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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 20:54

 

 

Alain-Propos.jpg« Ce que serait « ma gauche » » est le titre d’un article qu’Edgar Morin a publié dans le Monde ce week-end. Il y a bien des années de cela il fût un de ceux qui ont puissamment contribué à ma façon de voir et de comprendre le monde. Je l’ai suivi pas à pas dans l’élaboration de sa gigantesque méthode, 6 volumes qui constituent un véritable encyclopédie du paradigme de « complexité » dont il a cherché à établir les fondements. Pourtant c’est avec perplexité que j’ai découvert cet article où il appelle « les » gauches à suivre un nouvelle voie : « La voie nouvelle conduirait à une métamorphose de l'humanité : l'accession à une société-monde de type absolument nouveau. Elle permettrait d'associer la progressivité du réformisme et la radicalité de la révolution »… « Préparons un nouveau commencement en reliant les trois souches (libertaire, socialiste, communiste), en y ajoutant la souche écologique en une tétralogie. Cela implique évidemment la décomposition des structures partidaires existantes, une grande recomposition selon une formule ample et ouverte, l'apport d'une pensée politique régénérée». Comment un tel penseur peut il être si naïf et faire l’économie de la problématique du « Mal » ? Irrité aussi par certains dérapages « voir Israël traiter le Palestinien comme le chrétien traitait le juif » : on aimerait savoir, comme un lecteur du Monde l’a souligné en commentaire, en quoi les juifs ont jamais menacé la chrétienté d’anéantissement ?
Mais revenons au sujet « ma gauche ». Si je devais me poser cette question, peut être devrais je d’abord me résoudre à répondre à une autre, « suis je encore de gauche? » et cela à condition qu’elle ait encore un sens. Jacques Julliard rappelait dans un ancien numéro du Nouvel Observateur cette phrase célèbre du philosophe Alain dont, adolescent, je dévorais les "propos" :"Lorsqu'on me demande si la coupure entre partis de droite et partis de gauche a encore un sens, la première idée qui me vient à l'esprit est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche". J'ai très longtemps adhéré à cette opinion. Elle reste, sans doute, en partie vraie, mais une révolution "culturelle", salutaire, me semble en marche. Les bases théoriques ( et schématiques !)de la pensée de droite (le mal est dans l'homme) et de la pensée de gauche (le mal est dans "l'organisation sociale") sont en train de s'affaiblir. Je suis depuis longtemps convaincu que le mal est dans l'homme (en bon girardien) et pourtant, du moins je feins de le croire encore, de gauche. Je me reconnais tout à fait, une fois n’est pas coutume, dans les propos tenus par Fabrice Luchini (qui a pourtant plutôt le don de m’exaspérer…et dont dans le même article l’enthousiasme pour la psychanalyse, le vote écolo et la haine de Rousseau ne devraient pas augmenter mon maigre capital de sympathie ) : « je ne suis pas de gauche parce que je pense que l’homme n’est pas ce que les gens de gauche pensent qu’il est. Je n’aime pas dans la gauche l’angélisme, l’enthousiasme. Je ne suis pas de droite parce qu’elle a oublié qu’il y eut une droite qui n’était pas affairiste, parce qu’elle a oublié les hussards : Antoine Blondin, Roger Nimier, Jacques Laurent… ».
Je n’ai jamais voté à droite ou pour mes intérêts « de classe » mais c’est avec effarement que j’ai découvert les propositions du PS sur les retraites. Je ne pourrai certainement pas voter pour un parti qui défendrait cette ligne absurde en 2012. Fabrice Luchini, s’appuyant sur Nietzsche « Malheur à moi, je suis nuances », semble croire que la « gauche différente », celle de DSK, de Delors, de Rocard, n’a aucune chance. Il est peut être exagérément pessimiste. La spéculation financière, « le marché », vont peut être nous obliger enfin à nous rendre compte que nous allons dans le mur et à s’occuper des déficits ? Quoiqu'il en soit de très difficiles années nous attendent.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 22:36

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Il m'arrive souvent que des amis ou connaissances m'interrogent sur ce que je pense de l'homéopathie. Il y a quelques temps j'ai eu à répondre à un courriel d'une amie qui présentait une toux dont elle n'arrivait pas à se débarrasser :

 

"Cette toux n'était donc pas psychosomatique...Pneumopathie virale? C'est l'époque en effet, les "adénovirus" du printemps. Si elle est virale l'allopathie est inutile puisqu'on n'a pas de médicament vraiment actif contre les virus, surtout pas les antibiotiques (selon le slogan qui ignore la langue française: "les antibiotiques, c'est pas automatique") bien que   dans le cas d'une pneumopathie virale il puisse parfois être utile d'en donner pour éviter une surinfection bactérienne...

