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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 18:38

La fin du confinement a permis le retour d’une certaine vie culturelle, certes encore bien limitée, avec la réouverture des salles de cinéma, malheureusement peu fréquentées étant donné la psychose virale ambiante entretenue par les médias, et quelques sorties littéraires. Le hasard est sans doute le seul responsable si les oeuvres qui m’ont le plus touchées, tournent autour des années 80, point culminant  de la libération gay, dont la mienne, mais aussi début des années de cendre. Le film d’Ozon, Eté 85, m’a bouleversé, le souvenir de ces années où je vivais pleinement une homosexualité assumée avec frénésie, leur musique toujours aussi présente, mais avant tout parce que cette dramatique histoire d’amour entre deux adolescents ne pouvait manquer d’évoquer la mémoire d’Hervé et la passion dont il avait été l’objet et à laquelle j’ai consacré plusieurs des premiers billets de ce blog. Certes David, le héros du film, diffère en bien des points d’Hervé, dont la fin tragique n’est survenue que des années après notre rupture, si ce n’est cette impossibilité de supporter que l’autre avoue son amour, aveu alors considéré comme un enfermement déclenchant un processus inexorablement destructeur. En dépit du destin funeste de David, l’image que donne le film de l’homosexualité est bien celle de la libération des corps , du jouir sans entrave et dans l’acceptation de soi,  avant que tant des acteurs de ces années libératoires ne tombent comme des mouches.

 

Le « cancer gay », comme on le dénommait au début de la décennie 80, n’avait sans doute pas encore atteint le Treport où se situe l’action du film. Il est au centre du très beau roman de Rebecca Makkai, « Les Optimistes », qui se déroule à Chicago, en cette même année 85, puis 30 ans plus tard à Paris, au sein d’un groupe d’amis, artistes ou journalistes pour la plupart, dont la vie va se trouver fracassée par l’épidémie du sida, dont l’histoire est ainsi retracée, depuis son émergence en 1981, la découverte du virus en 1983, les premiers tests de dépistage en 85, le premier traitement, si peu efficace, l’AZT, en 87 et enfin l’arrivée salvatrice des trithérapies en 96. Comment ne pas me remémorer ces années tragiques, dont je ne sais comment, multipliant pourtant les contacts sexuels, j’ai pu échapper à une contamination, et ces amis disparus, Claude, Cristian, Jacques et tant d’autres sans doute, amants d’une nuit, dont j’ai perdu la trace. Une question, si présente à l’époque, lancinante, émerge à travers le personnage d’Asher, celle de la pertinence de faire le test de dépistage qui venait d’être mis au point : « Ecoute, on est tous condamnés à mort…on ne sait pas quant ce sera. Un jour, cinquante ans? Tu veux réduire la perspective? Tu veux te donner des sueurs froides? ». J’ai fait partie de ceux qui comme Asher, ont refusé de faire le test tant qu’un traitement efficace ne serait pas disponible. Une positivité aurait été  non seulement un possible arrêt de mort, mais aussi, bien souvent, une exclusion de la vie sociale à la fois due au regard des autres et aux conséquences administratives ( perte d’emploi, impossibilité de s ‘assurer, d’obtenir un crédit). Un de mes amants d’alors, qui manifestement repoussait sans cesse tout nouveau rapport sexuel avec moi, finit par me dire, abattu: « Je suis positif. Tu avais raison, Jean-Jacques, je n’aurais pas du faire le test ». Je ne sais quel fût son destin.

 

Ayant également pour cadre, comme dans le film d’Ozon, une plage au bord de l’océan, celle du Vieux Boucau dans les landes, pas très loin de la célèbre plage de drague gay dite « des casernes » où il m’est arrivé de m’envoyer en l’air, il y a bien longtemps, un autre film, un de ceux qui vous hante longtemps après les avoir vus,  a marqué cette rentrée cinématographique, « Madre », de l’espagnol Rodrigo Sorogoyen, histoire d’amour pseudoincestueuse, qui ne franchit cependant jamais les limites, entre un mère qui pleure son fils disparu et un adolescent dans les traits duquel elle le revoit. Comment ne pas être séduit par le personnage pasolinoviscontien interprété par  Jules Poirier, déjà vu dans le rôle de Marvin jeune dans « Marvin ou la belle éducation »  et par le personnage de Maria, la mère, brillamment porté par Marta Nieto?

 

Il serait dommage de ne pas signaler un autre film, « Le colocataire », certes plus mineur, mais qui traite avec intelligence de la difficulté des amours homosexuelles dans la société argentine, qui plus est en milieu ouvrier. L’histoire d’amour impossible entre les 2 héros, dont les corps nus sont très sensuellement filmés par Marco Berger, a le mérite de ne pas sombrer dans les clichés habituels avec le refus du colocataire, Gabriel, de se soumettre aux concessions exigées par son amant qui refuse de vivre leur liaison en pleine lumière.

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22 juillet 2020 3 22 /07 /juillet /2020 15:29

