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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 19:02

 

 

 

 

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Plusieurs personnalités, dont Boris Cyrulnik et Michel Rocard, ont signé un texte en faveur de la suppression de la notation en école primaire, en raison de son caractère « traumatisant ». Des générations d’enfant ont pourtant subi cette notation sans qu’on s’en alarmât, mais la scolarisation « de masse » changerait la perspective. J’ai subi cette notation de façon « extensive », bien au delà de l’école primaire, puisque au collège bordelais Sainte Marie Grand Lebrun, qui m’a accueilli  de la 8è à la terminale, nous avions un classement « général » tous les 15 jours, sans compter les « compositions » au moins tous les trimestres (peut être tous les mois, mais c’est un peu loin...) et bien sûr les prix de fin d’année (ah la belle cérémonie dans le parc du collège avec la remise du prix d’excellence et d’une multitude d’autres portant le nom d’un célèbre ancien, pas de prix François Mauriac toutefois, en fonction des matières concernées). Je dois avouer que j’ai effectivement trouvé « stressante » cette compétition permanente et qu’elle reste un des très rares mauvais souvenirs que j’ai de ces années. Non que j’ ai été un habitué des mauvaises notes, c’était fort rare (en dehors du dessin et du sport), mais au contraire, mes parents, surtout ma mère, attachant une telle importance à cette compétition, qu’il était impératif pour moi de rester dans les trois premiers sous peine d’encourir les foudres parentales, voire même si cela se produisait deux quinzaines de suite, des punitions (qui pouvaient aller jusqu’à des brimades physiques telles que rester à genou un certain temps). C’est toujours avec angoisse que je vivais les heures qui précédaient l’entrée dans la classe du préfet des études ou du directeur ( ah le terrible Père Cazelles) qui venaient nous dire ce classement que nous attendions sagement sur notre banc en casquette et blaser bleu, classement qui venait heureusement me soulager le plus souvent, même si j’en venais à redouter d’être premier n’excluant pas que ma mère mette la barre toujours plus haut. Je ne sais si avoir du subir une telle pression à intervalle si rapproché a eu une influence positive sur la suite de mes études, mais j’en doute. J’en venais même à envier mon frère, habitué lui des notes médiocres car mes parents se contentaient de la moindre amélioration de son classement.
J’avais été confronté très tôt à cette obsession du classement chez certains parents, dans mon précédent collège, l’école Sainte Barbe à Toulouse où j’ai été scolarisé de la 11è à la 9è. Pas de prêtres ici, mais des sœurs qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable (déjà je préférais les hommes...). J’ai déjà évoqué dans un billet précédent l’histoire du bonnet d’ânes, mais dans le cas qui nous occupe elles m’ont infligé un « déclassement » dont je me souviens encore. En classe de 9è, j’étais toujours second derrière X éternel premier. Cette fois là mon « concurrent », que je détestais, étant malade lors d’une composition dans je ne sais plus quelle matière,  j’ai donc ravi pour la première fois la première place. Sous la pression des parents de l’absent, j’ai été déclassé sous le prétexte que s’il avait pu subir l’épreuve, il aurait été premier !

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 21:31

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Il tombait des trombes d'eau ce week-end à Nice où j'assistais à un congrès de neurologie. A la faveur d'une éclaircie, dimanche matin, j'ai découvert avec étonnement, faisant mon jogging sur la promenade des anglais, ce n'était pourtant pas la 1è fois, que cette longue plage que je longeais n'était que de galets. Les habitués comme moi des immenses plages de sable de la côte atlantique ont du mal à imaginer qu'on puisse prendre du plaisir à s' allonger sur de la rocaille, même protégé par un matelas....

Parmi les hebdomadaires que j'ai pu feuilleter pendant le voyage, je suis tombé sur un portrait de Miche Houellebecq, où sa "philosophie" , considérée comme une destruction des dogmes de la pensée correcte, était résumée en quelques aphorismes. Le dernier de ces aphorismes étant "le style importe moins que les idées", mon intérêt pour cet auteur, jamais démenti depuis "les particules élémentaires" doit sans aucun doute être au moins en parti du à ce qu'il dit de notre société. Je devrais donc me retrouver en accord avec un certain nombre d'entre eux. Indiscutablement pour certains : "L'homme n'est pas bon", "Le droit au bonheur est une imposture" ou "Toutes les religions ne se valent pas" (je ne le suivrai peut être pas dans son affirmation "l'islam est une religion dangereuse", mais sûrement quand il dit que le christianisme a produit le texte le plus complet sur l'homme et nous a dévoilé ce qui constituait la radicalité du mal). Les autres aphorismes, "Le progrès est une impasse", "Le sexe est triste" ou "l'entreprise est une fabrique de crétins" me paraissent beaucoup moins "fondateurs" car pouvant être vus comme une conséquence des deux premiers, pessimisme radical sur la généralisation du désir mimétique à tous les aspects de la vie en société qu'il traduit ainsi "L'individu humain est très généralement un petit animal à la fois cruel et misérable". Ce "très généralement" est un fenêtre sur une lueur d'espoir tout de même!

"Le sexe est triste" nous dit Houellebecq car notre siècle du jouir sans entraves a ramené le désir à la pulsion, gouvernée par ce cerveau archaïque, animal, dont je parlais dans le billet précédent. C'est une sexualité plus humaine que Benoit 16 appelle de ses vœux dans un livre d'entretien dont on n'a retenu que les propos sur le préservatif. C'est assez habituel, on ne s'intéresse au Pape que quand il parle du sexe. Pour une fois je suis plutôt d'accord avec Act-up, rien de fondamentalement neuf dans ce qui a été dit. Le Pape (celui-ci ou son prédécesseur) n'a jamais dit qu'il ne fallait pas mettre de préservatif, mais que ce n'était pas une solution pour un chrétien, ce que vient de rappeler un historien des religions :"le discours de l'Eglise sur le préservatif a été caricaturé, alors qu'il y a une tradition dans l'Eglise à faire la différence entre ce qui est nécessaire, ce qui relève de l'idéal chrétien et ce que l'Homme, avec ses faiblesses, peut faire". Ce qui est nouveau, c'est que pour la première fois, ce n'est pas sous-entendu mais clairement exprimé.

