Big Other. L'hydre des bons sentiments et des manipulations, la bouillie de l'humanitaire, se nourrissant de toutes les misères humaines. A l'instar du cauchemar d'Orwell, Big Other vous voit, vous surveille. Il est le fils de la pensée dominante, il circonvient les âmes charitables, sème le doute chez les plus lucides, rien ne lui échappe. Pire, il ne laisse rien passer. Et le bon peuple comme ses édiles de le suivre, anesthésiés, gavés de certitudes angéliques, mais aussi secrètement terrorisés par les représailles s'ils venaient à s'éloigner des vérités affirmées. Ainsi Big Other a-t-il tordu le cou au « Français de souche », pour déblayer le terrain. Ainsi s'est-il fait le chantre d'un pseudo-métissage franco-français, entre régions en somme, puis avec nos premiers immigrants européens. « La France métissée », escroquerie historico-sémantique imposant un impudent amalgame, l'immigration de masse extra-européenne ne datant au plus que d'une cinquantaine d'années. Il est vrai que la France est le produit d'un superbe et bénéfique brassage, sur fond de sauce gallo-romaine, de Francs, de Burgondes, de Vikings, de Wisigoths, etc., puis d'Alsaciens, de Basques, de Catalans, de juifs d'Alsace et de Lorraine, de Bretons, de Provençaux, etc., puis d'Italiens, d'Espagnols, de Polonais, de Portugais - c'était l'Europe qu'elle invitait chez elle. Les voilà, les Français de souche ! Et s'ils se réveillaient aujourd'hui ? S'ils se révoltaient contre les doucereux oukases de Big Other, contre son conformisme mou, son totalitarisme universel au service de l'autre ? »

(Jean Raspail, interview du Figaro, février 2011)

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 15:22

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Nous avons quitté Hué pour rejoindre Danang par le col des nuages - notre guide nous rappela que c’est de cette région que sont partis les « boat people » qui fuyaient la progression des « viets »- puis Hoi An, si séduisante que nous avons regretté de n’avoir pas prévu d’y séjourner plus longtemps. Nous y fîmes un excellent diner, pour moins de 15 euros par personne, dans un restaurant au bord de la rivière qui traverse la ville, « le lounge river », , juste en face du pont-pagode japonais qui sépare les quartiers chinois et japonais. A quelques kilomètres de là, nous découvrîmes les étonnants vestiges de la civilisation Cham, eux aussi massivement détruits par les bombardements américains, les troupes du nord s’y étant abritées. Le lendemain nous faisions une étape à Can Tho, point de départ d’une mini croisière enchanteresse dans le delta du Mékong, avant de rejoindre Saigon, notre destination finale.

 

Saigon n’a pas le charme d’Hanoi, 300 ans d’histoire ne peuvent en éclipser 1000. Elle a d’autres atouts, ceux d’une métropole en pleine expansion, qui brille de milles feux dès que la nuit tombe et qui nous a fait prendre conscience que notre retour vers l’occident était proche. Gratte ciels et hôtels de luxe prolifèrent et côtoient des bâtiments qui témoignent de la présence coloniale française. La guide qui nous faisait visiter les points d'intérêt de la ville, quartier Cholon, cathédrale, grande poste, pagodes, utilisait systématiquement le mot « libération » quant elle faisait référence à la chute de Saïgon en 1975, alors que  celui que nous avions eu dans le centre du pays, beaucoup plus âgé il est vrai,  parlait de la « prise » de la ville par les communistes. J’ai d’abord pensé à une différence de sensibilité politique, mais apprenant qu’elle était catholique au point d’avoir fait un pèlerinage à Lourdes, je l’ai interrogée sur cette différence de terminologie. Elle m’a alors avoué qu’il était demandé aux guides d’employer systématiquement le terme « libération » avec les touristes. Le vieux guide était manifestement indifférent à ces « sollicitations ».