Un chef de service de néphrologie de la Salpetriere, le professeur Deray, répand, en boucle, ses propos alarmistes quant à l’imminence d’une deuxième vague de l’épidémie en France sur les chaînes d’info continue . A ma connaissance il ne peut se prévaloir d’aucune expertise en infectiologie, épidémiologie ou virologie? A quel titre intervient-il et est-il systématiquement invité? Il prédisait, au lendemain de la fête de la musique, s’insurgeant contre les rassemblements sur le canal Saint Martin, une explosion de nouveaux cas quinze jours plus tard, tout en ajoutant qu’il viendrait reconnaître son erreur s’il s’était trompé. On attend toujours sa contrition. Peut être parle t’il au nom de son collègue, infectiologue lui, mais également alarmiste, le Pr Caumes, celui qui en février qualifiait l’épidémie de gripette  et conseillait de prendre des billets pour Venise à prix bradés…Ils font partie de ceux qui par leur campagne ont poussé le gouvernement, toujours hanté par le risque pénal, à rendre le masque obligatoire dans les lieux publics clos. Pourquoi les médias font ils tant de place aux « Cassandres », qui gèrent avec délectation leur présence télévisuelle et si peu à ceux qui ne manquent pas de faire remarquer que le nombre de malades hospitalisés et en réanimation ne cesse de baisser ce qui contredit l’hypothèse d’une reprise épidémique, soit que l’apparente augmentation de la circulation du virus ne soit qu’un biais du à la multiplication du nombre de test, soit que le virus ait perdu, peut-être par variation saisonnière, de son pouvoir pathogène? Pourquoi les médias traquent-ils, devenus comme la presse d’investigation, des auxiliaires de police, les rassemblements festifs pour les dénoncer, comme ceux des apéritifs gays, le vendredi soir sur les bords de Seine? « Eloignez vous les uns des autres » est devenu la parole évangélique, le paradis,  de ceux qui semblent rêver d’un confinement éternel…

 

 

Je n’ai pas vérifié les sources de la publication qui illustre la fin de  ce billet, mais si elle n’est pas un fake, voici au moins un point sur lequel Raoult aura dit vrai et qui devrait faire réfléchir ceux qui dissuadent de prendre les transports en commun et prônent le « tout vélo » et assimilés …

 

 

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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 11:12

La veille de l’annonce du confinement je me trouvais à Bordeaux dans ma résidence secondaire, précipitant mon retour vers Paris. J’étais loin de me douter que mon diner, le vendredi précédent, au « Bistrot du sommelier », allait être mon dernier repas au restaurant pour plus de 2 mois. Le rire « philosophique » dont témoignait mon tweet sur les effets collatéraux potentiellement bénéfiques de la pandémie (« frein au réchauffement climatique et délai inattendu pour l’objectif d’atteinte de l’équilibre financier des régimes de retraite…pas idiot de suspendre la réforme »), masquait mal mon désarroi devant les conséquences potentielles du confinement, personnelles certes quant à mes loisirs - pratique du sport, cinémas, butinage sexuel -, mais surtout économiques qui vont être terrifiantes.

 

Sur le plan personnel, étonnamment, si l’impossibilité ou la difficulté des rencontres sexuelles s’est révélé tout à fait supportable - même si j’ai quelque inquiétude quant à la possibilité d’ouverture prochaine des lieux gays - c’est la fermeture des salles de sport qui a mis mon moral en berne, craignant les conséquences sur mon corps vieillissant de l’arrêt de la musculation pendant plus de 3 mois…Il s’en est même fallu de peu qu’on nous interdise de pratiquer le jogging, nécessitant alors d’adjoindre un régime à notre « assignation à résidence » pour éviter une prise de poids inéluctable. J’ai été sidéré de l’hostilité suscitée, avec des appels répétés à son interdiction, y compris de la part de soignants, alors que le risque de sa pratique individuelle était négligeable, bien inférieur à celui de faire ses courses en supermarché. Faudrait il y voir l’expression d’un jalousie de tous ceux qui n’ont jamais trouvé la motivation nécessaire pour faire du sport?

 

Le plus inquiétant dans la période sans précédent que nous venons de vivre fût, face à un politique un temp tétanisé,  la prise du pouvoir de décision par les institutions médicales, incarnées notamment par le Conseil Scientifique. Quel triste spectacle s’est déroulé sous nos yeux sur les chaines d’info où défilaient des soi-disant « experts » dont les affirmations initiales se sont presque toutes révélées fausses qu’il s’agisse de la qualification de « grippette », de l’inutilité du port du masque (ce qui au moins a soulagé l’exécutif puisque nous n’en avions pas), de la certitude d’une 2è vague qu’on attend toujours, des modélisations sur la durée du confinement (jusqu’à la fin de l’été selon certaines) ou du nombre astronomique de morts auquel il fallait s’attendre. Il serait cruel de personnaliser ces informations en citant les noms de ces experts, si ce n’est peut-être en faisant du consultant médical de TF1, le Dr Kierzek, urgentiste (et  syndicaliste…) le symbole de ce naufrage, sans qu’il esquisse jamais une « contrition », contrairement à son collègue de France 2 (le Drmes). Certains cependant, par leur modération, leur expertise réelle des épidémies et leur recul, comme le Pr Bricaire ont un peu sauver l’honneur de la profession.

 

Je n’omets pas la controverse sur l’utilisation de la chloroquine, qui ne pouvait pas me laisser indifférent en tant que médecin de recherche clinique particulièrement impliqué dans la méthodologie des études cliniques. Certes aucune étude n’a démontré son efficacité, mais devant les indices fournies par des essais à la méthodologie déficiente, dont celles du gourou marseillais, il me paraissait plutôt raisonnable, dans l’urgence, d’utiliser sa prescription sous surveillance étroite dans l’attente de résultats plus définitifs. Les rivalités médicales ont tellement pourri la situation, comme en témoigne la publication du Lancet, que nous n’aurons sans doute jamais la réponse puisqu’il n’y a presque plus de malades, du moins en Europe. On peut, à la rigueur, excuser le manque de culture de nombre d’experts et cliniciens français, quant à la méthodologie des études cliniques, mais pas de la part démembres de l’HAS et de l’Agence du Médicament, même si on a déjà pu le constater, malheureusement, en d’autres circonstances. Comment ne pas s’interroger sur leur décision précipitée, il est vrai sur l’injonction d’un ministre stressé, de tout arrêter avec ce médicament, sur les résultats d’une étude notoirement insuffisante, voire douteuse, comme on a fini par s’en apercevoir….

