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Plusieurs personnalités, dont Boris Cyrulnik et Michel Rocard, ont signé un texte en faveur de la suppression de la notation en école primaire, en raison de son caractère « traumatisant ». Des générations d’enfant ont pourtant subi cette notation sans qu’on s’en alarmât, mais la scolarisation « de masse » changerait la perspective. J’ai subi cette notation de façon « extensive », bien au delà de l’école primaire, puisque au collège bordelais Sainte Marie Grand Lebrun, qui m’a accueilli de la 8è à la terminale, nous avions un classement « général » tous les 15 jours, sans compter les « compositions » au moins tous les trimestres (peut être tous les mois, mais c’est un peu loin...) et bien sûr les prix de fin d’année (ah la belle cérémonie dans le parc du collège avec la remise du prix d’excellence et d’une multitude d’autres portant le nom d’un célèbre ancien, pas de prix François Mauriac toutefois, en fonction des matières concernées). Je dois avouer que j’ai effectivement trouvé « stressante » cette compétition permanente et qu’elle reste un des très rares mauvais souvenirs que j’ai de ces années. Non que j’ ai été un habitué des mauvaises notes, c’était fort rare (en dehors du dessin et du sport), mais au contraire, mes parents, surtout ma mère, attachant une telle importance à cette compétition, qu’il était impératif pour moi de rester dans les trois premiers sous peine d’encourir les foudres parentales, voire même si cela se produisait deux quinzaines de suite, des punitions (qui pouvaient aller jusqu’à des brimades physiques telles que rester à genou un certain temps). C’est toujours avec angoisse que je vivais les heures qui précédaient l’entrée dans la classe du préfet des études ou du directeur ( ah le terrible Père Cazelles) qui venaient nous dire ce classement que nous attendions sagement sur notre banc en casquette et blaser bleu, classement qui venait heureusement me soulager le plus souvent, même si j’en venais à redouter d’être premier n’excluant pas que ma mère mette la barre toujours plus haut. Je ne sais si avoir du subir une telle pression à intervalle si rapproché a eu une influence positive sur la suite de mes études, mais j’en doute. J’en venais même à envier mon frère, habitué lui des notes médiocres car mes parents se contentaient de la moindre amélioration de son classement.
J’avais été confronté très tôt à cette obsession du classement chez certains parents, dans mon précédent collège, l’école Sainte Barbe à Toulouse où j’ai été scolarisé de la 11è à la 9è. Pas de prêtres ici, mais des sœurs qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable (déjà je préférais les hommes...). J’ai déjà évoqué dans un billet précédent l’histoire du bonnet d’ânes, mais dans le cas qui nous occupe elles m’ont infligé un « déclassement » dont je me souviens encore. En classe de 9è, j’étais toujours second derrière X éternel premier. Cette fois là mon « concurrent », que je détestais, étant malade lors d’une composition dans je ne sais plus quelle matière, j’ai donc ravi pour la première fois la première place. Sous la pression des parents de l’absent, j’ai été déclassé sous le prétexte que s’il avait pu subir l’épreuve, il aurait été premier !