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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 09:41

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Si j’étais encore lycéen passant mon épreuve de philosophie au bac, un sujet tel que « Toutes les civilisations ne se valent pas », m’aurait sans doute séduit avant que je ne m’aperçoive qu’il était piégé et que j’allais m’avancer sur un champ de mines. Le premier réflexe serait en effet de traiter le sujet en tant que tel, sur le fond, d’interroger d’abord le concept de «civilisation» et sa dimension temporelle, puis celui de «valeur», avant de discuter la pertinence d’associer le second au premier et de me demander si cette association impliquait immanquablement une « hiérarchisation» entre les civilisations. Les auteurs sur lesquels appuyer mes réflexions ne manqueraient pas, de Lévi-Strauss à Renaud Camus. Ma conclusion aurait sans doute été que, non, décidément, toutes les civilisations ne sont pas équivalentes, à moins de soutenir l’aporie selon laquelle notre civilisation, celle du « tout se vaut », celle qui met sur le même plan Mozart et Mickael Jackson, a la même valeur que, la notre toujours mais il y a quelques siècles, celle qui a donné naissance au colonialisme et à l’esclavage. Mais il serait imprudent, dans notre monde orwellien, de s’en tenir au seul texte, et non à son sens « voilé», celui que sous-entendait l’auteur de la citation, l’éminence grise (noire?) d’un candidat en campagne électorale, « l’Islam est inférieur au christianisme». Inacceptable en effet, le tollé était prévisible, il était même l’objectif recherché par le personnage, car sans ce déchainement médiatique la phrase serait passée inaperçue du « bon peuple » à qui elle était destinée.
Nicolas Sarkozy a donc décidé de suivre la stratégie de « premier tour» inspirée par son conseiller Patrick Buisson, celle d’une radicalisation droitière, afin de rassembler son électorat traditionnel et de mordre au maximum sur le Front National. La charge est massive avec un alignement sur les thèmes de la « droite populaire » : mariage homosexuel, chômeurs, droit de vote des étrangers, publication fort à propos d’un rapport sur la délinquance étrangère…Stratégie fort risquée car ramener Christine Boutin à la maison ne fera pas forcément suivre suffisamment d’électeurs potentiels du Front, tout en menaçant de faire passer bien des modérés chez le béarnais, et qui ne peut manquer de provoquer des dérapages incontrôlables, pas celui de Claude Guéant parfaitement prémédité, mais du type de celui de Christian Vanneste, minimisant la déportation des homosexuels ce qui nous même valu une protestation du Front National! 

Cette radicalisation, conçue comme tentative de la dernière chance de redresser la barre d' un navire en perdition, pourrait s' avérer vaine puisqu’elle est amputée d'une de ses composantes indispensable à sa pleine efficacité, celle qui pourrait la faire qualifier " d'extrême droite", le repli nationaliste. "Travail/famille/ ?" : l' engagement derrière Merkel, le choix d' une Europe allemande, prive notre candidat président du thème de la patrie si ce n'est dans sa composante xénophobe. Tout sera fait pour que le débat socioculturel occulte celui de la crise de la dette et des déficits sur lequel il lui serait bien plus difficile de se différentier du candidat socialiste, ils feront, à quelques nuances près, non négligeables, la même politique, celle qu’on dit " dictée " par les marchés , en fait celle du réalisme économique , débat qui obligerait à dire "au peuple" des vérités qu’ on ne le juge pas capable d’entendre, que nous sommes au bord du gouffre.

Seul, le béarnais occupe ce terrain là, il est vrai sans risque, puisque « poor lonesome cow-boy» il ne craint aucun rappel à l ordre "républicain" de la part de ses inexistantes troupes, alors que les chiens de garde "cryptomelanchoniens" sont prêts a aboyer a toute dérive idéologique du candidat socialiste (qui aurait du savoir qu' il y avait encore des marxistes en France), tandis que le candidat sortant se voit aussitôt confronté au " pourquoi ne l avez vous donc pas fait avant".

Pourquoi alors ne pas me résoudre à voter au premier tour, comme en 2007, pour François Bayrou? Parce qu’il n à pas de troupes justement et que son éventuelle élection, à supposer que Sarkozy s’effondre, conduirait à des marchandages permanents avec l assemblée nationale, parce que je pense qu’il est temps que la gauche revienne au pouvoir et soit confrontée au réel pour accomplir enfin son « Bad Godesberg», que c est son tour de prendre les rênes, parce qu’ enfin j ai de la sympathie et de la considération pour François Hollande. 
Au bord du gouffre en effet, ce qu’on demande aux Grecs, demain au Portugal et à l Espagne n’ est ni tenable , ni acceptable. On voit mal, si l’on continue dans cette voie, ce qui pourrait éviter un embrasement généralisé. S il ne s’est pas encore produit, alors que comme à la suite de la crise des années 30 avec laquelle on trouve bien des analogies, on assiste à une montée des extrêmes, c’est sans doute en raison d’ une béance idéologique, point d’ " Utopie", Contre-Utopie demain, comme en son temps le communisme et le fascisme, ou aujourd’hui l’ islam pour le monde arabe, pour jouer le rôle de terre promise de la révolte. Pas de terre promise en occident, au risque d une terre brûlée.

J’écris les dernières lignes de ce blog depuis Istanbul, une réunion médicale internationale, le temps d’expliquer à mes collègues turcs que le lobby arménien en France avait plus de poids pour notre président que le lobby gay, et de voir une neurologue grecque, au bord des larmes, me dire que son peuple à qui l’on demandait de vivre avec 500 euros par mois était au bord de la révolution. 




 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 22:36

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Séville était déjà à l’heure du printemps, 18 degrés sous le soleil. Une semaine de séminaire, peu de temps pour visiter la ville, d’autant plus que notre hôtel était plutôt excentré, mais j' ai déjà eu maintes occasions d’en découvrir les merveilles architecturales. Grindr et gayromeo, logiciel et site manifestement très populaires ici, les andalous se révèlent fort "chauds", ne m’ont pas incité à tenter de vérifier si la vie nocturne de cette ville était toujours aussi morne, l’Andalousie n est pas la Catalogne. Il m’a un instant effleuré l’esprit que je n’en reviendrai peut être pas. Une demi-heure après notre décollage, après m’être assoupi, j’ai découvert avec un étonnement inquiet, à travers le hublot, que nous volions anormalement bas. Les signaux de bouclage des ceintures étaient toujours allumés alors qu’il n’y avait aucune turbulence et aucun Stewart ou hôtesse (on dit PNC maintenant…) n’était présent dans les couloirs. Il ne faisait aucun doute pour moi que nous avions un problème. Après quelques longues minutes pendant lesquelles j’ai préféré ne pas transmettre mon inquiétude à mes collègues, l’avion a recommencé à prendre de la hauteur, au moment où le commandant de bord nous annonçait que nous retournions sur Séville en raison d’un problème technique maintenant contrôlé, la non rétractation du train d’atterrissage, mais dont la résolution avait entrainé une consommation trop importante de carburant pour que nous puissions atteindre Orly…Après quatre heures d’attente à l’aéroport nous avons finalement pu repartir, sur le même avion…