 

L’avenir nous dira peut-être s’il était bien raisonnable, étant donné la courbe épidémique peu différente entre les pays qui ont confiné durement et ceux qui sont restés plus pragmatiques, de mettre à terre l’économie avec des conséquences qui se révèleront dramatiques pour beaucoup, pour épargner la vie de quelques milliers « d’obèses et de  vieux » de plus….

 

Je ne m’étendrai pas sur l’utilisation méprisable de l’épidémie par certains hommes politiques dont Jean-Luc « Hébert » ou terrifiante par des intellectuels ( Emmanuel Todd suggérant presque de rétablir la peine de mort pour nous dirigeants…).

Pour terminer sur une note positive, ce confinement excessif m’aura au moins permis de découvrir des séries de haut niveau, comme Ozark, Bloodline ou l’extraordinaire Breaking Bad sur Netflix, ZéroZéro sur Canal, sans oublier les nouvelles saisons dees incontournables Westworld sur OCS ou Le Bureau des légendes sur Canal.

 

 

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8 février 2020 6 08 /02 /février /2020 14:57

Bien des sujets auraient pu être abordés dans ce blog depuis mon dernier billet. La schizophrénie de la gauche quant aux adolescentes de 16 ans, Mila au bûcher mais Greta béatifiée; le dernier roman d’Echenoz, un exercice stylistique et parodique qui se lit avec ravissement, mais qu’en restera t’il, si ce n’est le souvenir d’un bon moment; le retour de Cruella, alias Ségolène, bonne nouvelle pour les pôles, moins pour la gauche;  les réseaux sociaux, avatar digital de la guillotine; 1917, le dernier film de Sam Mendes et sa vision hallucinante d’une campagne de France d’où Dieu s’est retiré ; Gabriel Matzneff, dont on fait semblant de découvrir les inclinaisons pédophiles (mot qui, faut il le rappeler, désigne l’amour des impubères et non des adolescents), à propos d’une affaire qui n’a rien à voir avec cette pathologie; la chasse à l’homme des militantes féministes qui n’en épargnent que deux catégories, les homosexuels (bénéfice secondaire inattendu) et les islamistes auprès desquels elles défilent…

 

J’aurais également pu consacrer un billet au roman de Kevin Lambert, « Querelle », non seulement parce qu’il montre la sexualité gay dans toute sa crudité et pour reprendre les mots de l’auteur, la puissance des existences minoritaires à questionner le majoritaire, son potentiel de révolte que tend à lui faire perdre la « normalisation » actuelle, mais aussi par la parallèle qu’il fait entre la violence du désir sexuel et celle des luttes sociales, dont il montre en décrivant une révolte ouvrière dans une scierie canadienne, les équivoques, les aspects obscurs et délétères, qui font écho aux violences des mouvements sociaux actuels : « les grands discours de bien commun et de justice sociale, c’est juste des histoires qu’on se raconte pour se convaincre qu’on est des saints de gâcher la vie de gars honnêtes qui travaillent en forêt, de faire perdre la production à toute une usine, de monopoliser l’attention de la région au complet pour nos propres petits interêts médiocres ». Matière à réflexion pour Emmanuel Todd et Michel Onfray que  les gilets jaunes mettent en érection.

 

Pourtant ce qui a semblé ne plus me quitter, ces dernières semaines, a trait à la religion et plus particulièrement à la religion chrétienne. Ce fut d’abord le film bouleversant de Terence Malik, présenté au dernier festival de Cannes, « ma » Palme d’or, chemin de croix jusqu’à la mort d’un jeune paysan autrichien refusant de prêter serment à Hitler au nom de sa foi chrétienne. Mise scène époustouflante, où chaque plan, véritable tableau, est un hymne à la nature.

 

Puis il y eut cet étonnant dialogue, deux visions de l’église, entre le futur Pape François et Benoit XVI, peu avant sa démission, dans le film « Deux Papes » mis en ligne sur la plateforme Netflix, comme prémonitoire de sa prolongation virant à l’affrontement, réel cette fois, à propos de la question du mariage des prêtres.

Etrange coïncidence, c’est encore d’un duel feutré entre deux Papes qui est au centre de la mini-série qui vient de se terminer sur Canal, « the New Pope », mis en scène de façon magistrale par Paolo Sorrentino ( suite de « The Young Pope »), complètement iconoclaste, techno-baroque, mais  bien plus fidèle au christianisme que blasphématoire,  où chaque plan, là encore, est un tableau somptueux avec un  hommage final au Shining de Kubrik. Le doute qui s’installe quant à la possibilité que le « Young Pope » soit une réincarnation du Christ a prolongé l’émotion éprouvée avec une autre série récente, sur Netlix, « Messiah », dont j’ai dévoré les 10 épisodes en moins de 2 jours, thriller spirituel, dont le héros iranien à la beauté fascinante se déclare fis de Dieu, sans se réclamer d’aucune religion mais dont les références chrétiennes sont omniprésentes..

De façon plus anecdotique, je pourrais aussi citer cette émouvante scène de la série « The Crown », entre la princesse Alice, et son fils le Duc d’Edenbourg à pros de la foi, que ce dernier pense avoir perdue lorsqu’elle lui doit sa survie…

 

Point d’orgue de cette séquence « christique », la lecture du dernier livre, posthume, de Michel Serres, « Relire le relié », qui est présenté comme l’oeuvre de toute sa vie. Que Michel Serres fût chrétien, ce ne pouvait être une surprise puisque je le savais fervent admirateur de René Girard.