 

Même si nous avions concrétisé en une fin d'après midi, juste après  une initiation  à la "calligraphie" par une moine bouddhiste, contraste saisissant, un "plan internet" dans notre chambre d'hôtel avec un jeune vietnamien qui prit moult photos de nos ébats, nous n’avons bien sûr pas pu résister à l’exploration de la vie nocturne trépidante de Saigon. « Apocalypse now », une discothèque, et le « Q » bar semblaient, selon les guides spécialisés les endroits incontournables. Nos nombreux contacts "internet" nous en ayant dissuadé,  le premier étant décrit comme un endroit essentiellement « straight » avec minuscule coin gay et  prostitution, et le second étant fermé depuis un mois, nous avons dirigé nos pas vers les deux bars qu’ils nous ont conseillés, « la Villa » et le «Factory». Une certaine déception de ne pas retrouver l’ambiance du « Golden Cock » à Hanoï, mais des lieux bien plus proches de ce que nous connaissons en Europe, musique assourdissante, aucune convivialité et des prix très proches de ceux du « marais ». 

 

C’est par hasard que nous avons connu un lieu gay plutôt insolite. En effet, le guide du routard proposait dans son édition 2011 de joindre l’agréable, un massage « corps entier » pour à peine 2 euros, à une bonne action, en se rendant à l’association des aveugles de Saïgon dont les membres sont formés au massage traditionnel. Nous avions bénéficié à Hanoî, dans le cadre du programme prévu par notre agence de voyage, d’une telle séance réalisée cette fois là par des professionnelles, massage qui s'approche  au plus près, jusqu'à l'effleurer, de la partie la plus modifiable de votre anatomie et qui m’a confirmé, si j’en avais jamais eu le moindre doute, le caractère indélébile, épigénétique de mon homosexualité...Pas la moindre érection donc, mais une telle sensation de bien être que nous avions Bertrand et moi envie de recommencer l’expérience, qui plus est de la main d’un homme, fût il  aveugle. Arrivés dans les locaux de l’Association, on eut la surprise de se voir demander si l'on souhaitait un massage ou une entrée sauna. Alors que nous attendions notre tour pour la première des possibilités on nous invita à patienter en jetant un coup d’œil à la seconde: il suffisait qu’il soit tant soit peu averti pour réaliser qu’il s’agissait d’un endroit « gay », assez sordide et d’une propreté douteuse. Le massage quant à lui fût tout ce qu'il y a de plus correct, des mains moins expertes que celles d' Hanoï et qui prenaient soin de rester à distance des parties "sensibles"...La réputation du « routard » est donc sauve, même si la possibilité du sauna adjacent rend savoureuse le commentaire "Non, non aucune ambigüité ici, ce n'est pas une maison de plaisir mais un institut tout ce qu'il y a de plus honnête...." !

 

Ne pas connaître "Apocalypse now" n'avait pas de caractère d'urgence puisque les médias nous la promettait pour dans quelques jours, au Japon... Un occasion peut être pour relire deux ouvrages de Jean Pierre Dupuy, auteur auquel je me suis souvent référé dans ce blog, "Retour de Tchernobyl" et "Petite métaphysique des tsunamis". Ces ouvrages, qui s'inscrivent dans une dimension apologétique, celle du "catastrophisme éclairé", dans le sillage de René Girard, nous invitent à considérer le "pire" comme certain :

http://www.gayattitude.com/html/perso/journal/edit?id=493227

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 16:27

 

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Nous sommes arrivés à Hué,  hier en début de soirée, après avoir quitté les brumes d‘Hanoi et  sa région, centre géographique, historique et culturel du Vietnam, au niveau du 17è parallèle qui coupa symboliquement le nord du sud à la suite de la chute Dien Bien Phu, où les stigmates de la colonisation française sont encore bien présents, ne serait ce que dans les noms d’ouvrages d’art ou de bâtiments (Jules Ferry, Clemenceau etc,) . La ville a été en grande partie détruite par les bombes américaines après l’offensive Viêt-Cong du Têt, et notamment la cité impériale qui n’a encore qu’en partie été restaurée. Si l’on met à part les paysages presque surnaturels de la baie d’Along, même vus dans la brume habituelle en cette saison, c’est à Hué que j’ai eu jusqu’ici ressenti mes plus grandes émotions. Avant tout l’extraordinaire mausolée impérial de Minh Mang, mais aussi, la pagode de la Dame Céleste, sur les bords de la rivière des parfums, à laquelle le guide du routard n’accorde étrangement qu’une étoile. Pagode purement bouddhiste, contrairement à celles du nord où les trois religions, bouddhisme, confucianisme et taoïsme s’entre mêlent dans le culte des ancêtres, les rendant « illisibles » sans l’aide d’un guide, elle témoigne aussi de cette religion comme bastion de la résistance aussi bien à l’impérialisme américain qu’au régime communiste. On y voit notamment exposée la carcasse de la voiture dans laquelle un bonze s’immola par le feu dans les années 60, suivi par bien d’autres, en protestation contre les percussions du président sud-vietnamien catholique, obligeant les américains à s’en débarrasser.