Du temps donc pour parcourir la presse, nous étions au lendemain de la prestation, que je n’ai pas vue, de François II face à Juppé, et découvrir la panique qui semblait parcourir le Sarkoland, que l'interview de son champion dimanche soir n’a pas du rassuré. Plusieurs articles étaient consacrés au vote gay. Didier Lestrade, fondateur d’Act-up et Ayatollah de la capote, va publier un essai intitulé « Pourquoi les gays sont passés à droite ? », alors qu’un sondage fait selon les règles vient au contraire de révéler que la communauté homosexuelle était plutôt ancrée à gauche même si le Front National obtiendrait des scores comparables à ceux de la population générale. Didier Lestrade y voit une conséquence de la mondialisation et du virage « anti communautariste » : « les gays et lesbiens farouchement anticléricaux et libertaires font front commun avec les laïcs les plus durs et se mettent à défendre sans complexe l’Occident libéral et ses valeurs face à l’intégrisme musulman ». Une nouvelle génération de gay se désintéresserait ainsi du combat politique et communautaire (dont la lutte contre le sida) et ne serait plus obsédée « par ses privilèges, son prestige, son argent…individualisme et consumérisme forcenés gagnent peu à peu la communauté ». Pour lui « la réapparition d’une homosexualité de droite est très clairement associée à ce refus catégorique du coming-out ». Il faut être conscient que dans l’esprit de Didier Lestrade, « coming-out » doit être entendu dans son sens large de revendication du droit à la différence : « on a cessé de penser que le fait de s’affirmer gay en tant qu’homosexuel était le moteur du changement et de la pensée gay ». On pourrait trouver là une certaine parenté de pensée avec ce qui a parfois été exprimé dans certains billets de ce blog mais je ne suis pas sûr que l’analyse soit pertinente.

D’une part cela semble démenti par le sondage en question si l’on en croit les réponses données par les 6.5% qui s’avouent homo ou bi-sexuels. On pourrait certes objecter que l’échantillon est biaisé, par « l’aveu » de l' orientation sexuelle, en faveur des adeptes du « coming-out », sensés être majoritairement de gauche (de quel côté penchent ceux qui n’on t pas reconnu leur sexualité?). N’est-il pas par ailleurs quelque peu abusif d’assimiler l’évolution d’une revendication du droit à la différence à celle du droit à l’indifférence à une dérive droitière? J’ai une inclinaison naturelle à partager cette opinion mais je dois reconnaitre que bien que restant un partisan pur et dur du « droit à la différence » je me situe, si j’en crois certains commentaires des billets de ce blog, bien moins à gauche que la « nouvelle génération gay », bien moins en tous cas que je ne l’étais dans la période qui a précédé mon «coming-out».
D’autre part peut-on vraiment parler de la « réapparition » d’une homosexualité de droite? Sans doute est il fait allusion à la période qui a précédé la « révolution gay » et au mouvement Arcadie, plutôt marqué à droite, qui revendiquait le droit à « l’indifférence». Pourtant j’ai toujours rencontré chez les homosexuels la même diversité politique qu’ailleurs. Mon premier ami, petit commerçant, raciste, xénophobe et franchement poujadiste a sans doute fini par voter Front National (en ce temps la ce parti n existait qu’ à l état embryonnaire), le second, employé de mairie, était militant RPR, le troisième , patronier-modeliste, bien trop occupé par le choix de ses tenues pour ses soirées , ne se souciait pas de ces choses là, le suivant, khâgneux au moment de notre rencontre était sympathisant socialiste, quant à Bertrand, si je l ai connu chiraquien, il vient de voter Hollande à la primaire. N’ai-je pas été le spectateur effaré d’un « ça pue le juif ici» lancé lors d’un diner quelques jours après notre rencontre en 1989, par un amant brillant ingénieur en informatique qui fit par la suite une carrière fulgurante (je suis toujours en contact avec lui mais il n’est heureusement plus depuis longtemps dans cet état d’esprit, il s’est retiré en province avec son ami pour acheter un bureau de tabac…). Il n’y a pas plus de gays de droite qu’hier, mais ils s’avouent plus souvent homosexuels….
La logique voudrait que les homosexuels s’interdisent d être racistes alors que tant d’entre eux ont été (et sont souvent encore) victimes du pire des racismes, celui qui s’exerce au sein même du milieu familial, et se détournent de formations politiques qui se sont systématiquement opposées à leur reconnaitre d’autres droits que celui de rester dans l’ombre, mais c’est bien plus origine et niveau social (la bonne vieille lutte des classes) ainsi que le milieu culturel dans lequel on baigne qui influencent l’orientation politique que l’orientation sexuelle. « Mon argent plutôt que mes droits ».

Le dernier film de Clint Eastwood, qui semble avoir retrouvé la main, nous donne un édifiant portrait d’un homosexuel de droite, Edgar J. Hoover. J’ai été fasciné par ce personnage aussi peu sympathique que complexe (une caricature pour psychanalyste!) et quelque peu touché par cette histoire d’amour. J’ai été beaucoup moins enthousiasmé par « The descendants », autre film après « Shame » infesté de moralisme anglo-saxon, ici c’est l’adultère qui est visée, heureusement sauvé par une galerie de seconds rôles hauts en couleur qui font de ce qui se voulait une tragédie un film comique.

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 22:54

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Ce dernier week-end, aidé par les facilités que procure la carte UGC-illimité, j’ai pu rattraper une partie de mon retard en allant voir quatre des films les plus récemment sortis. Je suis sans aucun doute sous l’emprise de cette « magie du cinéma » à laquelle Scorsese vient de consacrer un film merveilleux, dans tous les sens du terme, et qui constitue un splendide hommage à George Méliès, « Hugo Cabret ». J’aime trop le cinéma pour concevoir d’aller découvrir un film ailleurs qu’en salle, en plein écran avec la sensation physique du public (quand il ne dévore pas des poches entières de pop corn). Je me souviens qu’adolescent, en ces temps où il m’arrivait de revoir de nombreuses fois les films qui m’avaient enthousiasmé (plus d’une dizaine de fois pour 2001, odyssée de l’espace), je retournais en salle au moins autant pour ressentir « ensemble » les moments de silence, d’émotion ou de rires, que pour les revoir. J’en regarde fort peu à la télévision, seulement s’ils ont la dimension de téléfilms et si je n’ai pu les voir en salle, je n’ai pas du acheter plus de 2 ou 3 DVD dans ma vie et il ne me viendrait pas à l’idée d’aller regarder un écran d’ordinateur un film téléchargé légalement ou illégalement, pratique qui si elle n’est pas combattue plus énergiquement finira par tuer la machine à « magie ».

Ce week-end la moisson fût excellente. Tout d’abord le film apocalyptique de Jeff Nichols, « Take Shelter », que l’on ne peut manquer de rapprocher de deux autres films récents, « Melancholia » et « Tree of life ». Les visions de fin du monde du héros, dont la mère est schizophrène, métaphore des angoisses de l’Amérique et de notre monde, sont elles le témoin de son extrême lucidité ou de sa propre folie, à moins qu’il ne soit pas possible de trancher si, selon l’expression d’un personnage du film de Coppola, « Rusty James », « la perception aigüe du réel rend fou ». Le dénouement stupéfiant du film laisse la question ouverte. Les multiples prix reçus par ce film, qui peut dérouter par sa lenteur, mais qui brille autant dans sa mise en scène que son interprétation, sont amplement justifiés.
Coup de cœur pour « Une nuit », premier film de Philippe Lefebvre, qui signe là un polar noir qui vous charme de bout en bout. Un flic solitaire de la mondaine, qui flirte dangereusement avec les malfrats, interprété par Roschdy Zem, impressionnant (il fait parfois penser à Lino Ventura), traqué par l’IGS, nous trimbale dans le Paris nocturne et glauque des bars et boites, extraordinaires et émouvantes scènes dans des cabarets à « travellos », tenues par le « milieu». Cerise sur le gâteau, un coup de théâtre final qu’il ne faut surtout pas raconter.
Une seule déception, relative car le film se laisse voir sans déplaisir, mais la critique était si élogieuse, le dernier film de Cedric Kahn, « Une vie meilleure ». Ce qui a séduit c’est probablement le portrait d’une France en crise, la déchéance sociale due au surendettement, la critique de la course à la réussite individuelle. Tout ceci est pourtant fort peu convaincant, bien moins par exemple sur le problème de l’endettement que « Take Shelter », souvent caricatural et rarement émouvant.