A partir des deux origines du mot religion, relire et relier, cette relecture des textes sacrés, notamment les Evangiles montre comment la religion, contrairement à l’histoire épisodique, celle des empires, royaumes et systèmes politiques mais à l’instar des mathématiques, de l’argent et de  l’alphabet est un des 4 invariants qui fondent notre culture mais qui à leur axe horizontal qui relie les hommes entre eux, ajoute un axe vertical qui unit le ciel à la terre. Impossible de rendre compte de la richesse de ce livre, je n’en retiendrai ici que ce que l’auteur rappelle à propos de la « sainte Famille », où Jesus n’est pas le fils, où Joseph n’est pas le père, puisque , fils de l‘homme, il est né du Saint Esprit et d’une mère vierge. Il s’agit donc bien d’un enfant sans mère : « l’expression la sainte Famille » signifie donc qu’elle défait les liens charnels, biologiques, sociaux, naturels, ou, comme on a dit structuraux: chacun à sa manière, le père n’est pas le père, ni le fils vraiment le fils, ni la mère absolument la mère; amoindrissement et suppression des liens du sang ». Ce devrait être un sujet de méditation pour la « Manif pour tous »…

 

Je ne sais s’il y a un Dieu, je reste agnostique, mais s’il devait y en avoir un, je préférerais que ce soit celui des chrétiens…

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3 décembre 2019 2 03 /12 /décembre /2019 11:24

Quelques anciens élèves du collège où je fis toutes mes études, Sainte Marie Grand Lebrun à Bordeaux, eurent l’excellente idée d’essayer de réunir la promotion de fin d étude, du moins ceux dont on pouvait retrouver les adresses et qui étaient encore de ce monde…Une énième grève SNCF ayant entrainé l’annulation de mon train, j’ai du, ne pouvant me résoudre à manquer cette réunion, prendre un avion au dernier moment et donc en assumer le surcout. Quelle émotion de revoir, plus de 40 ans après, nombre de ceux qui partageaient les bancs de ma terminale C, et dont un, sans qu’il s’en doute, avait suscité en moi un trouble dont il me faudra encore quelques années pour lui reconnaitre pleinement son origine sexuelle…Dans l’euphorie de la soirée j’en fis l’aveu à ce père de 3 enfants qui ne s’en offusqua pas. Plus tristement j’appris le décès de Michel,  qui, un des étés suivant cette année de terminale, avait furtivement posé la main sur mon sexe à la suite d’une séance de « strip poker », déclenchant une éjaculation immédiate dans un torrent émotionnel. Paralysé par cette première expérience, j’avais refusé les propositions qu’il me fit par la suite, perdant tout contact avec lui et retardant ainsi de plusieurs années mon « coming-out » sexuel…Il est mort seul. Eussè-je été moins inhibé,  Michel aurait pu devenir mon premier amant, avant que je ne les collectionne, un peu comme l’héroïne de « Chambre 212 », le film de Christophe Honoré, à laquelle j’aurais tendance à m’identifier.

 

Le contexte sociétal actuel rend  sans doute plus facile pour un jeune de 18 ans de reconnaitre et d’accepter l’orientation homosexuelle de son désir. Mais pas pour tous. Le dernier film de Xavier Dolan, « Matthias et Maxime » d’un abord un peu difficile du fait du parler populaire en canadien français des personnages, en dépit du sous titrage, montre qu’il peut n’en être rien, même à un âge plus avancé. Beau et puissant film où l’on retrouve les obsessions du réalisateur, notamment son rapport à la mère. Contexte sociétal des pays occidentaux, car en Europe de l’Est, le film bouleversant de Levan Afin, « Et puis nous danserons », nous montre que les amours homosexuels doivent encore se vivre dans la clandestinité et la peur. Non seulement l’orientation homosexuelle n’est pas un choix, contrairement à l’affirmation inepte d’Eric Zemmour, mais des interdits culturels ou sociétaux ne laissent  même pas à certains le « choix » de la vivre.

 

Par un étrange paradoxe, les bénéficiaires des actions de la génération 68, celle pour qui il était « interdit d’interdire» et à laquelle nous devons les acquis quant au droit des femmes et des homosexuels, n’ont de cesse, avec la complicité des réseaux sociaux, de censurer et de s’attaquer à la liberté de penser et de création. Une philosophe reconnue et un ancien président de la république sont empêchés de s’exprimer dans l’enceinte d’une université, Alain Finkielkraut se voit menacer d’interdiction d’antenne sur France Culture et un grand cinéaste de déprogrammation de son film. Les ayatollahs de l’écologie et de la cause animale tentent d’empêcher les agriculteurs de produire et les consommateurs de bénéficier des jours de « promotion », tandis que la gauche radicale pervertit l’antiracisme en manifestant aux côtés d’organisations salafistes. Ces radicalités tentent avec l’aide des réseaux sociaux d’interdire ou de disqualifier toute opinion contraire et s’efforcent de substituer le tribunal médiatique aux institutions judiciaires sapant les bases mêmes de notre démocratie.

 

Notre liberté est à nouveau menacée, il ne nous reste plus qu’à entrer en résistance. Je ne sais si Roman Polanski est coupable de ce dont on l’accuse mais on a le droit de s’interroger quant à une accusation qui survient 40 ans après les faits supposés juste au moment de la sortie de son film, alors qu’ils sont prescrits et qu’il sera impossible pour le réalisateur de se défendre. Je suis donc allé voir son film, excellent, applaudi à la fin de la projection…

 

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26 septembre 2019 4 26 /09 /septembre /2019 17:11