Hué, bien moins peuplée qu’Hanoï, permet également de se reposer des tracas de la circulation dans la capitale, d’autant plus que nous y sommes arrivés bien « entrainés ». En effet ce qui surprend d’emblée quand on découvre Hanoï, outre les rôtisseries de chien, c’est le flot ininterrompu des hordes de motocyclistes qui noircissent les rues à l’infini, entre lesquelles s’infiltrent quelques voitures et qui ne respectent aucune loi, aucun code, qu’il s’agisse de la priorité, du sens de circulation et même des feux tricolores quand il y en a. On n’a du mal à comprendre comment ces flux s’entremêlent sans jamais se heurter, étrange ballet sans chorégraphie où chacun trouve sa place. Piéton, état qui ne vous confère aucune priorité, il ne faut surtout pas se poser la question « quand et comment traverser », les passages qui leur sont dédiés ne sont là qu’à titre décoratif, de crainte de s’immobiliser pour l’éternité, et se lancer au travers du flux où comme par enchantement on s’intègrera à cette chorégraphie lente ( leur vitesse est fort réduite), pour gagner sans encombre « l’autre rive ». A Saigon il semble, aux dires de notre guide, qu’il existe des « policiers touristiques » qui  accompagnent les touristes dans ces traversées périlleuses. C’est en fait comme en France, où les passages  « cloutés » sont de plus en plus décoratifs, si ce n’est que c’est exactement le contraire, puisque chez nous  le piéton est maintenant roi. On pourrait pousser le paradoxe plus loin et dire qu’au Vietnam tout est permis ou toléré sauf de critiquer l’état et ses représentants , alors que chez nous l’opposition et la critique gouvernementale sont libres mais la liberté individuelle restreinte de jour en jour au nom de la santé publique, du principe de précaution, de l’environnement et de la police de la langue et de la pensée. A chacun son « big brother »! Boutade bien sûr car un de nos guides nous a expliqué combien la vie était difficile ici, surtout pour les fonctionnaires qui ont des salaires de misère,  parfois en nature seulement sous forme de kilos de riz, avec lesquels il est impossible de vivre si on ne recourt pas à des activités parallèles qui riment souvent avec corruption. La situation est un peu moins difficile pour ceux qui appartiennent au secteur privé, en pleine expansion, source de la forte croissance du pays, comme en Chine et qui permet une hausse continue du niveau de vie.

Ce séjour a été pour moi l’occasion d’expériences inédites et inattendues, un cours d’initiation à la gymnastique, le Taï Shi, à 7h30 du matin devant le mausolée d’Ho Chi Min, un déjeuner végétarien dans un monastère bouddhiste, une promenade en pousse-pousse avec un conducteur m’entonnant « l’ave maria » pour me montrer qu’il était catholique ou me faire saisir de façon imprévisible le sexe dans la pissotière d‘un bar gay par  un jeune vietnamien avec lequel j‘avais semble t‘il « chaté » sur «gayromeo»!