Revenons donc sur les "médicaments". La question est complexe et je ne sais par où commencer. Quand je t'ai écrit que 80% des maladies guérissaient toutes seules et que les 20% restantes on ne savait pas les guérir, j'ai certes un peu exagéré (en effet on sait guérir les infections bactériennes grâce aux antibiotiques et prévenir pas mal d'infections grâce aux vaccins) et forcer le trait pour souligner que bien des affections banales ne nécessitent pas de recourir systématiquement aux médicaments. Alors pourquoi l'industrie ( et la recherche en général) s'acharnent à découvrir des médicaments. Certes pour faire du profit, tu as raison, mais explique moi comment investir dans la recherche sans faire de profit? mais laissons cela pour cette fois, car rien n'est noir ou blanc là encore, et je ne nie aucunement les dérives. Si nous ne savons pas guérir un certain nombre de maladies, les médicaments permettent toutefois d'en atténuer notablement les conséquences invalidantes, d'augmenter souvent la durée de vie, et surtout d'en soulager les symptômes (maladie de parkinson, diabète, hypertension, etc...). Quant à celles qui guérissent toutes seules, la majorité ( nombre d'infections virales notamment dont les victimes encombrent inutilement, au détriment du budget de la sécurité sociale, les cabinets médicaux : grippes, rhumes et autres), les médicaments permettent d'atténuer l'inconfort parfois très pénible qu'elles entraînent. C'est le cas des coliques néphrétiques, elles guérissent toutes seules ( ou sinon il faut recourir à la chirurgie) mais elles font affreusement mal et dans ce cas les "antidouleur" allopathiques sont très efficaces. Revenons donc au débat "allopathie/homéopathie". Tu m'as  partiellement compris. Une proportion non négligeable de la "pharmacopée" allopathique n'a peut être pas beaucoup plus d'efficacité que l'homéopathie. C'est la raison pour laquelle tant de médicaments sont (et seront) déremboursés (ils ont été autorisés à une époque où l'évaluation des médicaments était très fantaisiste). Je ne crois qu'à ce qui est "évalué", c'est à dire à ce qui a démontré son efficacité (en double aveugle contre placebo). Et jusqu'ici, seuls les médicaments allopathiques se prêtent à l'évaluation! Le " (ir)rationnel" sur lequel se base l'homéopathie est incompatible avec la physique actuelle, qui elle est réfutable par "l'expérience". Malheureusement, avec des explications aussi fumeuses que les psychanalystes, les homéopathes se refusent à l'évaluation ( en double aveugle contre placebo justement: pourtant ce serait irréfutable et bien plus facile à mettre en œuvre que pour la psychanalyse). Le mystère c'est que l'homéopathie soit toujours remboursée, sans évaluation, ce qui est impossible maintenant pour un médicament allopathique! En fait pas si mystérieux que cela, nos dirigeants sont habités par la pensée magique, comme le commun des mortels ( même F.Mitterrand fréquentait les astrologues...). Amusant de voir aussi que le plus souvent les homéopathes prescrivent en même temps de l'allopathie ( si ça marche on pourra dire que c'est la partie "homéopathique" qui a marché!). Et pour ce qui est du profit les homéopathes ne sont pas en reste...Quant à la chimie allopathique (mais de nombreux médicaments allopathiques sont dérivés des plantes) elle n'est  jamais innocente, bien sûr, c'est pourquoi elle est efficace (et donc parfois dangereuse). Ce qui est sans aucun risque est le plus souvent inefficace (par définition!)."

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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 21:43

 

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Certains de mes billets précédents ont abordé sous plusieurs angles le problème de la fidélité sexuelle en milieu gay. En faisant un peu de rangement je suis tombé sur ancien article de libération dans lequel étaient publiés les commentaires d'un sociologue sur les enquêtes concernant la fidélité dans le couple ( hétéro ou gay). Voici ce qui était dit des gays :
" Et dans les couples gays ? Selon Arnaud Lerch, sociologue au Centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis), «les études quantitatives que l'on possède estiment qu'à peu près un couple gay sur deux est sexuellement non exclusif». Cette différence très notable par rapport aux hétéros s'expliquerait pour «des raisons historiques très concrètes : du fait de la stigmatisation, la sexualité entre hommes s'est longtemps résumée à de la "consommation sexuelle" anonyme. La question affective et la question sexuelle sont donc devenues plus autonomes.»

Une perception qui n'aurait pas évolué, même si la condamnation de l'homosexualité se fait moins sévère. «Les gays d'aujourd'hui sont héritiers de cette histoire-là, de cette pesanteur, de cette oppression, poursuit Arnaud Lerch. Le système de représentation du couple est différent, la monogamie n'est pas une évidence.» Chez les gays, la norme de la monogamie est ainsi remise en question : «En couple, on discute à deux du caractère exclusif, ou non, de la relation.» Mais même dans les relations ouvertes, il est parfois difficile d'accepter l'infidélité : «C'est quand même compliqué d'entendre les détails intimes d'une relation avec un autre. On se demande "pourquoi je ne lui suffis pas ?, qu'est-ce qu'il a que je n'ai pas ?" »

Alors, si l'infidélité perdure, le couple mettrait en place des stratégies qui visent à conserver le lien privilégié entre les deux partenaires. Par exemple : ne pas passer plus d'une nuit avec quelqu'un d'autre. C'est une façon de «limiter l'invasion dans le monde conjugal», explique Arnaud Lerch. Lui veut d'ailleurs rappeler que la fidélité peut dépasser, parfois, les conventions sexuelles. «J'ai rencontré deux gays qui étaient ensemble depuis vingt ans, ils n'avaient plus de relations entre eux, mais chacun avec d'autres hommes. Eux n'étaient pas "amis", ils étaient vraiment en couple. Ils avaient créé un rapport à la fidélité tout à fait inédit.»