Rejoindre en voiture notre Compostelle gay, Sitges, en marquant plusieurs étapes dans un village français ou des sites d’intérêt, est maintenant de tradition chaque mois d’août. Après une brève visite de Moulins, Souvigny, récent compétiteur malheureux au titre de plus beau village français, marqua le début de notre périple. Dans son célèbre prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul, non loin des gisants de Cluny, mon regard fut attiré par la présence de trois charmants scouts, deux en méditation et le troisième dans un mystérieux travail d’écriture, dont on se demandait ce qu’ils faisaient en cet endroit, seuls, peut-être sur le chemin de la vraie Compostelle? Le lendemain, nous devions rejoindre la route Napoleon, qui débute au sud de Grenoble, afin d’atteindre le petit village de Corps dans les Alpes du sud, non sans avoir pris un, trop court, moment pour flâner dan le splendide parc du château de Vizille. Notre hôtel, surplombant Corps, comme perché sur le toit du monde, ne pouvait s’atteindre que par une route de montagne si étroite qu’on imaginait mal pouvoir croiser sans effroi le moindre autobus. Pas d’autre solution que de diner sur place plutôt que de prendre le risque d’affronter à nouveau et de nuit cette aventure routière. Nous étions si près de Notre-Dame de La Salette, dont j’ai appris qu’elle était le deuxième lieu de pèlerinage de France après Lourdes, qu’il était tentant d’y faire un saut au petit matin, avant la horde des pèlerins, pour quelques photos dans un panorama montagneux spectaculaire et histoire de nous faire pardonner d’avance nos futurs péchés de luxure à Sitges. Il ne nous restait plus qu’à emprunter à nouveau la route Napoléon, visiter tranquillement le château de Sisteron que je n’avais pas revu depuis une lointaine étape gastronomique à Château-Arnoux en 1985 avec mon ex-ami, avant d’arriver à Castellane, sur les bords du Verdon, le temps de découvrir enfin ses splendides gorges, d’une baignade glaciale (pour Bertrand) dans la rivière qui longeait l’hôtel et de s’offrir en fin de journée l’escalade du Roc qui surplombe la ville, l’occasion d’aller quémander un autre pardon préventif  à notre deuxième madone du séjour, Notre Dame du Roc. Après une nuit réparatrice, l’hôtel du château, dans le vieux village de Cagnes-sur-Mer,  nous attendait pour la fin de ce périple sur une route chargée d’histoire, mais bien peu propice aux aventures sexuelles, les quelques contacts que l’on pouvait repérer sur Grindr se situant le plus souvent à plus de 20 kms. Vivre « gay » dans ces contrées, une fois épuisés les quelques contacts locaux possibles et, durant l’été, les touristes de passage, c’est sans doute se résoudre souvent à la musculation de sa main…

 

La transition avec Sitges pouvant s’avérer un peu brutale, nous avions prévu une étape de mise en bouche à Saint-Tropez où je n’avais pas séjourner depuis au moins 30 ans. Une maison d’hôte, « La Bastide Sainte Anne », sur la route des plages et à quelques minutes en voiture du centre ville, avec ses chambres joliment décorées, sa grande piscine, sa tranquillité, la gentillesse de son hôtesse et son coût relativement modéré, du moins pour Saint-Tropez, s’est révélée un point de chute fort agréable. J’avais le souvenir d’une vie nocturne très gay friendly, du moins aux abords de « Chez Maggy » qui s’animaient avec une faune très colorée dès la fin de l’après midi. L’établissement n’ouvre plus qu’à 21 heures et étais toujours fort désert lorsque nous avons décidé de rejoindre notre chambre. Les bars signalés comme « gay » ou « gay friendly » sont en fait des bars restaurants où l’on s’imagine mal s’éclater. Peut-être aurait il fallu patienter jusqu’à une heure plus avancée de la nuit…Même la plage naturiste de Pampelone m’a semblé bien morne. Cela dit, loin de la foule qui s’agglutine sur le port autour de monstrueux yachts , flâner dans le labyrinthe des rues de la vielle ville n’a rien perdu de son charme.

 

Sitges donc, où nous avions décider de séjourner non plus dans la semaine précédant le 15 août, mais en deuxième quinzaine, anticipant une moindre affluence et possiblement une clientèle gay moins « parisienne ». J’ignorais que nous allions tomber en pleine  Festa Major, pendant laquelle la ville rend hommage à son saint patron, Saint Barthélémy et qui attire des hordes de touristes. La population gay n’était pas moins dense, loin de là, mais nettement plus âgée que début août et dans laquelle les  habitués du « Marais » parisien se faisaient rares.  Expérience interessante mais que nous ne renouvellerons probablement pas à ces dates. Pour le reste, depuis deux ou trois ans, la  « topologie » des lieux gays s’est stabilisée, définitivement confinée aux alentours immédiats du Parrots.  Seule surprise, le déclin du règne sans partage de « Lady Diamond » qui partageait la vedette des spectacles  transformistes dans les bars avec une  Leona Winter (ancien candidat de The Voice ) peu convaincante.

 

Une route du retour plus classique, avec une étape de quelques jours à Bordeaux pour profiter de la plage du Porge encore plus belle en cette période de grande marée et  aller déguster quelques huîtres au village de l’Herbe près du Cap-Ferret

 

 

 

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30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 16:08

Lorsque j’ai quitté Paris, en milieu de semaine dernière, pour aller passer quelques jours à Bordeaux, les radios d’information continue commençaient à se lasser de l’affaire de Rugy - certes pas le membre le plus sympathique du gouvernement, la façon plus que cavalière dont il a limogé sa directrice de cabinet suffirait à ôter toute envie de le soutenir - dont il apparaissait qu’il avait manifestement été le « bouc émissaire «  de Merdapart qui a tenté de faire oublier que ses enquêtes, dans les affaires Tapie et Libyennes, venaient d’être discréditées. Aurons nous encore longtemps à supporter le rictus tueur que Notre Saint-Just à moustache, justement épinglé en son temps, quand il dirigeait le Monde, par le journaliste Pierre Péan (qui vient de décéder), ne cesse d’arborer?

