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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 22:57
Rêve éveillé

Il y avait de quoi éprouver un certain découragement le week-end dernier, entre les suites de l’affaire Fillon/Jouyet où les «Hollandistes» ont réussi ce tour de force de faire passer Nicolas Sarkozy pour une victime et le cirage de pompes des marcheurs de la «Manif pour tous» par ce dernier.

Dans un ancien billet (http://blog.hyperion.gayattitude.com/20100525224457/ma-gauche), bientôt 5 ans, après la crise des subprimes mais avant celle de la dette, je m’interrogeais sur la persistance de mon appartenance à « la gauche » que la constance de mon vote pour le parti socialiste à chaque élection déterminante ( à l’exception notable du premier tour de l’élection de 2007 qui me vit préférer le béarnais) me semblait valider.

Aujourd’hui la réponse serait plus complexe. De gauche peut-être encore, mais laquelle ? Je n’imaginais pas - contrairement au vœu d’Edgard Morin dont je rendais compte dans ce billet sans y adhérer - qu’au lieu de voir se rassembler les trois familles fondatrices (libertaire, socialiste et communiste) de la gauche avec celle des écologistes, on allait au contraire assister, deux ans après la prise du pouvoir par le parti socialiste, à une fragmentation radicale de ce dernier. Un article récent du journal libération (« Pourquoi la gauche peut mourir ») présentait le peuple de gauche comme une « famille décomposée » en six nébuleuses, dont quatre pour le seul parti socialiste. Ce dernier, autrefois partagée entre les héritiers d’Epinay ( congrès où Mitterrand prit le parti en 1971) et la « deuxième gauche » (Rocard/CFDT), se voit maintenant éclatée (selon la terminologie de l’article en question) en : « socialistes classiques », encore majoritaires autour d’Aubry et Cambadélis auxquels, disons culturellement, Hollande se rattache encore ; « antilibéraux » qui ont rejoint, du moins dans le discours, le front de gauche et les communistes (« les frondeurs») ; « conservateurs de gauche », défenseurs des traditions, avec Ségolène dans les pas de Jean-Pierre ; « sociaux-libéraux » , fils spirituels de la deuxième gauche, sous la houlette de Valls. Les écologistes ne sont pas en reste, maintenant divisés entre « sociaux écologistes » menés par Cécile Duflot et « écologistes centristes » derrière Cohn-Bendit et Placé.

Inutile de préciser ma proximité avec les « sociaux-libéraux », ce qui pourrait me mettre dans une situation fort inconfortable lors de la prochaine élection présidentielle, car je vois mal ces derniers devenir majoritaires au sein du PS et même loin d’être en position de remporter une future primaire. Devrais-je donc désespérer et me résigner à l’abstention, y compris en cas de présence quasi certaine de la fille du borgne au deuxième tour, si Manuel Valls n’est pas le prochain candidat du parti ? Peut-être pas si l’on prend conscience, à côté d’une montée des extrêmes à droite avec la progression incessante du Front national et la perspective cauchemardesque d’un retour de Sarkozy, d’un phénomène bien moins médiatisé qu’Alain Duhamel définit comme une «résurrection des modérés», qui va des sociaux-libéraux à Alain Juppé, en passant bien sûr par les «centristes». Peut-on rêver qu’ils s’entendent et offrent une alternative à un duel Le Pen/Sarkozy ?

Il ne serait pas nécessaire d’attendre encore plus de deux ans pour sortir de la situation délétère dans laquelle nous sommes si une idée machiavélique, la seule qui puisse le sauver, digne de son illustre prédécesseur socialiste dans la fonction, pouvait germer dans l’esprit de François Hollande. Ayant définitivement perdu le contrôle des sectes paranoïaques que sont les antilibéraux et les sociaux écolos, et pas loin de perdre celui d’une partie des socialistes classiques, il pourrait, avec l’accord de la quasi-totalité des partis politiques à l’exception de l’UMP, introduire la proportionnelle intégrale avant de dissoudre ! Il pourrait ainsi espérer une recomposition accélérée du paysage politique avec un gouvernement « d’union nationale » alliant, les sociaux libéraux, les centristes, les écolos centristes, une partie des socialistes classiques et peut être même la partie modérée de l’ UMP ….

Je rêve bien sûr, alors autant se retourner vers les étoiles et vous dire mon enthousiasme pour le film de Christopher Nolan, « Interstellar». Je suis peut-être trop âgé pour éprouver cet état de sidération émerveillé, dont l’adolescent que j’étais avait fait l’expérience à la projection de «2001, Odyssée de l’espace », mais même si Nolan, aussi grand réalisateur soit-il, n’est pas Kubrick, l’ombre du chef-d’œuvre de ce dernier hante son film. Difficile de ne pas établir des parallèles : mission spatiale en quête des origines de l’humanité dans l’un, de son avenir dans l’autre ; paranoïa mettant la mission en péril , d’un ordinateur dans l’un, d’un membre de l'équipage dans l’autre; odyssée métaphysique matérialisée par le monolithe noir dans l’un, par la référence à ces mystérieux « ils » donnant accès aux multiples dimensions du monde quantique dans l’autre ; vieillissement final du héros dans l’un, de sa famille dans l’autre… Si le "ils" du film de Nolan c'est "nous" comme son héros en fait l'hypothèse, «l’enfant des étoiles», image finale et énigmatique du film de Kubrick, symbolisant l'accès de l'humanité au stade cosmique de la conscience, ne pourrait-il pas être ce "nous"?

« Que pensez-vous de François Hollande ? Réponse : rien. Vous m’avez déjà posé la même question et j’ai fait la même réponse. Mais en fait je pense quelque chose. Je crois que cet homme est gentil. Il me faut chatouiller d’ailleurs en vain mes neurones les plus sadiques avant de trouver une expression que vous n’avez pas déjà entendue. Cela me procure une grande tristesse personnelle, une certaine mélancolie pour la France.» (Jean Daniel, édito de L’ Observateur, 13/11/2014)

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 22:34
Le Royaume

L’ été avait été fort contrasté quant à mes plaisirs de lecture : de l’enthousiasme avec un thriller haletant que vous n’arrivez pas à lâcher, « Je suis Pilgrim », qui au-delà de quelques réflexions discrètement islamophobes qui raviraient Zemmour, donne une vision terrifiante et réaliste de la dérive du terrorisme islamique vers les actes isolés ; à la déception avec le dernier roman fleuve de Donna Tartt, « Le Chardonneret », pourtant encensé par la critique, mais qui après une description éblouissante des conséquences d’un attentat au Metropolitan Museum, m’a plongé dans un ennui certain (je dois avouer avoir lu des pages entières en diagonale), n’arrivant que par intermittence à m’intéresser aux (més)aventures de son héros à l’homosexualité profondément refoulée, en dépit de la virtuosité narrative de l’auteur.