Les sociologues sont aussi imprudents que les psychanalystes et semble t’il pas beaucoup plus attaché à la méthodologie scientifique. On pourrait d'abord fortement discuter les chiffres qui ne peuvent être fiables dans ce genre d’enquêtes déclaratives: un couple gay sur 2 infidèle ? Pour qui est un habitué de la vie gay à Paris ce chiffre parait très sous-estimé, alors qu’il est sans doute exagéré dans les petites villes de province. Ensuite, ce n’est le « couple » qui est infidèle, mais l’un ou l’autre (ou les deux) de ses protagonistes. Ce n’est pas le plus important, que l’infidélité « sexuelle » soit nettement plus répandue chez les homos que chez les hétéros, personne ne songerait à le contester, mais dire que notre infidélité est une séquelle de notre oppression passée ma parait une interprétation bien hasardeuse! C'est n'avoir rien compris (ne même pas imaginer) à ce qu'est la sexualité entre deux hommes, c’est oublier que la multiplication des lieux gays de rencontres les facilite, de même que l’absence des liens administratifs du mariage et d’enfants rend cette infidélité moins « risquée », à conséquences moindres que pour les hétéros.

Ceci dit il y a aussi des vérités dans ce qui est dit, notamment ce passage qui concerne les plus jeunes ( hétéro ou gay) et qui contredit d’ailleurs la thèse selon laquelle l’infidélité gay serait un stigmate de l’opression :
" C'est moins le cas chez les jeunes tourtereaux. «Les couples débutants sont ceux qui croient le plus à la fidélité parce que l'engagement sexuel est totalement central dans la phase initiale, il contribue à constituer le couple, note Michel Bozon. Par la suite, d'autres éléments contribuent à stabiliser, à faire tenir le couple, le fait d'avoir des enfants, ou de posséder un logement commun, par exemple.»"

 

.
"Les fous d’amour/
Autre difficulté terminologique : je n'ai aucune intention d'abandonner "l'amour" aux tenants du couple fermé, pas plus qu'ils n'entendent, je suppose, renoncer au sexe.
L'amour a ses avares, ses calculateurs, ses besogneux, ses petits épargnants. Il a ses princes, ses danseurs, ses poètes, ses paniers percés, ses prodigues. J'en sais qui peuvent donner plus d'amour en une nuit, dans une chambre qu'on ne reverra jamais, voire en dix minutes dans une salle d'orgie, dans un jardin, dans les pissotières sous la lune, plus d'élan, plus d'enthousiasme, plus de chaleur, plus de générosité, plus d'intensité d'émotions, que d'autres en dix ans de mariage, et fidèles.
(Renaud Camus, Notes achriennes, 1980)

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 21:59

 

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Il y a 5 ans, déjà, que j'ai découvert, à la suite d'un examen radiologique motivé par un accident de ski, que ma pratique quelque peu excessive de la musculation m'avait mis en danger.