J’ai eu moins de chance avec ma dernière lecture, « Poussière d’homme », pourtant chaudement recommandé par Gérard Collard, le libraire chroniqueur de l’émission « le coin des libraires ». Court roman autobiographique de David Lelait, plus connu pour ses biographies d’icones gays comme Dalida ou la Callas sous forme d’une lettre d’amour à son ami mort, non du Sida pour une fois, mais d’un cancer foudroyant. Ce récit, qui se lit certes rapidement, n’a jamais réussi à m’émouvoir, aussi sincère soit il, peut être à cause d’un « effort d’écriture » un peu trop sensible derrière la simplicité du style. Chaque fois, ou presque, que Gérard Collard a un « coup de cœur », je ne le partage pas. Peut être devrais je me résoudre à ne plus suivre ses conseils….

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 22:53

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L’année qui s’annonce ne sera certes pas celle de la fin du monde, ni sans doute aussi dramatique que le tableau que nous en a dressé Nicolaparte en nous dévoilant sa stratégie de la dernière chance pour les élections présidentielles, mais certainement celle de tous les dangers, politique avec des élections clés dans plusieurs grands pays, géopolitique avec les révolutions arabes en cours et à venir et l’isolement grandissant d’Israël, économique avec les crises de la dette et la menace d’éclatement de la zone euro, voire climatique…Notre avenir est marqué par l’incertitude et le monde de demain sera à n’en pas douter fort différent de celui que nous avons connu.

Le dernier film, passionnant, de David Cronenberg, « A dangerous method », nous montre lui aussi les prémices de la fin d’un monde, celui qui vit naître la révolution psychanalytique à l’ombre de la montée du nazisme. Le film va bien au-delà de la relation amicale puis conflictuelle qui allait se jouer entre Freud et son disciple Carl Jung à propos d’une patiente hystérique. Le regard que pose le réalisateur sur Freud est certes moins violent et de mauvaise foi que celui de Michel Onfray, mais il montre bien comment il a enfermé sa doctrine dans un dogme qui allait contraindre les corps en s’opposant systématiquement à toute autre interprétation des névroses que la sienne. La psychanalyse aurait pu avoir un autre développement, non normatif, si Freud n’avait tout fait pour disqualifier toute tentative de remise en question de ses interprétations, notamment celle d’un des autres grands noms de la psychanalyse, le Dr Otto Gross, théoricien de la « libération sexuelle » et du « jouir sans entraves ». Remarquablement interprété par Vincent Cassel dans la savoureuse mais trop rapide conversation qu’il a avec Jung , l’éclairant sur les problèmes de Freud avec la sexualité ( « il ne baise pas »), Otto Gross, comme Jung qu’il a influencé, ne reconnaissait pas le rôle central que donnait Freud à la sexualité dans la genèse des névroses et ne méconnaissait pas leur dimension somatique, c’est-à-dire organique. Jung est devenu doublement insupportable à Freud, il était riche, par sa femme, et il avait une vie sexuelle bien plus active que la sienne, illustration parfaite de la conclusion de mon avant dernier billet (« addictions sexuelles?»). Une bien dangereuse méthode, en effet, tant pour ceux qui l’exercent, c’est sans doute la signification première du titre du film, Jung tombant amoureux de sa patiente, mais encore plus pour ceux qui la subissent….

Un autre film, une comédie burlesque, dont la mention aurait pu trouver sa place dans mon précédent billet, a enchanté ma semaine de vacances. « Let my people go », dont le personnage principal, cumulant toutes les « tares » - juif, homo et folle -, interprété de façon irrésistible par Nicolas Maury, fait voler en éclats tous les codes de la famille et de la religion.

Bonne année à tous les lecteurs de ce blog.

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 22:48

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La revue « Friendly » avait souhaité un nouveau billet pour son troisième numéro qui vient de sortir. J’avais suggéré un sujet autour de la théorie du genre et il m‘avait été demandé si cela pourrait s’intégrer dans la rubrique « scandale » avec si possible des références à des hommes publics.
J’avais répondu : « Non cela ne collerait pas avec une telle rubrique ... Un article qui aborderait la question sous l angle du scandale et mettrait en cause des personnes n est pas dans me cordes. Ci dessous le billet de mon blog que je proposais d actualiser à la lumière de la polémique sur la théorie du genre. Pas de matière à scandale!
http://limbo.over-blog.org/article-gay-de-naissance-ou-la-faute-a-maman-44364997.html ».

Ma proposition a semblé leur convenir et je leur ai donc envoyé le texte modifié. N’ayant pas eu de nouvelles, je pensais, qu’à la réflexion, ce billet ne leur convenait pas. C’est avec surprise que j’ai découvert en feuilletant le numéro 3 aux « Mots à la bouche », que mon article était bien paru, mais dans sa version initiale, étonnamment dans la rubrique « coup de gueule », et non dans sa théorie révisée que vous trouverez ci-dessous » :

"Un certain nombre de députés UMP, des passionnés de la question gay, n’ont eu d’autres urgences que celle de demander le retrait des manuels scolaires qui rendent compte de la « théorie du genre », théorie selon laquelle l’orientation et même l’identité sexuelle doivent autant au contexte socioculturel qu’à la biologie. L’un d’entre eux, Hervé Mariton, a souhaité être assuré par le ministre qu'il n'y ait pas de question aux examens sur cette théorie, voulant priver nos jeunes têtes d’un passionnant sujet de réflexion : « l’orientation sexuelle est-elle acquise ou innée » ? En d’autres termes, doit-on considérer, avec Louis-Georges Tin, l'hétérosexualité comme un construit, historiquement et socialement daté, dont il convient d'analyser les conditions d'émergence et d'acculturation, ou au contraire, comme les chercheurs de l’Université de Genève qui viennent de publier un livre sur le caractère inné ou acquis de l’homosexualité, que l’orientation sexuelle est le résultat d’une interaction entre le génétique et le biologique, qu’on ne devient pas homosexuel mais qu’on l’est de naissance ?