Enfin arrivé enfin au bout des 700 pages de ce roman, j’étais impatient de me plonger dans le livre dont on parlait le plus en cette rentrée littéraire. Ces dernières années un tel engouement, des «Bienveillantes» de Jonathan Little à « La carte et le territoire » de Houellebecq - deux grand moments de lecture – annonçaient le prix Goncourt. Ce ne sera pas le cas avec « Le Royaume » d’Emmanuel Carrère qui a été systématiquement éliminé des sélections. Ostracisme vis-à-vis d’un écrivain, peu probable, ou plutôt christianophobie ? Il s’agit en effet d’un enquête romancée sur les origines du christianisme…

Le sujet ne pouvait que me passionner- fasciné depuis toujours été par les évangiles – d’autant plus que j’avais fort apprécié « la moustache » et surtout son livre sur Philippe K Dick, « Je suis vivant, vous êtes mort », deux de ses précédentes oeuvres. J’ai dévoré cette reconstitution très documentée des débuts du christianisme à travers l’histoire des premières communautés chrétiennes et notamment celles de Saint Paul et de Saint Luc –médecin macédonien, compagnon de Paul, auteur des Actes des apôtres et du troisième évangile - tachant de répondre à cette incroyable énigme : comment une secte fondée sur cette croyance absurde « d’un homme revenu d’entre les morts », a-t-elle pu devenir une église universelle, l’Eglise?

Il aurait pu en être autrement si plusieurs « nœuds temporels » ne s’étaient succédés sur trois siècles :

* La décision de Pilate tout d’abord, préalable indispensable à la mise en place de ce conte fantastique. Que serait-il advenu s’il avait dit non aux Prêtres ?

* La chute de Jérusalem ensuite, 70 ans plus tard, qui va faire des juifs, et donc des judéo-chrétiens des proscrits, étouffant la voix des disciples les plus proches de Jésus, Jacques son frère, véritable leader de l’église primitive et les apôtres Jean et Pierre, les plus légitimes à répandre son enseignement, laissant le champ libre aux « chrétiens », disciples du « trublion déviationniste » Paul qui prône une église universelle et déjudaïsée (origine sans doute de l’accusation d’antisémitisme portée à son encontre). Les fondateurs sont devenus des hérétiques…Que serait-il advenu du christianisme si sa parole dominante était restée celle de la secte intégriste de Jacques, ou de celle « ésotérique et paranoïaque » de Jean (auteur de l’Apocalypse dont les imprécations visent, à n’en pas douter selon Emmanuel Carrère, Paul et ses disciples - la synagogue de Satan - accusés de « manger de la viande ou d’en laisser manger »). C’est sur ce qui restait de leur secte que Mahomet se serait fait une idée de Jésus…L’auteur fait un parallèle avec cet autre religion que fût le communisme post Lénine, mais avec cette différence essentielle : dans l’église primitive, c’est Trotski qui l’a emporté sur Staline…

* La conversion de Constantin enfin, qui par la voie de la mondialisation romaine va en faire la religion officielle de l’empire.

Les mondes alternatifs - les univers parallèles - qu’on pourrait imaginer, conséquences d’un « dénouement » autre de ces potentielles bifurcations temporelles illustreraient à merveille le livre que le psychanalyste et essayiste Pierre Bayard, « Il existe d’autres mondes », vient de consacrer au paradoxes de la mécanique quantique (« Le chat de Schrödinger »).

Bien d’autres sujets sont abordés dans ce monument littéraire où la vie personnelle de l’auteur ( reproche qui lui a été fait dans la critique très négative des staliniens de Mediapart) est omniprésente. L’auteur dit en effet "d’où il parle", narrant sa crise mystique et sa conversion , puis sa « déconversion », faisant de lui un agnostique qui ne croit pas que le Christ soit ressuscité :"« Non, je ne crois pas que Jésus soit ressuscité. Je ne crois pas qu'un homme soit revenu d'entre les morts. Seulement, qu'on puisse le croire, et de l'avoir cru moi-même, cela m'intrigue, cela me fascine, cela me trouble, cela me bouleverse". Mais comme il le précise si justement, l’agnosticisme ( qui est mon état de conscience) n’est pas plus neutre que l’apolitisme…Si se dire « ni de droite ni de gauche » fait suspecter une position qui penche plutôt à droite, se dire agnostique c’est tout de même ne pas totalement écarter la possibilité …de la résurrection.

J’ai terminé la lecture du Royaume au moment où se déroulait le synode des Evêques à Rome. Comment ne pas faire le rapprochement, et se demander qui des Evêques conservateurs ou du « trublion déviationniste » jésuite à la tête de l’Eglise finira par l’emporter…

Le dernier film de Woody Allen, « Magic in the Moonlight », savoureux et magique m’a semblé une bonne illustration de ce billet. Sa « morale » n’est-elle pas : il n’y a pas "d' au-delà", mais y croire peut parfois avoir des effets positifs…

"Je ne fais pas le bien que j'aime, mais le mal que je hais" (Saint Paul)

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 09:10
A propos de Xavier Dolan

Difficile de ne pas rester sonné quelques instants sur son fauteuil après la projection du dernier film de Xavier Dolan. J’ai déjà dit sur ce blog mon enthousiasme pour ses précédentes réalisations, depuis « J’ai tué ma mère », réalisé alors qu’il avait 18 ans (http://limbo.over-blog.org/article-un-cineaste-gay-xavier-dolan-50894311.html).

Génie de la mise en scène, interprétation ahurissante des trois principaux personnages, bande originale surprenante, font de "Mommy", chronique des relations impossibles entre une mère en rupture sociale et son fils psychopathe, un inoubliable moment d’émotion. Son passage à Paris, à l’occasion de la sortie de son film, aura donné l’occasion à Xavier Dolan de s’expliquer sur ses propos (mal reçus par les milieux LGBT) concernant la Queer Palm qui lui a été attribuée pour «Laurence Anyways» (les qualifiant de "mal choisis" : «que de tels prix existent me dégoute») , regrettant le caractère ghettoïsant de telles récompenses qui font d’un film tourné par un homosexuel, et traitant de ce sujet, un film « gay». Il est vrai que Mommy est son premier film sans aucune référence à ce thème. Occasion aussi pour lui de croiser, sans qu’il n’y ait malheureusement eu de confrontation directe, Eric Zemmour sur le plateau de « On est pas couché » («"J’aimerais ne plus accorder une seule seconde de mon existence à... cet être"), ou de réagir sur Europe n°1 à la «manif pour tous» (http://www.europe1.fr/cinema/manif-pour-tous-la-colere-de-xavier-dolan-2251999Xavier Dolan).

Si l’on peut comprendre que les propos anti communautaristes de Zemmour soient taxés d’homophobie, on se demande quelle mouche a bien pu piquer Edouard Louis (« Eddy Bellegeule ») et son mentor Didier Eribon pour intenter un procès stalinien au philosophe et historien de gauche Marcel Gauchet, appelant à boycotter les rencontres de Blois où il devait tenir la conférence inaugurale : « Contre quoi Gauchet s’est-il rebellé dans sa vie si ce n’est contre les grèves de 1995, contre les mouvements sociaux, contre le PaCS, contre le mariage pour tous, contre l’homoparenté, contre les mouvements féministes, contre Bourdieu, Foucault et la ‘pensée 68’, contre les revendications démocratiques? ». Caricature de ses propos jusqu’au mensonge (Gauchet a réaffirmé son accord avec le mariage pour tous…) qui dissimule en fait la vrai raison de cette haine : Gauchet est un « hérétique », il a osé contester les analyses de Bourdieu et Foucault, Bourdieu surtout dont il a déploré « l’effet désastreux de sa pensée dans le champ éducatif », moins Foucault si ce n'est pour son « Histoire de la folie à l’âge classique qui aurait contribué au désastre du champ psychiatrique en amenant certains à nier le concept même de folie ( reproche à mon sens excessif, car s’il est vrai que Foucault a pu inspirer le mouvement antipsychiatrique, l’effet négatif de sa pensée sur la clinique psychiatrique me semble secondaire à côté de celle du mouvement lacanien).