Tout avait commencé à la mi mars, nous étions Bertrand et moi en vacances à La Plagne. Notre journée de ski touchait à sa fin, en route vers l’hôtel, je venais de quitter un télé siège pour en rejoindre un autre quelques mètres en contre bas, Bertrand, toujours vif s’étant élancé avant moi, je commençais à prendre un peu d’élan sur la pente peu prononcée qui allait à l’autre téléski et….je ne peux vous raconter les quelques minutes qui suivirent car je n’en ai aucun souvenir ! J’ai repris conscience à terre, sur le dos, incapable du moindre mouvement avec mes bras et mes mains qui étaient complètement inertes et que je ne sentais plus, alors que mes jambes semblaient fonctionner. Il m’est impossible de raconter tout ce qui a pu défiler dans mon esprit à ce moment là, réalisant en un éclair que j’avais très probablement un traumatisme du rachis entraînant une paralysie des deux bras, les souvenirs de toute une vie se télescopent, je me souviens surtout m’être inquiété du stress de Bertrand quand il lui faudrait rapatrier ma voiture alors qu’il n’avait pas le permis de conduire… ou m’être demandé pourquoi personne ne venait s’occuper de moi….Très vite, peut être trop vite pour qu’on s’inquiète autour de moi, j’ai perçu des sensations à type de fourmillements dans mes bras, un peu semblables à ce que l’on ressent quand on s’est endormi un peu trop longuement sur un membre, j’ai progressivement retrouvé leur motricité, une impression de résurrection, la sortie d’un cauchemar (on peut imaginer vivre sans jambes, mais sans bras….), et j’ai pu me relever et rechausser mes skis. J’ai alors constaté que j’avais brisé mes lunettes et que j’avais de petites plaies superficielles au menton et au sommet du crâne. Dans un état second j’ai appelé Bertrand qui m’attendais au pied du télésiège suivant et qui s’est exclamé « qu’est ce que tu fous ? », je lui ai dit que j’avais eu un problème et que j’arrivais. Il m’a confirmé qu’il s’était écoulé tout au plus 4-5 mn depuis le moment où il m’avait devancé. Une fois que je l’ai eu rejoint il m’a trouvé bizarre, répétant souvent la même chose. Nous sommes redescendus en ski jusqu’au studio que nous occupions…Une «folie», de la pure inconscience, qui a fait hurler mes confrères lorsqu’ils l’ont appris, et ce d’autant plus que ce qui m’était arrivé était du domaine de ma spécialité ! : un traumatisme du rachis étant certain, j’aurais du appeler les secours pour me faire descendre sur un brancard et passer en urgence une radio du rachis cervical à la recherche d’une fracture ou d’un déplacement de vertèbre. Pire, alors que je ressentais une douleur des deux épaules, qui allait cependant disparaître progressivement ( douleur qui m’a d’abord intrigué, comment avais-je pu tomber sur les 2 épaules à la fois ?- techniquement impossible- jusqu’à ce que je ne m’aperçoive qu’il s’agissait non pas d’une douleur de l’articulation de l’épaule, mais d’une hypersensibilité de la peau à ce niveau là, probablement due à une compression traumatique des racines nerveuses de ce territoire), j’ai continué à skier le lendemain et suis revenu à Paris en voiture le surlendemain. Je m’étais construit un scénario rassurant : j’avais du croiser mes skis ce qui m’avait projeté en avant tête la première, d’où un traumatisme crânien avec perte de connaissance brève (entraînant classiquement une amnésie de la chute) et banal « coup du lapin ».
De retour à Paris j’ai tout de même fait une radio du rachis cervical qui a contribué à me rassurer, elle était parfaitement normale. Mais être médecin vous amène à fréquenter beaucoup d’autres médecins qui, eux, s’évertuaient à m’inquiéter…Les cardiologues s’interrogeaient sur ma perte de connaissance qui nécessitait selon eux un bilan cardiaque et circulatoire, tandis que les neurologues se répartissaient en deux camps, ceux qui m’incitaient à rechercher également une cause (en faisant une IRM) à ma perte de connaissance, par exemple la rupture d’une petite malformation vasculaire de la moelle épinière, et ceux pour lesquels il était évident, comme je le pensais, que ma perte de connaissance était la conséquence d’une chute avec traumatisme crânien. On peut certes avoir « la vérole et un bureau de tabac », mais l’attitude scientifique postule de rechercher d’abord une explication unique à une relation causale entre plusieurs évènements, ici chute accidentelle, perte de connaissance par traumatisme crânien avec choc cervical entraînant une souffrance de la moelle épinière et non pas deux histoires distinctes comme la perte de connaissance inaugurale par problème cardiaque qui provoque une chute et un traumatisme cervical (en général une telle perte de connaissance vous fait vous effondrer sur vous-même et non sur le crâne !). Je n’ai commencé à être inquiet que 3 semaines après l’accident quand j’ai commencé à ressentir, lors des mouvements de la tête et du tronc, des manifestations sensitives étranges (picotements, fourmillements, décharges électriques, etc.) au niveau du haut du dos et dont le territoire n’a cessé de s’agrandir pendant les 2 mois suivants pour atteindre l’extrémité des membres supérieurs. J'étais de plus inquiet, m'attendant à tout moment à voir réapparaître les paralysies. Mes connaissances médicales ne pouvaient que renforcer l'inquiétude. Je me suis alors décidé à faire l’IRM conseillée. Le radiologue, au vue des résultats, m’a demandé si j’étais « rugbyman » ! En effet j’avais les lésions classiques de la pratique de ce sport, notamment pour ceux qui sont dans la « mêlée» : outre un rétrécissement congénital du canal cervical où passe la moelle, ce rétrécissement se trouvait aggravé par l’existence de plusieurs hernies discales qui faisaient protusion dans le canal. Je n’avais pourtant jamais fait de rugby, mais je pratique un sport moins connu des radiologues dont certains exercices pourraient provoquer des lésions similaires. En effet je fais régulièrement de la musculation, et je l’ai eu pratiquée, il y a quelques années, de façon intensive, notamment le « squat », mouvement qui consiste à charger une barre sur les épaules (je suis allé jusqu’à 170 kg…) et à s’accroupir pour se redresser à la force des quadriceps. Il est bien connu que ce mouvement est dangereux pour le rachis lombaire, d’où le port d’une ceinture de protection, mais on sait moins qu’il peut aussi être dangereux pour le rachis cervical, notamment en présence d’un « canal étroit ». Le neuro-chirurgien consulté alors m’a confirmé que « tant qu’il n’y avait pas de paralysie… » il fallait se contenter de suivre l’évolution et qu’aucune tentative de « décompression » par chirurgie des vertèbres cervicales n’était à prévoir pour l’instant, mais qu’avec l’âge et l’aggravation des lésions par l’arthrose ceci n’était pas à exclure dans le futur…Il m’a bien sûr conseillé de revoir avec attention mon programme de musculation et à prendre soin de mon rachis en évitant certains sports à risque (plongée, cheval, cyclisme etc…).
Puis miraculeusement, à partir de la mi-juillet, les manifestations sensitives ont commencé à refluer selon le même trajet que celui de l’aggravation, à diminuer d’intensité, et à disparaître en deux mois, le flux, puis le reflux. Très probablement le traumatisme cervical avait entraîné, outre le choc violent inaugural qui avait « sidéré » la moelle pendant quelques minutes d’où la paralysie, et une compression d’un vaisseau a du provoqué un problème circulatoire à ce niveau avec reconstitution progressive.
Tout étant rentré dans l’ordre j’ai cependant modifié quelque peu ma façon de m’entraîner. Et jusqu’ici je ne suis pas retourné faire du ski….Mais les lésions sont toujours là, sorte d’épée de Damoclès. J’ai commencé à faire du sport, il y a maintenant 25 ans, par peur de vieillir, « pour rester sur le marché ». Il s’en est fallu de peu que je ne subisse un brutal et prématuré « retrait du marché »…Depuis cet « accident » il m’arrive de considérer avec plus de distance bien des ennuis de la vie de tous les jours…

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22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 18:49

g2028.jpgLes-Amours-Imaginaires-1-31867.jpg

 

Il est des films dont on ressort, secoué, ému, avec la forte envie de les faire connaître, cela d’autant plus qu’on les a vus devant une salle presque vide et que l’on sait qu’ils ne tiendront pas l’affiche au-delà d’une semaine ou deux si le bouche à oreille ne fait pas son œuvre. Ce fut le cas pour moi l'année dernière avec  "j'ai tué ma mère", le film autobiographique du canadien Xavier Dolan, à peine 20 ans, histoire d'un étudiant homosexuel de 16 ans qui ne supporte plus sa mère avec qui il vit, le père absent ayant déserté le foyer.

