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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 21:41

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Qui se souvient encore du nom de Jean Baptiste Lamarck? Il fut le premier à proposer une théorie « transformiste » de l’évolution des espèces. Selon celle-ci, les espèces dérivent les unes des autres, les transformations se faisant sous la pression « intentionnelle » des évènements et du milieu. Il prônait donc l’hérédité des caractères acquis. Darwin allait opérer une révolution copernicienne en affirmant que cette évolution se faisait par « hasard », sous l’effet de la sélection naturelle. La longueur du cou de la girafe est l’exemple le plus simple pour différentier les deux théories : selon Lamarck les girafes ont commencé à vouloir manger des feuilles en hauteur ce qui a progressivement allongé leur coup, pour Darwin, à l’origine, il y avait des girafes avec des cous de toutes les longueurs, mais la sélection naturelle n’a gardé que les girafes à long cou, les plus « adaptées ».

Le Darwinisme a triomphé et Lamarck est tombé dans l’oubli ou presque. D’abord parce que sa thèse, malgré ses lacunes qui persistent, était bien plus « puissante » , moins « naïve » que celle de Lamarck, mais le discrédit de ce dernier tient aussi à l’idéologie. Le darwinisme permettait de faire l’économie de Dieu, ce qui fut illustré brillamment par Jacques Monod dans son célèbre essai « le hasard et la nécessité », alors que le lamarckisme, et la place qu’il laissait à « l’intentionnalité », était compatible avec le concept d’évolution créatrice (rien à voir cependant avec le créationnisme de certaines sectes américaines!). Tout n’est pas si simple cependant, les catholiques furent certes du côté de Lamarck, mais les protestants plutôt du côté de Darwin (il me semble que la notion de « prédestination » auraient pourtant du les pousser vers Lamarck…). Le darwinisme lui-même allait, avec le « darwinisme social » qui prônait la sélection compétitive comme moteur social, être l’objet d’une dérive idéologique droitière.

Certaines découvertes récentes viennent quelque peu réhabiliter Lamarck en montrant que certaines de ses intuitions étaient justes : l’environnement pourrait être responsable de variations dans l’expression des gènes (et non des gènes eux mêmes), dites variations « épigénétiques », pérennes au fil des générations. Cette hérédité « épigénétique » serait donc « acquise ».

Si ce retour en grâce de Lamarck a attiré mon attention, ce n’est pas en raison d’un intérêt marqué pour la théorie de l’évolution, mais parce que je fus dans ma jeunesse un ardent défenseur du courant de pensée qui se réclamait du Lamarckisme, entrainé certes par mon milieu familial d’extrême droite mais surtout par la lecture enthousiaste des livres du zoologiste et biologiste Pierre Paul Grassé (« Toi ce petit Dieu » ) et du prix Nobel de médecine Alexis Carrel dont l’essai « L’homme cet inconnu » , paru en 1935, a eu un retentissement considérable pendant des dizaines d’années. Il y défendait des thèses eugénistes arguant que les progrès de l’hygiène et de la médecine avaient détournés la sélection « naturelle » de son rôle(il empruntait aussi à Darwin), prônant ainsi l’élimination des humains indésirables, se basant sur le concept de dégénérescence, notamment l’euthanasie des criminels et des aliénés et la « restauration » de l’homme grâce aux avancées de la science et au conditionnement. Même si Carrel ne semble pas avoir été influencé par Nietzche, on ne pas ne pas évoquer le « surhomme ». Bruno Mégret en fit un de ses maitres à penser . Alexis Carrel ne peut cependant être assimilé à l’idéologie nazie qu’il critiqua : « …les juifs sont une bonne race: ils ont maintenu longtemps leur idéal et le christianisme vient d’eux….L’Allemagne ne renferme aucune race pure. ». S’il effaroucha les catholiques, il reçu un accueil favorable d’une certaine gauche et fut notamment encensé par « l’éducateur prolétarien ».

Le choc qu’ a provoqué en moi la lecture du livre de Jacques Monod précédemment cité, et la découverte de l’œuvre d’un autre biologiste Henri Laborit m’ont vite éloigné de ce marécage idéologique, mais en relisant ces lignes concernant l’homosexualité , « Les sexes doivent de nouveau être nettement définis. Il importe que chaque individu soit, sans équivoque, mâle ou femelle. Que son éducation lui interdise de manifester les tendances sexuelles, les caractères mentaux et les ambitions du sexe opposé. », je me demande comment l’adolescent que j’étais a pu ne pas être troublé et ne pas se rendre compte que c‘était de lui dont on parlait...Avec le recul, on pourrait tourner cela en dérision en qualifiant cette opinion de paradoxale pour un « transformiste »…

Le transformisme sexuel est le thème du nouveau film très attendu de Xavier Dolan avec Melvil Poupeau, prochainement présenté à Cannes, dans une section parallèle. En attendant sa sortie, j’ai vu le nouveau Jacques Audiard, « De rouille et de sang », l’histoire d’une dresseuse d’orques qui leur ayant accidentellement donné ses jambes va entreprendre le dressage d’un autre orque, humain celui-là, et lui donner son cœur. Un grand cinéaste à n’en pas douter et un acteur aussi époustouflant que dans Bullhead, mais je dois avouer n’avoir pas été vraiment séduit, comme tenu à distance de cette histoire.