Les ravages du désir ils sont la trame du film de Bertrand Tavernier, "La princesse de Montpensier". L'accueil de la critique a été plutôt mitigé, jugeant le film trop académique et le jeu des acteurs théâtral. Peut être suis je trop "classique" mais j'ai passé un excellent moment de cinéma et j'ai notamment était séduit par l'interprétation du jeune Grégoire le Prince Ringuet dans le rôle du prince de Montpensier, acteur que j'avais déjà apprécié dans les films de Christophe Honoré et notamment "Les chansons d'amour". Par contre on est un peu surpris par le futur Henri III dont il n'est pas tout à fait faux qu'on le croirait sorti du groupe "Tokyo Hôtel". A l'opposé "Potache" a fait l'unanimité de la critique alors que les premières réactions d' amis qui l'avaient vu étaient plus réservés. Je me suis régalé et j'ai trouvé Jérôme Rainier en folle tordue au look de Claude François irrésitible..


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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 22:16

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Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas là du titre d’un nouveau thriller, mais de la découverte d’un chercheur bordelais en neurosciences (Bordeaux fait la « une» ces derniers jours). En collaboration avec d’autres équipes il vient d’identifier les circuits neuronaux qui entrent en jeu dans le mécanisme de la peur, mécanismes qui permettent des réponses comportementales adaptées à la survie en face de situations de danger. Ces « neurones de la peur » se situent dans une région très précise du cerveau, « l’agmydale » (rien à voir avec celle qui a pu vous chatouiller le fond de la gorge !). Ceci ouvre des espoirs thérapeutiques dans les cas de certaines peurs, néfastes celles là, les peurs pathologiques, notamment les troubles anxieux sévères.

Les neurosciences nous en apprennent un peu plus chaque jour sur le fonctionnement du cerveau et sur la localisation de réactions comportementales. Je me souviens combien j’avais été fasciné, jeune étudiant en mèdecine suivant les cours d’un diplôme de neurophysiologie, en découvrant que lorsqu’on recueillait l’activité neuronale de la région du cerveau (à l’aide d’électrodes implantées) impliquée dans le mouvement (par exemple la marche) , cette activité commençait à se manifester AVANT le début du mouvement, manifestation « palpable » de « l’intention» ou de la « volonté » ! Demain sans doute on connaitra de mieux en mieux le rôle de l’hypothalamus dans le désir et l’orientation sexuelle...

Le rêve ultime est de mettre en évidence les mécanismes de la conscience, ceux qui font que nous ayons le sentiment d’être toujours les mêmes, de pouvoir dire « Je », voire les mécanismes de nos sentiments et de nos pensées. Dans ce domaine aussi les avancées sont nombreuses. Antonio Damasio , directeur du Brain and Creativity Institute de l’université de Caroline du Sud, est un de ceux qui ont le plus travaillé sur ce sujet. Dans «L’erreur de Descartes» et «Spinoza avait raison» il a montré que la perspective dualiste du premier, séparant le « Corps » et l’ « Esprit », n’était pas tenable. Il a ainsi établi que les émotions faisaient partie intégrante de nos processus de réflexion et que les sujets privés d ‘émotions et de sentiments, par exemple à la suite de lésions frontales du cerveau, n’étaient plus capables d’être rationnels, tout en conservant des facultés intellectuelles parfaitement intactes. La raison « sans les émotions » n’est plus raisonnable et ne permet pas de prendre les décisions adéquates. Dans son dernier livre, « L’Autre moi même », il poursuit cette démonstration en affirmant que notre conscience n'est pas le produit sophistiqué des régions les plus récentes et les plus évoluées de notre cerveau, mais des plus anciennes, "archaïques", "animales", là où naissent... les émotions et que ces dernières seraient à la source de notre conscience.

Je pourrais me laisser aller à dire que chaque avancée des neurosciences rétrécit inéluctablement le champ de la psychanalyse et renvoyer à cette formule que j’avais employée dans des tous premires billets de ce blog, « Dans la psychose c’est le malade qui délire, dans la névrose c’est son psychanalyste », formule assez proche de celle plus récente de Michel Onfray : « La psychanalyse est bien une folie à plusieurs, ce qui se nomme aussi une hallucination collective ». Mais il ne serait pas juste d’oublier que certains chercheurs en neurosciences sont plus nuancés. Ainsi Lionel Naccache, célèbre neurologue de la Salpetrière, qui a publié récemment « Perdons nous connaissance- De la mythologie à la neurologie », bien qu’affirmant sans équivoque que l’inconscient freudien était incompatible avec celui des neurosciences (« la distinction entre système préconscient et système inconscient ruine l’idée d’une adéquation avec la théorie proposée par les neurosciences, du concept de refoulement, inadéquation du discours freudien et de celui des neurosciences du contrôle mental et du rapport exclusif du système inconscient à la prime enfance du sujet. »), considère qu’il reste de Freud un « noyau inestimable » : « la mise au jour du rôle vital de l’interprétation consciente dans l’économie psychique de l’humain », « Freud a mis au jour un rouage essentiel de notre conscience : précisément ce besoin vital d’interpréter, de donner du sens, d’inventer à travers des constructions imaginaires ». « Freud fut un maître de fictions, un romancier de génie égaré dans l’univers de la neurologie et des neurosciences ». On est bien loin des anathèmes de Michel Onfray.

Mon âme est un orchestre caché. Je ne me connais que comme symphonie. » (Fernando Pessoa)

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 22:00

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La littérature a joué un rôle majeur dans l’émergence d’une culture « gay et lesbienne ». Lorsqu'on s'intéresse au thème "homosexualité et littérature", force est de constater que certaines œuvres ont plus marqué que d’autres les différentes étapes de la libération gay et font partie de l'imaginaire de la culture homosexuelle.
Avant guerre, on ne peut guère parler de littérature homosexuelle et  si  les œuvres de Gide, Proust, Wilde  ou Yourcenar ont nourri l’imaginaire de biens des homosexuels de l’époque, on ne peut dire que le "Corydon" ou "Sodome et Gomorrhe", ont accédé au statut d'œuvre "gay" représentative, si ce n'est dans une petite élite.

 Dans l’immédiat après guerre si des romans comme "Querelle de Brest" de Genet en 47, ou  "Amours interdites" de Mishima en 51 mettent plus directement en scène l’homosexualité dans sa dimension tragique, ce sont les œuvres décrivant une homosexualité à « l’antique », l’amour des éphèbes qui dominent la scène en France. Le roman le plus connu reste "Les Amitiés Particulières" de Peyrefitte en 44 et le plus emblématique "La ville dont le prince est un enfant" de Montherlant en 51 (pièce de théâtre prolongé par le roman "les garçons" en 69).