J’avais en effet signalé ma présence au Vietnam sur « gayromeo » et j’avais pu constaté que la vie gay  y semblait bien présente. Nous nous sommes donc mis en quête, une simple recherche internet, des lieux gays à Hanoï. Les promenades au soir tombant le long du lac Hoan Kaiem, qui délimite la vieille ville, et deux ou trois bars ou boîte.  Les deux premiers soirs, après des journées  bien chargées et victimes du décalage horaire, nous sommes sagement  restés à l’hôtel, mais le troisième nous allâmes à la découverte du bar « GC », (le Golden Cock), à deux pas de notre hôtel, au cœur de la vieille ville qui a tant de charme. Une clientèle d’européens et d’asiatiques en proportion égale, des bières à moins d’un euro, une ambiance très sympathique, plutôt jeune et des toilettes qui, on l’a vu, semblent faciliter le contact.

Demain nous franchirons un col pour gagner Ho An et atteindre la Cochinchine en fin de semaine.
Si j’ai bien suivi le fil de l’actualité, il semble que le Japon ait éclipsé la Libye à la une de nos médias. J’ai jeté un œil sur la carte pour apprécier la distance du Japon au Vietnam, nous ne sommes pas si loin que çela d’un « potentiel » nuage radioactif….

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 08:38

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Nous partirons demain, Bertrand et moi, pour 15 jours de vacances au Vietnam. Arrivée mardi matin à Hanoï sur un vol de Vietnam Airlines, avant de descendre progressivement vers le sud pour terminer notre périple à Saïgon avant de rentre sur paris le 21 au petit matin,avec Air France cette fois là. Internet semble fonctionner sans contrainte dans ce pays "communiste", si j'en juge par le nombre de contacts quotidiens sur le site "gayromeo" où j'ai signalé mon voyage, bien supérieur à la moyenne parisienne! Lorsque je précise que je viens avec mon "boyfriend", cela ne semble nullement les décourager. On peut bien sûr supposer qu'il y a ici où là quelques "arrières pensées" qui ne sont pas que sexuelles.
Le vent de révolte qui souffle sur le moyen orient ne semblant pas, pour l'instant, atteindre l'Asie, nous devrions être tranquille de ce côté là...

Juste le temps avant de partir d'aller voir le dernier film des frères Coen qui jettent un nouveau regard sur le western et se laissent pour une fois aller à susciter l'émotion, le tout superbement filmé, et surtout "Avant l'aube", un très habile film noir, dont on regrette parfois qu'il aille trop loin dans la "retenue", même chez Bacri qui n'a peut être jamais été aussi bon, mais c'est peut être là ce qui en fait la réussite, totale. L'interprétation est remarquable, le jeune Vincent Rottiers notamment, Sylvie Testut en miss "colombo" une fois qu'on a oublié qu'elle a été Sagan, mais jusqu'au plus petit second rôle, sans parler de l'atmosphère, du "climat" du film avec ses références à "Shining" (l'hôtel dans une vallée pyrénéenne, la scène du bar où le patron de l'hôtel invite son jeune stagiaire).

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 22:55

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Sur le long chemin qui me mène de mon domicile dans le 12è arrondissement à mon bureau en banlieue ouest, une véritable traversée de Paris, en écoutant ma radio matinale préférée, BFM, un des invités constata, pour le déplorer, que le traitement des « révolutions arabes » par les grands médias était pathognomonique de la « provincialisation » de notre pays. Il est vrai que les grandes chaines de télévision ou de radio, audimat à l’appui, faisant plus d’audience avec les faits divers qu’avec la politique internationale, nous avons eu plus souvent droit, comme premier sujet traité, aux péripéties de l’enquête sur le psychopathe qui découpe en rondelles les jeunes filles ou autres passionnantes histoires apparentées, qu’aux aventures de celui qui dirige la Lybie ou d’un de ses clones. Impensable sur la BBC. Ceci traduirait un repli sur soi, sur son quotidien, sur ce « qui peut nous arriver », en un mot le signe d’une décadence. Ce désintérêt pour le monde extérieur, vite secoué par le principe de réalité, la montée vertigineuse du prix de l’essence, faut il s’en étonner quand notre « prince » fait appel à un journaliste de la France des villages, la France « moisie » de Philippe Sollers, pour animer son intervention télévisée et est plus prompt à réagir, immédiatement, au dit fait divers, en disant n’importe quoi, qu’au souffle de l’histoire qui balaie l’orient en mettant plusieurs semaines pour se débarrasser d’une ministre et la renvoyer dans son joli port de pêche, St Jean De Luz.