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 15:17

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Je commence ce billet dans l'avion qui me ramène de Stockholm où se déroulait l'édition annuelle de la "Springfield", un des plus importants congrès sur la maladie d 'Alzheimer. C’est la 4ème ou 5ème fois que je reviens dans cette ville que je n'ai jamais eu le temps de visiter, celui cependant de constater qu'ici, contrairement à la Nouvelle Orléans, toutes les sites gays de rencontre étaient très actifs : l’Europe du Nord noierait-elle sa rigueur protestante, son orthodoxie financière et son ennui, dans l’alcool et le sexe ? Si, comme l’écrit Franz-Olivier Giesbert, « Le 6 mai 2012 fut la victoire de notre ascendant nordique, j’allais dire belge et pourrais ajouter scandinave, sur notre vieux fond latin», c’est un avenir plutôt austère qui s’annonce….

En feuilletant la presse quotidienne et les hebdomadaires, j'ai pu m'amuser à compter le nombre d' articles où l'on vous décrit maintenant, comme une évidence, le parcours d'un homme, François Hollande, destiné á être président, sans oublier les visionnaires qui se rappellent à notre bon souvenir, tel le même Franz-Olivier Giesbert, dans son dernier livre particulièrement jouissif, « Derniers carnets-scènes de la vie politique en 20012 », rapportant sa rencontre en 2004 avec le futur président : " Après le repas, en regardant Hollande s'éloigner sur le boulevard Saint-Germain pour rejoindre le siège de son parti, j'ai pensé que je venais probablement de déjeuner avec un futur président de la république . Je ne galèje pas....".

Dimanche dernier, fatigué d'entendre Coppé, ses sbires et ses rivaux, prendre les électeurs pour des attardés mentaux en nous répétant à l'infini, a propos des législatives, qu'il ne fallait pas donner au PS tous les pouvoirs, donc les lui faire perdre tous ou presque, et peut être nostalgique de n’avoir pas participé à la fête en 1981- j' habitais Bordeaux et surtout je vivais alors avec un militant RPR, j' ai déjà conté cet épisode- j'ai finalement entrainé Bertrand à la Bastille. Je n'avais pas imaginé qu'il puisse y avoir tant de monde, une foule très colorée, dans tous les sens du terme, et dont la joie faisait plaisir à voir, si dense qu'on pouvait craindre qu’au moindre incident sa mise en mouvement ne déclenche une panique catastrophique. Nous avons préféré nous en extraire avant l’arrivée du futur président et foncer fêter la victoire dans le marais tout proche.
Les rapprochements avec 1981 ont leur limite. Certes il s'agit à nouveau d’ un François (je constate avec dépit que la dénomination " François 2" connait un grand succès sans qu’il ne soit jamais mentionné que je suis le premier à l’avoir employé sur ce blog il y a de long mois!), certes ce dernier a emprunté nombre de formules de son prédécesseur et imité certaines de ses postures, poussant le mimétisme jusqu’à réaliser le même score, certes on peut faire des parallèles entre les présidences de Giscard et de Nicolas, mais en 1981 la victoire de François Mitterrand répondait a une espérance folle et résonna comme un tremblement de terre -la bourse s effondrait de 20% le lendemain de l élection-, alors que cette fois ci, la victoire était attendue -la bourse à gagné près de 2%.
Mon état d’esprit est également bien différent. En 1981 mes convictions étaient fortement ancrées à gauche et j’attendais Mitterrand comme le messie; en 2012, alors que je m’étais éloigné progressivement du parti socialiste depuis le retrait de Lionel Jospin de la vie politique, ce blog en témoigne, Nicolaparte a réussi le tour de force, en ressuscitant le clivage droite-gauche, de me ramener au bercail.

François Hollande n’est pas François Mitterrand, mais il en est le digne héritier (celui de Jacques Delors aussi), héritage que contrairement à Fabius («lui c’est lui, moi c’est moi ») ou à Jospin (le «devoir d’inventaire») il assume. Le choix de la grande bibliothèque était particulièrement judicieux pour lui rendre hommage le 10 mai, annonçant ainsi le retour de la « Culture » dans ses priorités (j’avais également apprécie l’hommage rendu à Pierre Bérégovoy, un de nos plus grands ministre des finances). Je suis de ceux qui pensent qu’il peut nous surprendre, qu’il peut être celui qui nous fera traverser au mieux la terrible période qui s’annonce. Il a eu la sagesse et la chance de s’être entouré d’hommes intègres et compétents, contrairement à Mitterrand qui par amitié aveugle a laissé s’installer une cour de personnalités sulfureuses. Mais pour cela il devra s’affranchir de son programme, il le sait. On ne lui pardonnera rien, déjà les poujadistes de tout bord poussent des cris de truie qu’on égorge à la moindre de ses dépenses…
Dans son entourage il y aura son ami Jean Pierre Jouillet, il lui en avait voulu d’avoir cédé quelque temps au charme sarkozien, mais il s’en était vite repenti. On sait ce qu’il en est des autres « transfuges », certains ont trahi à nouveau, en sens inverse (après tout, comme pour l’infidélité, c’est souvent le premier pas qui est le plus difficile à franchir…), d’autres, plus décents, ont assumé jusqu’au bout, tel Eric Besson qui a annoncé qu’il allait rejoindre le privé, mais où est donc passé Bernard Kouchner! Peut être la prophétie de François Mitterrand, révélée par FOG dans son livre, s’est elle réalisée : «Un GO égaré en politique. Vous verrez, il finira là où il a sa vrai place : au Club Méditerranée». (Je ne résiste pas au plaisir de livrer celle sur DSK : « Un jouisseur sans destin. Je le verrais plutôt à la tête du patronat qu’à la tête du PS. Mais il est si ficelle qu’il pourrait diriger les deux en même temps.»)