J'attendais donc avec impatience son second film qui vient d'être projeté à Cannes, non pas malheureusement en compétition officielle, mais dans le cadre d'une des projections parallèles, "Un certain regard". Cette fois encore il a soulevé l'enthousiasme avec " Les amours imaginaires",  où le personnage qu'il incarne, ainsi que son amie tentent tous deux de conquérir le cœur d'un même garçon d'une beauté antique. Espérons que ce jeune cinéaste gay aura pour son troisième film, en préparation, enfin les honneurs de la compétition officielle.

Une occasion peut être, pour ceux qui n'auraient pas vu "J'ai tué ma mère", de se le procurer en DVD. Xavier Dolan en parlait ainsi lors de sa présentation à Cannes dans le cadre de la quinzaine des réalisateurs :
“J’ai écrit le scénario en trois jours, juste après avoir quitté l’école, rempli de griefs contre ma mère, le système éducatif. Ça a été un défouloir, une catharsis. Je l’ai écrit comme une lettre vindicative qu’on écrit à quelqu’un sans jamais lui envoyer.”
Ce film, aussi dur qu’il soit par moment, n’est jamais manichéen, il s’agit d’un « tendre parricide » pour reprendre l’expression d’un critique. Bonheur aussi de voir le naturel avec lequel le cinéaste aborde les relations homosexuelles de son héro. Les références cinématographiques sont nombreuses, « My own private Idaho», « In the mood for love », etc.
Les longues séances dialoguées de ce film, d’une intensité rare, m’ont remis en mémoire cet autre magnifique film canadien, passé lui aussi inaperçu en France, « Seul avec Claude », de Jean Baudin, dans lequel un tapin de Montréal, égorge Claude, jeune étudiant qui est aussi son amant, au coeur de leur étreinte avant de convoquer les médias au moment de sa reddition spontanée. La trame du film c'est l'énigme de ce meurtre que tente de dénouer l'inspecteur dans un interrogatoire serré, qui révèle tant de chose sur la nature homosexuelle.
La pertinence du regard canadien sur l’homosexualité se vérifie à nouveau, il faudrait aussi citer « Crazy » sorti il y a deux ans et qui pourrait s’intituler « J’ai tué mon père », ou les films de Denys Arcant.

A ce jour le film le plus fort que j’ai vu sur le sujet reste « Torch song trilogy ».

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 18:09

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Il y a plus de trente ans maintenant, sur le plateau d’ »Apostrophes », deux jeunes intellectuels, B.H.Levy et A.Glucksmann, avec leur « parrain », le philosophe catholique Maurice Clavel, donnaient naissance dans une émission survoltée à ce qui allait devenir « La Nouvelle Philosophie ». Je ne sais si, comme on l'a parfois dit, cette aventure intellectuelle a changé le paysage intellectuel français, moi, elle m’a changé. Le jeune homme que j’étais alors et qui venait de basculer d’un totalitarisme à l’autre, allait trouver dans ce mouvement qui faisait osciller certains des « penseurs" de l’époque «entre le fou rire et l’indignation», une des clefs qui allaient lui faire abandonner ses structures mentales totalitaires. Né dans une famille pétainiste, avec une tante, bâtonnier des avocats Bordelais pendant la guerre et qui fit deux années de prison à la libération pour ses écrits ou propos antisémites, j’ai eu en effet une jeunesse d’extrême droite (d’où peut être, très tôt une vive sympathie, jamais démentie, pour François Mitterrand…). Le mouvement de Mai 68 constitua le premier ébranlement, car ma position schizophrène, du côté des étudiants par antigaullisme viscéral, suivant leurs exploits toutes les nuits sur Europe n°1, mais me revendiquant fasciste, ne pouvait perdurer. Le catholique que j’étais, élève d'une école religieuse renommée à Bordeaux ( et dont je fais toujours partie de l’association des anciens élèves, je dois beaucoup à l'éducation que j'ai reçue là…),cherchant une contre attaque au livre brillant de Jacques Monod « Le hasard et la nécessité » qui faisait de l’homme un accident de l’évolution, allait tomber sur les écrits du biologiste et philosophe Henri Laborit, dont le «Biologie et structure» constitua le fondement rationnel de mon basculement vers un gauchisme aussi intransigeant que ne l’était mon discours antérieur. Les mots qui scandaient mes propos avaient changés, pas mes structures mentales…Ce retournement spectaculaire laissa ma famille sidérée et le marxisme sur ma droite, le traversant sans m’y arrêter. C’est alors qu'a surgi le mouvement des «nouveaux philosophes» . « La cuisinière et le mangeur d’hommes », « La barbarie à visage humain » et surtout « Les maîtres penseurs » allaient m’enthousiasmer. «l’Ange», de Guy Lardreau et Bertrand Jambet, qui avait comme sous-titre « Ontologie de la révolution, une cynégétique du semblant », m'avait fasciné ( la difficulté, l'hermétisme voulu de cette pensée y avait sans doute contribué). Ce terme un peu pédant, mais il s’agissait de lacaniens, « Cynégétique du semblant », résume bien le changement de perspective : il ne s’agissait plus de défendre une «Vérité» érigée en absolu qui devait s’ imposer aux autres, mais de faire la chasse à l’erreur, au faux, au «semblant». Il n’ y a pas de Vérité, mais il y a de l’erreur.
Les Nouveaux Philosophes, ou du moins ce qu'il en reste (BHL et A.G.) sont devenus des jouets médiatiques, ils ne marqueront certes pas l’histoire de la pensée, ils sont peut être maintenant les « Nouveaux réactionnaires », ils n’en ont pas moins ouvert les yeux à beaucoup d'entre nous sur le phénomène totalitaire. Ils ont constitué pour moi un électrochoc même s'ils ne font pas partie des auteurs, dont j'ai parlé dans un précédent billet, qui ont contribué à forger ma façon de voir le monde, Arthur Koestler, Henri Laborit, Edgard Morin, Stéphane Lupasco, Michel Foucault, René Girard, Marcel Proust, Jean-Pierre Dupuy, Ivan Illich, Michel Serres, Bernard d’Espagnat. Je ne les lis plus ( sauf un article ici ou là d’A. Glucksmann, même s’il commence à me les « gonfler » avec ses Tchetchènes…).