Si la « rébellion » n’a pas d’autres « penseurs » à opposer à ceux de la « réaction » il ne faut pas s’étonner que le dernier livre d’Éric Zemmour soit en tête des ventes, que son simple passage à une émission suffise à faire exploser l’audimat et que son courant de pensée soit sur une pente ascensionnelle. J’aurais eu presque pitié, l’autre soir, d’Aymeric Caron (presque seulement parce que pour un « végétarien » la pitié est au-dessus de mes forces), tant il n’ était pas au «niveau» face à l’auteur du «Suicide français». Laurent Ruquier aurait dû s’en douter (il sait bien que du temps de Naulleau et Zemmour justement, les procureurs étaient bien plus brillants….) et faire appel, comme il le fit une fois me semble-t-il, le temps d’une émission, au double de Zemmour, à l’autre extrême de l’échiquier politique, Edwy Plennel : le pire des deux côtés, mais pas des imbéciles (pour plagier Jacques Attali à propos du premier).

Nos penseurs de la rébellion, disciples de Foucault, sont-ils aussi à l’aise avec la partie de son œuvre qui traite de l’invention de la sexualité et qui met à mal la «fameuse et fictive tradition judéo-chrétienne» sur laquelle est bâti le cliché d’un christianisme répressif (http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140625.OBS1587/michel-foucault-l-invention-de-la-sexualite.html)? A l’opposé, les meneurs de la « Manif pour tous » sont-ils à l’aise avec l’improbable « révolution sur la famille » qu’un jésuite, devenu Pape, est en train d’insuffler à l’Eglise lors du synode en cours ( a-t-on remarqué l’absence de la hiérarchie catholique l’autre dimanche, notamment celle de l’archevêque de Lyon…) ? La deuxième saison de l’excellente série « Ainsi soient ils » sur Arte ne pouvait mieux tomber…

Je viens d’entamer la lecture du « Royaume » d’Emmanuel Carrère.

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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 20:23
Sitges ou mykonos?

Le désir de Bertrand, moins casanier que moi, de changer un peu d’air, et les incitations d’un couple d’amis habitué du lieu - dont l’un allait être mon témoin de mariage à notre retour- m’avaient convaincu de renoncer à notre destination estivale quasi-immuable depuis des années, Sitges, pour aller enfin découvrir un autre lieu gay mythique, Mykonos…

Le plus simple aurait sans doute été, comme nos amis, de prendre un vol Easyjet, seule compagnie à desservir directement Mykonos depuis Paris, mais j’évite ce transporteur depuis que j’ai eu à acquitter -un retour de Barcelone il y a 10 ans - pour un excédent de bagages de moins d’un kilo, un prix supérieur à celui du billet. Le tarif pratiqué par Air France sur Athènes étant plus que compétitif, c’était l’occasion d’y faire un bref séjour à l’aller comme au retour et de permettre à Bertrand d’en visiter l’essentiel. Nous n’eûmes guère le temps, en dehors de la visite de l’Acropole, de faire autre chose que de flâner dans le quartier de Plaka, si animé le soir, de traverser la place Syntagma ( dont la transformation ne m’a pas paru très heureuse) et de contempler la ville depuis le mont Lycabette. Faire l’ascension de l’Acropole par près de 40 degrés ne fut pas particulièrement réjouissant mais j’ai découvert un Parthénon en bien meilleur état que celui du souvenir que j’en avais - il y a plus de 20 ans - témoignage d’une ambitieuse restauration toujours en cours - et de parcourir son superbe musée.

La vie gay est réputée se concentrer dans la quartier de Gazi que nous avons trouvé assez peu animé – sans doute y sommes-nous allé trop tôt dans la soirée, qui plus est en plein mois d’Aout – mais un «dieu grec», rencontré sur Grindr, nous fit découvrir une rue gay friendly et un de ses bars le «Rooster» à deux pas de Plaka et de notre hôtel.

Il s’en est fallu de peu, quelques minutes tout au plus, que le Ferry qui devait nous amener d’Athènes à Mykonos ne partit sans nous, le réceptionniste de l’hôtel nous ayant donné une information erronée sur le temps de transport, le Port du Pirée se révélant fort encombré, même à l’aube. Plan galère évité de justesse, avant une longue traversée qui me permit de terminer un premier roman de Pierre Vens, « Nuit Grecque », récit bien peu crédible du « coup de foudre », dans un bar d’Athènes, d’un chef d’entreprise quadragénaire et père de famille, pour un jeune homme frivole, à la beauté diabolique qui semblerait bien avoir tous les attributs du gigolo, si par un basculement inattendu la fin du roman, atténuant la déception, n’amenait à porter un autre regard sur le personnage.

Nous atteignîmes enfin notre hôtel, exclusivement gay, perché sur une petit colline surplombant la ville - ce qui nous promettait déjà un exercice physique pluriquotidien - et dont les prestations, notamment les sanitaires exigus, allaient se révéler assez éloignées de ce qu’on aurait pu attendre d’un hôtel de même catégorie que ceux dont j’avais l’habitude à Sitges (nous étions cependant prévenu : Mykonos est fort cher). Le personnel, presque exclusivement jeune et masculin, était serviable et chaleureux, si chaleureux même le matin au petit-déjeuner avec certains clients que l’on se demandait jusqu’où avait bien pu aller leurs « services »…

Il me fallut un peu de temps pour trouver mes marques sur cette île où nous ne connaissions personne ( nos amis n’arrivant que quelques jours plus tard) tant tout est moins simple qu’à Sitges. Les plages gay sont fort éloignés de la ville - si vous n’êtes pas motorisé il faut se résoudre à prendre des bus publics pour Elia (avec une fréquentation comparable à celle du métro aux heures de pointe) ou privés pour Super Paradise (mais cela se paie…) - et les bars souvent perdus dans la profusion des ruelles quasi labyrinthiques envahies par la foule des touristes. Puis au fur et à mesure qu’on se familiarise avec les lieux, on tombe sous le charme de Mykonos et de ses quartiers, kastro, la petite Venise, le port, baignés par une chaleur rendue presque agréable par une brise quasi continue.

Mykonos est plus romantique que Sitges, car moins « communautariste » et donc, d’une certaine façon, moins sexe. Il n’y a pas à proprement parler de quartier « gay », les établissements se trouvant espacés dans le village, non concentrés dans certaines rues rapprochées et aucun, à ma connaissance, n’est destiné à une consommation sexuelle immédiate comme dans la rivale espagnole. Vous n’y croisez que rarement des visages familiers de piliers du Marais, la population gay est nettement plus internationale et les seniors » y sont sans aucun doute plus nombreux et à l’aise, les seuls d’ailleurs à pratiquer le naturisme, pourtant autorisé, sur les plages gays. Le sexe « à l’air libre » est certes possible, sur les rochers de la plage d’Elia, ou fort tard au cœur de la nuit sur les rochers du quartier de kastro, mais au prix d’un goût prononcé pour l’exhibitionnisme…. Comme Sitges (mais Barcelone n'est pas loin), Mykonos n'est pas le paradis des clubbers, on n'y trouve pas de véritables discothèques gays. A part le Sunset bar de l’hôtel Elysium avec sa vue splendide sur la baie et son spectacle de travestis - point de départ le plus branché de la soirée - et le JackieO avec sa terrasse sur le port, la plupart des bars - Lola, Sophia, ou Porta, mon préféré – sont plutôt « intimistes » et peu ouverts sur l’extérieur pour permettre de s’y rassembler. On y trouve même un charmant piano bar, le Montparnasse, où les gays s'entassent pour écouter de la musique américaine. Peut-être faut-il attribuer à cette organisation différente de la vie gay, le rendement nettement plus efficace qu'à Sitges, selon mon expérience, de l’utilisation des « applications » de rencontre, surtout Grindr.