 

Comme la nature a horreur du vide, la canicule est tombée à pic pour le combler (pendant quelques jours, avant que ces mêmes chaines de radio ne s’emparent sans doute, en boucle, de l’affaire « Steve » dont on vient de retrouver le corps). Il est vrai que la chaleur qui envahissait les rues de Bordeaux en cette fin juillet n’était pas sans rappeler celle de l’année 2003 qui avait quelque peu soulagé les comptes de nos caisses de retraite ( une canicule tous les 16 ans ne suffira cependant pas à régler le problème…).

 

Le temps de poser nos valises à la descente du TGV, et de récupérer une voiture de location en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire avec l’application « Virtuo », nous étions en route pour la plage gay du Porge dont j’ai commencé à arpenter les dunes l’été 79 et où j’allais rencontrer Bernard, le garçon qui allait me donner le courage de déserter le domicile familial. Un petit pincement au coeur donc chaque fois que je les traverse pour rejoindre  ou quitter la plage. Mais est ce du au souvenir d’un de mes premiers amours, dont j’ai perdu la trace, ou plutôt à la constatation que ce vaste théâtre d’opération sexuelles n’est plus que l’ombre de ce qu’il fût? En effet si cette destination est toujours prisée des gays bordelais, le week-end , les dites dunes sont en partie désertées , si ce n’est des cacochymes. On pourrait certes incriminer Grindr, ou une lassitude de ma part quant à ce type de drague, rendant mon regard moins objectif, mais les remaniements environnementaux, dus aux tempêtes, feux de forêt et surtout « désherbage » par la municipalité des lieux les plus propices aux ébats sexuels, les rendant difficilement dissimulables,  me semblent en être les raisons principales. La mairie, jamais à court d’idée, vient peut être de porter le coup de grâce. Comme on le sait, les plages gays « naturistes » se méritent, nécessitant le plus souvent plusieurs minutes de marche pour les atteindre. Celle du Porge n’y fait pas exception, puisqu’il fallait compter jusqu’ici environ 15 mn de « randonnée » avant de rejoindre le lieu des érections depuis l‘extrême limite du parking. Il se trouve que depuis le mois de juin, la municipalité (dont le maire serait communiste) a décidé d’interdire l’accès au parking terminal (suppression de plusieurs centaines de places) rallongeant ainsi le parcours pédestre d’au moins 10 minutes et cela à condition de trouver une place proche de la zone interdite ce qui deviendra problématique les jours d’affluence…Homophobie du maire? Même pas sûr puisqu’il avait pris une décision similaire l’année précédente pour l’extrémité du parking situé dans la direction opposée, interdisant ainsi l’accès facile à la plage « échangiste ». Tout ceci soi disant pour « protéger la nature »….Il existe certes d’autres plages gay dans les environs, mais d’après ce que j’ai entendu dire (je n’y suis plus allé depuis des années) celle de la Lagune du côté de la dune du Pilat n’est plus fréquentée et celle des « casernes » dans les landes est beaucoup trop loin de Bordeaux.

 

Ceci ne nous a pas empêché de bronzer nu tranquillement sur la plage, par une température bien plus supportable qu’à Bordeaux, 7 à 8 degrés de moins…

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20 juin 2019 4 20 /06 /juin /2019 14:02

A la lumière de l’évolution récente de la situation politique, il serait cruel de renvoyer les éditorialistes les plus médiatisés à leurs commentaires de la fin de l’année dernière , en pleine crise des gilets jaunes, quand ils clamaient haut et fort qu’Edouard Philippe était condamné et que sa démission surviendrait au plus tard après les européennes...Il était certes difficile d’imaginer que notre président allait rééditer l’exploit, partagé uniquement par Sarkozy mais dans des circonstances bien plus favorables, de résister plus qu’honorablement dans des élections intermédiaires, qui plus est après la curée dont il fut l’objet dans le cadre de l’affaire Benalla et surtout la jacquerie des « gilets jaunes ». Les lecteurs de ce blog ne seront pas surpris d’apprendre la douce euphorie qui m’a envahi à l’annonce des résultats des partis de Vauquiez et Mélenchon....

 

Durant cette période électorale, les sorties cinématographiques se référant de près ou de loin à la question gay ont été nombreuses. La bande annonce des « Crevettes pailletées » m’aurait plutôt détourné de ce film, tant la caricature semblait grossière, si je n’avais révisé ma position à la lecture de certains critiques. Certes la caricature de certaines typologies homosexuelles est parfois un peu lourde, mais le film est presque constamment touchant dans son approche des homosexualités, atteignant son objectif de plaidoyer contre l’homophobie avec un final mémorable... Applaudissements  nourris à la fin de la projection, pas uniquement de la part de fraction gay de l’auditoire...

Par un contraste saisissant, j’avais  vu quelques jours avant « tremblements », film d’une noirceur rare qui narre la descente aux enfers d’un quadra, membre d’une  famille de la haute bourgeoisie guatemaltaise du fait de son mariage à sa riche héritière. La révélation accidentelle de son homosexualité va l’entrainer à subir une thérapie de conversion sous la pression incessante de sa famille, embrigadée dans une secte protestante intégriste, jusqu’à lui faire intérioriser un sentiment de honte, la haine de soi. On pourrait reprocher à ce film, dont il faut cependant souligner la  beauté de la mise en scène, de témoigner d’un pessimisme quelque peu daté, contrairement à « Boy erased », sorti quelques semaines avant, au thème plutôt  similaire mais dont le héros va suivre une trajectoire libératrice.

L’islam radical comme thérapie de conversion, c’est la question qu’on pourrait se poser à propos du dernier film de Téchiné , « L’adieu à la nuit », dont certains ont affirmé à tort que l’homosexualité était pour une fois absente puisque celle, refoulée, du héros est suggérée à deux reprises....