« François Hollande a emporté la primaire socialiste. Vu d’ici, il est notre futur président le plus vraisemblable. Je n’ai rien contre lui personnellement, je le trouve même plutôt sympathique : ce ferait une fameuse différence avec Nicolas Sarkozy. Et comme il est assez probable que leurs lignes politiques respectives seraient à peu près les mêmes….De toute façon, quand nous en serons là, si nous en sommes là, je ne m’occuperai plus de politique. Il y seulement que voir l’un me sera beaucoup moins désagréable que voir l’autre. C’est physique, comme il ne faut pas dire. »
(Renaud Camus – Septembre absolu, journal 2011, Fayard 2012)

Le 6 mai, après avoir fait le choix de Marine le Pen au premier tour, Renaud Camus a appelé à voter pour Nicolas Sarkozy….

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 18:14

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Au moment ou je commence ce billet, 17h, les premières estimations sorties des urnes et publiées sur le site de la tribune de Genève, prévoient une victoire assez large de François Hollande. Je n ai pas pu voir mercredi soir le débat tant attendu, pris par un dîner professionnel, si ce n' est sur sa conclusion " moi président", mais je n ai jamais été inquiet quant à son issue. Il est étonnant de voir combien les politiques ont la mémoire courte, ils ont oublié qu il y avait déjà eu une confrontation Sarkozy-Hollande, télévisuelle et dans les urnes, aux élections européennes de 1999. François Hollande avait fait jeu égal pendant le débat et ...écrasé Sarkozy dans les urnes! Comment ce dernier a-t-il pu sous-estimer son adversaire à ce point. S il avait lu " cahiers secrets de la Ve république " de la journaliste Michèle Cotta, il aurait su que dès 2005 il était considéré comme le meilleur candidat socialiste pour 2007 mais qu' il en été empêché par le tsunami médiatique "Ségolène". Pour paraphraser Arnaud Montebourg " son problème ce fut sa compagne" . Bien avant l affaire DSK un commentateur avisé comme Denis Jeambar, ex- directeur du point, disait sa conviction qu il serait le prochain président et il y a plus de 6 mois le sociologue Àlain Touraine a fait le même pronostic.

Nous nous marrierons donc, du moins certains d entre nous et je vais significativement payer plus d impôts ( ça a un prix les convictions!). Mais des défis bien plus importants l' attendent, économiques sans doute (j ai trouvé amusant de voir sur un autre blog un internaute qui dit avoir voté pour le trotskiste de cirque trouver son programme économique inapplicable!) mais surtout répondre intelligemment aux inquiétudes compréhensibles de certains électeurs du Front National devant une immigration mal maîtrisée. François Hollande saura t il résisté à certains "idéologues" du PS et écouter les autres, comme l' a bien résumé un journaliste de libération: "Nombre d élus et de militants de gauche n' ont pas partagé ces dérives, mais la peur d' être qualifiés de réactionnaire par un milieu parisien restreint mais influent, en à fait taire beaucoup. François Hollande opérera- t-il dans ce domaine une difficile synthèse ou saura-t il rompre clairement avec les impasses d' un petit milieu pour comme il le dit, parler aux électeurs du Front National et rassembler le pays."

En attendant les résultats j'ai vu " Margin call" , excellent film sur le capitalisme financier et ses dérives, illustration parfaite de la « théorisation » de l’économie de marché par Jean-Pierre Dupuy, disciple de René Girard, et pour lequel l’économie de marché a pris le relais de la religion pour «

 

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 20:59

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Dix heures de vol , une escale de 3 heures à Houston , puis à nouveau une heure avant d’atteindre la Nouvelle Orleans. Il faut avoir voyagé sur une compagnie américaine, United Airlines en l’occurrence, pour réaliser combien ceux qui se plaignent d’Air France sont des éternels insatisfaits.

Une certaine insouciance règne sur cette ville, à population majoritairement noire et pauvre, mais où sous l’influence du soleil,  de la musique omniprésente dans les rues du quartier « français »,  sorte de Pigalle subtropical, et du Mississipi, tout semble permis. Dès que le coucher du soleil approche tout s’anime, une faune des plus colorée envahit les rues et les bars, s’enivre et dance. On a peine à croire que l’on se trouve aux Etats-Unis. Il n’est pas conseillé de s’aventurer hors des zones touristiques, l’insécurité y est grande, une des plus élevées du pays, notamment dans les quartiers dévastés par Katrina où les maisons détruites sont squattées. Deux ou trois bars gays le long de Bourbon Street, la rue la plus animée, dont la clientèle contraste avec celle de la rue, car majoritairement blanche, souvent  des touristes américains. Dans le plus fréquenté, « OZ », on découvre une scène pour les spectacles qui y sont régulièrement donnés - le soir où j’y étais un concours de « go-go boys » volontaires choisis parmi les jeunes spectateurs - stigmate d’une homosexualité pas encore vraiment libérée. Sur internet, les sites les plus fréquentés, parmi ceux que je connais bien sûr, étaient Grindr (qui est devenu universel), Jack’d ou Manhunt alors que « Gayromeo » si populaire en Europe était désert. J’ai découvert un « Grindr » bien différent : une  proportion notable de connectés avec des caractéristiques pondérales que l’on attendrait plutôt sur des sites « bears » (mais l’obésité est omniprésente dans cette ville); refus fréquent de montrer des  « pics » de visage,  motivé par des exigences de « discrétion » d’hommes mariés; des touristes plus nombreux que les locaux qui, lorsqu’ils sont noirs, ont tendance à refuser à se déplacer dans les hôtels (crainte d’être refoulés?) mais vivant dans des quartiers excentrés où l’on ne risquerait pas de se rendre….J’ai pourtant presque quitté cette ville avec regret.