Avant de tenter de répondre à cette question, on devrait d’abord se demander pourquoi le sujet soulève tant de passions, y compris chez les gays, l’adhésion à l’une ou à l’autre thèse semblant le plus souvent relever plus du domaine de la croyance, en fonction de ses préjugés et angoisses, de sa façon même de vivre son homosexualité, que d’une approche rationnelle.
Les uns se satisfont mieux d’une genèse « psychologique » de l’orientation sexuelle (qu’il s’agisse de la version Freudienne qui en fait une anomalie de la maturation sexuelle, ou de la version Girardienne plus positive qui en fait une des figures possibles du désir mimétique), car elle laisse, leur semblent t’ils, la porte ouverte à une possible évolution de cette orientation, voire à une possibilité de choix, à la possible « culpabilisation » du milieu environnant (la famille en général), alors qu’ils ne voient dans la thèse innée qu’un fatalité oppressante. Les autres voient au contraire dans l’origine innée, génétique, de l’homosexualité, l’ancrage dans la « nature » de leur orientation sexuelle, aussi normale, fondamentale et immuable que la couleur des yeux. C’est une autre version du débat entre Nature et Culture. Certains vont même pour justifier leur opinion jusqu’à mettre en avant les dangers de la thèse contraire, comme si le degré de dangerosité d’une théorie suffisait à la rendre fausse ! On connaît les dangers potentiels de chaque approche : la théorie analytique a justifié et justifie encore bien des attitudes répressives (c’est contre les psychanalystes que l’homosexualité a fini par être exclue de la classification des maladies mentales, de nombreux psychanalystes ont soutenu l’opposition aux revendications du mariage gay et de l’adoption ; le Vatican s’appuie sur la psychanalyse pour interdire la prêtrise aux homosexuels ) ; d’un autre côté, la découverte éventuelle du « gène » de l’homosexualité pourrait faire craindre un futur sinistre (comme dans le film Bienvenu à Gataca) qui verrait l’émergence d’une société de la sélection par les gènes.

On peut aborder la question de façon plus rationnelle, ce qui nécessite définir de quoi l’on parle. Si l’on définit l’homosexualité comme une orientation exclusive du désir sexuel vers la même sexe ( évacuant le problème de la bisexualité, autre avatar Freudien, qui mériterait un traitement à part) et qui plus est masculine ( il se pourrait que l’homosexualité féminine soit plus complexe, plus hétérogène, le mouvement d’émancipation de la femme ayant pu favoriser l’émergence, notamment sous l’influence du MLF, à côté d’une homosexualité « biologique » de même type que la masculine, d’une homosexualité « sociale »), il faut distinguer « désir sexuel » et « pratique sexuelle »,c’est à dire orientation de ce désir vers le même sexe d’une part et réalisation de ce désir d’autre part.
C'est au niveau de l'orientation du désir vers le même sexe que se pose la question de son origine innée ou acquise. Il n’existe à ce jour aucune « vérité » scientifique, irréfutable, mais seulement des hypothèses dont certaines sont bien plus crédibles que d’autres car bâties sur des faisceaux d’arguments. Si l’on appelle « acquis », tout ce qui est déterminé par ce qui advient après la naissance, on ne peut constater qu’en dehors de « pures » théories spéculatives, il y a bien peu d’arguments en faveur de l’origine acquise de l’homosexualité. Il n’y a ainsi jamais eu d’études sérieuses sur la fréquence des « mères possessives » ou des » pères absents » chez les homosexuels, et même certaines tendraient à montrer que cette fréquence est la même chez l’hétérosexuel. La majorité des neurobiologistes défendent une origine biologique de l’homosexualité en se basant sur de nombreux arguments : l’existence d’une homosexualité animale, le côté universel, transculturel, du comportement homosexuel ( avec une fréquence qui semble assez semblable quelle que soit la culture), les études sur les jumeaux, les cas assez fréquents de fratries d'homosexuels, certaines études (certes controversées et parfois contradictoires) sur les différences au niveau des structures cérébrales impliquées dans le désir sexuel (hypothalamus), etc.

Mais affirmer que l’homosexualité est probablement d’origine biologique, ne signifie pas qu’elle est héréditaire… Il semble peu probable qu’il existe un gène unique codant pour ce type de comportement, voire même plusieurs gènes. D’abord parce que la relation "un gène/un comportement", trop réductioniste, n’a jamais pu être mise en évidence, ensuite parce que la sélection naturelle, étant donné la pression biologique en faveur de la reproduction, aurait eu tendance à éliminer ce type de gènes. Il est toutefois possible qu’il y ait des traits génétiques favorisants, mais qui demandent la présence d'autres facteurs pour que le comportement soit présent (on explique ainsi l'homosexualité souvent partagée par les jumeaux, mais cependant pas toujours : une origine purement génétique produirait une concordance des comportements dans 100% des cas). D’où l’hypothèse selon laquelle l’homosexualité serait de nature EPIGENETIQUE. Qu’entend- on par-là ? Pendant la phase embryonnaire et fœtale, les groupes de neurone qui vont migrer vers (et constituer) les régions cérébrales impliquées dans le désir sexuel (l’hypothalamus), le font sous contrôle du programme génétique, mais avec des variations statistiques qui conduisent dans un certain pourcentage de cas à une variation topographique ou fonctionnelle de ces structures qui aboutira à des comportements différents. Ces « variations » sont bien sûr influencées par des facteurs environnementaux internes (température, hormones etc..) mais aussi par toute perturbation externe qui peut avoir des conséquences biologiques internes (y compris par exemple l’angoisse de la mère pendant la grossesse, son comportement alimentaire, etc…).

Ainsi, l’orientation homosexuelle du désir serait la conséquence de variations dans la structure du cerveau, statistiquement minoritaires, variations qui sont la conséquence d’une interaction entre la programmation génétique, éventuellement favorisante, et les facteurs aléatoires qui modifient l’environnement interne et externe du fœtus. L'homosexualité serait donc innée, au sens de prénatale, mais aussi acquise puisque fonction de variations aléatoires du milieu. Il est bien entendu que ce mécanisme « épigénétique » est général (encore appelé darwinisme neuronal par le prix Nobel de Médecine, George Edelman) et va bien au-delà du seul comportement homosexuel. Selon cette hypothèse il n’y a aucun moyen de « prédire », in utero, un futur comportement homosexuel.

Mais dire que l’orientation sexuelle du désir est prédéterminée durant le développement in utero, ne signifie pas que la façon dont ce désir va se « réaliser » est également déterminée. La façon dont l’homosexualité va s’exprimer (ou ne pas s’exprimer et être "refoulée") pourrait dépendre essentiellement de l’environnement post natal, de l’enfance et de la pression culturelle… En d’autres termes, « t’as pas choisi d’être homo mais la façon dont tu l’es, folle, hypermacho, honteuse, etc… dépend en partie au moins de toi !"

Ceci ne me semble pas incompatible avec la théorie « Queer », certes fort contestable dans sa version « militante» qui relève du combat politique d’une certaine extrême gauche, si l’on considère la façon dont l’aborde Florence Rochefort du CNRs, en ne parlant plus «d’identité » mais de représentation : "Toutes les représentations assimilées au féminin et au masculin sont le produit d'une construction sociale".

On pourrait conseiller à nos chers députés UMP d’aller voir, comme « leçon de choses », le passionnant thriller d’Almo Dovar, « La piel que habito », d’une grande beauté formelle même s’il n’atteint pas, le film est quelque peu glacial, à l’émotion de « Tout sur ma mère ». A la fin de ce dernier film, le héros, transsexuel, affirmait que son identité sexuelle était un choix. Dans « La piel que habito » Almo Dovar va plus loin, l’identité de «Vera » sera forgée par un démiurge, le genre au-delà du gêne et du socioculturel... »

La représentation de l’homosexualité au théâtre et au cinéma est souvent au-delà de la caricature comme le dit si bien la chanson d’Aznavour « On rencontre des attardés, Qui pour épater leur tablée, Marchent et ondulent, Singeant ce qu'ils croient être nous, Et se couvrent, les pauvres fous, De ridicule ». Ce n’est pas le cas de celle de l’acteur Romain Canard, dans la pièce « Dernier coup de ciseaux », qui se déroule dans un salon de coiffure, sorte de Cluedo interactif avec le public qui doit choisir entre les trois suspects, pour trois fins différentes. Dommage que ce ne fût pas lui l’élu dans la représentation à laquelle j’ai assisté, pour le seul plaisir de le voir en scène plus longtemps, car il est irrésistible et domine la distribution. La caricature ici ne force qu’à peine le trait, au point de sembler « naturelle » et nous fait immanquablement penser à tel ou tel d’entre nous.