Puis, jusqu’à la fin des années 70, c’est de la souffrance homosexuelle, homophobie, découverte de sa sexualité, impasse du désir homosexuel, dont témoignent la plupart des romans, ceux d’Isherwood (« a single man », 1964), de Forster (« Maurice», publié en 71 mais écrit des années avant) ou en France d’Yves Navarre qui connait un réel succès public dans les années 70, ce qui lui vaudra le qualificatif d’écrivain homosexuel (alors qu’il se définissait comme écrivain et homosexuel) avec notamment « Le cœur qui cogne » (1974), « Le petit galopin de nos corps (1977), "Le temps voulu", 1979, jusqu’à atteindre la consécration institutionnelle du prix Goncourt avec « Le jardin d’acclimatation » en 1980. "L'étoile rose" de Dominique Fernandez qui parait en 1978, roman qui m’avait profondément marqué l’année de mon « coming-out » clôt cette période (il recevra quelques années plus tard le prix Goncourt pour « Dans la main de l’ange », autobiographie romancée de Pasolini). Parallèlement, dans le sillage de la révolution sexuelle de mai 68, certains écrivains, évoquent la pédophilie homosexuelle dans leurs œuvres, comme Michel Tournier dans le « Roi des aulnes » (1970), et surtout Tony Duvert, couronné par le prix Médicis grâce à Roland Barthes en 1973 pour « Paysage de fantaisie » (qui met en scène des enfants dressés pour la prostitution), qui en fit l’éloge (« Le bon sexe illustré », 1973 ; « L’enfant au masculin », 1980) et dont certains des romans ne seraient sans doute pas autorisés à la publication aujourd’hui.

 La parution de "Tricks » de Renaud Camus en 78 témoigne de la libération homosexuelle en marche. Cette chronique de ses « plans cul » dit une homosexualité libérée, sans complexe, « tranquillement » pour reprendre les mots de l’auteur. Au même moment, un des fers de lance de cette libération, Guy Hocquenghem, publie en 79, en parallèle du film documentaire du même nom, "Race d'ep" qui se donne pour objectif de retracer un siècle d’histoire de l’homosexualité.

 Les années Sida voient paraître des livres qui vont faire scandale. Les uns, plus ou moins autobiographiques, comme «  A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie" d'Hervé Guibert (1990), décrivent le désespoir face à une mort inéluctable et les ravages qu’a causés cette maladie dans la communauté gay, tandis que d’autres, tels Guillaume Dustan ( "Dans ma chambre" , 1996) font l’apologie de la fuite en avant, début d'un mouvement en faveur du "bareback".

Qu’en sera-t-il des années "post sida"? Le titre « Retro » du livre "scandaleux" d'Olivier Bouillère, qui a suscité un certain enthousiasme critique lors de sa parution en 2008, pourrait être le dénominateur commun de bien des romans récemment parus. « Retro » est l'histoire d'un homosexuel à la vie dissolue, en 1998, qui se trouve brusquement transporté dans son propre corps 20 ans plus tôt quand il avait 10 ans et qui va revivre une histoire qu'il connaît déjà, du moins autant qu'il s'en souvienne. C'est avant tout un livre sur la mémoire, sur la façon dont on reconstruit le passé. Ce passé ce sont les années "Palace"- Amanda Lear, Thierry le Luron, Roger Peyrefitte sont des personnages du roman, mais c'est un livre encore plus scandaleux que ses prédécesseurs, "Tricks" ou "Dans ma chambre", par sa description de scènes pédophiles du point de vue de l'enfant (qui les a d'ailleurs souvent provoquées). Le dernier chapitre, qui se situe à nouveau en 98, ajoute au malaise, à l'étrange, car la réalité ne semble plus celle du début du roman, comme si le fait d'avoir "revécu son passé" vous faisait basculer dans un autre univers. Fernand Baudot, dans « L’art d’être pauvre », paru en 2009, témoigne aussi de cette nostalgie des années 70/80 où tout était permis. Nommé conseiller de Frédéric Mitterrand au ministère de la culture au début 2010, ce qui fît polémique, il s’est suicidé quelques mois plus tard. D’autres comme Tristan Garcia avec « La meilleure part des hommes » (2008) reviennent aussi sur ces années 80 (« c’était notre foutue libération des mœurs ») et l’affrontement de deux générations à l’intérieur de la communauté gay, celle de la prévention et celle du jouir à tous prix.... Renaud Camus à nouveau, dans les 2 tomes du "Journal de Travers" publiés en 2007 et qui couvre les années 76/77, donnera un étonnant document sur les années pré-Sida, la vie artistique à cette époque, et ses amours homosexuels.

 

Certains penseront  peut être que ce que l’on pourrait souhaiter dans les années qui viennent  c’est que la notion même de « romans homosexuels » ou d’écrivains « homosexuels » ne fasse plus sens...

 

Nombre des écrivains cités se sont suicidés (Navarre, Duvert, Baudot) ou sont morts du Sida (Guibert, Hocquenghem, Dustan).

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 19:44

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Il n'est pas rare, sur les "chats", forums ou autres blogs du monde gay, de trouver des propos discriminatoires à l'égard de certains des composantes de la communauté gay. Selon eux, la société nous accepterait bien mieux, nous pourrions enfin parvenir à ce droit "à l'indifférence" s'il n'y avait tant de ces homosexuels qu'ils accusent de donner « une mauvais image de nous» : les travestis, les folles, les tantes, les efféminés, les cuirs, les bears, ceux qui vont à la gaypride, ceux qui fréquentent le marais, ceux qui organisent des partouzes, ceux qui ont des « trips pervers » (uro, etc…), ceux qui s’embrassent ou se tiennent la main dans la rue, ceux qui draguent alors qu’ils sont en couple, ceux qui fréquentent les backrooms (souvent les mêmes !), etc, etc….