Nous étions en réunion quand, dimanche, 12h heure locale mais 19h à Paris, j’ai pu découvrir sur le site de la Tribune de Genève les premières estimations qui ne pouvaient que me réjouir. Hollande en tête certes, le plus important, mais aussi Bullenchon dans un trou d’air, et un score de Marine le Pen invalidant la stratégie aventureuse de Patrick Buisson que notre président, porté par "l‘énergie du désespoir" , a décidé de mener jusqu‘à son extrême limite. Une seule déception le score du Béarnais. Non une autre, celle de lire dans les colonnes du Monde les justifications que donnait Renaud Camus à son appel en faveur de Marine Le Pen, un désaccord sur presque tout, mais non sur l’essentiel pour lui «"La  résistance au multiculturalisme sans frontière et à la contre-colonisation" , vote qu‘il fonde sur un «pari» , celui d‘une rupture idéologique avec son père. Je peux comprendre qu’un vote soit fondé sur un pari, le mien en faveur de François Hollande est de en partie cette nature, plus « socioculturel » qu’une adhésion à un programme, mais il est des paris que l’on n’ a pas le droit de faire car s’ils étaient perdus ils nous renverraient aux heures les plus noires de notre histoire. La décision des éditions Fayard de mette fin à son contrat, l’empêchant ainsi probablement d’être publié, n’en reste pas moins inacceptable, scandaleuse.

Je pars demain pour Berlin, je ne verrai pas le « débat du siècle », mais je serai de retour pour le second tour et je l’espère un petit tour à la Bastille pour voir le peuple en « joie »… 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 21:37

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Je ne voterai pas dimanche. Non que je fasse partie de ces 44% de girouettes analysées par un sondage récent et qui ont changé d’avis, mais je serai à la Nouvelle Orléans pour le congrès annuel de l’American Neurology. C’est donc par procuration que j’apporterai mon suffrage à François II, choix que j’envisageais déjà dans mon billet du 09/05/2011 (« 30 ans déjà »), avant que n’éclate l’affaire DSK. Il ne s’agit donc pas, comme ces anciens ministres dits de gauche égarés en sarkoland et dont on ne sait s’il faut qualifier leur attitude de pathétique ou d’obscène (ceci ne concerne pas l’ancien ministre de la culture, Jean-Jacques Allaigon, qui n’a jamais été de gauche et qui a apporté son soutient à Hollande depuis plusieurs semaines), d’un ralliement au vainqueur probable d’une campagne surréaliste. La stratégie savamment élaborée par Patrick Buisson, radicalisation à droite et coup de pouce aussi sournois que complice à notre inénarrable Jean-Luc, Hébert des temps modernes, qui a décidément des amis inattendus (allant du dit Buisson à Henri Guéno en passant par Dassault…), semblant avoir échoué (semblant car certains se raccrochent encore désespérément à l’espoir fou d’un peuple si déboussolé que les sondages ne sauraient en appréhender les états d’âme), les rats commencent à quitter le titanic.

Ce billet, puisqu’il témoigne d’un vote plutôt «politiquement correct», devrait contribuer à donner de mon blog une image positive et l’éloigner un temps des blogs « malsains ». J’ai en effet reçu avec stupéfaction, un mail  d’un responsable « d’Over-blog », me signalant que mon blog ne pourrait continuer à être classé comme « sain », c'est-à-dire ouvert aux annonceurs publicitaires, ce qui en facilite la diffusion, que si j’acceptais de supprimer le billet, datant de près de deux ans( !), intitulé « Black, blanc, beur », écrit au moment de la « mutinerie » de l’équipe de France de football lors de la dernière coupe du monde….Il semble qu’il ait été considéré comme « sensible». J’ai accepté, un peu vite peut être, sa suppression car il ne s’agissait que d’un billet d’humeur, que l’on peut d’ailleurs retrouver sur le site communautaire gay "gayattiude" sous le pseudo "hyperion". Je crains toutefois que l’on puisse en trouver de bien plus sensibles (!), mais si cela devait être le cas, je n’irai pas plus loin dans l’autocensure, je me passerai des bandeaux publicitaires.

« Il y a un machin bizarre, assez embarrassant. Ça vous prend un peu par surprise, on ne sait pas trop quoi en faire. On appelle ça la beauté ». Cette citation, tirée d’une critique du dernier film de Francis Ford Coppola, rend à merveille compte de ce poème cinématographique, fantastique, gothique et envoutant, dont le motard hard rock qu’on croirait surgi de Rusty James sert d’illustration à ce billet, mais pourrait tout au tant s’appliquer à la trilogie de l’écrivain japonais Haruki Murakami, « 1Q84 » dont j’aborde le deuxième tome. Les deux œuvres ont aussi en commun un hommage à un grand écrivain, Edgar Poe pour le Coppola, et Georges Orwell pour le roman.