 

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 22:36

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Quand j’ai ouvert mon premier blog sur un site de rencontre aujourd’hui disparu, je le concevais comme le journal électronique de ma vie dans sa dimension homo-« sexuelle ». Concevant de tout dire ou presque, l’influence peut être de la lecture assidue du journal de Renaud Camus en un temps où il collectionnait les « tricks », je l’avais situé sur un site dont mes proches et notamment celui qui l’est le plus, Bertrand, ne soupçonnaient point l’adresse. Un journal qui tairait une composante essentielle de celui qui le tient, le fonctionnement de son désir, me semblait perdre une grande partie de son intérêt. Tout dire certes, mais à condition de préserver ceux qui vous sont chers. Des recherches « Google » sur les sujets les plus divers m’ayant montré qu’il était possible de "tomber" par hasard sur un de mes billets, je ne pouvais continuer à prendre le risque que ce hasard ait les yeux de Bertrand. Nous avons toujours su et accepté, tacitement, comme un non-dit, quelque fois dit lorsque nous nous sommes fait « piéger » par imprudence (... ces sites internet qui conservent l’historique de conversations qu’on a oublié d’effacer!), les infidélités occasionnelles de la chair, mais il ne pouvait être acceptable de les rendre publiques.

La "narration" des errances de mon désir a ainsi disparu du contenu de mes blogs successifs. Il est probable que cette quasi disparition de mes "aventures" n'ait nullement manqué aux lecteurs de mon précédent blog, certains sans doute trouvaient même cela indécent, notamment ceux qui ont un rapport à la fidélité qui n'est pas le mien, mais c'est oublier qu’on écrit d’abord pour soi.

Ce blog ne s’est cependant pas trouver amputé de toute dimension sexuelle puisque Bertrand et moi continuons à visiter régulièrement ensemble les haut lieux de la turpitude gay pour des tricks généralement individuels ou à rechercher sur internet des plans à plusieurs. En ce qui concerne les lieux gays nous nous limitions depuis longtemps aux bars « naturistes», « l’impact », « le bunker » ou le « Full metal », des valeurs sûres. Depuis peu nous avons tenté un retour vers les saunas, un sauna en fait, « l’IDM », qui organise maintenant également des journées « nature » (c’est à dire avec une serviette trop petite pour vous entourer la taille....). Au temps de mes heures de gloire, celles où je collectionnais une ou plusieurs centaines de tricks par an, ce sauna, qui abritait aussi une permanence hebdomadaire de l’association des Médecins Gays à laquelle je participais, était un de mes lieux de chasse favoris. C’est avec un certain plaisir que j’en ai arpenté à nouveau les longs couloirs, presque inchangés en dépit des rénovations subies. Il y aurait beaucoup à dire sur l’atmosphère spécifique à chaque lieu, sur son type de clientèle, de styles de rapports auquel vous pouvez vous attendre, du degré d’intimité que vous pouvez atteindre, au temps que vous y passez. Je ne sais pourquoi j’ai progressivement abandonné, il y a plus de quinze ans, la fréquentation des saunas après y être allé pendant des années, dès que j’ai eu découvert le mythique « Continental », 2 ou 3 fois par semaine (j’étais même abonné à « Univers Gym » avant qu’il ne brulât). Le coût peut être, et surtout le temps passé, des heures parfois, alors que les bars sexe dépourvus de douches et de cabines confortables amènent des rencontres plus expéditives, sans parler des possibilités sur internet. Ma récente visite à l’IDM fût doublement un retour vers le passé. Un jeune homme d’une quarantaine d’années qui était entré dans ma cabine me dit lorsque nous eûmes terminé notre affaire « tu ne me reconnais pas ? Tu es bien médecin, tu es venu chez moi quand j’habitais dans le 7è». Je ne l’avais pas reconnu, 20 ans plus tard, Edouard, rencontré au Club Med Gym Grenelle en 1991 alors que j’habitais encore Saint Germain en Laye...


Le sexe est il un enfer ? C’est semble t’il la morale de l’ennuyeux (je partage de plus en plus souvent l’avis des Inrocks, cela commence à m’inquiéter !) film de Steve Mc Queen, « Shame », film puritain, quoique voyeur, histoire d’une addiction sexuelle (telle que dans une scène hallucinante on voit le héros, éconduit d’une boîte hétérosexuelle, se précipitait dans les catacombes d’une sordide boîte gay pour une fellation « urgente ») sur lequel le réalisateur semble porter un regard clinique et réprobateur. Heureusement il ne nous cache rien du corps désirable de Michael Fassbender. Sa fascination pour les corps masculins était déjà perceptible dans son précédent film, « Hunger » qui m’avait bien plus séduit.

Les addictions sexuelles n’ont pas bonne presse en ce moment, il n’est qu’à voir la frénésie avec laquelle une certaine presse - l’Express se comportant comme un tabloïd, Albert Camus doit se retourner dans sa tombe - se complait dans les bas fonds de l’affaire DSK. Bien heureux les homos qui ont su organiser leurs lieux de débauche, ce qui leur évite « d’aller aux putes » quand ils ont un agenda chargé et que le temps dont il dispose leur est compté....La sexualité c’est comme l’argent, mieux vaut éviter de le faire savoir si vous en avez trop, sinon attention aux envieux, ils ne vous rateront pas...

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 22:22

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Je ne sais pourquoi je n ai jamais aimé cette ville, Bâle, siège de mon entreprise, au point de refuser à deux reprises, il y a bien des années, une poste "international"', la perspective d' y vivre me terrifiait. L' autre soir, traversant la vieille ville, qui ne manque pourtant pas de charme, le long de rues désertées dès que la nuit tombe, dans la fraicheur humide de ce mois de ce mois de novembre que je déteste, et cherchant mon chemin en direction des bords du Rhin à la recherche du restaurant où je devais retrouver mes collègues, je repensais à un article d’un quotidien du matin, lu dans l’avion, et qui me semblait éclairer, au moins partiellement, mes interrogations à propos de certaines réactions à mon dernier billet (non sur ce blog mais sur la version publiée sur un site gay :http://blog.hyperion.gayattitude.com/) . Il me semblait étonnant que le jugement, pourtant relativement modéré, que j’avais porté sur l’évolution des révolutions arabes, puisse soulever, comme à chaque fois que l’on exprime quelque réticence vis à vis de l’islam, tant d’oppositions, jusqu’à l’accusation d’islamophobie , alors qu’on peut écrire, dire ou mettre en scène toutes les horreurs que l’on veut sur les chrétiens sans jamais, ou presque, se faire traiter de «christianophobe». Certes je n’ignore pas que derrière cette christianophobie il faut entrevoir le déni des racines de notre civilisation et de notre patrimoine culturel, alors que la chasse à l’islamophobie concourt à l’injonction qui nous est faite d’expier notre passé de colonisateur, mais le philosophe Fabrice Hadjadj, dans l’article précédemment mentionné (« Vous avez dit christianophobie » ?) souligne combien il est difficile pour un chrétien de la dénoncer, que cette dénonciation ne serait légitime que pour un non chrétien, car elle est au cœur même du mystère de la croix (« Si la christianophobie s’exprime par la représentation du Christ dans une situation humiliante, que dois je faire de mon crucifix, qui le montre en train de subir le supplice des malfaiteurs dans la puanteur du Golgotha ? »). Ce que n’ont manifestement pas compris les intégristes de Saint Nicolas du Chardonnay...