Ce "meilleur des mondes" dont ils rêvent existe peut être dans un des multiples et infinis univers parallèles dont certaines interprétations de la théorie quantique nous affirment l'existence. La théorie nous dit qu'il n'est certes pas possible de communiquer entre ces univers putatifs, mais l'expérience onirique permet de s'affranchir pour un temps de la réalité. Imaginons donc qu'un de nos homosexuels en mal de ce monde "idéal"  réussisse dans son rêve à franchir une  dimension cachée (sorte de fenêtre quantique sur les mondes parallèles…) et qu'il puisse s'y promener par la pensée…Qu'en serait il, dans un tel monde, de l’homosexualité? Se rendant dans le "marais", il se réjouit de n'y trouver aucun bar, aucun drapeau gay, aucun signe visible d’une présence gay ostentatoire. Son soulagement initial se transforma en sourde inquiétude, quand après avoir vérifié qu'internet existait bien aussi dans ce monde là et taper le mot "homosexualité" dans un moteur de recherche, il obtint la réponse: «il n’y a pas de résultat pour votre recherche ». Son inquiétude se mua en panique quand il découvrit que dans ce monde là, il n'existait pas….Un monde sans « différences»

L’univers de Jean Guidoni est bien différent :
http://keskidi.net/chansons/paroles,52389.htm

 

"Aigreurs/

Très récurrente dans les petites annonces, l'hostilité emphatique au "ghetto", "au milieu", au "circuit", me parait témoigner d'une homophobie à peine latente."

(Renaud Camus, Notes achriennes, p.O.L., 1982).

""MORALISME"
"Surtout ne pas tomber dans le piège de l'amoralisme, de l'immoralisme, de l'anti-moralisme : "Puisque c'est au nom de la Morale que vous nous méprisez, que vous nous rejetez, que vous nous opprimez, nous sommes contre la Morale." Non, leur morale n'est pas la Morale, elle est une erreur et une erreur coupable. C'est au nom de la Morale, de ce qui est juste et de ce qui est bien qu'il faut lutter contre les racistes anti-achriens.
La Morale n'est pas de leur côté, elle est du nôtre. Il ne faut pas la leur abandonner. Notre indignation, notre dégoût, sont en intensité égaux aux leurs. Ils ont comme les leurs la Morale pour référence. Mais ils sont justes et moralement fondés, tandis que les leurs sont imbéciles et moralement indéfendables.
Il n'y a pas leur morale et la nôtre. Ici il n'y en a qu'une, et elle leur donne tort.
(Renaud Camus, Notes achriennes, 1980)

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 19:13

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Le personnel d’Air France ayant renoncé à faire grève et les sénateurs à leur amendement, j’ai finalement pu, jeudi dernier, m’envoler pour Toulouse pour assister à ce congrès sur les essais cliniques dans la maladie d’Alzheimer, études qui, les unes après les autres, s’avèrent négatives. La perspective d’une percée majeure dans la prise en charge de cette pathologie dans les 5 ans à venir, un des objectifs du Plan Alzheimer lancé par Nicolas Sarkozy, s’éloigne chaque jour un peu plus.

La douceur printanière qui régnait sur la « ville rose » m’a incité à parcourir à pied et redécouvrir, de mon hôtel à l’Hôtel Dieu où se tenait le congrès, son centre ville et sa partie historique sur les bords de Garonne, d’un œil plus bienveillant, plus objectif, que le bordelais que je suis ne le faisait dans un passé pas encore si lointain, n’hésitant pas à affirmer de façon péremptoire- « on ne compare pas la brique et la pierre de taille... » . Les quelques années que j’y ai passé à l’occasion de la mutation temporaire de mon père, du jardin d’enfant à la 9è, ne m’avaient laissé que le souvenir de la naissance de mon frère, comme le signe prémonitoire de tout ce qui allait nous séparer, et de la coiffe des bonnes  sœurs de l’école Sainte Barbe et du bonnet d’âne qu’elles m’avaient infligé pour une écriture « de cochon ».

De retour à Paris, vendredi soir, c’est au restaurant le « vagabond » que j’ai redécouvert, presque 20 ans après ma dernière visite, à une époque où les bars/discothèques de la rue Saint Anne, le 7, le Colony et le Bronx avaient depuis longtemps fermé leur portes et où les tapins de la rue de Saint Anne avaient migré vers des lieux plus accueillants, alors que  le club « 18 » et « L’insolite » tous proches étaient encore fort courus. Bien que le propriétaire ait changé, le lieu (mais pas la note) semblait comme piégé dans un repli du temps. La clientèle m’a semblé encore plus âgée qu’auparavant, j’ai perdu l’habitude de me retrouver parmi les plus jeunes, ou presque, d’un établissement gay, tandis que les gigolos si présents lors de ma dernière visite, semblaient avoir déserté le lieu à l’instar de leur collègues bas de gamme de la rue Saint Anne, préférant sans doute maintenant chasser le micheton sur Gayromeo. Sans doute ces gays d’un certain âge, qui se sentent exclus du Marais, viennent ils  essayer de retrouver là un peu de leur passé.

Samedi, sous une pluie froide, en sortant de ma séance au Club Med Gym Nation, j’ai pu croiser la tête du cortège syndical qui atteignait les colonnes du Trône. L’ambiance n’était pas à l’euphorie, point besoin d’attendre les comptages, d’où qu’ils viennent, pour constater le reflux. Le temps en tous cas incitait à s’enfermer dans une salle de cinéma, ce que nous fîmes à trois reprises ce week-end, rien d’inoubliable mais du bon cinéma du samedi soir : « Elle s’appelait Sarah », un mélo fort émouvant, c’est fait pour ça, remarquablement interprété même dans les seconds rôles (Michel Duchossoy, Niels Arestrup)- « Fair Game », thriller parfois un peu poussif, quasi documentaire,  sur les méfaits de l’équipe Bush pour justifier l’invasion de l’Irak- « L’homme qui voulait vivre sa vie », comédie dramatique à la première partie prometteuse, malheureusement un final trop peu crédible, mais il y a Romain Duris, je craque, et Niels Arestrup, encore, toujours génial.

Je n’ai pas l’habitude de faire mes choix de lecture en fonction de l’attribution d’un prix littéraire, mais il n’est pas rare que de tels prix récompensent un livre déjà lu. Cette année ce fût le cas pour « Sukkwand Island » (Prix Médicis étranger) et le Houellebecq, bien sûr. C’est un des grands romanciers de ce siècle, Harry Mulish, donné plusieurs fois "nobélisable", qui vient de disparaître. Un de ses derniers romans, « A la découverte du ciel », reste pour moi un des plus grands chocs littéraires que j’ai éprouvés. Cette fresque magistrale, véritable thriller métaphysique,  dont le dénouement se situe à Jérusalem,  raconte comment Dieu décide de rompre son alliance avec l’humanité qui a fait du 20è siècle une barbarie. Une perte pour moi équivalente à celle de Kubrick pour le cinéma.