Ibiza pour les clubbers, Sitges pour le sexe facile et Mykonos pour le flirt romantique? L'occasion vous est parfois donnée de ne pas avoir à choisir, ayant pu profiter des quelques jours de congé marital pour rejoindre Sitges début septembre. Lors du premier séjour que j’y fis en 1981, à la même période de l’année, ce village m’était apparu comme une enclave homosexuelle en terre catalane, alors que ces dernières années il m’avait semblé que notre « territoire » n’avait cessé de se rétrécir au fur et à mesure que la station balnéaire devenait le lieu à la mode des familles barcelonaises.

Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver cette atmosphère de village gay, réalisant que cette sensation que j’avais eu de colonisation hétérosexuelle était en partie la conséquence de notre choix systématique de la première quinzaine d’ août depuis des années. Certes, il y avait sans aucun doute moins de gays qu’à l’acmé de la période estivale, notamment beaucoup moins d’habitués du « Marais», mais les familles ayant repris le chemin de l’école, nous donnions l’impression d’occuper la rue, sentiment renforcé par la coïncidence d’une partie de notre court séjour avec la début de la semaine de « l’internationale Bears ». Je ne me souviens pas avoir eu l’occasion de croiser tant d’obèses hirsutes !

A notre retour sur Paris nous avons pu voir un petit film tendre, touchant, drôle et parfois amer, «Boys like us» - histoire d’un trentenaire qui, largué par son mec, va se ressourcer dans sa profonde Autriche natale, accompagné de ses deux meilleurs amis, dont l’un est une folle déjantée accroc à son psychanalyste et l’autre un drogué de la drague - et surtout le jubilatoire et oh combien touchant « Pride », qui narre la rencontre incroyable et pourtant authentique de militants gays avec les habitants d’un village de mineurs en grève contre Margaret Thatcher pour lesquels ils ont décidé de lever une collecte de solidarité lors de la gay pride à Londres en 1984. Courez-y si ce n’est déjà fait….

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 20:33
Requiem pour une gauche révée

François Hollande, sans l'élection duquel je n'aurais pu me marier le week-end dernier, m'a sans le savoir fait un beau cadeau avec la nomination de son nouveau gouvernement. J'avais assisté atterré, le week-end précédent, à la bouffonnerie théâtrale de Montebourg dans laquelle s'était fait piéger ce pauvre Benoit Hamon, qui lui au moins a l'excuse de la sincérité, sans imaginer un instant que cela allait enfin provoquer la clarification radicale dont je rêvais depuis des lustres, depuis sans doute que le concept de deuxième gauche avait émergé dans les années 80 autour de Michel Rocard et de la CFDT.

Une gauche enfin prête a affronter le réel , débarrassée de son idéologie dix-neuvièmiste...mais trop tard, beaucoup trop tard, car non seulement ce gouvernement n'a plus vraiment de majorité - ah si Hollande avait accepté la main tendue du béarnais il y a deux ans - mais le niveau de popularité de notre président est incompatible avec la mise en œuvre d'une politique qui va heurter de pleins fouets tant de corporatismes.

Ma discrète jouissance de découvrir un gouvernement débarrassé des écologistes, des fidèles d'Aubry, des "Robespierristes" et de leur bouffon (dont d'ailleurs les frondeurs ne veulent pas...), de voir arriver à l'économie un disciple de Michel Rocard, protégé de Jacques Attali, d'assister au remplacement d'Aurélie Filippetti par celle qu'elle avait fait écarter de la montée des marchés au dernier festival de Cannes de peur qu'elle ne lui fasse de "l'ombre", de savourer la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à l'éducation et même le maintien de la ministre de la justice (on lui doit tant...), risque d'être bien éphémère, de quelques semaines a quelques mois avant que le sol ne se dérobe définitivement sous les pieds de François Hollande, le tout mis en musique par l'infâme miss Tweet que "Closer" devrait s'empresser d'engager. Serais-je le dernier des Hollandais?

Dans l'avion qui nous amenait à Sitges pour quelques jours, "voyage de noces" décidé du jour au lendemain, une façon de tester le devoir de fidélité que nous a rappelé le maire samedi dernier, j'ai découvert un article récent du Monde selon lequel la plupart des mariages gay célébrés depuis un an se sont moulés dans le conformisme bourgeois des mariages hétérosexuels -rares seraient les provocations - et les seules ombres au tableau viendraient parfois de l'hostilité familiale persistante ou des réticences de certains gays qui se refusent d'oublier les luttes des années 70. Le notre, seize ans presque jour pour jour après notre rencontre dans un endroit que la morale hétérosexuelle réprouve, n'a pas dérogé a cette tendance, avec un discours sobre du jeune adjoint à la maire socialiste du 12e arrondissement - il a juste mentionné le récent vote de la loi - qui s'est contenté de nous lire les articles essentiels de nos droits et devoirs en nous épargnant, heureusement, tout ce qui pouvait avoir trait aux enfants... Aucun problème du côté de la "famille", qu'il s'agisse de celle de Bertrand, notamment sa mère qui ne pût contenir son émotion lors d'une brève intervention, ou de la mienne (je n'ai plus que mes neveux) dont l'absence ne traduisait aucunement une désapprobation mais la réponse naturelle à un oncle qu'ils avaient si peu vu.

Nos amis étaient presque tous là - même celui qui, quoique gay, restait opposé à cette loi- parfois venus de loin, dont Jean, 85 ans, affaibli, se déplaçant difficilement, mais qui voulait à tous prix assister à un événement dont il n'avait jamais imaginé qu'il puisse se produire de son vivant. Il serait malhonnête de ma part de cacher que, moi qui affirmait ne voir dans cet évènement qu'une formalité administrative, je fus aussi gagné par l'émotion. Plus étonnant peut-être, l'accueil plutôt chaleureux teinté de curiosité, qu'a provoqué l'annonce de mon mariage (justifiant ainsi mon absence pour congé marital) dans le cadre de mon travail, jusqu'au point qu'on me propose de fêter l'événement dans mon département - comme c'est la coutume pour tout mariage hétéro-, proposition que j'ai cependant décliner...

Alors que nous faisions notre "running" sur la jetée qui borde la baie de Sitgès, nous avons eu la surprise de découvrir la célébration d'un mariage lesbien sur la plage, nous rappelant ainsi qu'au delà des déclarations électorales, la loi sur le mariage gay devrait résister à une arrivée, plus ou moins proche, de la droite au pouvoir...Enfin devrait, car on ne peut plus tout à fat exclure une descente aux enfers..

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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 21:19
Déculturation gay

Les plus de cinq heures de la traversée en Ferry d'Athènes à Mykonos m'ont laissé le loisir de parcourir quelques articles des revues mises a disposition dans l'avion que nous avions pris deux jours plus tôt et qui concernaient des sujets maintes fois abordés dans ce blog.