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 09:08

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Presque une semaine à Nice, pour le plus grand congrès annuel de la neurologie de langue française, après plus de six heures d’attente à Orly, lundi dernier, en raison de la grève des aiguilleurs du ciel. Il sera dit que je ne verrai jamais, ou presque, cette ville sous le soleil, mais j’y aurais au moins fait un excellent déjeuner au « Flaveur », à l’initiative d’un neurologue de la ville avec lequel je devais discuter de son intervention sur le traitement de la maladie d’Alzheimer lors d’une future manifestation.

Avant de partir j’avais eu le grand plaisir de voir un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir sur l’amour homosexuel, « Week-end ». Ce film marque une rupture avec les conventions habituelles du film gay, où à connotation gay, qui a du mal à s’arracher, quelque soit le talent du réalisateur, aux catégories obligées de la mort, du mal être, de la solitude, de la transgression ou de la caricature. On pourrait en effet assez facilement, certes schématiquement, établir une typologie du film gay : ceux qui, dans la lignée de Genet, lient homosexualité et la mort (« l’homme blessé » de Chéreau, « Querelle » de Fassbinder), ceux qui, variante de la précédente catégorie, abordent la thématique du Sida (« Les nuits fauves », Philadelphia », « Jeanne et le garçon formidable »), ceux qui se placent sous l’angle du militantisme (« Harvey Milk » ), ceux qui renvoient, d’une façon ou d’une autre, à une interprétation freudienne ( Les films de Xavier Dolan dont le remarquable « J’ai tué ma mère », « Crazy » , « American beauty »), ceux d’inspiration Queer (« Prescillia», « I love Philippe Morris », certains films d’Almodovar), ceux qui se cantonnent aux paillettes et à la caricature (« Pédale douce »), et enfin ceux qui ne voient la passion homosexuelle que sous l’angle de la souffrance, du mal être, et de la solitude (« Maurice », « A single man », « Brokeback Mountain», etc.)

« Week-end » rompt avec tout cela en nous montrant la naissance d’une passion amoureuse à la suite d’une rencontre, un soir de week-end dans un bar gay, entre deux êtres que tout oppose, l’un, qui s’il assume intérieurement son homosexualité, a du mal avec le regard de l’autre, à la recherche du droit à « l’indifférence », l’autre faisant fi de toutes les conventions, vivant sans limite sa différence, à la limite de la provocation (il a choisi le jour de la fête des mères pour avouer son homosexualité à sa mère) mais dont le cynisme apparent avec lequel il aborde les relations amoureuses ne fait que dissimuler sa conviction qu’elles ne peuvent être qu’éphémères. Ce film qui décrit la relation amoureuse dans ce qu’elle a d’universel, mais aussi de singulier entre deux hommes, est si ancré dans la réalité que nous vivons que l’on peut s’identifier tour à tour à l’un ou l’autre des personnages ( bien des situations du film m’ont rappelé telle ou telle rencontre, comme celle avec ce jeune homme, rencontré aussi dans un bar, et qui à la fin d’un week-end, alors que nous étions allongés au soleil dans le bois de verrière, m’a dit « tu prends le risque d’aimer, moi pas »). La fin du film est magnifique, une des plus belles scènes d’amour que l’on puisse imaginer. Les deux acteurs (dont un seul est gay, on ne se pose pas longtemps la question de savoir lequel…) sont épatants. Courrez voir ce film si vous en avez la possibilité car il n’est programmé que dans deux salles à Paris, mais son succès relatif devrait le maintenir à l’affiche un certain temps (il semble même que sa sortie en province ait été décidée)

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 22:34

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Cette campagne devenait d un ennui mortel tournant à une sorte de concours de la mesure fiscale la plus inapplicable ou inefficace, les protagonistes allaient se trouver bientôt à cours d idées saugrenues. Le sort, ce malin génie, a choisi le cerveau malade d un jeune franço-algérien dont le délire avait pris pour support le discours de l' islam radical pour interrompre cette séquence qui n' avait d autre effet que de nourrir le populisme de gauche qui a trouvé son champion, un tribun d’exception, en la personne de Jean-Luc Mélenchon.

Le sort sans doute, mais presque une loi des séries, puisqu’à chaque élection présidentielle ou presque, des événements dramatiques hautement médiatisés sont instrumentalisés pour faire bouger des sondages défavorables au candidat de droite le mieux placé. Rappelez vous, l’assaut contre la grotte d Ouvéa en 88 (joint au rapatriement spectaculaire des épouse Turenge, cette fois ci c’est raté puisque Florence Cassez est restée au Mexique), la tuerie de Nanterre en 2002 et aujourd’hui des actes, qualifiés de terroristes, qui ont donné lieu pendant plusieurs jours, pour reprendre l’expression tout à fait pertinente d Olivier Besancenot, à une " théâtralisation morbide". Quelle aubaine en effet pour le pouvoir en place que ce malade mental se prénomme Mohamed (qu’il ait ou non, ce qui reste à établir été téléguidé par des islamistes radicaux), mettant la gauche en porte à faux (notamment certains écologistes qui, selon un article du Monde, du fait de leur soutien inconditionnel à la cause palestinienne, auraient émis des réserves quant à la déclaration d Éva Joly), alors que s’il s était réclamé d’un délire d extrême droite, les trompettes du politiquement correct nous auraient assourdis.