Si le chrétien « culturel » que je suis s’accommode depuis longtemps de la christianophobie ambiante, il assiste avec un malaise croissant, peut être parce qu'il est aussi médecin, à la médiatisation et l’exploitation politique de faits divers criminels qui sont le fait de psychopathes. A chaque nouvel acte isolé de folie meurtrière on nous promet une législation d’exception. Impuissant à interdire la folie, l’enfermement psychiatrique ne satisfaisant plus la demande des victimes, on en vient à nier la folie, invention des « experts », voire à proposer de supprimer les fous, pas que Marine Le Pen a allègrement franchi en réclamant le rétablissement de la peine de mort dans un cas où on ne peut même pas invoquer l’argument de « l’exemplarité de la peine » puisqu’il ne s’agit plus que de vengeance sacrificielle .

Ici on accuse les experts d’incompétence, là, comme je viens d’en être le témoin dans le processus de réévaluation des médicaments anti-Alzheimer, d’être « vendus » à l’industrie pharmaceutique ce qui a conduit, en les éliminant de la procédure, à des décisions incompréhensibles à quiconque a une expérience clinique quotidienne de cette maladie et de l’utilisation de ces médicaments. Ce monde est décidément tombé sur la tête, « time is out of joint » disait Hamlet, ces experts dont on a décidé de ne plus solliciter l’avis sur les questions sociétales ou médicales, on leur donne le pouvoir décisionnaire sur le plan économique en les plaçant à la tête de deux états européens....

Les écologistes aussi avaient décidé de se passer « d’experts » en faisant appel à la passionaria nordique, tombée dans une potion verte le temps d’une campagne électorale, et qui s’est saisie du nucléaire comme d’un jouet. L’occasion pour François Hollande, qui a peut être, sans doute, été une fois de plus victime de sa faiblesse « consensuelle », de s’apercevoir que la « perdante » des primaires n’était pas disposée à lui faciliter la tâche, l’expérience subie par sa compagne d’antan aurait pourtant dû lui mettre la puce à l’oreille...

Comment un expert, ici un statisticien de génie, en appliquant des règles mathématiques peut amener une équipe de baseball, constituée de « losers », au sommet, c’est ce que raconte le « Stratège » film passionnant, même quand on ne comprend rien à ce sport, et d’une efficacité bluffante. Fable bien plus efficace dans sa dénonciation du pouvoir de l’argent que cette immense déception que constitue le dernier film du réalisateur du remarquable « Bienvenue à Gattaca », « Time out » , poussive allégorie politique qui nous décrit un monde où les hommes ont été génétiquement modifiés pour ne plus vieillir après 25 ans et où la monnaie a été remplacée par le « temps », celui qui vous reste alors à vivre en fonction de la réserve, attribuée selon les règles du capitalisme sauvage, dont vous disposez. Reste la séduction exercée par tous ces acteurs que l’on croirait sortis d’un concours de « Tetu » pour l’homme du mois !

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 21:01

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Ne vivons-nous pas une période passionnante ? Pour la première fois dans l’histoire de ce pays un gouvernement présente un plan de rigueur, certes modeste - juste une mise en bouche pour ce qui nous attend après - à quelques mois d’élections capitales, et nous allons assister à la première campagne présidentielle d’où toute promesse qui ait un coût devra être bannie. Le parti socialiste, qui a déjà dû avaler son projet, va devoir faire sa révolution copernicienne, sans l’avouer et oser la nommer " programme de Bad Godensberg". Sinon à la marge - là on taxera un peu plus les classes moyennes et ici " les riches", et sur le plan sociétal, ce qui est loin d’être secondaire - c’est de la même politique dont vont nous parler nos deux candidats AAA, derrière le mirage idéologique des mots, celle du maintient dans l’euro par réduction de la dette. Puisque nos gouvernants n’ont plus de « pouvoir », plus celui d’agir sur la réalité, puisqu’ils ne leur reste plus que les « paroles », comment vient de le montrer magistralement le film de Pierre Schoeller, « L’exercice de l’Etat », que vont-ils nous dire s’ils ne peuvent plus promettre et distribuer ce qu’on a plus? Un concours de coup bas et de surenchères populistes nauséabondes.

Les tenants de " l’autre politique", celle de la sortie de l’euro et de reconstruction des murs, que le politiquement correct appelle « démondialisation », Marine, Mélenchon et le baron rouge, pourront sans peine dénoncer le cynisme de Sarkomerkel qui mettent sur le trône de Grèce celui qui a négocié l’entrée de son pays avec des comptes falsifiés et sur celui d’Italie l’employé de Goldman Sacks qui a aidé au maquillage de cette falsification et a mis en place la dérégulation financière! On croit rêver. Que ceux qui nous ont mis dans la merde nous en sortent.... Jean Pierre Jouyet vient de déclarer au Monde que " les citoyens se révolteront contre la dictature des marchés ", peut-être se souvient il qu’une autre crise de la dette fut le prélude à la révolution française! Ces citoyens que la simple idée de les consulter par référendum effraie tant l’on sait que leur vote précipiterait la fin, crise de la dette doublée d’une crise de la démocratie.

Pendant que certains peuples d’Europe fantasment la démondialisation de l’économie et que celle-ci risque de s’effondrer là où elle a pris racine, en Grèce, d’autres peuples, de l’autre côté de la méditerranée, fantasment eux la mondialisation de leur religion. L’heure d’une vision angélique des révolutions arabes est semble-t-il passée, à la révolution succède un peu partout la contre-révolution islamiste. Certes le pire n’est pas encore sûr, certains comme BHL, contre Alain Finlelkraut mais avec Tarik Ramadan, semblent encore parier sur un islam modéré, mais le vote majoritaire des tunisiens de France en faveur du parti islamique ne peut pas ne pas inquiéter et sonner comme un écho au livre de Christopher Caldwell, "Une révolution sous nos yeux". Il y aborde la question de l'immigration et de l'islam en Europe. L 'immigration à grande échelle, en particulier musulmane, serait en train de transformer profondément l'Europe et de redessiner l’avenir du vieux continent, ce que Renaud Camus appelle la « contre-colonisation » .

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 10:05

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Voici donc, comme annoncé dans un billet récent, le texte complet sur le mariage gay que j'avais envoyé au bimestriel "Friendly", d'abord celui qui a été publié, suivi par celui qui dans mon esprit aurait du le précéder mais qui n' apas été retenu. Pour le prochain numéro à paraître en décembre j'ai proposé un texte sur la "théorie du genre"....

" Catho, réac, homophobe ou lâche?