Une étude universitaire, parue dans une revue sociologique américaine, confirme le lent déclin, quoique d'ampleur inégale selon les villes, des quartiers "gays". Ce phénomène, paradoxalement, semble la conséquence du rôle clé qu'ont joué ces "villages" dans la conquête de nos libertés. La diminution de la population gay, d'environ 10% sur ces dix dernières années, serait du a la conjonction de deux facteurs :

* l'augmentation du prix de l'immobilier -favorisée par la rénovation des immeubles et l'implantation de commerces suscitée par les gays - obligerait les moins favorisés d'entre nous et nombre d'établissements commerciaux a s'installer ailleurs. J'avais consacré un billet nostalgique à cette évolution dans le "marais" (http://limbo.over-blog.org/article-une-melancolie-gay-47494201.html).

* l'acceptation sociale croissante par la population hétérosexuelle, dans les grandes métropoles, de celle homosexuelle, entraînerait une augmentation de l'installation des familles dans ces zones et parallèlement une propension croissante des gays a investir des quartiers "familiaux".

L'auteur de cette étude souligne avec raison le risque que fait courir ce déclin à la culture gay : "Les quartiers gay ont été fondamentaux dans la lutte pour la liberté, et ils ont produit des contributions qui ont eu des répercussions mondiales, dans les domaines de la politique, aussi bien que dans ceux de la musique, de la poésie ou de la mode....L’acceptation croissante des couples de même sexe est extrêmement positive, mais il est important que nous continuions à trouver des moyens de préserver ces espaces culturellement importants".

Les stakhanovistes du droit a l'indifférence ne doivent cependant pas se réjouir trop vite, Il serait prématuré de conclure a la disparition, dans un avenir plus ou moins lointain, de ces enclaves communautaires, d'autant plus qu'elles sont loin d'être la seule façon dont s'organise la communauté gay dans les grandes villes (voir le billet consacré au récent livre de Frédéric martel, "global gay" (http://limbo.over-blog.org/article-global-gay-115565360.html) et que la où elles perdurent, elles se montrent encore fort vivantes. Il serait intéressant, l'étude en question ne semble pas avoir abordé ce point, de vérifier si cette évolution vers le déclin concerne aussi les paradis gays que sont Sitges, Ibiza, Mykonos, Provincetown, etc...? L'hôtel dans lequel nous sommes descendus à Mykonos a trouvé un moyen efficace de limiter la tendance des hétérosexuels a venir coloniser nos lieux mythiques en instaurant un processus de réservation dont les enfants sont exclus! Mais cette ligne Maginot pourrait bien elle aussi finir par céder si la normalisation "hétérosexuelle" de notre culture, après nous avoir imposer le mariage, incitait de plus en plus de gays à adopter des enfants ou de lesbiennes à en mettre au monde. ..

Si l'obligation qui nous a été faite de nous marier pour que nous puissions jouir pleinement des droits légitimes du couple participe de ce mouvement de "petite" déculturation ( pour la distinguer de la "grande" que Renaud Camus applique à un tout autre domaine...), cela n'est pas sans effet boomerang sur les "hinarces" (je traduis pour les béotiens de la culture gay :hétérosexuels), ce que mon prochain mariage vient de me donner l'occasion de le constater. Mon "ex", récemment marié, m'avait prévenu : "tu verras, ça change le regard des autres". Je dirais plutôt que ça l'attise. En effet, si les parents de Bertrand ont compris que nous voulions donner à cette cérémonie - que personnellement je n'envisage que comme une formalité administrative - un caractère strictement intime, ils ont tenu à ce que nous marquions tout de même l'événement par une petite réunion festive avec la très proche famille et les amis intimes. Bertrand se résolut donc à prévenir sa tante à laquelle il n'avait jamais parlé de son homosexualité. Si elle n'a pas paru surprise de cette dernière ("on s'en doutait un peu"), elle s'est étonnée de n'avoir pas été informée , au moins par sa sœur, d'une vie de couple durant depuis 16 ans. Après s'être enquise de ma profession ("il s'est bien débrouillé ton fils" a-t-elle dit à la mère de Bertrand....), elle a précisé qu'elle tenait à être présente. Pure curiosité selon Bertrand, "elle veut voir à quoi tu ressembles et où nous vivons (la réunion festive se déroulant dans notre appartement)". Quelques semaines plus tard, son fils, qui n'a pourtant pas reçu de "faire-part", a envoyé un SMS à mon futur "mari" pour le féliciter et s'inquiéter du moment où fêterions cela! "Entrée gratuite au zoo" ai je dit cyniquement à Bertrand ( nous sommes très proches de celui de Vincennes). Ma seule famille se limitant à mes neveux, je n'ai pas eu de problème de ce côté là.

Le maire du 12e, ou un de ses adjoints, va donc très prochainement nous lire le texte officiel qui fait de la fidélité une des exigences du mariage. Une universitaire, Claude Habib, selon un article que j'ai pu lire dans libération, vient de publier un livre (Le goût de la vie commune) qui ferait l'éloge du couple et de la fidélité, en faisant de l'ennui et du renoncement à la sexualité "la condition sine qua non de la vie à deux..." : "l'attraction initiale est érotique et sentimentale, mais cet attrait initial ne dure pas. Il faut renoncer à la sexualité dans sa véhémence première.....il faut savoir aménager une entente qui vaille qu'on y renonce....". Parlant de l'instabilité des relations homosexuelles, elle répond au journaliste qui lui oppose l'aspiration de certains d'entre eux au couple : " oui, mais ce sont eux qui ont inventé les backrooms. L'attachement est une capacité féminine ...".Sidérant. Inutile de préciser que je ne me résigne pas à l'ennui et à la chasteté. Je ne crois pas non plus que ce qui est central dans le couple "c'est la jouissance des différences" mais plutôt celle des "ressemblances" et l'acceptation des différences.

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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 21:53
Aux mains des hommes

Lorsque les djihadistes de l'Etat islamique (EIIL) ont annoncé, il y a peu, le rétablissement du califat, pour l’instant de l’Irak à la Syrie, je n’ai pu m’empêcher de penser au roman de science-fiction de Dan Simmons, dont j’avais dit quelques mots il y a plusieurs mois : « Le dernier roman, controversé, de Dan Simmons (l’auteur d’Hyperion et de l’Echiquier du mal), Flashback, nous décrit également un univers apocalyptique, allant au-delà des pires cauchemars de Renaud Camus : un monde partagé entre un Califat Global ayant thermo-nucléarisé Israël et qui s’étendrait du Pakistan au Canada, en englobant l’Europe et la suprématie d’un Japon gouverné par des castes à l’organisation médiévale et qui, à la suite de l’effondrement de la Chine, est devenu le tuteur d’une Amérique en proie au chaos intérieur et à l’invasion des Etats du Sud par le Mexique. La description d’une Amérique en faillite financière et morale, conséquence des politiques désastreuses de l’administration Obama - dépenses sociales inconsidérés, soumission aux délires écologistes sur le réchauffement climatique et tolérance à l’égard de l’Islam…….. ».