Théâtralisation certes, mais toute cette campagne n’est que cela. Qu’il s’agisse des affrontements télévisés, celui, indigne, qui a vu Mélenchon se comporter en gougat avec Marine Le Pen, celui où un pitoyable Fabius s’est fait ridiculisé par Nicolas Sarkozy, ou celui presque comique où Jean François Copé s’est mis à aboyer, face à François Hollande, comme le pinscher nain de ma voisine, ou de la bulle mélanchonienne qu’on s’évertue à gonfler pour compromettre les chances de Hollande au deuxième tour en faisant fuir les centristes. Il semble que chaque campagne connaisse cette percée médiatique d’un candidat - jamais le même, il s’agit d’un jeu à un coup- alliant souvent aisance du «verbe» et impertinence vis-à-vis des journalistes. Cette année c’est Mélenchon, sorte d’hybride de Coluche et de Besancenot, qui enflamme, en les caressant dans le sens du poil, les nostalgiques du « Grand Soir » et les souverainistes de gauche (qui ont oublié qu’il avait voté le traité de Maastricht…).Tous les intellectuels d’extrême gauche ne sont pas dupes, derrière le «verbe», ils entendent les mots : Michel Onfray , lassé de son double langage en fonction des religions notamment (haro sur le christianisme mais pas touche à l’islam) votera blanc et Emmanuel Todd a donné son soutien à François Hollande.

Ennui, mais tristesse aussi. Un lecteur de mon autre blog m’avait, perfidement, suggéré de m’intéresser à ce que Renaud Camus pensait de Christian Vanneste. J’ai ainsi pris connaissance d’un communiqué du « Parti de l’innocence» s’élevant contre le « tapage » qui avait accompagné les propos du député quant à la réalité de la déportation homosexuelle en France. Certes tous les communiqués de ce parti n’émanent pas de son fondateur, il lui est arrivé d’émettre des réserves sur tel ou tel, certes il aurait été préférable que cette condamnation unanime ou presque concernent d’autres propos de Vanneste (l’homosexualité comme « aberration anthropologique » par exemple) que ceux en cause qui effectivement pourraient être objets de débat, certes Renaud Camus va au bout de la logique de ses convictions, le droit de s’exprimer en dehors du politiquement correct. Il aurait pourtant du, me semble t’il, lui qui a souffert lors de « l’affaire Camus » de l’utilisation de phrases tirées de leur contexte, savoir que les propos de Vanneste s’inscrivaient justement dans un « contexte », un lourd contexte et que sa « sortie » sur la déportation homosexuelle s’inscrivait, quelle que soit la réalité du fait lui-même, dans une lignée de propos violemment homophobes. S’il ne voulait pas condamner de tels propos au nom de ses principes, il aurait pu au moins se taire.
Je ne me doutais pas que le coup de grâce allait venir quelques jours plus tard avec le soutien officiel de son parti à …Marine Le Pen. L’écrivain avait pourtant appelé en 2002 à voter contre son père. Son obsession du « Grand remplacement » l’amène à considérer aujourd’hui que Marine Le Pen est « présentable» et apte à lever ses réticences. Le contexte une fois encore est occulté. Comment peut il faire semblant d’ignorer que le Front National n’a pas changé, quelle que soit les adaptations de langage de sa candidate et que les courants les plus extrémistes et les plus haineux « gravitent » autour d’elle.
Comment est il possible qu’en soit arrivé là celui qui a écrit : « L’homosexualité est loin d’occuper tout son territoire et d’avoir rassemblé tout son peuple. Il est des villes, des campagnes, des provinces, des pays entiers où elle perce à peine sous la chappe de terreur, de mépris, de silence et d’ignorance.
Je ne puis présager l’avenir. Mais je pense qu’à mesure qu’elle s’élargira, elle perdra de sa consistance…..plus commune elle sera moins remarquable…..C’est ce que prétend souhaiter aujourd’hui une forme moderne de la répression hétérocrate : arrêtez, dit-elle, de nous embêter avec ça, ça n’intéresse plus personne.
Nous voulons bien nous taire ; mais quand personne ne nous empêchera plus de parler : à Cahors ni à Bar-sur-Aude, à Téhéran ni à Casalpusterlengo. Nous voulons bien ne plus nous exhiber, comme ils disent, mais quand personne ne nous forcera plus à nous cacher : dans les familles ni dans les bureaux, dans les usines, ni dans les rues » (Notes Acrhiennes, P.O.L., 1982).

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 22:05

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Mon dernier billet, inspiré par la lecture de plusieurs articles parus dans la presse ces derniers mois, s'inscrivait dans la lignée de plusieurs autres, plus anciens, comme "les neurones de la peur" ou surtout "Intention, conscience et libre arbitre". ( http://limbo.over-blog.org/article-intention-conscience-et-libre-arbitre-50676034.html).

Il se trouve que les quelques interrogations qu'il a suscitées sur la version de ce bog publiée sur un site gay ( http://blog.hyperion.gayattitude.com/) ont trouvé un écho inattendu dans le Monde de ce weekend. Il y est fait état d'une proposition parlementaire (trans-parti) qui préconise de préciser, voire de supprimer l'usage de l'IRM fonctionnelle en justice : « Ces technologies provoquent des tensions d’ordre éthique, philosophique, juridique et social, car elles répondent partiellement aux interrogations que l’homme s’est posées…sur la pensée, la conscience, la mémoire, les émotions, la liberté, la responsabilité et le libre arbitre ».