 "C'est qu'il y a deux sortes d'absence, la bathmologie le sait bien, qu'on pourrait appeler pour les distinguer ante factum et post factum l'une est un en deçà de la présence, l'autre est un au-delà. La première est celle des pays que nous ne connaissons pas, des musiques inouïes, des êtres que nous n'avons jamais rencontrés. Celle-là ne m'intéresse guère, même s'il arrive aussi qu'elle me hante. C'est une absence essentiellement conceptuelle, progressiste, dynamique et pour tout dire métaphysique. C'est par excellence l'absence de Dieu - malgré le court épisode de "l'Incarnation", que nous sommes quelques-uns à ne pas trouver pleinement convaincant. L'autre absence est bien plus humaine, nostalgique et sensuelle, conservatrice et, j'en ai peur, réactionnaire, même : elle connaît ce qui lui manque. Elle a - et c'est bien sûr sa cruauté, mais c'est aussi sa force, sa beauté, son efficace et sa vertu - elle a le son d'une voix, le grain d'une peau, l'odeur d'une pinède, d'une averse ou d'une chevelure. Elle luit du miroitement captieux d'un nom, de la couleur d'un moment, de la terrible acuité d'une volupté, d'un assentiment ou d'un cri. Sans doute est-elle un vide, nous ne l'éprouvons que trop. Mais comme dans les plus audacieuses et les plus belles des nefs, des coupoles et des cages d'escalier baroques, ce vide est l'élément constitutif d'un espace qu'il structure et qu'il modèle selon ses formes propres, son épaisseur, ses lois, ses caprices, ses lancinantes poussées."
(Renaud Camus, Elégies pour quelques-uns, P.O.L., 1988)

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 22:19

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Après un week-end plutôt calme, si ce n'est notre participation samedi soir à la "touze" organisée par Etienne à Suresnes dont j'ai déjà parlé dans un billet précédent, sur le thème d'Halloween cette fois, slips ou chaussettes rouges s'imposaient, et avant vendredi soir d'aller avec des amis au restaurant le "vagabond", haut lieu du paris gay dans les années de folie de la rue Saint Anne et où se retrouvait une clientèle branchée tandis que de jeunes gens, on les appelait des gigolos en ces temps qui ne connaissaient pas la police de la langue, maintenant des escorts, attendaient que des monsieur moins jeunes les invitassent, vingt ans que je n'y ai mis les pieds, je m'apprêtais  à passer une partie de la semaine à Toulouse où va se tenir un congrès sur la maladie d'Alzheimer, mais voilà qu'un nouveau préavis de grève des syndicats d'Air France fait planer une incertitude sur mon retour vendredi. Rien à  voir avec les retraites cette fois-ci, une revendication purement corporatiste après le vote d'un amendement du projet de loi sur le financement de la sécurité sociale qui considère désormais les billets d'avion à tarif réduit qui sont octroyés par les autres compagnies qu'Air France comme des avantages en nature. On peut discuter de la pertinence d'une grève pour amendement imprudent qui n'est pas définitivement voté et qui a toute les chances de pouvoir être modifié au Sénat.
La loi sur les retraites, elle, est votée et sera sans aucun doute promulguée quoiqu'en dise le facteur qui croit encore à une "réplique" du mouvement de protestation. Je ne saurais le regretter puisque j'étais plutôt d'accord sur le fond (dans la mesure où on a pas eu le courage d'engager tout de suite une réforme bien plus ambitieuse en allant comme le souhaitait la CDFT vers une retraite à "points"), et surtout parce qu'on a enfin donné le dernier mot au parlement sans céder à la rue, comme cela était devenu une habitude depuis le retrait de la loi Savary sous Mitterrand et presque une règle du temps de Chirac. Mais j'ai été accablé par la façon dont le pouvoir a mené son affaire en allant s'enferrer, avec l'aide de notre nouveau Saint-Just, Edwy Plenel,  dans la pantalonnade juridique et financière provoquée par une vieille dame souffrant d'une maladie d'Alzheimer. Le mouvement de rejet qu'a suscité et suscite encore cette loi, me semble être moins lié au contenu de la réforme qu'à un ras le bol de Nicolaparte  exacerbé par la crise, crise qui met en position difficile tous les dirigeants, Merkel, Zapattero, Obama (Le bouffon italien coureur de jeunes chattes, "il vaut mieux ça qu'être gay" vient il de proclamer, est hors cadre), et seul l'anglais, tout juste élu, échappe encore à la colère populaire. Ce qui m'a le plus attristé c'est l'attitude du parti socialiste, ancré, à l'exception de quelques individualités, dans une position négativiste et schizophrène, et incapable de proposer une alternative. "Nous sommes dans un moment de creux historique très grave. Le gauche conserve des positions très fortes sur le plan des valeurs de notre société, mais elle a perdu la main sur la perspective de l'avenir ; elle est devenue un parti complètement défensif contre les méfaits d'un monde dont elle a perdu le secret. Elle est donc le parti des perdants." disait il y a quelques temps Marcel Gauchet. Il pourrait bien l'être toujours, le parti de perdants, au lendemain de l'élection de 2012, en dépit du boulevard que semble lui tendre Sarkozy, surtout s'il prend le risque insensé de nommer, comme on nous l'annonce, l'obsessionnel des "Grenelle", au poste de premier ministre. au moins on ne s'ennuiera pas à compter ses "bourdes", comme en son temps lorsque ce cher Mitterrand eut l'idée saugrenue de nommer Edith Cresson!

Pendant ce temps là on continue à profaner des tombes en France, et l'on sait peu que ce sont les tombes catholiques qui sont de loin les plus touchées, mais, allez donc savoir pourquoi (pas politiquement correct?),  l'indignation ne s'exprime que lorsqu'elles sont musulmanes ou juives, tandis qu'on continue à massacrer allègrement les chrétiens en pays musulman.

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 15:45

 

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Ce blog n'a pas vocation à devenir une chronique des romans policiers que j'ai jugés dignes d'intérêt, mais il se trouve que la lecture de Zulu, de l'auteur français Caryl Férey, m'a d'autant plus marqué, qu'elle m'a donné une vision bien différente de l'Afrique du Sud, de ce que j'avais vu en voir lors de mes courtes vacances dans ce pays, il y a un peu plus de trois ans.