La situation actuelle - conflit israélo-palestinien, décomposition de l’Irak et de la Syrie, tension entre Chine et japon, guerres aux portes de l’Europe, risque nucléaire iranien, émeutes pro-islamiques en France – jointe à la faiblesse et l’indécision de l’administration Obama, président qui ne s’est pas montré à la hauteur des espoirs mis en lui, peut amener à se demander si cette vison romanesque, diversement accueillie (http://www.huffingtonpost.fr/philippe-kieffer/dan-simmons-flashback_b_1651533.html ; http://www.causeur.fr/science-fiction-dan-simmons-une-decadence-19764.html) de Dan Simmons relève du délire paranoïaque ou de la prémonition….Jacques Attali ne disait-il pas récemment que nous étions en 1914 « Il y a eu 1914 et les 75 ans de barbarie qui ont suivi. Nous nous trouvons aujourd’hui à une étape semblable».

Hasard de parution, vient de sortir le deuxième tome d’un autre roman de science-fiction, «Silo». A l’origine nouvelle publiée sur internet, qui, plébiscitée, s’est progressivement étoffée, par suites successives, jusqu’à la dimension d’un roman. Le premier volume décrit un monde post-apocalyptique où les êtres humains vivent dans d'immenses silos enterrés, construits en étages hiérarchisés en fonction des classes sociales, autour d’un interminable escalier central, pour se protéger des conditions de vie mortelles qui règnent à la surface de la planète. Ceux qui régulièrement se révoltent, enfreignent les lois du silo et surtout mettent en doute la réalité de ce qui se passe à la surface, en sont immanquablement expulsés et envoyés à une mort certaine retransmise en direct par des caméras extérieures.

Le deuxième volume de ce roman qui appartient à la catégorie des « contre-utopies »,tels les mythiques « Monde inverti » de Christopher Priest ou « Delirium Circus » de Pierre Pelot, plus maitrisé et passionnant que le premier tome dont on sent qu’il a été artificiellement étiré - Hugh Howey n’a pas le talent littéraire de Dan Simmons – nous révèle peu à peu l’origine de la création des silos : une décision de l’administration démocrate pour faire face à la menace imminente d’une arme nano-bactériologique mise au point par l’Iran en guerre larvée avec les Etats-Unis…mais aussi la planification criminelle d’une « nouvelle (in)-humanité ». Le troisième tome, attendu avec une certaine impatience pour la rentrée, devrait nous révéler quelques surprises quant à ce que vont découvrir les « révoltés ».

La frontière entre l’humanité et l’inhumanité, c’est ce qu’explore, sous forme d’allégorie, le fascinant film de science-fiction de Jonathan Glazer, « Under the skin ». Un être féminin (ou une machine ?), qui a pris forme humaine à son arrivée sur terre, dépourvue de toute sensibilité ou sentiment humain, découvre un monde dont elle ne comprend pas le sens et dont le comportement des hommes qu’elle aborde ne semble motivé que par leur pulsions sexuelles sur lesquelles elle va s’appuyer pour les éliminer un à un ( dans de sidérantes scènes visuelles et sonores) conformément à la mission qui lui a semble–t’il été assignée et dont un mystérieux motard se fait le gardien vigilant et impitoyable. Jusqu’à ce qu’un homme dont les difformités du visage le rendent inhumain, étranger au désir sexuel, la « contamine » de son humanité, la rende accessible aux « sentiments » et la conduise à sa perte…

Frontière encore entre l’humanité et l’inhumanité, dans ce terrible film de Katrin Gebbe, « Aux mains des hommes », tiré d’une histoire réelle et qui a fait l’objet d’une véritable boycott en France ( refus de programmation dans certaines salles, interdiction aux moins de 16 ans sous prétexte de violence extrême, alors qu’elle est essentiellement suggérée, hors champ, et rarement visible à l’écran). J’ai pu le voir, attiré par la lecture d’une critique positive dans libération et le Nouvel Observateur, dans une des deux seules séances par jour où il était programmé, au MK2 Beaubourg. Qu’est ce qui, dans cette histoire d’un adolescent chétif en rupture sociale, enrôlé dans une secte chrétienne dont il prêche la bonne parole avec un sourire béat, recueilli dans une famille menée par un père tyrannique, dont il va devenir le souffre-douleur jusqu’à la séquestration et actes de barbarie, a pu susciter tant de répulsion ? Serait-ce la dimension christique du film (Télérama n’ a pas aimé…), les humiliations et tortures que subit Tore s’apparentant et étant vécues comme un chemin de croix jusqu’à cette magnifique scène finale où, laissé pour mort, il répond à son bourreau qui lui demande «où il est ton christ ?» : « il est ici» ?

Ces visions quelque peu pessimistes de l’humanité, variations sur le problème du Mal, m(ont donné l'envie de me changer les idées… Ce fut le cas avec ce show télévisé de Nicolaparte après sa garde à vue, même si l’envie d’en rire était contenue par le spectacle donné par un membre de droit du Conseil Constitutionnel et ayant occupé les plus hautes fonctions…Et puis j’ai fini par aller voir «Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu» : plutôt sympathique , moins pire que prévu en tous cas.

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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 21:38
Triste Gay Pride

Xenia, film grec de Panos Koutras, road movie de deux jeunes immigrés albanais dans la Grèce d’aujourd’hui à la recherche de leur père biologique, aurait pu trouver sa place dans mon dernier billet, si j’avais eu le loisir de le voir à temps, à côté de Cupcakes puisqu’il y est aussi question d’ un concours de chansons. Le rapprochement de ces deux films s’arrête là, car si Ody, 16 ans, gay sur le mode extraverti et notablement efféminé, s’est mis dans la tête de faire participer son frère ainé à un télé-crochet grec façon « Nouvelle Star », leur odyssée va se révéler autrement périlleuse dans un Grèce traversée par la crise économique et soumise à la montée des extrêmes, devant affronter menaces d’expulsion, hostilité de la police et homophobie de groupuscules néo-nazis. Prenant parfois des aspects de conte enfantin à travers l’imaginaire du personnage d’Ody, remarquablement interprété par un comédien non professionnel, ce film émouvant, en dépit de quelques longueurs, nous montre, dans la lignée de Tony Duvert, la «folle» non comme une caricature de la femme mais comme une « re-création d'enfance dans l'habitus adulte » (http://limbo.over-blog.org/article-la-folle-et-l-enfance-41994706.html).

Cette succession de films traitant de l’homosexualité aurait dû renforcer ma motivation quant à la participation à ma nième Gay Pride. C’est pourtant sans enthousiasme que je m’y suis rendu, me sentant bien peu concerné, comme la plupart d’entre nous sans doute, par son thème dominant, la PMA, et constatant chaque année un peu plus sa dénaturation depuis qu’elle a été confisquée, du moins à Paris, par l’Inter-LGBT en 2001, qui a fait de ce « carnaval gay », à l’origine plaidoyer contre l’homophobie proclamant notre liberté et notre identité sexuelle, un défilé syndical et politique à dérive sectaire. Quelle tristesse d’apprendre qu’Anne Hidalgo a été conspuée au son de «PS dégage» : injuste, inepte, irresponsable même si le « timing » - je ne me prononcerai pas sur le fond- du retrait de l’ACBD de l’égalité la veille, par Benoît Hamon, l’aile gauche du PS pourtant, était stupéfiant de bêtise. Pour la première fois je ne l’ai pas faite dans sa totalité, seulement entre Bastille et République, sous une pluie battante – je ne me souviens pas avoir connue une gay pride aussi arrosée – avant de la quitter prématurément pour aller voir un thriller bien noir, « Black Coal ». L’assistance m’a semblé beaucoup plus majoritairement très jeune que d’habitude, mais le temps, si ce n’est les slogans, a peut-être découragé les plus âgés…Le «marais», lui, était en fête le soir…

Le nouveau fringuant, jeune et « beau » président , très gayfriendly ( pour ne pas dire plus) de Radio France, Mathieu Gallet, a semble- t-il décidé de rajeunir également l’audience..