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 22:24

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Je ne sais quand, Sitgès, village catalan créé au 10è siècle, est devenue une capitale gay. La vieille ville, centrée autour de son église qui la surplombe, a gardé tout son charme. Elle a sans doute pris son essor au 19è siècle au retour de ses habitants qui étaient allés faire fortune à Cuba et lorsqu’elle est devenue un centre artistique sous l’influence des peintres luministes (attirés par la lumière qui baigne la ville au soleil couchant). Dans les années 60 elle a commencé à devenir une Ibiza « terrestre » avec le développement d’une communauté hippie et l’ouverture des discothèques. Mais c’est probablement à la fin des années franquistes qu’elle a commencé à voir affluer les gays de toute l’Europe, bien avant de devenir une cité balnéaire « à la mode », sorte de St Tropez des barcelonais, mais un tiers environ de la fréquentation reste gay.
Je l’ai découverte pour la première fois à la fin de l’été 1981. A cette époque, le « territoire gay » était plus étendu qu’aujourd’hui, envahissant notamment la principale rue de la ville, la rue « de la bonne aventure », surnommée « rue du péché ». Depuis plusieurs années elle a été colonisée, notamment dans sa partie basse qui débouche sur la plage, par des bars « hétéros » très animés et bruyants. Le milieu de la rue reste cependant occupé par le célèbre « Parott », bar gay en terrasse, lieu de rendez vous, notamment à l’apéritif, de tous les gays qui veulent se « montrer ». On ne conçoit pas un séjour à Sitgès sans aller boire un verre au Parott.
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Ce n’est que depuis 16 ans que je reviens à Sitgès presque tous les ans. J’ai succombé au charme de ce village, où il fait presque toujours beau et chaud, sans doute la destination gay estivale qui reste la plus abordable (même si son succès grandissant au-delà de la communauté gay a fait sensiblement valser les étiquettes) par rapport à ses concurrentes européennes, Ibiza et Mykonos, et surtout la plus conviviale, la plus « sexe ». Une de ses caractéristiques est la situation de la principale plage gay, au niveau du centre ville, une centaine de mètres au beau milieu de la baie en « croissant » où viennent se faire « dorer » des gays venus du monde entier, avec une forte proportion d’européens bien sûr, notamment les français et les italiens, et de plus en plus depuis quelques années, ceux venant des pays de l’est. Mais ceci dépend aussi des saisons : les français, notamment le « marais », mais aussi beaucoup de provinciaux qui viennent chercher ici une promiscuité gay impensable dans leur terroir, sont très présents au début Août, alors que les anglo-saxons préfèrent l’avant ou l’après saison, plus calme, moins « people », plus conviviale. Il y a, cela va de soi, une plage plus « sexe », comme on peut en trouver ailleurs, naturiste (si on le souhaite), avec un petit bois au-delà de la voie ferrée qui passe derrière, et où l’on peut « passer à l’action ». Mais cela se mérite, il faut marcher au moins 45 mn depuis le centre ville, ou prendre la voiture pour atteindre un petit chemin qui vous y mène moyennant 10 mn de marche. Ce n’est de toute façon pas là que se trouvent les légions de « beaux mecs » aux corps sculptés, mais sur la plage centrale
L’idéal bien sûr est de pendre un hôtel sur la baie, le plus proche possible de la plage principale, mais ils sont chers, de 100 à 150 euros la nuit. On peut préférer le « Romantic », en pleine ville, un des plus anciens et des plus connus hôtels gays, et son merveilleux petit jardin où l’on prend le petit déjeuner, jusqu’à 10 heures seulement (alors qu’on vient , ou presque de se coucher…), ce qui vous permet d’admirer des mines dans un triste état, surtout lorsqu’elles ont passé la quarantaine. On y rencontre pas mal de couples à la différence d’âge parfois surprenante…Une des particularités de l’hôtel est de ne pas autoriser à amener un tiers dans sa chambre ( si ce n’est en payant un supplément), ce qui n’est pas très pratique dans une ville où beaucoup viennent justement pour ça! A découvrir certes, mais une fois suffit. Sinon, il y a de nombreux hôtels dans la ville, à tous les prix, mais en choisir un climatisé s’impose. Certains qui préfèrent réserver leur budget aux folles nuits, choisissent le camping, assez excentré.
Une journée à Sitgès, à moins qu’il ne pleuve (dans ce cas Barcelone vous attend à 30 kms), est assez stéréotypée. Le lever est tardif, surtout pour ceux qui ont la chance d’être en location car les hôtels ne servent le petit déjeuner que jusqu’à 11 heures, dans ce cas on se recouche après. Ceux qui souhaitent réserver un « transat » en profitent pour aller y poser leur serviette car à l’heure où l’on arrive généralement à la plage vers 14h, il n’ y en a plus et même sur le sable il va devenir difficile de trouver son territoire. La plage se vide entre 18 et 19 heures, le temps de se préparer pour se retrouver au « Parrot» ou dans le jardin du « Romantic » pour un apéritif. Vers 22 heures c’est le départ pour le restaurant, il y en a beaucoup, à tous les prix. Les plus courus, souvent français (de très nombreux commerces de Sitgès sont tenus par des français ou des anglais), comme « Ma Maison », « Les enfants terribles », ou « L’Alma », sont autour de 20 euros par personne sans le vin (nettement moins cher qu’en France). Mais il y a aussi de typiques restaurants espagnols, sans oublier « La Santa Maria » et sa célèbre Paella. Puis vers 24 heures commence la tournée des « bars-boîtes », en fait des bars mais avec une piste de danse. Il y a une dizaine d’années le circuit des bars était assez stéréotypé : « El Candil » d’abord jusqu’à 2 heures, puis « Le Méditerraneo » de 3 à 4 heures du matin (le grand classique de Sitgès, un bel endroit) avant de prendre soit le chemin de «la » discothèque de la ville « Le Trailer », avec notamment ses soirées mousses, certes chaudes mais qui ne sauraient faire oublier celles du Queen, mais j’ai constaté avec regret l’absence de son DJ habituel, Juan Rosé, avec lequel j’avais à plusieurs reprises terminé la nuit il y a quelques années, soit celui de la plage qui dans sa partie qui s’éloigne du centre ville devient un vaste baisodrome nocturne quand les lumières s’éteignent sur la jetée. Ce circuit s’est nettement diversifié car deux établissements sont venus contester la suprématie de « El Candil » en début de soirée : le XXL d’abord, avec une clientèle plus du style « Cox » , une meilleure musique et surtout une backroom très fréquentée bien que très exiguë, dans laquelle il n’est pas facile de se faufiler aux heures de pointe surtout si tel ou tel a décidé se faire enculer en plein couloir très étroit (très souvent sans capote, la « culture » de la capote étant bien moins développée en Espagne qu’en France »), puis maintenant « Le Privilège » à la musique plus branchée et des prix cassés jusqu’à 1 heure du matin.
Le « Trailer » est la seule discothèque gay de Sitgès (il y a aussi « L’Organic » mais il ne semble pas réussir à s’imposer). Sitgès n’est pas une destination pour les « clubbers » comme Ibiza. Cependant un club hétéro, qui nécessite une voiture car excentré (il y a aussi une navette qui part du centre ville), mais donnant sur une plage ce qui peut être assez pratique pour ce que vous imaginez, organise une à deux fois par semaine des soirées gay très, très courues…Et puis Barcelone n’est pas loin…
On regagne donc souvent son « chez soi » au petit matin, du moins si l'on y est en "célibataire", situation que je n'ai connue que durant deux étés il y a une dizaine d'années, dieu sait si j'en ai profité au delà de toute mesure.