Quelque réticence que l'on puisse avoir quant à la revendication du "mariage gay", sur sa pertinence ou son urgence, courir le risque de se retrouver en compagnie de ceux qui s'y opposent frontalement, parfois jusqu'à l'ignominie, ne vous laisse guère d'autre choix que de la soutenir.Ce front du refus n'est cependant pas univoque, il recouvre des motivations, des arrières pensées et surtout des conceptions de l'homosexualité fort différentes.
Il y a ceux, que l'on pourrait qualifier de réactionnaires, qui sur des convictions religieuses, politiques et/ou philosophiques tentent désespérément d'inverser la "flèche du temps". La normalisation de l'homosexualité vécue comme menace pour l'institution familiale ou porte ouverte au communautarisme. Pour nombre d'entre eux l'homosexualité est "acquise", voire un choix de vie, elle se conçoit comme une "pratique" et non comme une "relation affective" et il n'est pas rare qu'ils s'appuient sur la théorie freudo/lacanienne (on ne soulignera jamais assez les méfaits de la psychanalyse quant à sa conception de l'homosexualité). S'ils n'étaient contraints par leur idéologie "droit de l'hommiste", nombre de socialistes, comme il le firent par le passé, s'appuyant sur la philososphe Sylviane Agacinski, épouse de Lionel Jospin ("Il s'agit donc de savoir si l'institution du mariage et de la filiation doit continuer à inscrire chacun dans l'ordre d'une humanité elle-même sexuée, ou bien si l'on veut briser ce modèle dans lequel s'articulent la génération, la différence des sexes et celle des générations") s'inscriraient encore dans ce courant de pensée. Christine Boutin ne dit pas autre chose - « Effectivement. Ce n’est pas du tout ma foi qui me conduit à prendre cette position. C’est la réalité historique, biologique, psychologique. Pas du dogmatisme ou de l’idéologie ». On pourrait aussi citer François Baroin ( "ils ne veulent pas se marier") et surtout Eric Zemmour qui considère la revendication comme communautariste, le fait du "lobby gay"(dont les motivations réelles seraient la destruction de l'institution - un soupçon de vérité...pour une minorité). Pour ce dernier, qu'on a connu plus avisé dans ses démonstrations, la faible proportion d'homosexuels parmi ceux qui concluent un Pacs serait la preuve qu'une majorité d'entre eux ne se sent pas concernée! Dommage que l'on ait à rappeler une évidence à qui se veut si "rationnel", à savoir que les demandes de Pacs, devenu fait de société, ne font que refléter la prédominance "quantitative" de l'hétérosexualité , et qu'au contraire, si l'on considère l'obstacle infranchissable que constitue encore pour beaucoup la sortie du placard que le PACS implique, on doit souligner son succès chez les gays. Ces positions, tant qu'il n 'y a pas de rejet de l'homosexuel en tant que personne, font partie du débat public.
Il n'en va pas de même avec la cohorte des homophobes, dont il semble que l'UMP soit un réservoir, qui ont joué à qui irait plus loin que l'autre dans l'abomination. Un florilège : "Et pourquoi pas des unions avec des animaux? Ou la polygamie?" (Brigitte Barèges), «Après le mariage homosexuel, bientôt l’adoption, après l’autorisation du piratage et des vols de DVD, après la demande d’arrêt des contrôles de vitesse, après la dépénalisation de la prostitution, après la non-incarcération des délinquants mineurs, je dirais à la limite, à quand la dépénalisation du viol? Ou la légalisation du viol?» (Jacques-Alain Bénisti), proposition de signer le Pacs dans ""les services vétérinaires" (Dominique Dord). Sans oublier bien sûr le sinistre Christian Vanneste : « Je ne vois pas en quoi l'Assemblée nationale doit s'intéresser à une aberration anthropologique [...] ou encore "l'homosexualité est dangereuse, et inférieure à l'hétérosexualité". L'opposition au mariage n'est ici qu'un prétexte, c'est l'homosexuel qui est visé, aberration biologique, délinquant ou malade mental. Il est sidérant qu'un parti "républicain" garde en son sain de tels personnages.
Il y a enfin une dernière catégorie, d'autant plus méprisable que certains d'entre nous la composent, tel ce député UMP, futur ministre, Renaud Donnadieu de Vabres, dont Act-up avait menacé de révéler l’homosexualité, qui avait défilé contre le Pacs et dont les motivations étaient sans doute les mêmes que ce sénateur américain, connu pour ses positions homophobes, arrêté en état d'ébriété à la sortie d'un bar gay et qui avait déclaré : « …que ses votes représentaient la façon suivant laquelle ses électeurs voulaient qu’il vote, pas son propre « conflit interne »
Catho, réac, homophobe ou lâche? Certains se paient même le luxe d'appartenir à plusieurs de ces catégories, des "trans" en quelque sorte."


Ci-dessous le texte qui devait le précéder....


"L'opinion qu’on peut avoir quant au « mariage gay » n’est pas sans lien avec le « contexte » de l’époque où elle est émise. En d’autres temps François Baroin ne nous aurait pas dit pas qu’il avait des « amis gays », peut-être n’aurait-il même pas su qu’il en avait, aujourd’hui il nous précise «qu’ils ne veulent pas se marier». Si l'on peut sourire de la valeur statistique de l'argument, d’amis gays il ne doit point en avoir tant que ça pour que l’échantillon soit représentatif, il aurait fallu l'informer qu'il ne leur avait pas posé la bonne question. Le problème n’est pas de savoir si l'on «désire se marier» mais celui d'obtenir «le droit de se marier».

A cette revendication il n’est cependant pas certain que la réponse des gays soit aussi univoque que d'aucuns le pensent ou le proclament. L'extrait qui suit du livre de Jacques Fortin, militant LGBT et fondateur de la revue "Masques", "l'homosexualité est elle soluble dans le conformisme", en témoigne :
"Nous sommes-nous battus pour ça ?
Pétition pour le « mariage gay » à l'heure où le mariage hétéro implose, sans s'interroger outre mesure sur le contenu possessif, oppressif du mariage. Homoparentalité à deux papas deux mamans qui revendique d'instrumentaliser les corps en mère porteuse ou donneur anonyme. Retour en force de la « romance amoureuse » et du duo/duel de la conjugalité à la mode hétérosexuelle. Changement d'état civil (bien hétéronormé ?) pour les transexuel/les... Tout cela sent la reddition à l'ordre sexiste. On n'est plus dans la mise en procès de l'hétérosexisme machiste, mais plutôt dans le syndicalisme exigeant sa part à lui du « grain à moudre ». En même temps que, orchestrateur sournois de nos imaginaires, s'est épanoui un espace commercial qui dicte les modes, les comportements, les goûts, l'égotisme sexuel et la futilité consommatrice. Est-ce bien de cet utilitarisme, de ces normes et de ces « valeurs » dont les « hors-le-genre » avaient besoin ? Cela correspond-il à nos vies réelles ?"
Edmond White, dans sa chronique biographique des années 70 à New York récemment parue, "City Boy", dit à peu près la même chose.