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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 22:00
Cupcakes pour transhumansexuels

Dans un billet récent ("Une homosexualité irréductible à la norme") j'avais souligné combien des films comme "L'inconnu du lac" ou "Tom à la ferme" constituaient une façon nouvelle de filmer l'homosexualité, loin de celle de la période "gay", celle de la lutte pour notre visibilité. Ceux que j'ai pu voir ces dernières semaines nous ramènent plus loin en arrière, à la période pré-gay, celle où n'était pas porté sur notre condition un regard optimiste et plein d’espoir.

Celui qui m’a le plus marqué, vu un peu par hasard sur la chaine d’orange OCS city le lendemain de sa diffusion aux US, est un très beau téléfilm sur le sida et ses ravages dans les années 80 à New York, « The normal Heart », semble-t-il inspiré de l’histoire de l’écrivain américain Larry Kramer qui fonda Act-up. Bouleversant et combien édifiant sur les divergences idéologiques qui secouèrent les milieux militants homosexuels au moment de l’émergence de l’épidémie. A ne pas manquer lorsqu’il passera sur des chaines moins confidentielles.

Deux autres films ont fait une sortie plus que discrète dans des salles d’art et essai. « Ligne d’eau » raconte la découverte de son homosexualité par un jeune champion de natation qui, vivant chez une mère ultra-possessive et prisonnier de sa relation avec sa petite amie dans une Pologne oppressive, va vivre une passion tragique à la suite de sa rencontre avec un garçon à la beauté fascinante. Un beau film sur le plan esthétique, mais la noirceur et la tristesse de cette histoire, peu originale tellement le sujet a déjà été traité, accentuées par la sobriété et le parti-pris excessif de lenteur de la mise en scène et la froideur de la photographie, finissent par distiller un certain ennui.

J’ai été plus intéressé par celui, autobiographique, tiré du roman éponyme de l’écrivain marocain Abdellah Taïa, «L’armée du salut», car il a le mérite de nous éclairer sur la place de la sexualité dans le milieu familial populaire marocain - ce dont il ne faut surtout pas parler - et de celle de l' homosexualité qui ne peut être vécue ouvertement dans un pays où l’organisation sociale et religieuse est un frein supplémentaire à l’expression de sa sensualité. Le point de départ est semblable - mère omnipotente et découverte de son homosexualité – mais le héros saura échapper à la « négociation » de son désir en l’utilisant, grâce à la rencontre avec un riche homme « mûr », amant éphémère manipulé, comme moyen d’atteindre son objectif : rejoindre l'Europe et obtenir sa bourse d’étude. Mais la terre promise n'étant pas le paradis espéré, seul et sans argent il trouvera à "L'armée du salut" un toit protecteur et un peu de chaleur humaine.

Après ces films quelque peu déprimants, le dernier chef d'œuvre de David Cronenberg, "Maps of the stars", pourtant d'un pessimisme absolu, m'a procuré un plaisir jubilatoire. Cette satire Hollywoodienne qui est en fait une métaphore de notre monde et de la nature humaine, nous décrit un l'univers peuplé de fous ou de personnages monstrueux, où personne n'est innocent et le mal radical.

Vous pourrez comprendre qu'après cette série noire, le besoin de se détendre a commencé à se faire sentir. Ne pouvant tout de même pas me résoudre à aller voir "Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu", bien que les sujets de ces derniers films pourraient amener à se poser la question, je me suis précipité sur le dernier Eytan Fox, ce réalisateur israélien qui m'avait particulièrement séduit et touché avec ces précédents films, dans un registre dramatique, comme "Tu marcheras sur l'eau" ou the "Bubble" et qui s'essaie à la comédie avec "Cupcakes". Imaginez un ancien mannequin; une attachée de presse d'une ministre de la culture tyrannique; une bloggeuse timide; une chanteuse lesbienne qui ne remplit pas les salles et un animateur d'école maternelle, volontiers travesti, dont le petit ami se refuse à vivre leur liaison ouvertement, réunis autour d' Anat, boulangère spécialiste de cupcakes, en proie à une déception affective. L'un deux va envoyer, comme une plaisanterie, l'enregistrement de la chanson, une mélodie douce et ringarde, qu'ils lui improvisent pour lui remonter le moral, au comité de sélection du candidat israélien pour une sorte "d'Eurovison de la chanson". Leur chanson se trouvant retenue, ils vont se lancer dans l'aventure en essayant d'oublier et de surmonter ce qui leur gâche la vie de tous les jours. Manifestement Eytan Fox a éprouvé lui aussi le besoin de "souffler", avec un film certes mineur, injustement éreinté (et incompris) par la critique, plein de paillettes, mais combien réjouissant et sans rien oublier de ses thèmes favoris: culpabilité, religion, homosexualité.

Le sujet de ce billet me donne l'occasion de dire un mot de la saison 2 de la série suédoise de science-fiction « Real Humans » qui vient de se terminer sur Arte. Elle décrit un monde proche de la suède d’aujourd’hui, où l’usage des robots est devenue routinière pour les tâches domestiques et industrielles, mais qui ont des caractéristiques si humaines (ne les nomme-t-on pas « hubots ») qu’ils peuvent déclencher des manifestations affectives, voire une désir sexuel, chez leur «maitres». La science-fiction n’est en fait ici qu’un artifice de scénario – on est loin de l’œuvre mythique d’Isaac Asimov, i Robot, et de ses célèbres lois de la robotique – pour traiter de façon métaphorique les problèmes sociétaux les plus actuels et notamment celui de l’homophobie. Comment ne pas faire le rapprochement avec la question gay quand sont abordés les problèmes de leur droit au mariage, de l’adoption, quand on les voit décimer par un « virus » et que la réaction de rejet qu’ils suscitent dans une partie de la population va donner naissance à une mouvement hostile et violent, les «Real Humans», que l’on pourrait croire directement issu des éléments les plus radicaux de la « manif pour tous » (un des arguments avancés contre l’adoption est la crainte que cela ne fasse des enfants qui en bénéficieraient des « transhumains sexuels »…).