J’ai décrit le circuit le plus « branché » mais il y a bien sûr beaucoup d’autres bars gays qui ont leurs habitués, l’historique « Bourbon » par exemple, où surtout le « 7 », tenu par des anglais d’un âge certain et très accueillants, avec une clientèle très bigarrée mais plus âgée en moyenne que celle des bars précédemment décrits, qui fait parfois un peu « province » ou rappelle certaines soirées de « L’insolite » à Paris, le plus chaleureux et le moins onéreux.
Est il vraiment besoin de préciser que c’est une ville qu’il faut aborder avec une certaine « préparation » si l’on vient en couple. J’ai vu naître plus de drames que d’idylles dans cette ville…..

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 22:33

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On progresse à pas de géants dans la connaissance du fonctionnement du cerveau et de ce qu’on appelle la « conscience ». La chirurgie du cerveau, un article du monde vient de le rappeler, qu’il s’agisse de celle des tumeurs cérébrales ou de l’épilepsie, est un des facteurs de ce progrès. Avec l’accord des patients, cela va sans dire (mais mieux en le disant), on stimule avec des électrodes certaines aires cérébrales et ces derniers rendent compte "en direct" des effets de ces stimulations électriques. On vient ainsi de montrer que l'intention et la conscience dépendent d'entités distinctes du cerveau. En stimulant le cortex pariétal (celui de la « sensibilité »), on peut ainsi déclencher chez les patients des déclarations du type : "J'ai voulu bouger ma jambe.", et en augmentant l'intensité de la stimulation ces mêmes patients disent avoir effectué un mouvement, alors qu’il n’en est rien. A l'inverse, la stimulation du cortex qui déclenche le mouvement (cortex prémoteur adjacent) déclenche des mouvements qui ne sont pas conscients ! Ce dispositif expérimental décompose le circuit cérébral qui conduit de l'intention du mouvement à sa réalisation consciente : « stimulées séparément, les structures sont elles-mêmes "inconscientes" des effets qu'elles produisent en amont ou en aval ». Bien plus, on a montré dans certaines expériences dans lesquelles on demande aux sujets de réaliser une tache motrice (par exemple pousser un bouton), que le cerveau montrait une activité électrique avant le moment où ceux-ci déclaraient avoir voulu agir ! Ceci pose la question de la nature du libre arbitre : « sommes-nous des pantins agis par nos neurones, ou bien maîtres de nos actes ? ». On ne sait encore ce qu’est vraiment la « conscience », si ce n’est que « l'accès à la conscience correspond à une activation globale du cerveau. » « d'où vient l'intention elle-même ? Elle dérive, comme tout le reste, de l'activité de notre cerveau, elle-même stimulée par la mémoire, la vie, mais il faudra plus d'une expérience pour le préciser."
On peut imaginer que si l’on se pose la question du libre arbitre (et donc du déterminisme) pour la simple réalisation « d’un mouvement », celle-ci est encore plus prégnante quand il s’agit de nos opinions …
On pourrait encore compliquer le modèle en disant que certains s’attachent à appliquer les principes de la mécanique quantique à l’activité cérébrale, qu’il s’agisse de neurophysiologistes comme le regretté John Eccles, ou de physiciens théoriques comme Roger Penrose. Le monde quantique n’est il pas celui des « intentions de la nature » et de leurs « actualisations » dans le mégavers ?