Une semaine en Afrique du sud était, à n'en pas douter, insuffisant pour se faire une idée objective de l' évolution de ce pays, d'autant plus que notre voyage, Bertrand et moi,  s' était  limité à un Lodge de la réserve Kruger et à la région de Cap Town. Les impressions que j'en ai eues sont celles de tout touriste ...Tout d'abord l'étonnement de pouvoir côtoyer de si près des animaux, souvent féroces, dans la réserve Kruger, à l'occasion de 5 Safaris ("photos"), et la chance d'avoir pu voir les " Big Five", l'éléphant, le lion, le rhinocéros, le buffle et le léopard (le plus difficile à rencontrer, parait il). Cela m'a paru parfois un peu risqué, dans le simple abri d'une land rover ouverte à tous vents, mais le guide nous a dit "no problem if you don't stand up"!. La nuit venue, dans le Lodge, il était interdit de se déplacer sans être accompagné par un membre du personnel..
Trois jours plus tard nous avions pris l'avion pour le Cap. A l'aéroport local il était cependant étrange de voir la répartition des passagers entre les deux destinations possibles, Johannesburg, 95% de noirs, et Cap Town, 100% de blancs. Cette étrange impression s''est poursuivie au Cap. Dans les restaurants des parties touristiques, notamment Water Front, uniquement des blancs, à l'exception du personnel bien sûr. En périphérie la misère, immense qu'on ne peut qu'apercevoir de loin (il existe cependant des excursions "sécurisés" permettent de traverser les townships). Il n'y a plus d'apartheid "politique", l' apartheid "économique" persiste. La vie, pour un Européen à l'euro fort, apparaît très bon marché ( 1 euro la bière dans un bar branché!) mais inabordable pour le sud africain noir. Autre étonnement, dans ce pays anglo-saxon, le nombre de noirs qui parlent français, en fait des émigrés du Congo ou d'autres pays africains francophones qui sont se sont exilés dans un pays un peu moins pauvre que le leur. Notre dernière nuit en Afrique du Sud s'est écoulée dans un hôtel merveilleux de Franschhoeck (littéralement "le coin des français"), une petite ville sur la route des vins, dont j'ai dégusté un des crus les plus connus "Dieu Donné", en blanc et en rouge, un petit cru, mais tout à fait convenable.  Voir ce nom de Dieu Donné en plusieurs endroits de ce village viticole, d'ailleurs très riche en noms d'origine française, y compris une rue "Bordeaux", témoins d'une colonisation française, prêtait à sourire à un moment où ce dernier multipliait les provications à Paris. Comme vous le savez sûrement, l'Afrique du sud est un des rares pays et le seul Africain, à avoir légalisé le mariage gay. J'ai certes constaté que Cap Town était une ville relativement accueillante pour les gays, avec un petit quartier style marais, composé de 2 "bar -boîte", plutôt du style année 80 chez nous, beaucoup de monde , une ambiance chaleureuse, une mixité de races et de sexes, des gogo-boys très style US, une backroom où les poches des pantalons sont sans doute plus fréquentées que les bites, et un service de sécurité bénévole, à l'extérieur, garantissant pour quelques rands l'intégrité des véhicules...Beaucoup de gays aussi se baladant sur "Waterfront".
Nous n'avons pas pu parcourir en une semaine, tout ce qu'on nous avait suggéré de visiter, mais j'ai trouvé ce que j'ai vu de ce pays magnifique, quelle émotion de se retrouver dans les paysages grandioses du Cap de Bonne Espérance, un des bouts du monde...

C'est une Afrique du Sud bien différente que nous fait découvrir ce remarquable polar qu'est Zulu. Celle du racisme et de la ségrégation persistante, de la violence extrême, du sida, de la drogue et de l'insécurité généralisée. Au moment où ce pays se prépare à recevoir la coupe du monde de football 2010, trois flics, Ali Neumann, zulu de naissance, et deux de ses acolytes blancs, dont un, homosexuel refoulé, va trouver une mort atroce, vont mener une enquête qui semble s'orienter sur la piste d'un serial killer mais qui se révèle en fait être celle du trafic de stupéfiants et de l'expérimentation médicamenteuse. C'est un livre très noir, au style alerte,  aux personnages attachants qui se meuvent dans des milieux d'une violence inimaginable, à dimension politique, historique, et social, sans négliger l'intrigue. Un grand roman, très noir qui mérite le bien qu'on en a dit.

 

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 21:40

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Ce vendredi j’ai pu sans aucune difficulté me rendre à Bordeaux, avion à l’heure et aucune pénurie d’essence dans la ville, pénurie dont j’ai la chance de n’être pas, pour l’instant, la victime à Paris, ce qui n’est pas le cas de quelques collègues, adeptes du diesel, et qui en sont réduits au covoiturage. Par contre, j’avais du renoncer mercredi dernier à me rendre à Nice, un barrage filtrant sur la rocade qui mène à Orly m’ayant fait manquer les deux « navettes » qui m’auraient amené à temps à la réunion à laquelle je devais participer. J’ai ainsi pu assister à des scènes hallucinantes, une illusion d’exode, nombre de voyageurs abandonnant leur voiture sur les bandes d’arrêt d’urgence et tentant d’atteindre l’aéroport à pied avec leurs bagages. J’imagine l’ahurissement des touristes étrangers qui doivent se demander s’ils n’ont pas atterri sur une autre planète. J’ai d’ailleurs renoncé de tenter d’expliquer à mes collègues de l’international ce qui se passait en France, me contentant d’un sourire accompagné d’un haussement d’épaule.