 

Le dernier Almodovar, un de ses plus beaux films, « Douleur et gloire », vient couronner cette séquence, sans qu’il soit nécessaire ici d’ajouter au concert de louanges qui a accompagné sa projection à Cannes, si ce n’est en témoignant de l’intense émotion suscitée par cette scène qui pourrait devenir culte, où le réalisateur enfant s’évanouit à la vue de la beauté d’un jeune corps masculin nu...

 

En attendant la sortie du dernier Xavier Dolan, on peut patienter en visionnant la série consacrée aux chroniques de San Francisco sur Netflix avec une distribution de premier choix et un premier épisode plus que prometteur,  ou en dégustant le dernier thriller mémoriel de Victor Del Arbol, « Par delà la pluie », toujours aussi noir, entremêlant des destinées où l’homosexualité est souvent présente.

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29 avril 2019 1 29 /04 /avril /2019 19:36

 

Mon éloignement de ce blog depuis des semaines tient moins aux formalités administratives nécessitées par ma retraite d’ici quelques mois, qu’à celles provoquées par le double suicide des mes beaux parents, celui, assisté, de mon beau-père qui s’est fait « euthanasié » en Belgique du fait d’un cancer du pancréas et celui, manqué, de ma belle-mère, quelques semaines plus tard, mais dont les séquelles, conséquence d’un arrêt cardio-respiratoire , l’ont conduite à un état grabataire nécessitant la recherche d’un placement en Unité de Soins de Longue Durée.

Je rentrais lundi soir de la visite d’un de ces établissements, quand j’ai appris, incrédule, qu’un incendie était entrain de ravager Notre Dame de Paris, frappé, bien maigre consolation, par le démenti flagrant que l’émotion qu’il a  suscité apportait à la mauvaise foi ( si j’ose dire) de  ceux qui, il n’y a pas si longtemps, se répandaient dans les médias pour nier, contre l’évidence,  la prééminence des racines chrétiennes de la  France.

 

Les sujets que j’aurais aimés aborder n’ont pas manqué depuis mon dernier billet, qui a trouvé un prolongement inattendu dans les propos de Yann Moix et Michel Houellebecq que les femmes de plus de 50 ans  ne font plus bander, ce qui a mis dans tous leurs états nos féministes patentées qui revendiquent donc l’obligation de les désirer…Il serait pour le moins paradoxal que je voue aux gémonies  ceux qui ne me désirent plus, puisque je partage avec nos deux auteurs une absence d’attirance - la beauté conservée d’un corps pouvant conduire à quelques exceptions - pour les plus de 50 ans, d’autant plus que ceux qui ne souffrent pas de cette «  limitation » du désir sont nombreux à continuer à satisfaire le mien. Le personnage principal du roman de Houellebecq, Sérotonine, confronté à une telle situation, a la délicatesse de mettre sa défaillance  sexuelle sur le compte des antidépresseurs et non sur celui des bourrelets de sa partenaire…J’ai dévoré ce roman d’amour, le moins pessimiste de l’auteur, dont la parution en pleine crise des gilets jaunes, avant sa dérive sectaire, est en effet troublant par sa description d’un monde rural au bord de la révolte. Intéressante cette distinction concernant le fonctionnement différent  de l’amour chez la femme et chez l’homme, immédiateté dévorante, commencement  chez elle, un aboutissement , une fin chez lui. Comme un écho à un lointain billet de ce blog, tomber  amoureux serait le propre de la femme et aimer celui de l’homme? Très belles dernières pages avec cet étonnant parallèle entre Thomas Mann et Proust, pour lesquels toute la culture du monde s’effaçait devant la puissance du désir, « prêts à se prosterner devant n’importe quelle chatte humide, ou n’importe quelle jeune bite vaillamment dressée »…Cet isomorphisme du fonctionnement du désir me semble réfuter tout soupçon d’homophobie chez l’auteur.

 

Si le dernier roman de Philippe Besson, Un certain Paul Darrigrand, m’a moins séduit et touché que son précédent, cette description d’un amour de jeunesse à Bordeaux ne pouvait que me renvoyer à la douce nostalgie des aventures, souvent douloureuses, que j’ai connues dans cette ville et dont j’ai évoqué certaines dans les premiers billets de ce blog, ce d’autant plus que j’en ai terminé la lecture lors d’un récent week-end passé dans cette ville, rendue déserte par la crise de panique du nouveau maire, qui inaugure bien mal son mandat, devant l’annonce d’un rassemblement national des gilets jaunes, à l’occasion de la réunion annuelle de l’association des anciens élèves de Sainte Marie Grand-Lebrun dont j’ai arpenté à nouveau les lieux avec un pincement au cœur lorsque j’ai reconnu mon professeur d’histoire de terminale C, sans doute le dernier survivant de mes maîtres.

 

Sur le plan cinématographique, immense coup de cœur  pour le dernier film de Xavier Dolan, Ma vie avec John F. Donnovan, qui mêle tant d’obsessions de l’auteur, de la relation à la mère à homosexualité non assumée, tout en nous livrant le portrait d’un enfant surdoué qui n’est autre que son double. Perplexité par contre devant le film au propos plutôt confus de Nadav Lapid, Synonymes, quête d’identité d’un jeune israélien voulant obtenir la nationalité française, mais dont le spectacle de la beauté du corps du héros qui traverse nu une bonne partie du film et sa relation ambiguë avec le jeune homme du couple qui le recueille, ne manque pas de fasciner. Pour terminer je mentionnerai un film de science-fiction, très noir,  plutôt massacré par la critique, Captive State,  sorte de version moderne du mythe du cheval de Troie et dont je suis convaincu qu’il deviendra culte.