La nouvelle, récemment publiée, de Stephan Zweig, « Le voyage dans le passé », témoigne de l’impossibilité de le faire revivre (ce passé), de revenir avant qu’il ne bifurque…

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 22:05

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Dans la polémique sur les méthodes d'apprentissage de la lecture, syllabique ou globale, menée par les tenants de l'idéologie "pédagogiste" qui infeste les IUFM, je suis étonné qu'il ne soit jamais fait référence à ce que pourrait apporter dans le débat la "clinique". Je m'explique. Il existe une affection très rare qui consiste en une perte de la possibilité de lire. Il se trouve que j'y ai consacré, il y a bien longtemps, ma thèse de médecine, 400 pages, sous le titre "L'alexie sans agraphie". Elle fût publié par la suite, fruit d'une collaboration avec mon "maître" et chef de service de l'époque. De quoi s'agit il? Le malade, dans sa forme typique, s'aperçoit brusquement en prenant son journal par exemple, qu'il ne peut plus lire, ou plutôt qu'il ne comprend plus ce qu'il essaye de lire qui est devenu pour lui comme "une langue étrangère". Il reconnait bien qu'il s'agit de lettres et de mots, il peut écrire sans problème et bien sûr parler mais il a perdu la faculté de lire.
Cette maladie très rare dans sa forme pure telle que je viens de la décrire est due à une destruction d'un petit territoire de la partie postérieure du cerveau gauche, le plus souvent en raison d'un accident vasculaire, partie nommée "gyrus lingual et/ou fusiforme", qui fonctionne comme un centre de la lecture.
Dans sa forme la plus grave l'alexie est totale, concernant aussi bien les lettres que les mots, mais souvent elle n'est que verbale, ne concernant que les mots. dans ce dernier cas le malade peut lire les lettres individuellement mais ne peut appréhender les mots de façon globale. Pour lire les mots il est obligé de les épeler lettre par lettre avant d'en comprendre soudainement le sens. Quand l'alexie est totale, la méthode utilisée pour essayer de faciliter la lecture est de faire suivre au patient le contour des lettres (qu'il voit très bien) avec son doigt ce qui lui permet parfois de les reconnaitre.
Lors de la récupération qui est lente et souvent partielle, celle de la lecture des lettres précède celle de la lecture des mots qui ne redevient que rarement tout à fait normale.
La physiologie de la lecture, le réel donc, semble peu intéresser les "pédagogistes"!

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 21:44

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Selon un psychiatre responsable de l'association santé des grandes écoles, nos futures élites seraient victimes d'une souffrance psychologique lors de leur passage en classes préparatoires. Pour un tiers il s'agirait d'une simple souffrance et pour près de 20% l'entrée dans la maladie, essentiellement de type dépressif. Et d'incriminer le rythme de travail, la restriction du temps de détente et de la vie amoureuse, et surtout "la chute" des performances, puisque confronté à aussi bon si ce n'est meilleur qu'eux, ces élèves habitués à être toujours premiers, voient leur notes s'écrouler...
Il se trouve que j'ai été élève de telles écoles, Math Sup d'abord, puis un début de Math Spé. La situation n'a pas du beaucoup changer. Effectivement j'ai vécu cette "chute des performances" et la nécessité, pour la première fois de ma vie de travailler une matière, les mathématiques, qui jusque là ne m'avait demandé aucun effort. Il est vrai que de passer des toutes premières places pour se retrouver en milieu de classement demande un certain temps d'adaptation. Quant à la restriction de ma vie amoureuse...je n'en avais de toute façon pas à ce moment là...Je n'ai pourtant pas ressenti de souffrance psychologique et encore moins le besoin de consulter un psychiatre. J'ai contourné l'obstacle en abandonnant la compétition : puisque je ne pourrais probablement pas prétendre réussir aux concours les plus prestigieux (polytechnique , normale sup ou centrale à l'époque), j'ai décidé, sur un coup de tête quelques jours avant mes 20 ans, et en dépit des efforts du proviseur pour me retenir, de ne pas continuer ma deuxième année et de faire médecine...Qui serais je aujourd'hui si je n'avais pas pris cette décision? J'aurais probablement intégrer une école moins prestigieuse que celles que je visais et aurais fini ingénieur ou sur une autre voie que je ne puis imaginer. Quelque part dans le "multivers", j'aimerai bien savoir ce que fait, pense et vit, mon double...
Mais pour en revenir à ce psychiatre, on peut tout de même s'étonner qu'il n'envisage comme cause de la "souffrance" de ses consultants, que "l'environnement" propre aux Grandes écoles et pas du tout la propre structure psychologique des "forts en thème". Il y fait bien une allusion très discrète en mentionnant que ces élèves sont souvent au lycée d'origine des "boucs émissaires". On n'est pas de "très bons élèves" uniquement en fonction d'un quotient intellectuel, certaines structures psychologiques y prédisposent...Cette "forclusion" du génético-biologique" est l'inconscient des psychiatres.

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