L’utilisation de l’imagerie cérébrale est de pratique courante aux Etats Unis. Je ne savais pas qu’une loi récente en France avait élargi son usage à l’expertise judiciaire. Le Comité national consultatif d’éthique devrait rendre prochainement son avis. Je partage l’avis de Stéphane Lehéricy, chef de service de neuroradiologie à la Salpetrière : « L’IRM fonctionnelle ne peut être utilisée pour prédire de façon suffisamment fiable un comportement individuel. C’est un outil de recherche pour appréhender le fonctionnement du cerveau à l’échelle d’un groupe. On n’en tire le plus souvent que des statistiques obtenues dans des conditions expérimentales données, pas dans la « vraie vie». Mais dans un avenir sans doute pas si lointain, l’imagerie cérébrale trouvera sa place à côté des recherches d’ADN…

On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi l’utilisation de l’expertise psychiatrique, qui a sa place dans les cours de justice depuis fort longtemps, mais dont le caractère « scientifique »reste à établir, ne soulève pas la même « réserve». Peut être parce qu’elle fait porter la « non responsabilité » sur la société, la famille, etc, non sur la structure même du sujet….

L’autisme fait partie de ses maladies, dont on reconnait maintenant l’origine dans un trouble du développement du cerveau, mais qu’une certaine école de pensée psychiatrique, la psychanalyse, continue à considérer comme liée à des parents « pathologiques ». La Haute Autorité de Santé a enfin promulgué des recommandations qui constituent un désaveu de la psychanalyse appliquée au traitement de l'autisme, une pratique majoritaire en France mais combattue depuis longtemps par les associations de familles d'enfants autistes…

 

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 11:06

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Il n’est pas douteux que pour nombre d’entre vous ne doute pas une seconde que leur décision de voter pour tel ou tel candidat lors de la prochaine élection présidentielle ne soit la résultante d’un choix personnel lié à leur « libre arbitre ». Ce n’est pourtant pas dans ce sens que vont les avancées récentes dans le domaine des neurosciences. Les progrès de l’imagerie cérébrale par résonnance magnétique nucléaire, dite « IRM fonctionnelle », nous permettent de visualiser l’activité des régions du cerveau impliquées dans les processus de décision. Nous savions depuis longtemps que lorsque, par exemple, nous décidons de faire un mouvement avec le bras, les neurones qui commandent ce mouvement « s’allument » dans le cerveau une fraction de seconde avant que le bras ne bouge, ce qui traduirait notre « volonté» de faire ce mouvement, mais ce qu’on vient de mettre en évidence c’est qu’une partie du cerveau s’active 7 à 8 secondes, selon le compte-rendu qu’en fait Jean-Didier Vincent dans un récent numéro de l’express, avant que le sujet ait conscience de la décision qu’il va prendre ! Bien plus si l’on met en place un dispositif à choix multiples, plusieurs boutons sur lesquels le sujet doit appuyer en fonction de son choix, l’activité préalable du cerveau permet même « prévoir» quel bouton va être actionné…. »Si une activité cérébrale peut prédire une décision volontaire, l’existence d’une relation de causalité met à mal celle de libre arbitre » souligne le Pr Vincent. Ceci va dans le sens d’autres recherches selon lesquelles plus est complexe le processus de choix, moins il est conscient : « nous croyons que c’est en raisonnant que nous prenons des décisions, mais il se pourrait que nous nous contentions de répondre à des indices issus de notre environnement de façon automatique…la majeure partie de nos pensées personnelles serait effectivement causée par le réseau social auquel nous appartenons, déclenchée par des signaux automatiques et l’imitation». « Nous sommes les autres » écrivait déjà Henri Laborit, neurochiurgien et biologiste, auteur de « L’éloge de la fuite ».

Il semble bien, qu’inconsciemment, nos hommes politiques appliquent cette théorie selon laquelle nos actes ou nos pensées ne sont ni rationnels, ni conscients, en mettant en branle ces signaux automatiques, taxation des riches ici, stigmatisation des immigrés et de leurs rituels religieux là (on peut certes considérer que les deux branches de l’alternative ne peuvent être renvoyées dos à dos sur la plan de l’éthique, mais ce n’est pas là l’objet de mon propos) qui nous feront prendre tel ou tel bulletin de vote.

Le processus de décision serait également dépendant de la probabilité que nous attribuons à la survenue d’évènements. Des expériences ont montré que notre machinerie cérébrale avait systématiquement tendance à surestimer (sauf chez les dépressifs) la probabilité de la survenue d’évènements favorables, ce qu’on appelle le « biais optimiste». « Ce biais aurait une fonction adaptative et contribuerait à la santé mentale". Il semble bien que la machinerie cérébrale « hyperactive» de notre président encore en exercice soit victime d’une exagération de ce « biais » si l’on en juge par ce qu’il laissait entendre il y a encore quelques semaines, il allait « exploser » Hollande …

Le déterminisme inconscient de nos pensées et actes ne saurait avoir pour origine le seul réseau social, il faut aussi considérer les facteurs génétiques qui ont été identifiés comme favorisant des comportements du type addictions, à l’alcool, au jeu, à la drogue et au sexe (l’ADN de DSK porterait t’ il la trace de ce facteur, s’interrogeait on récemment dans un article du Monde….). Bien plus, notre niveau même de « sociabilité», d’empathie, serait déterminé par un fragment génétique du récepteur de l’hormone ocytocine.