 

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2 janvier 2019 3 02 /01 /janvier /2019 16:57

 

Il y a 40 ans, lorsque je fis mes premiers pas sur le « marché » du sexe gay, j’étais convaincu qu’il me fallait profiter au maximum de mes années de jeunesse, ne doutant pas que l’inexorable altération due au temps ne pourrait que conduire à une raréfaction exponentielle de mes conquêtes potentielles. Le regard que je portais sur les homosexuels de plus de 50 ans qui fréquentaient les lieux de drague n’était pas des plus amène lorsqu’ils étaient accompagnés de partenaires nettement plus jeunes, que j’avais tendance à considérer comme des « gigolos », ou des gérontophiles.  C’est avec condescendance et scepticisme que j’écoutais les « prétendues » aventures avec des « petits jeunes » de mon ami Jean, mon aîné de 20 ans, lorsqu’il eut passé la soixantaine, persuadé que témoin envieux des miennes, multiples et incessantes, il s’inventait une vie sexuelle persistante.

Est-ce du fait de cette sourde inquiétude que j’ai, dès le début, tenu une « comptabilité », précise quoique succincte (prénom, âge, date), de chaque nouvelle rencontre, dont la totalisation annuelle pourrait me servir de suivi « indiciel » de mon attractivité au fil du temps ? Cette attractivité a trois points d’appel chez les gays : le visage, le corps et la bite. Pour le visage et la bite vous devez vous contenter de ce que la nature vous a donné d’emblée mais dont seul le premier va se dégrader, tandis que votre sexe, si la dotation a été généreuse et si la maladie ne vient pas altérer son fonctionnement, très longtemps immuable, va continuer à vous ouvrir bien des portes que votre seul visage aurait laissées de plus en plus closes. Le corps est quant à lui sensible aux soins que vous lui prodiguez, dont notamment une pratique régulière et intensive du sport qui peut le rendre plus longtemps désirable.

 

Le suivi de mon « indice » annuel d’attractivité (le nombre de rencontres) montra une courbe ascendante au fur et à mesure que je découvrais de nouveaux espaces gays jusqu’à atteindre sa vitesse de croisière lorsque j’eus atteint la quarantaine (si l’on fait abstraction des deux années « exceptionnelles », le compteur s’est affolé, me retrouvant célibataire après une douloureuse séparation). Ma surprise a été de ne pas constater d’inversion de la courbe, au moins jusqu’à maintenant, une fois le cap fatidique des 50 ans dépassé. Certes il s’agit d’un leurre car l’indice choisi est biaisé par une évolution de mes pratiques : le sport qui m’a fait découvrir l’attrait des corps plus que des visages, mon désir ne se portant plus préférentiellement sur les « minets », mais élargissant considérablement le champ des « possibles » ; la fréquentation des lieux « naturistes » qui permet d’exposer sans pudeur ses « attributs » source d’une attractivité parfois indifférente à l’âge ; enfin et surtout l’irruption d’internet et des applications de rencontre qui ont multiplié les possibilités…

Quoiqu’il en soit, une vie sexuelle gay très active, même avec des garçons nettement plus jeunes que vous, et qui ne sont pas forcément attirés uniquement par des mecs « matures », reste possible bien au-delà de 50 ans, d’autant plus qu’on a maintenu un certain « souci de soi ». Si les rencontres restent nombreuses, il faut cependant s’accommoder, du moins sur internet, de certaines sollicitations ou interpellations dont la fréquence ne fait que s’accentuer avec l’âge :

  • Les « escorts », jadis dénommées putes, mais dont l’évolution du nom a bénéficié de la « police de » la langue. L’espèce n’est cependant pas uniforme. On pourrait proposer une tentative taxinomique :  les « pros » qui s’assument pleinement et présentent d’emblée l’addition ; ceux qui vous font perdre votre temps en ne se dévoilant qu’après un « chat » plus ou moins long ; ceux qui dissimulent leur prostitution sous couvert d’une demande « d’aide sociale » à prix soldés (« tu pourrais me dépanner de 20 -30 euros » ou « c’est pour payer mes études » par exemple) ; les « gigolos », qui vous prennent pour un simple d’esprit en se disant rechercher « seulement » une relation sérieuse alors que vous avez au moins 30 ans de plus qu’eux… ; enfin, une catégorie nettement plus rare mais pas exceptionnelle, ceux qui « tentent le coup », allier le plaisir à l’avantage financier, mais qui renoncent au second quand vous leur dites que vous ne pratiquez pas ce genre de relation…..Je laisse de côté la catégorie de ceux dont vous ne voudriez même pas « gratis » qui s’imaginent peut être qu’après un certain âge on est prêt à se taper n’importe quoi.
  • Le scénario « dady/son » : ce trip freudien n’est pas du tout ma tasse de thé mais il a pu m’arriver d’y céder si le soi-disant « son » était plus que désirable… ce ne peut être alors qu’un « one shot ».
  • Les questions sur votre santé : « tu bandes encore ? » ou variante « tu prends du viagra ? », qu’il faut généralement traduire par « t’as rien à faire sur ce site, dégage », mais qui parfois traduisent une méconnaissance étonnante de la physiologie de l’érection qui se maintient intacte jusqu’à un âge très avancé en l’absence d’affection prostatique ou de troubles vasculaires.
  • Les demandes, fréquentes, de « dépucelage », sur des sites dont la « visibilité » gay n’est pas très forte, comme Tinder ou Badoo et qui émanent de garçons se disant « hétéros curieux… ». Tout cela reste bien entendu le plus souvent dans la sphère « virtuelle ».

 

La vie sexuelle est donc loin de s’épuiser avec l’âge, dans certaines limites bien sûr, mais, vivant en couple, et ne le dissimulant pas, je n’ai pu « tester » son influence sur les possibilités d’établir des relations « amoureuses », mais ceci est un autre sujet.

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