Opinion d'une génération, celle des années 70, de ce temps où la « libération » gay voulait dynamiter le mariage et vouait aux gémonies tout mimétisme de l’hétérosexualité? A cette époque là la perspective même d’un « mariage » homosexuel nous aurait fait éclater de rire. Le mouvement homosexuel d'alors était loin de s’imaginer que son rôle essentiel dans la reconnaissance et l’acceptation progressive du fait homosexuel allait aboutir à une déroute de ses idéaux par victoire totale du modèle hétérosexuel qui a fini par nous imposer ses normes. Il était difficile d'imaginer que nombre de ceux que les militants des années 70 pensaient "libérer" de la pression culturelle qu’ils subissaient n’allaient accéder à la « lumière » que pour aussitôt intégrer le modèle qui n’avait cessé de les oppresser. Des deux visons de l’homosexualité qui s'opposaient alors, celle de Jean Louis Bory, critique cinématographique au Nouvel observateur, défenseur d’une homosexualité « respectable », du droit à "l’indifférence", en quelque sorte dans la logique de l'association "Arcadie", et celle de Guy Hocquenghem et des mouvements homosexuels tenant d’une visibilité radicale et d’une certaine marginalité, c'est la première qui semble avoir finalement triomphé ( les membres du FHAR, Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire, raillaient l'association Arcadie fondée dans les années 50, « l’homosexualité de papa ». Là où ces derniers se définissaient comme « homophiles », les membres du FHAR se disaient « pédés et lesbiennes)?
Il est assez étrange de voir que la revendication du mariage gay est née de l’alliance contre nature de l'extrême gauche, des disciples de Bourdieu (Didier Eribon, Michel Onfray, etc), qui ont toujours comme arrière pensée de détruire l’institution du mariage, de l’intérieur, revendication cheval de Troie, et de la majorité « silencieuse » gay, qui rêve d’une "reconnaissance sociale ". Pour cette dernière, il s’agit d'un besoin du « mot », elle est « nominaliste », nommer effacerait les différences... Alors que nous nous sommes battus pour le droit à la "différence", la génération actuelle se réclame du droit à « l’indifférence ». Je crains qu’il n'y ait chez nombre de ceux qui la composent une «intériorisation des interdits », quasi biologique, le regard de l'autre continuant à faire problème et derrière le désir de voir l’homosexualité reconnue comme dans "la norme", celui inconscient de s’accepter soi même enfin comme « normal ». Comment s'en étonner puisque ce sont souvent les mêmes qui fustigent les « folles », « les efféminés », « le ghetto », et tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, irrite, choque, dérange ou fait rire l’hétérosexuel moyen, reproduisant ainsi contre les nôtres les mêmes mécanismes archaïques d’exclusion, l’éternel « bouc émissaire ». Le rejet de la "folle" stigmate de « la haine de soi ». La Gaypride, déjà privée de son nom de baptême, a elle même été victime de cette volonté d'effacement de nos "différences". Cette année, la LGBT avait choisi un visuel dans la tradition du l'humour "Queer", affublant le symbole du machisme et de la fierté, cher à nos rugbymen, le coq gaulois, d'un boa! La présentation de ce visuel au Tea Dance du tango a provoqué un vent de révolte dans une partie de la communauté homosexuelle, le concert des honteuses y ayant vu une stigmatisation des homosexuels, une intériorisation des clichés de la folle, un recul de la lutte contre l'homophobie....

Cette couse effrénée vers la "norme" nous fait oublier qu'il y a d'autres urgences aujourd'hui que celle du mariage et de l'adoption, l'homophobie qui est loin de régresser, le suicide des jeunes gays, la lutte contre le Sida, etc...Mais faudrait-il pour cela que les gays se sentent encore engagés par ces combat au lieu de n’avoir plus en tête que le « droit à l’indifférence ». Christine le Doaré, présidente du centre LGBT Paris, a déclaré dans TETU : « Il y a une perte évidente des repères individuels et collectifs sur ce sujet. L’obsession du mariage et de l’adoption a étouffé en partie d’autres luttes....Cette recherche absolue de normalité ne remet pas en question les principes fondamentaux de la société. Ceux qui en font les frais sont les mêmes : les femmes, les malades, les précaires.»

Qu'on ne se méprenne pas, le combat pour l'égalité des droits est essentiel, elle va de soi, mais la façon dont nous venons de le mener en se focalisant sur sa dénomination, "mariage", l'a retardée et nous a détournés d'autres luttes. Il va de soi, maintenant que le mariage gay a été adopté par nombre de pays, qu’il est une revendication mondialisée, revendication qui s’est imposée de fait, que toute autre appellation pourrait apparaitre comme une régression et qu’on n'a plus d'autre choix que la soutenir. Cela ne doit pas nous faire oublier :
"Le bonheur de n'être jamais vraiment à sa place,
le petit détail qui fait que l'on n'est jamais aussi conforme que le voudraient les normes" (Hervé Brizon, La vie rêvée de Sainte Tapiole)"

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 22:26

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C’est en rentrant de la projection, à l’UGC ciné cité Bercy, de la palme « Queer » au dernier festival de Cannes, « Beauty », que j’ai pris connaissance du résultat des primaires socialistes.

Qui aurait pu imaginer, il n’y a pas si longtemps encore, quelques mois tout au plus, que François Hollande serait le candidat socialiste à la présidentielle 2012, cinq ans après n’avoir pas été celui de celle de 2007, place qui lui été alors naturellement destinée en tant que premier secrétaire du parti socialiste. L’envolée irrationnelle qui s’était alors produite dans les sondages en faveur de Ségolène Royal l’en avait empêché, et, ironie de l’histoire, c’est elle qui, par son ralliement spectaculaire et presque émouvant, a apporté un soutien décisif à son ancien concubin, bien plus décisif que celui de l’inénarrable baron gauchiste, l’espace d’une élection, Arnaud de Montebourg. Comme il était jouissif, l’autre dimanche, de voir difficilement contenir leur dépit les dinosaures du parti qui s’étaient presque tous rangés dans le camp de Martine, et ...Laurent Fabius serrer la main de vainqueur. J’ai éprouvé, ici ou là, pendant cette campagne certaines émotions que j’avais presque oubliées depuis 1981, celle de l’autre François. Il y a si longtemps que je n’avais plus voté avec plaisir et conviction, presque un retour au bercail. Presque, car le chemin est encore long et s’annonce plus que périlleux dans un environnement économique et financier qui ne va cesser de se dégrader et qui ne devrait plus permettre de tenir le langage d’un autre siècle, celui de Benoit Hamon, ou celui apocalyptique, délirant, du baron. Une autre grande satisfaction pendant ces quelques semaines, l’état de sidération de l’UMP au bord de la crise de nerfs...

« Beauty » donc, d’Olivier Hermanus, est un film sur la haine de soi, celle d’un homosexuel quinquagénaire vivant dans des milieux hyper conservateurs d’une Afrique du Sud dont les « apartheid » sont encore souvent dans les esprits, s’ils ne le sont plus dans les lois. Le titre du film semble étrange car s’il se réfère à la fascination que va exercer la beauté captivante d’un jeune étudiant, la traduction du titre anglais « skoonheid » est impuissante à reproduire son lien avec le mot « apartheid ». Les contradictions du héros, torturé, qui derrière le masque de son homophobie vit clandestinement une homosexualité sordide, et va vivre une passion pour son jeune neveu, destructrice jusqu’ au viol, sont admirablement rendues par l’interprétation remarquable de Dean Lotz. On pourrait reprocher à ce film son simplisme et son caractère démonstratif, renvoyant les contradictions du personnage à son histoire individuelle - milieu social, racisme- notamment dans cette scène finale où le héros comprend, à la vision de jeunes gays s’embrassant en public dans un bar, qu’il est passé à côté de sa vie, il n’en reste pas moins oppressant et très intense. Dommage qu’une réalisation contemplatrice, où les silences s’éternisent, s’éternisent, amène parfois à l’ennui.

Aucune réserve quant au film de Nicolas Winding Refn, « Drive », de la fascination au contraire. Ce thriller qui conte l’histoire d’un petit malfrat solitaire qui va se transformer en tueur fou, le hasard lui ayant fait croiser la route d’Irène et de son fils, menacés par la mafia. La réalisation en est époustouflante, rappelant les plus grands jusque dans son utilisation de la bande son et Ryan Gosling irrésistible dans son blouson brodé d’un scorpion.

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