On voit bien les conséquences philosophiques de ces travaux. La raison une illusion ? La conscience une apparence ? La responsabilité et le libre arbitre un leurre ? On peut se demander si la pénalisation des délits commis par les malades mentaux voulue par la majorité politique actuelle n’est pas inconsciemment la première étape d’une réaction à ces possibles conséquences : si nous ne sommes pas responsables de nos actes, la « justice » ne doit plus avoir pour avoir pour objectif premier en rendant son jugement de «dissuader», de préserver l’ordre social, mais de « satisfaire» les victimes…

Non seulement nous ne pensons pas par nous-mêmes, nous savons depuis René Girard que nos désirs sont eux aussi ceux des autres, mais notre monde lui aussi, selon la version la plus élaborée de la théorie des cordes, ne serait qu’une illusion, projection holographique d’un monde imaginaire en deux dimensions.

Qu’en est-il alors de l’âme? Selon Jean-Didier Vincent : « L’âme devient l’expression dans le cerveau de la jouissance et de la souffrance du corps, et de tous les affects qui servent de fondement à nos actes conscients ou inconscients en nous ouvrant les portes de l’art, de la beauté et de la poésie, pour l’instant inaccessibles aux neurobiologistes.»

Oublions donc Descartes, « Je ressens donc je suis » plutôt que « Je pense donc je suis ».

La connaissance des mécanismes du désir ne vous met pas à l’abri de son emprise, mais elle peut vous permettre d’en desserrer quelque peu les liens ou d’atténuer le jugement que l’on porte sur le comportement des autres. On pourrait espérer que de la même façon être conscient du caractère « programmé » de nos pensées et actes nous amène à rendre un certain recul par rapport à eux et nous éviter de nous comporter en « diseuses de vérité » comme savent si bien le faire certains blogueurs de ce site.....

 

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 20:17

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Il y a quelques semaines déjà que j’ai vu ce premier film de Sam Levinson où sont mises en charpie toutes les valeurs familiales, un petit bijou qui devrait être projeté à ceux d’entre nous qui attendent avec impatience d’avoir la possibilité de se marier et aux députés UMP de la droite populaire. Cette comédie, plutôt noire et déjantée, dans le cadre d’une réunion familiale à l’occasion d’un mariage, est jubilatoire, servie par une interprétation exceptionnelle, notamment celle du jeune et charmant Ezra Miller.

La cérémonie des «Césars» se veut également un jour heureux pour le cinéma français, les règlements de compte et coup bas n’y sont que feutrés. Cette année ce fût Jean Dujardin qui fût le laisser pour compte du triomphe de «The Artist», le prix d’interprétation masculine ayant été confondu avec le « prix de l’intégration… ». Cela ne m’a pas attristé, je n’ai pas vu ce film, un boycott pas très rationnel je l’avoue, l’acteur m’horripile (apparemment je ne suis pas le seul…), la caricature de l’hétérosexuel pour moi, et j’ai toujours été imperméable aux charmes du muet. Et puis un tel engouement de la part de la critique « anglo-saxonne » ne me disait rien de bon, tandis que la notre, «plus cultivée » semblait plus réservée. Cela dit je me réjouis de son succès aux Oscars, une façon originale, l’analyste financier Marc Fiorentino l’a souligné, de retrouver, d’une certaine façon, notre triple A.
 
Qu’Omar Sy ait obtenu le César du meilleur acteur m’a laissé sans voix, certes il fait un numéro mémorable dans « Intouchables », mais tout de même…Il était sans doute équitable qu’une comédie plutôt intelligente et touchante, qui a rencontré un immense succès public bien plus compréhensible que celui des «Ch'tis», soit nominée parmi les meilleurs films. On aurait pu en rester là…Olivier Gourmet pour sa prestation dans «L’exercice de l’état » aurait fait un parfait « César» du meilleur acteur. N’ayant vu ni «The Artist», pour les raisons que j’ai dites, ni «Pater», le film ayant disparu de l’affiche trop rapidement, mon jugement est plus que contestable, mais j’ai le sentiment que « L’exercice de l’état » et « Polisse » étaient les deux meilleurs films avec pour ce dernier le souhait d’un « César collectif » pour l’interprétation.

Il est de toute façon vain de critiquer un palmarès. Celui des Césars, choix des professionnels du cinéma, a généralement le mérite du « juste milieu » entre le goût du « grand public », celui de la facilité et des schémas de pensée simplistes, et celui d’une certaine critique « intellectualiste» que l’ennui semble parfois faire bander. Une incompréhension cependant, l’absence de « Tree of life » dans le choix des nominés pour le meilleur film étranger, qui aurait pu être atténué si « Melancholia », son opposé « métaphysique » avait remporté le prix, mais il était écrit que ce serait « La séparation », un très bon choix de toute façon.
 
Deux films pourraient se retrouver dans la liste des meilleurs films étrangers 2012. « La Taupe », un film d’espionnage mené à sa perfection, on ne sait ce qu’il faut le plus louer de la mise en scène, de la photo, de l’interprétation, ou de l’atmosphère qui vous font oublier les efforts demandés pour ne pas perdre le fil de l’histoire…et surtout l’impressionnant film coup de poing qu’est « Bullhead », histoire ténébreuse et glauque de la vengeance d’un paysan flamand castré par un handicapé mental wallon dans son enfance, avec pour arrière-plan une histoire de trafic d’hormones dans une Belgique traversée par les haines linguistiques. Matthias Schoenaerts, la vedette du prochain Audiard, y fait une interprétation magistrale.

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