Dans l’avion qui m’amenait à Bordeaux, feuilletant le « Monde des livres », je m’attardais (à côté d’un article consacré à la parution du troisième opus de l’ œuvre de Marcel Gauchet consacrée à l’avènement de la démocratie, « A l’épreuve des totalitarismes », ouvrage qui va venir s’ajouter à la longue liste de ceux en attente d’être lus), sur plusieurs articles sur le roman policier à « héros récurrent ». Depuis plusieurs années j’ai progressivement déserté (je me suis cependant récemment procuré le nouveau roman de Michel Jeury, »May le monde » ) la lecture des romans de science-fiction, cette dernière, qui fût une passion dévorante et dont le titre d’un de ses chefs d’œuvre me tient lieu de pseudo, semblant avoir été submergée par l’envahissement de son sous-genre le plus infantile, « l’héroïc-fantasy » , pour me tourner vers le roman policier, qui convient parfaitement aux longs déplacements en train ou surtout en avion, et même, je m’y suis résolu il y a peu pour « tuer » le temps, lors de mon cardio-training quasi quotidien en salle (ce qui nécessite une certaine technique, recourir aux livres de poche « désossables » pour éviter de voir les pages « tourner » toutes seules sous l’effet de votre respiration et des soubresauts de la machine, et n’être pas presbyte). Comme le roman de science-fiction, le roman policier a ses « sous-genres » (dont j’hésiterais à proposer une taxinomie comme je le fis pour celui-ci (http://limbo.over-blog.org/article-science-fiction-42229402.html), en ayant encore une connaissance insuffisante), le roman à « héros récurrent », détective ou policier le plus souvent, en est un. Ce type de roman a indiscutablement depuis toujours la faveur du public, même si le profil du « héros » a notablement changé, du super héros dépourvu « d’affects », d’empathie, de vie privée et au QI inégalé autrefois (Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Philo Vance, Ellery Queen) à l’anti-héros humanisé d’aujourd’hui, alcoolique et/ou dépressif le plus souvent, désenchanté devant le problème du mal, et ayant à faire face, parallèlement à leurs enquêtes , à leur problèmes personnels avec leur fille (le plus souvent). Les détectives homosexuels sont plus rares, comme Dave Brandstetter créé par Joseph Hansen, enquêteur pour une compagnie d'assurances ou Henry Rios, l’avocat crée par Mickael Nava. Ces romans font fi des règles du roman policier édictées par SS Van Dyne et notamment de celle qui dit que rien ne doit détourner de l’intrigue : « Il ne doit pas y avoir, dans le roman policier, de longs passages descriptifs pas plus que d'analyses subtiles ou de préoccupations atmosphérique. Cela ne ferait qu'encombrer lorsqu'il s'agit d'exposer clairement un crime et de chercher le coupable ». C’est là que le bât blesse car ce basculement vers le descriptif au détriment de l’intrigue ou du suspense nécessiterait un réel talent littéraire, à l’égal des grands auteurs du roman « noir ». Il faudrait que ces « anti-héros» existent, aient une réelle profondeur psychologique, pour que l’on ne parcoure pas en diagonale les passages qui concernent leurs «états d’âme », afin de revenir à l’intrigue, malheureusement souvent bien banale...comme je viens d’en faire l’expérience avec l’enquête de l’inspecteur Banks « l’amie du diable » de Peter Robinson. J’aurais du mal à trouver dans la liste des romans à « héros récurrent » que j’ai lus ces dernières années et dont beaucoup ont été distingués par des prix, ceux de Ian Rankin (inspecteur Rebus), d’Henning Mankell (inspecteur Wallander), de Donna Leon (inspecteur Guido Brinetti), Mickael Connelly (commissaire Harry Bosch), Arnaldur Indridason (Erlendur Sveinsson), j’en oublie sûrement, un seul qui soit de la dimension de ces chefs d’œuvre du « polar » que sont par exemple « Le grand nulle part » d’Ellroy, « Mystic River » de Dennis Lehane ou « Le verbe s’est fait chair » de Jack O’Connel. Bien sûr je n’ai pas tout lu (notamment les romans de Joe Nesbo avec l’inspecteur Hary Hole), j’ai pu passer à côté d’une œuvre importante, et certains de ces romans méritent d’être lus (notamment « La voix », d’Arnaldur Indridason). Il faudrait faire une place à part à la série « Millenium » mais c’est un « ovni » inclassable, ou aux romans « berlinois » de Philippe Kerr, il est difficile de ne pas tomber sous le charme de son détective, discrètement « homophobe », Bernie Gunther, et  « La mort entre autres » qui fait suite à la trilogie berlinoise est un grand roman.

Si je suis fatigué des romans policiers à héros récurrent, je le suis encore plus de ceux à « sérial killer » qui envahissent la production depuis le succès du « Poète » de Mickael Connelly. Certes il y a quelques bonnes surprises, comme « Le chuchoteur » sorti avant l’été, et dont la qualité et l’originalité de l’intrigue font oublier la pauvreté de l’écriture et l’inexistence psychologique des personnages, mais elles sont si rares que le seul terme de « serial killer » dans la quatrième de couverture tend à me dissuader d’acheter le livre. Je suis fatigué de ces descriptions interminables de dépeçage de corps féminin (il s’agit rarement d’hommes, pas même de quoi exciter mon inconscient sadomasochiste...) par des psychopathes. Heureusement que j’ai fini par céder au « bouche à oreille » pour me procurer « Seul le silence » de R.J.Ellory qui renouvelle et transcende complètement ce thème. Un véritable choc, un incontestable chef d’œuvre. Je n’ai pas encore lu Vendetta qui lui traite de la mafia, mais je viens de terminer presque d’une traite (çà ne m’était pas arrivé depuis « Hyperion» de Dan Simmons) son dernier roman paru en France, « Les anonymes ». Ce qui débute comme une histoire de tueur en série, s’avère en fait une enquête sur les crimes de la CIA en Amérique latine. Remarquablement écrit, aux personnages attachants, ce livre aux dimensions politiques et philosophiques, franchit les limites du polar sans jamais oublier le suspense. « Un véritable aboutissement du genre. Des fanfares devraient saluer l’arrivée d’un thriller de cette ambition, de cette puissance et de cette maîtrise » ont écrit des critiques anglo-saxons. Indéniablement.
Je n’ai pas parlé des romans à succès des « vieilles dames anglaises » (parfois pas si vieilles) toujours en première position dans les devantures des librairies, ni de Harlan Coben...car il n’y a rien à en dire


Au cinéma nous avons vu ce week-end « Les petits mouchoirs », quelques bons moments, on rit souvent mais ça se gâte sur la fin, ça se « Lelouchise » et Benoit Magimel est aussi crédible en homosexuel que moi vous annonçant que je vais me mettre à courir le clito... et « Biutiful » Alejandro González Inárritu, narrant le chemin de croix d’un père mourant dans le Barcelone de la misère et des travailleurs clandestins et qui fait tout pour offrir un avenir décent à ses enfants. Magnifique mais à ne pas voir un jour de déprime...