Pauvre ministre, aucune compassion cependant, elle m’insupporte depuis toujours, victime ahurie d’un phénomène qui illustre la théorie du chaos : un battement d’aile de papillon, la hausse des prix alimentaires, a déclenché une révolte en Terre arabe où elle passait ses vacances, comme bien de nos dirigeants qui depuis des décennies, continuité de la politique arabe de la France, là encore aucune rupture sarkozyste, ont « fleurté» avec les tyrans des régimes qu’ils soutenaient. Politique qui consistait, comme vient de le rappeler un groupe anonyme de diplomates dans une tribune du Monde, le groupe « Albert Camus » à se démarquer du monde « libéral », en sacrifiant à notre idéal démocratique une volonté d’indépendance de notre politique étrangère. Hier l’Irak et la Serbie, aujourd’hui la Tunisie, l’Egypte et la Libye.

Ce repliement sur soi, sur la France de TF1, sur celle qui a peur à qui notre « petit » prince s’est adressé l’autre soir, pour un simple remaniement, avec une solennité qu’on n’avait plus vu dans une intervention télévisée depuis celle de Mitterrand nous annonçant notre entrée en guerre contre l’Irak, il veut en faire le centre de sa prochaine campagne électorale en soulevant, au pire moment, le problème de l’Islam en France et en ouvrant ainsi un boulevard pour le second tour à la fille du borgne. Pourtant on ne voit plus ce qui pourrait le sauver tant il semble engagé dans une vertigineuse spirale de l’échec. Je n’avais pas voté pour lui, mais j’avais espéré, j’y ai cru un temps en dépit de sa fascination pour le luxe, qu’il fasse bouger les choses dans ce pays sclérosé et englué dans ses corporatismes. Je n’avais pas imaginé ce mouvement brownien qui n’est qu’immobilité. La probabilité de son échec à la prochaine présidentielle est peut être ce qui paradoxalement va le sauver car les candidats socialistes, ne voyant plus la nécessité de faire appel à DSK pour le battre, pourraient bien nous rejouer règlement de compte à Ok Corral...Il a pourtant laissé passé l’occasion d’une manœuvre machiavélique qui aurait pu le remettre en piste, dissoudre l’assemblée plutôt que de remanier et mettre ainsi en piste un rival potentiel, laisser les socialistes vainqueurs probables des législatives s’enferrer dans leur contradictions et soit trahir leurs promesses soit aller dans le mur à un moment où le problème de la dette va resurgir, pour apparaître un an plus tard comme le sauveur. Risqué certes, mais jouable...

Moisissure de la France du repli sur soi, certes, mais il en est une autre, plus subtile, qui la nourrit en fait par un processus de capillarité, celle des élites « droit de l’hommiste », qui ont d’ailleurs toujours soutenu la politique « arabe » de la France, celle du politiquement correct qui infiltre jusqu’à nos magistrats et qui vaut à Eric Zemour d’être condamné, pour n’avoir dit, sans précaution de langage, que ce qui est. Etrange police de la langue qui reste aveugle, ou plutôt sourde par contre aux propos eux racistes, mais un racisme qui ne touche que les pédés, du rappeur Cortex, « je ne supporte pas qu’un pédé soit maire de Paris ». Stéphane Hessel, dont je n’ai pas lu le long article, « Indignez vous », est ce bien nécessaire, à peine 20 pages dont on trouve suffisamment d’extraits dans la presse, est sans doute un digne représentant de cette élite. Renaud Camus, a jugé bon de répondre à ce pamphlet au succès monumental, cela s’appelle « J’y crois pas ».

Julien Doré et son bichon ont trouvé un moyen bien plus ludique d’aider nos villages à s’ouvrir sur le monde :
http://www.tetu.com/actualites/culture/julien-dore-en-garcon-sensible-dans-son-dernier-clip-et-vous-quen-pensez-vous-18925

 

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