La saison 3 nous dira peut être s'ils ont eux aussi bénéficiés de la nomination au poste de "Défenseur des droits" d'un représentant des "hubophobes". Mais après tout, comme vient de le suggérer la porte parole de l'association homosexuelle "L'autre cercle", Jacques Toubon est peut être sur le chemin de Damas (ce qui n'est pas sans risque actuellement...) :

«Je pars du principe que quand on devient Défenseur des droits, on ne vient pas avec ses convictions personnelles. Et il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Jacques Toubon a le sens du devoir et le respect des institutions. Il ne peut déroger à ce qu’avaient établi ses prédécesseurs, qu’il s’agisse de la Halde ou de Dominique Baudis. En acceptant cette mission, il est parfaitement conscient qu’il devra lutter contre toutes les discriminations, même celles avec lesquelles il n’est pas familier ou à l’aise. C’est une marque de confiance du président de la République à un homme de droite.» (Catherine Tripon, porte parole de l'Autre Cercle)

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 22:02
Du côté de Taksim

Je termine ce billet sur le point de quitter Istanbul après un court séjour a l'occasion du congrès européen de neurologie. J' avais quitté paris jeudi dernier, pas mécontent de m'éloigner de ce pitoyable paysage politique qui n a cessé de s'assombrir depuis qu'en ce dimanche matin d'élection, dans un bureau du XIIe arrondissement, découvrant que j'avais à ma disposition une trentaine de listes, j'eus toutes les peines du monde à trouver le bulletin de celle du parti socialiste, tout semblant avoir été fait pour qu'il passe inaperçu et qu'on ne le trouva pas....J'ai même du l'examiner minutieusement pour être sur de ne point me tromper. Si le moindre autre choix m'avait été possible - aucun n'était envisageable - il aurait sans doute fini par trouver ma main. Combien de voix ont manqué au PS en raison de cette aberration logistique? Suffisamment peut être pour que le triste record de la liste conduite par Michel Rocard, 15%, ne fut pas battu....en ces temps là pourtant je n'avais pas vote pour lui, le plus proche de mes idées, mais pour la liste Tapie dont je subodorais qu'elle avait la préférence de Mitterrand ( ma tonton manie était alors fort aiguë ...).

Le soir venu, j ai dérogé a mon habitude d'assister a la soirée électorale, me désintéressant d'un résultat tristement prévisible . Je savais qu'on allait nous rejouer le " drame national" du 21 avril 2002 - j'étais tombé dans le piège cette fois la- celui d'une France "front national" (coupable "une" de libération), alors que 60% des électeurs se sont abstenus, dont nombre de sympathisants socialistes qui, malheureusement, faute qu'on ne leur ait tenu un langage de vérité, ont perdu tout espoir. D'autres, à qui on n'a pas eu peur de tenir un autre discours, les électeurs italiens, ont relevé la tête. Un regret tout de même, celui de n'avoir pas vu sur les écrans notre Mélenchon au bord des larmes, il nous avait déjà fait le coup en 2002, sans se rendre compte que c'est sur lui même qu'il devrait pleurer. Cette année là, quelques jours plus tard, un premier mai je crois, un million de personnes, moi y compris ( j étais tombé dans le piège vous dis-je), défilaient dans les rues de Paris. Aujourd'hui Benjamin Biolay, courant après Noah, nous fait une chanson , sans réaliser que nos médias BFMtvisés, des le lendemain, seraient passés à autre chose, les comptes de l'UMP ( pour une fois que les médias viennent au secours de Hollande).....exit Copé, donc, tout n est pas si noir.... BHL, qui a réussi a détruire la Libye, s'est mis dans la tête de reconstruire la France en prônant un gouvernement d'union nationale. L'idée serait excellente, elle a fait ses preuves chez nombre de nos voisins européens, si nous n'étions en France....quelle idée géniale que d envisager une alliance entre deux partis, le PS et l'UMP, qui sont au bord de l implosion... .

C'est une situation politique d'une autre nature dont j'allais être témoin a Istanbul. Notre hôtel était situé a moins de 100 mètres de la place Taksim, où, un an après Gezi, les opposants à la dérive autoritaire d'Erdogan appelaient à manifester pour célébrer le premier anniversaire des émeutes. La samedi matin, m'étant quelque peu égaré sur le chemin du centre des congrès tout proche, je me suis retrouvé sur cette fameuse place qui commençait à être cernée par des centaines de policier. En début d'après midi des directives nous ont été données de retourner à l'hôtel et de ne pas s'en éloigner jusqu'au lendemain matin, tout le quartier commençant a être bouclé par les forces de l'ordre. Ce n'est donc que depuis les fenêtres de ma chambre, qui ne donnaient pas sur la place elle même, que j'ai tenté de suivre l'évolution de la manifestation : survol d'hélicoptères, sirènes d'ambulance, rumeur lointaine. Autant que je pouvais en juger la participation ne semblait pas massive, mais tout avait été fait pour interdire les abords de la place, et au petit matin le calme était revenu. J'avais très vite été alerté de l'existence de ce "protest" par les divers contacts établis sur les réseaux sociaux gays, moins pour me le soutenir - aucun n'avait l'intention d'y participer, à de très rares exceptions près - que pour me dire de faire attention. Y aurai-t-il une certaine indifférence, surprenante pour moi, des gays d'Istanbul à l'égard de la situation? Je n'ai pas cherché à approfondir, cela ne me regardait pas, et après tout "qui suis je pour juger" comme dirait l'autre....

Ces réseaux sociaux, encore fallait-il pouvoir s'y connecter. J'ai été, à mon arrivée à l'hôtel, dans l'impossibilité de faire fonctionner Grindr. Il était difficile de ne pas faire le lien avec les actions récentes d'Erdogan contre Twitter et Youtube, mais alors pourquoi Grindr et gayromeo par exemple, et pas bears, gaydar ou hornet? Je n'avais pourtant rencontré aucun problème lors de mon précédent séjour il y a 2 ans. Plus surprenant, si ce blocage de sites ( parfois clairement exprimé lorsqu'on utilisait pas une application smartphone mais une adresse internet (gayromeo)), était rencontré dans la plupart des endroits proposant la wifi, certains, rares, y échappaient mystérieusement. Heureusement mes contacts m'ont appris comment contourner le problème : il suffisait de modifier l'adresse DNS des serveurs wifi qui bloquent en la remplaçant par 4.2.2.3 ou de changer dans la barre d'adresse internet celle en www pour une suite de chiffres.....encore fallait il le savoir...S'il semble donc bien y avoir une volonté de rendre plus difficile l'accès aux réseaux sociaux, on ne peut vraiment parler de censure. Il serait d'ailleurs malhonnête de dire que l'on ressent le poids d'une quelconque loi "islamique" - il semble faire bon vivre dans cette ville- et si la proportion de femmes voilées peut en être un indice, elle est fort peu importante, bien moindre que dans certains endroits de la régions parisienne....

Les réseaux sociaux, quand vous avez pu y accéder , vous offrent l'opportunité de multiples contacts, d'une tonalité souvent nettement plus conviviale qu'elle ne l'est en Europe, une fois que vous avez pris soin d'éviter les nombreux "escorts", qui affirment ne pas l'être, mais qui vous proposent, avant le sexe "gratuit", un massage non facultatif qui lui ne l'est point ....Nos chères lopes, si nombreuses chez nous, pourraient ici s'en donner à cul-joie, tant les actifs, ou du moins se déclarant tels, sont majoritaires.... Istanbul recèle d'autres merveilles que ses garçons, souvent très beaux, mais je n'ai pas eu le temps cette fois-ci de parcourir le Grand Bazar, ni de revoir la mosquée bleue ou surtout la cathédrale Sainte Sophie avant qu'Erdogan ne mène à bien son projet de la retransformer en mosquée. J'avais été peu enthousiasmé lors de ma première venue il y a une quinzaine d'années, mais je suis peu à peu tombé sous le charme de cette ville et de ses habitants, renforçant à chaque séjour ma position en faveur de l'entrée de la Turquie dans l'union Européenne....Une raison supplémentaire pour aller voir "Winter sleep" , palme d'or du dernier festival de cannes, que son réalisateur vient de dédier à la jeunesse turque qui s'est révoltée l'an dernier.

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