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 12:22

Vendredi dernier, j’aurais du me rendre à Bordeaux mais j’en ai été dissuadé par le mouvement de grève larvée de certains personnels des aéroports parisiens, le départ de mon avion ayant été finalement annulé après avoir été repoussé de demi-heure en demi-heure. J’ai constaté avec surprise que ces retards qui touchaient la plupart des vols étaient pris avec une relative bonne humeur par une clientèle dont j’ai pu constater par le passé, dans des circonstances similaires, qu’elle pouvait manifester son mécontentement plus que bruyamment. Compréhension implicite des motivations des grévistes ? Ces perturbations aériennes, dont j’ai appris qu’elles duraient en fait depuis mardi, sont étrangement passées sous silence par les médias. On peut s’interroger sur cette minimisation de l’étendue du mouvement de grève actuel, alors que ces mêmes médias ont plutôt eu tendance à suivre les syndicats dans leur surestimation du nombre de manifestants.
On peut se demander aussi pourquoi les syndicats appellent à poursuivre un mouvement alors qu’ils savent pertinemment que le gouvernement ne peut plus reculer et qu’ils risquent de se retrouver sans porte de sortie honorable ? Peur d’être débordés et que le recul du pouvoir ne puisse advenir que dans le contexte d’une dé-corrélation du mouvement protestataire du problème des retraites, dé-corrélation dont l’entrée en lice de lycéens qui n’ont jamais songé qu’ils seraient vieux un jour pourrait être le signe avant coureur, qui emporterait tout sur son passage (le petit facteur, qui commence à vieillir lui aussi, rêvant même tout haut de mai 68, oubliant qu’en mai 68 la France était prospère, en pleine expansion et qu’il s’est alors agi d’un mouvement libertaire dans une France « culturellement » sclérosée) ? On comprend mieux par contre l’attitude du parti socialiste qui a intérêt à ce que la réforme se fasse (un boulet de moins pour lui s’il arrive à revenir aux affaires), mais avec le plus de dégâts possibles pour que le coût politique en soit considérable pour le pouvoir actuel. Car c’est bien l’élection de 2012 qui est en train de se jouer, que le PS puisse gagner même sans leadership et sans programme (François Hollande s’y essaie bien, en faisant sur le plan fiscal des propositions d’une cohérence telle qu’on en regretterait presque qu’il ne soit plus à la tête de ce parti).
Je ne sais pas qui sera le candidat du PS en 2012, mais il se pourrait bien que Renaud Camus le fût, s’il arrive à obtenir, ce qui me semble improbable, les signatures nécessaires. C’est par hasard que je suis tombé l’autre soir sur une interview de lui, dans une émission où je m’attendais le moins à le trouver, « Bienvenue chez Basse », animée par un journaliste, Pierre Louis Basse, dont la pensée me semblait bien ancrée dans le conformisme de gauche le plus répandu. L’interview, menée sans agressivité, autre surprise, portait sur la sortie de son livre « L’abécédaire de l’in-nocence », qui reprend des communiqués du parti qu’il a fondé, « le parti de l’in-nocence », interview pendant laquelle il a confirmé qu’il était possible qu’il soit candidat en 2012. Cette annonce a même provoqué quelque émoi, prendre le risque du ridicule,  sur le site de la « Société des lecteurs », site pourtant bien aseptisé depuis que des interventions intempestives ont conduit à une censure préalable qui en fait un cercle des adorateurs. On peut imaginer la stupéfaction que pourrait provoquer l’apparition dans la « lucarne » de ce sexagénaire gay, pionnier de la liberté sexuelle, au look d’un autre temps, parlant un langue que l’on pourra bientôt qualifiée de morte, pestant contre la disparition des valeurs de la grande bourgeoisie, l’impolitesse, la dislocation de la syntaxe, l’islamisation de la France, la perte des bonnes manières et du sens civique, l’état de l’éducation nationale et le saccage des paysages.
Cette grande « déculturation » dont parle Renaud Camus est sans doute aussi le reflet d’un monde qui est passé du traitement de texte à « powerpoint», de la phrase au « bullet point », « formatage par le bas de la pensée » (je renvoie à l’article du Monde de ce week-end « Powerpoint c’est du cinéma »), ce monde qui a donné naissance à « Facebook », dont un film magistral, au premier plan d’anthologie saisissant la tachypsychie du héros, nous montre comment l’impossibilité à communiquer, la blessure d’amour propre provoquée par une rupture sentimentale et la jalousie vont amener un surdoué à devenir le plus jeune milliardaire de notre temps.
Jacques Julliard lui aussi, dans des numéros récents du Nouvel Observateur, s’émouvait de la disparition de la langue française et du silence assourdissant qui occultait le fait que la religion chrétienne était devenue la plus persécutée au monde, notamment en Orient et de l’impossibilité à mobiliser les intellectuels sur cette chasse aux chrétiens. Jacques Julliard y voit un Yalta culturel, à l’Orient le monopole d’une religion de plus en plus intolérante, à l’Occident celui de la tolérance et de la laïcité ? On pourrait mettre en doute ce monopole de la tolérance en occident, parler plutôt là aussi d’un formatage de la pensée aux normes du « politiquement correct », formatage dont nous avons l’illustration de samedi en samedi à l’émission de Ruquier où l’on tente de plus en plus souvent, samedi dernier c’est Samuel Benchetrit qui s’y est essayé, de priver de parole ceux qui pensent autrement.
La flèche du temps n’est réversible que dans les équations de la mécanique quantique. Renaud Camus retiré dans son château du Gers fait de plus en plus penser à Don Quichotte. S’il peut m’arriver d’avoir telle ou telle nostalgie, douce et non douloureuse, je ne me sens pas mal du tout dans le monde tel qu’il advient. Quelque soit l’intérêt jamais démenti que je porte l’œuvre de Renaud Camus, je ne voterai donc pas pour lui. Je ne sais encore pour qui. Qui sait, François Hollande sera peut être le candidat socialiste !

 

"Les Lumières ont versé, si l'on ose l'écrire, des torrents de larmes, que le romantisme se garda bien de sécher, quoiqu'il ait modifié la matière des mouchoirs, et réduit quelque peu leur format. Ces pleurs si naturels, si l'on en croit leur immémoriale ancienneté parmi nous - qu'attestent à l'envi la littérature, qui sait tout, et la peinture, qui voit tout, pour ne rien dire de la musique, qui bruit de bout en bout de leur débordement -, ces pleurs directement tombés des yeux de la nature, il ne fallut rien moins que le naturalisme pour commencer à les tarir, l'urbanisme haussmannien, la science, les mardis de la Salpêtrière et la grande industrie. Nous ne sanglotons à peu près plus, sauf, et ce n'est même pas sûr, aux pires débâcles de l'histoire, de la grande et de la nôtre. Or qu'en serait-il pourtant de décennies à la chaîne qui ne sauraient plus ce que c'est que le rire ? Nous ne savons presque plus ce que c'est que les larmes."
(Renaud Camus, Le Bord des larmes, P.O.L., 1990)

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